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Chemins de caté

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Par où passe la catéchèse aujourd’hui ? Entr’autre par les Ecritures, le partage de la foi, les questions existentielles, le chemin communautaire et intergénérationnel..

  •   Les Ecritures

Exceptions dans notre société moderne, les croyants se basant sur des textes fondateurs (Thora, Coran, Bible) ont fort à faire face à un système de transmission dans lequel le porteur du message est plus important que le contenu du message, sa personne, ses actions, son expérience lui ouvrant plus de portes que ce qu’il a réellement à dire. En catéchèse, nous basons notre enseignement sur les textes, bien plus que sur des biographies ou des grands thèmes de vie.
La personne à laquelle nous faisons référence, est Christ, et là encore, ce n’est pas sa vie, sa biographie qui nous semblent importantes, mais bien le contenu de ses paroles et de ses actes, leur symbolisme, leur rattachement aux racines de la Thora. Contenu qui n’a de sens que par la foi en Dieu.
Tout l’art de la catéchèse est d’arriver à maintenir la référence à ces textes anciens, tout en variant les modes de lecture, pour en faire non pas seulement un acquis, mais une réelle expérience de foi. La catéchèse doit donner à chacun les moyens de pratiquer la lecture des Ecritures.

  •  La foi

Don de Dieu que l’on ne peut imposer, ni enseigner, la foi nous renvoie, nous catéchètes, à une vision bien modeste de notre ministère, et à une joie simple lorsque celui-ci porte ses fruits : nous ne maîtrisons pas les résultats. Se créer une identité, c’est se donner la possibilité d’exister comme être à part entière. Se créer une identité, en tant que protestant, c’est trouver la liberté d’exister dans l’assurance de la gratuité du Salut, et la gérer dans l’obéissance à la Parole.
La catéchèse existentielle offre ainsi la possibilité de vivre et d’exprimer ensemble les désirs et les craintes, les joies et les douleurs, au delà d’un enseignement fait de « vérités toutes faites ».

  •  Les questions existentielles

Le sens de la Vie, l’avenir de l’humanité, les autres religions… La catéchèse est un lieu alternatif, parfois le seul pour certains jeunes, où l’on peut aborder ces questions. Les offres de salut sont aujourd’hui multiples, et nombreux sont ceux qui optent pour le bricolage religieux (« Un peu de tout »). Les Eglises, et surtout celles qui, comme notre EPUB, sont minoritaires, doivent de force imposer leur vision des grands thèmes éthiques et il n’est pas facile dans de telles conditions de montrer le visage d’une catéchèse enthousiaste, active, productive. Pourtant, dans l’Eglise, et dans la catéchèse en particulier, on trouve les armes de la foi, oh combien précieuses pour une re-lecture des questions existentielles.

  •   Le chemin communautaire et intergénérationnel

Voilà un constat vivifiant : la catéchèse dans notre Eglise est bien conduite sur un chemin communautaire et intergénérationnel. « Jeunes et vieux se réjouiront ensemble… », car de 7 à 77 ans, et même avant, et même après, nos communautés offrent de nombreuses pistes catéchétiques : garderies chantantes, écoles du dimanche, clubs caté, études bibliques, groupes de disciples, … Il n’en a pas toujours été ainsi, et le constat historique est que la catéchèse se mobilise…lorsque l’Eglise va mal !
Ce courant tirant à la continuité de la catéchèse tout au long de la vie date des années 1960, et a des conséquences très concrètes sur le contenu même de la catéchèse : Dieu d’Amour, et non plus Dieu  « à la hache », l’approche du baptême, la Cène avec les enfants, le personnage de Jésus juif et rabbin…

 

Sur le terrain

  • La catéchèse, un ministère pour, par et avec les jeunes ?
Oui, si le jeune c’est toi, si le jeune, c’est moi. Le terme jeune ne peut pas être employé pour éviter de se sentir concernés : « C’est pour les jeunes ! » Sous entendu : ça ne me concerne pas vraiment. « Les jeunes » c’est tout le monde et personne à la fois ! Citez des noms lorsque vous parlez de vos groupes de catéchisme, « Michael, le fils de René » devient une personne à part entière, non plus « un jeune »… Avec les nouveaux appareils numériques, prenez des photos lors de séances d’école du dimanche ou d’étude biblique et faites en des albums annotés: quel plaisir pour un petit de se voir ou de voir ses parents à l’étude !
  • La catéchèse, un ministère sacralisé ?

J’entends des candidats moniteurs dire : « Que puis-je dire ? J’ai besoin de leçons toutes faites, je ne suis pas capable autrement ! » Et j’ai envie de répondre : « Etre catéchète, c’est oser se mettre en chemin avec l’autre pour une rencontre vivante avec Dieu ». Bien sûr, on se donne des outils pour oser : une Bible !, un peu de créativité, un zeste d’improvisation, une bonne dose de sourires, et un cœur ouvert, grand comme ça…
Et si on peut, on s’équipe encore mieux : un pasteur coopératif, du matériel catéchétique, et de la formation, ça aide !
Sur le terrain, je constate un perpétuel mouvement de va et vient entre le besoin d’un matériel didactique bien conçu, adapté aux tranches d’âges, (pas trop cher), avec des leçons pré mâchées… Et le sentiment, dès que l’on a un tel matériel, d’en être prisonnier. Il y tant de choses à enseigner, tant de façons de les enseigner.
Bien souvent, on pioche de ci de là, en passant alors à côté de la perspective théologique dans laquelle le matériel est construit.
Les catéchètes semblent parfois si désemparés lorsque je leur présente un cahier en proposant de l’adapter à une tranche d’âge, ou lorsque certaines leçons prévues pour la France où la Suisse doivent être remaniées à la belge (une carte géographique, par ex.) comme si le cahier était « sacré »…

  • La catéchèse, un ministère spécialisé ?

Tellement spécialisé qu’il en est parfois retiré du contexte communautaire !!! Combien de jeunes présents le samedi au club biblique… mais absents le dimanche au culte ? Combien d’adultes pour qui « l’étude biblique, ça compte pour Dieu, donc je passe le culte ce dimanche » ? Combien d’enfants ne venant pas au temple, lorsqu’il n’y a pas d’école du dimanche organisée, pendant les vacances ?
Et à l’inverse, qui dans nos communautés va rendre visite aux jeunes, aux enfants, chez eux ou dans leur salle d’école du dimanche ? Combien de consistoires mettant en place un dimanche où le pasteur peut aller avec les enfants à cette même école du dimanche ?

  • La catéchèse, un ministère résonnant ?

« Katekhein », en grec, faire écho, faire résonner… La cloche  fait résonner le son dont elle est porteuse de par sa forme, sa taille, son métal… Et elle n’est pas grand chose sans le sacristain qui vient la faire sonner en s’agrippant à la grosse corde ! Certains d’entre nous se sentent résonnants et prennent à cœur de faire écho de leurs connaissances, convictions, valeurs, chacun selon le métal dont il est fait… D’autres peuvent être sacristains ! Et provoquer la résonance, l’encourager, l’entretenir.

  • La catéchèse, un ministère joyeux ?

« La catéchèse est le jeu de la Grâce » dit R.Picon. Une transmission réussie passe par la notion de plaisir. L’Eglise, le lieu d’annonce et de reconnaissance de la Bonne Nouvelle, voilà un vrai lieu de plaisir (!) où l’on a toute liberté de se réjouir, de laisser nos soucis entre les mains de Celui qui nous en décharge…