« L’enfant qui naît sourd n’entend ni les bruits, ni les sons, ni les paroles de son entourage. Sa situation peut être comparée à celle de la cage hermétique. L’enfant ignore longtemps ce qui lui manque, mais il souffre dans son être profond de ne pouvoir entrer pleinement en communication avec son entourage ; non prévenu des intentions de ceux qui l’entourent, il est perpétuellement surpris et agressé par un environnement qu’il ne comprend pas. Francoise Dolto
Entendre avec les yeux Lorsque des enfants entendant se parlent, ils peuvent jouer ensemble, sans se regarder et discuter la nuit tombée. Pour des enfants sourds c’est le contraire : ils ne peuvent communiquer que s’ils se voient. L’enfant sourd est donc sans cesse à l’affût d’informations visuelles ; la vie ressemble à un film qu’il s’agit de décrypter au mieux !
La catéchèse spécialisée Les enfants viennent en classe de catéchèse dès qu’ils sont en mesure de lire sur les lèvres et qu’ils ont pu acquérir un petit bagage de mots habituels (à titre indicatif, il faut compter deux mois d’aide orthophonique pour qu’un enfant prononce son premier mot : « maman », par exemple ). La spécialisation de la catéchèse en milieu sourd consiste à maîtriser le « L.P.C. » (Langage Parlé Complété), qui est un code gestuel qui accompagne la parole et facilite la lecture sur les lèvres : cette méthode est enseignée à l’institut pour jeunes déficients auditifs le « Bruckhof » à Strasbourg, un institut dit « oraliste ». À côté de cela, les sourds utilisent ce qu’ils appellent « la langue des signes » qui depuis 1991 est enseignée aussi dans certains établissements. Cette langue est visuelle, spatiale, mais n’accède pas à l’abstraction ; elle permet une bonne communication mais la syntaxe de cette langue ne correspond pas à la langue française, En plus les signes religieux pour exprimer la foi sont très peu développés…
Les moyens de la catéchèse Les supports visuels sont certes les outils préférés : dessins, évangile en bande dessinée, vidéo, jeux informatiques bibliques, pourtant chacun de ces outil : nécessite aussi une explication donc le recours au langage : il est donc illusoire de croire que l’image remplacerait la parole. L’enfant a besoin de comprendre le code de chaque image.
Les enfants et la prière Les enfants sourds ne prieront jamais le Notre Père ensemble ; chacun ira à son rythme avec la voix qu’il a ; et ils ne peuvent pas non plus chanter. Cependant ils sont champions dans un domaine bien à eux : le mime et l’expression corporelle. Ils savent se plonger corps et âme dans l’interprétation d’un récit biblique ; ils ne se contentent pas d’un Dieu abstrait : ils veulent le voir, le sentir à travers les récits
Élisabeth Defer, pasteur
En savoir plus sur l’Institut Protestant pour Enfants Déficients Auditifs « BRUCKHOF » et les nombreuses ressources mises à disposition : cliquez ici adresse postale : 7 rue de Soultz – 67100 STRASBOURG