Nous venons de célébrer la fête de Pâques ! La mort et la résurrection du Christ ouvrent un temps nouveau de l’histoire. Tout commence à neuf et ceux qui ont suivi Jésus vont recevoir la mission d’être les acteurs, les ouvriers, les témoins grâce auxquels les trésors qu’il a semés durant sa vie : paroles, pardon, guérisons, vont pouvoir fructifier…La parole de Jésus en nous révélant le Dieu de la grâce, de l’amour sans limite, provoque un nouveau regard sur le présent et l’abandon des comportements anciens. La voie déjà consignée dans l’Écriture dès la rédaction du cinquième livre de la Torah (Deutéronome 6/ 4-5) est à nouveau offerte à l’humanité. Voilà la vraie Bonne Nouvelle : la possibilité d’une vie en abondance pour tous ! Oui la pierre est définitivement roulée !
Mais pour que cette Bonne Nouvelle se répande, il faut qu’un homme entende la Parole de Dieu au plus profond de lui-même et que cet homme la traduise dans un « dire » humain avec toutes les richesses, mais aussi avec toutes les faiblesses et toutes les limitations de sa nature, avec les acquis de sa culture, avec les possibilités de sa langue, mais avec le secours de l’Esprit Saint. Ainsi, pour être perçue et dite, la Parole de Dieu s’abaisse et accepte les limites inéluctables de l’incarnation.
Ainsi, comme les Prophètes l’avaient annoncé une autre forme d’Écriture est manifestée : « Voici les jours viennent où Je conclurai une Alliance neuve. Je ferai pénétrer ma Torah en eux. Je l’écrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple » (Jérémie 31, 33). Ou bien encore : « Je vous donnerai un cœur neuf et un souffle neuf au-dedans de vous. J’enlèverai le cœur de pierre de votre corps et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon souffle en vous et je ferai que vous marchiez dans mes statuts et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez » (Ézéchiel 36, 27).
Ainsi, lorsque cette Parole est entendue et reçue en vérité, elle nous construit, nous charpente, nous édifie à l’intérieur même de notre être. Elle fait de nous des êtres « responsables », c’est-à-dire capables de répondre à cette écoute de la Parole par des actes qui en découlent. Elle fait de nous des hommes et des femmes qui n’acceptent pas que l’histoire du monde puisse se dérouler sans qu’ils aient leur mot à dire, leur expérience à partager, leur responsabilité à exercer, leur espérance à faire entendre.
Car, la foi au Christ n’est pas la coupure d’avec le monde ; la foi au Christ, c’est la capacité de risquer ce que nous avons reçu pour que cela porte du fruit, c’est la capacité d’ouvrir le trésor dont nous disposons pour le partager avec nos frères. Et le principal risque que nous courions, c’est qu’en étant partagé, ce trésor se développe. En l’ouvrant aux autres, nous risquons aussi qu’il pénètre davantage notre propre vie et que les richesses reçues deviennent force et vigueur dans notre existence.
C’est en cela, que les témoins que nous allons vous présenter au cours des prochaines mises en ligne ont manifesté que leur vie n’était pas l’exercice égoïste de leurs droits mais l’exercice d’une solidarité voulue par l’Évangile dans le monde dans lequel ils ont vécu. Plus encore, ils ont fait de leur vie, de leur engagement, de leur service, une manifestation de reconnaissance pour l’amour que Dieu leur avait offert. Ils ont fait fructifier la parole qu’ils avaient entendue ; ils ne l’ont pas consciencieusement enfermée à l’abri de leur maison, dans le secret de leur cœur, dans le silence de leurs pensées. Hommes, femmes, enfants, certains sont restés « incognitos », d’autres ont acquis une grande notoriété, mais chacun discrètement ou aux yeux du grand public a ouvert son trésor et l’a partagé.
Suivons ces quelques témoins qui, en répondant à l’appel puissant du Sauveur, ont traduit la Bonne Nouvelle en actes concrets en allant vers ceux qui se sentaient perdus, rejetés, enfermés. C’est bien là, à la suite des prophètes, du Jésus de l’Histoire, de la « nuée des témoins » que s’expriment la force de l’Évangile, le sens de leur démarche et de notre démarche !
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