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Jouons avec les ados

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La catéchèse pour adolescents se trouve à la croisée de chemins éminemment sérieux, d’un côté les ados, en pleine construction de leur identité ; de l’autre la tradition chrétienne dont il va s’agir de tester la pertinence pour sa propre vie. Entre les deux, la catéchèse qui ne peut être envisagée sans une part importante de jeu.
La catéchèse pour adolescents se trouve à la croisée de chemins éminemment sérieux :

– d’un côté les ados, en pleine construction de leur identité ;
– de l’autre la tradition chrétienne – le message biblique, l’histoire de l’Eglise et les témoins actuels – dont il va s’agir de tester la pertinence pour sa propre vie.
– Entre les deux, la catéchèse qui ne peut, à mon sens, être envisagée sans une part importante de Jeu.

La catéchèse, d’abord, est un jeu : elle a son espace et ses règles propres, chacun y joue son rôle.
Le jeu, ensuite, quels que soient sa durée, son envergure, son objectif est un des moyens pédagogiques privilégiés à la disposition du catéchète.
Je l’utilise pour ma part pour deux raisons essentielles :

  •  Le jeu permet de prendre de la distance avec la réalité

– En jouant, on ne risque rien et on peut tout essayer. On peut jouer à être un autre que soi-même, héros historique ou imaginaire, personnage construit de toute pièce qui va permettre à l’ado de parler de lui tout en gardant certains aspects de sa personnalité voilés.
– Par le biais de la fiction, on peut aborder un thème, le faire entrer dans l’univers de l’ado, tout en lui laissant la liberté de le refuser. Par exemple, aborder le thème de la mémoire à partir de l’histoire d’un peuple déraciné qui fabrique un livre pour raconter les événements de sa vie.
– Le fait de s’amuser, aussi, simplement et de rire permet aussi de découvrir un attrait pour des sujets apparemment rébarbatifs : « Questions pour un champion » sur la Réforme, sketches et caricatures…
– Le jeu peut enfin, me semble-t-il, permettre de créer un effet de surprise qui permet de dépasser les préjugés. Par exemple, jouer à être un « étranger-espion » qui s’infiltre dans un culte, permet aussi de découvrir que l’on n’est pas si étranger que ça à ce qui s’y passe…

  • Mais, paradoxalement, le jeu permet aussi d’apprendre et de faire des expériences très concrètes

– On peut jouer à être journaliste, conseiller presbytéral, athée. On peut aussi jouer à être chrétien… et, dans le cadre protégé de la catéchèse, oser une confession de foi, des questions et des espérances personnelles.
– Jouer, c’est aussi à mon sens, permettre au catéchumène d’appréhender la réalité et d’y faire son chemin. Jouer, cela peut être très sérieux…

Pour terminer, j’aimerais faire encore deux réflexions autour du jeu avec les ados :
– A quel moment les adultes (catéchètes ou membres d’Église) acceptent-ils de prendre au sérieux les adolescents ?
– Si le fait de jouer permet de les déresponsabiliser, de les garder « à côté », dans un autre univers, le jeu n’a-t-il pas été détourné de son objectif ?

Et peut être devrions-nous, nous aussi, jouer parfois un peu plus …

Anne FAISANDIER
PointKT N° 16 – Octobre, novembre, décembre 1996