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Regarder une œuvre d’art

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 Il nous arrive plus souvent d’utiliser un support visuel pour une séance de catéchisme, une animation d’enfants, une célébration. Voici quelques clés de lecture pour entrer dans un tableau. Elles ne sont pas exhaustives, mais permettent d’avancer, de se promener, d’être attentif tant à l’ensemble qu’au détail, et pourquoi pas, oser un pas plus loin : interpréter et utiliser l’image comme un parcours pédagogique.

Préambule : Nous parlerons ici d’image, de tableau, peinture, gravure ou dessin. L’architecture et la sculpture ne sont pas prises en compte mais certaines clefs fonctionnent aussi pour ces autres représentations plastiques.

Regarder un tableau nécessite une entrée. Mais celles-ci sont plurielles et très diverses.

  • La porte de l’histoire de l’art :

Une entrée possible est celle de la culture. Il est évident que des notions d’histoire de l’art, des connaissances  iconographiques, celles des mythologies et de l’Histoire biblique sont primordiales. L’auteur de l’œuvre, son époque, sa situation culturelle, historique et géographique ainsi que l’histoire du tableau, la commande par exemple, et son  titre  apportent maints éclairages sur l’œuvre. Mais cette porte d’accès n’est ni la plus simple, ni la plus immédiate.

L’œuvre peut aussi être abordée avec bien plus de spontanéité et avec une certaine humilité qui ouvre juste le regard et le cœur.
Osons une autre promenade, d’abord humble et dépouillée d’un bon nombre de connaissances
Choisir cette porte d’accès, c’est se mettre en relation directe avec l’image. Il faut alors apprendre à regarder un tableau et oser une promenade faite de recul et d’observation précise, faite de lumière et de couleur, d’ambiance et de regards, de jeux et de symbole, du caché et du révélé.
Dans une telle promenade il ya plusieurs  chemins pour une lecture singulière. D’abord :
=> Il faut admettre que cette lecture d’œuvre est avant tout  personnelle. En effet, une image agit sur la sensibilité de l’individu qui la contemple et cette même sensibilité donne par ailleurs ses clés d’interprétations.
Mais il nous faut là décider du chemin. Alors nous allons procéder par étapes.

Première étape : regarder l’ouvre dans son ensemble. S’éloigner pour mieux contempler.
Soyons attentifs ! Avançons un peu comme sur la scène d’un crime !
Qu’est ce qu’on voit ? Il nous faut repérer : les personnages, les vêtements, les groupes, le décor,  les plans, la lumière, les couleurs, les lignes, les architectures, les objets.
Qu’est ce qui se joue ?
Quels regards ? Lignes des corps, combien de groupes, quel rapport entre un objet et un autre, quel rapport entre un personnage et un autre, un groupe et un autre, quel geste, quel mouvement, quelle partie du corps tendue, visible, élevée, abaissée, le bout d’une main tendue…
Quelle atmosphère ? Obscurité ou jour ou les deux, paysage ou intérieur ou les deux, espaces de communication (portes, fenêtres…) oppositions de regards, de gestes, quelque chose d’inattendue, couleurs opposées…

– Deuxième étape : prendre le temps d’observer les détails.
Pour ce faire, reprendre les grands thèmes de lecture d’un tableau utilisé à la première observation : personnages, décor, lumière, couleurs
Les personnages : gestes, regard, ce qu’ils tiennent en main, où sont posé leur pieds, leurs regard, comment sont ils habillés, observer leurs mains, leurs situations dans l’espace et les uns par rapport aux autres. Quel détail est surprenant ?
Le décor : quelle ambiance ? végétaux, rochers  ou intérieur d’une pièce.
Quels en sont les détails ? tels des fleurs, des ornements, des éléments de nature morte (vaisselle, instruments, livres…) des vêtements particuliers,
La lumière : Forte, faible ? Obscurité, ténèbres ? Détail d’un rayon de lumière ou au contraire d’un endroit obscur ? Origine de la lumière ou de l’obscurité (porte, fenêtre, bougie, luminaire…) Qu’est ce qui est  éclairé ou caché dans l’obscurité, quel détail ?
Les couleurs : les couleurs froides et les couleurs chaudes, les unes et les autres à quel endroit, dans quel élément de décor, de vêtement…Se demander s’il y a une harmonie ou une rupture par une couleur d’un autre registre que l’ensemble (par exemple une irruption d’une couleur chaude dans un ensemble de couleurs froides)
Qu’est ce qui semble peut être bizarre ?  toujours se demander  s’il y a des choses étonnantes, incongrues, un détail qui semble isolé ou disposé plus particulièrement dans la scène, prés d’un personnage ? (parfois un escargot en pleine annonciation, une mouche près d’une nativité : bizarre, vous avez dit bizarre ?)

Après une telle promenade (et sans doute avons nous oublié des tas d’éléments mais selon le tableau, c’est vous qui les découvrirez bien mieux que nous), on peut s’interroger sur la fonction de l’œuvre.

En tous les cas, notre promenade y fut pédagogique. S’il y a des choses qui ont pu choquer au premier regard, la quête du détail a permis de faire un détour  pour trouver la porte d’accès nécessaire. Si au contraire, l’œuvre a pu sembler anodine, décorative simplement, là encore, ce type de promenade, « comme sur une scène de crime » aura pu relever notre intérêt et stimuler notre imagination et notre lecture de manière féconde.

  • Bibliographie : Il existe beaucoup d’auteurs et d’ouvrages qui accompagnent nos visites et lectures d’œuvres d’art. Je ne peux que recommander Daniel Arasse  « On n’y voit rien » (et bien d’autres ouvrages) mais aussi un livre extrêmement pédagogique de Françoise Barbe-Gall « Comment regarder un tableau », Ed. Du Chêne.

 

  • Pour approfondir  => Daniel Arasse : Une histoire de peinture n° 1 à 16 cliquez ici