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Marionnettes et expression des sentiments

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La mise en place d’un spectacle de marionnettes, avec des enfants ou des adultes, demande de l’inventivité, mais aussi une certaine rigueur dans sa fabrication. A l’aide de l’excellent ouvrage d’Albert Mourey, « Marionnettes, atelier et création », éditions Fleurus idées, nous transmettons ici quelques pistes, suggestions et autres. Synthèse d’Evelyne Schaller.
« Chacune de ces nombreuses poupées évoque non seulement sentiments et passions mais encore la personne de celui qui fut l’inventeur, le manipulateur. » J. Le Men

Dans la création d’une marionnette, il est possible de suivre plusieurs objectifs.

Nous en retenons ici deux :

  1. une création artistique, personnelle, pour la beauté de l’objet animé. Une telle création tiendra toujours compte de l’émotion personnelle et transmettra donc un caractère, une émotion qui habite le créant au moment de sa création.
  2. Une création qui prend place dans un spectacle, qui a un rôle dans une histoire.

Nous retiendrons ce second cas pour donner ici quelques pistes.

Avant de se mettre au travail, il faut savoir vers où aller : connaître l’histoire, déterminer le rôle que va jouer le personnage que vous allez fabriquer, lui donner un caractère, des émotions, sans oublier que vous allez aussi être guidé par vos propres émotions et vos goûts artistiques.
Pour la marionnette, nous considérons deux parties principales (bien qu’il y en ait d’autres, notamment les articulations, et les membres). Nous tiendrons compte du corps, souvent revêtu d’un vêtement et surtout de la tête, en insistant sur l’expression du visage.

  • Le corps

–  Le corps de la marionnette est en accord avec notre main, notre corps, notre regard et nos sensibilités. Il est donc important de choisir un matériau qui nous convienne, mais qui exprime aussi le message qu’elle doit porter.
– Dans le choix des matériaux, si nous avons une aversion contre l’une ou l’autre matière, il est sage de l’éviter : par exemple pour le synthétique ou la fourrure…
– Pour bien choisir, il est important d’avoir du choix : présenter dans un premier temps, pèle mêle, nombre de tissus, de laines, de papier, carton, plastique, objets, bois ; tout et vraiment tout peut être utilisé et surtout stimuler l’imagination.
– Le corps peut être rigide ou non. Ce choix se fait en fonction du rôle du personnage et de nos sensibilités. Il faudra savamment les conjuguer. La forme et la matière portent leur charge d’évocation.
Forcément, quelque chose de rigide va donner un personnage rigide dans sa manière d’être et dans son caractère et vice versa pour un matériau souple ou fluide.
– La couleur est importante. Nous vous renvoyons ici à l’article : « Expression des sentiments via la couleur ».
– On peut aussi faire parler  le matériau ! Fait-il du bruit ? Ses couleurs sont elles changeantes avec un jeu de lumière ? Quels sont les mouvements possibles ou impossibles ?

  • Le visage

– La tête de la marionnette est souvent disproportionnée par rapport au corps. De cette manière, c’est elle, souvent, qui prime et donne le « ton ».Puisque l’objet doit être visible de loin, il faut insister sur les détails, les agrandir, les accentuer.
Ainsi le vissage peut être peint par des couleurs qui ne sont absolument pas naturelles.
– Un visage rouge indique un effort ou un fort sentiment ; un visage violet est colérique ou royal ou bien hautain ; un visage vert est inquiétant ; un visage bleu est froid, hautain ou doux ; un visage jaune ou orangé est gai et dynamique.
– À coté du choix des couleurs, on travaille les éléments du visage.
=> Expression de la bouche : en moue, en sourire, en plat.
=> Expression des yeux : yeux exorbités ou rentrés, travail sur les sourcils. Nos smileys sont d’excellents indicateurs pour cette façon de mettre en avant un sentiment !
– On peut finir par les cheveux qui indiquent le soin, ou au contraire la désinvolture, la colère ou la tristesse, coiffés ou ébouriffés, chapeautés ou tressés, décorés ou tristes.

Voir aussi un autre article d’Evelyne SCHALLER  : « Ainsi font, font, font, les petites marionnettes »