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- Pour une mondialisation à visage humain

Image Mondialisation, globalisation, … des mots qui font naître des sentiments forts divers et contradictoires: d'un côté, l'interdépendance croissante et généralisée favorise le partage du savoir et la communication entre les êtres humains, ...

..d'un autre côté, l'interdépendance accroît la vulnérabilité (crises financières) et la concentration du pouvoir incite aux abus. Les atteintes à l'environnement et la consommation effrénée des ressources naturelles n'ont pas fini de charrier leur lot de catastrophes. Lire la suite Pour une mondialisation à visage humain

- Oh Hérode, tu me cherches !

Récits de l'enfance et violence : l'exemple de Matthieu 1 et 2

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C’est une évidence que de l'affirmer : la mort de Jésus est l'aboutissement d'une opposition violente que ses paroles et ses gestes n'ont cessé de susciter durant tout son ministère.
Matthieu nous apprend cependant que cette violence est inscrite dès les origines de Jésus. Qu'elle le précède avant même qu'il ne vienne au monde.

 

 

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- Comment dire ?

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Depuis sa création en 1876 la Fondation Sonnenhof propose des cultes aux enfants handicapés mentaux qu'elle accueille. La forme des cultes a été remise en cause, mais jamais leur principe.

Comment transmettre quelque chose de l'ordre de la foi aux enfants les plus handicapés ? Que transmettre à des enfants trop dépendants ?

{mospagebreaktitle=Page 1 - Accueil de tous !}


Accueil de tous !

II se trouve que les plus handicapés étaient exclus de ces cultes parce qu'ils étaient trop dépendants en tout, mais surtout pour comprendre.
C'est à cette « exclusion » que nous avons réagi. Nous avons considéré qu'ils avaient droit à une vie spirituelle.
Comment allions-nous transmettre quelque chose de l'ordre de la foi ?
La question du comment était première. Elle allait nous amener très rapidement à nous interroger sur le quoi.

Une transmission par le savoir était vouée à l'échec, en raison de leur déficience même, de leur incapacité à répondre, à renvoyer en terme de connaissances...
Nous avons choisi les célébrations. Nous voulions la fête. Nous voulions vivre la joie. Nous voulions nous retrouver dans un endroit identifié (la chapelle de l'établissement). Nous marquions ainsi notre souci de nous présenter devant Dieu. Tous acceptés pareillement malgré nos différences criantes.
Nous préparions ces célébrations en équipe. Nous étions tous dans d'autres fonctions auprès des enfants. Nous construisions à l'aide de parcours (ceux de la S.E.D. parfois). Nous éprouvions des trames qui existaient ailleurs et nous nous les appropriions. Il nous importait de marquer ainsi notre appartenance à une communauté plus large que la nôtre si spécifique.
Toutes ces approches passent par l'écrit, l'image. Et pour les personnes dont je parle, même l'audiovisuel ne peut être décodé. Il fallait d'autres voies d'accès. La musique nous a été précieuse. Et le rythme. Tous les rythmes : celui du cœur  qui bat, celui de la célébration qui se déroule, celui de l'année liturgique, celui des saisons qui nous situent dans le temps.

On nous avait sensibilisé au symbolique. Et petit à petit, nous avons découvert dans les textes qui nous étaient proposés, combien l'histoire de Jésus était faite de choses concrètes. Des objets, des substances, des lieux, des positions du corps. Nous avons été attentifs à cela quand nous redécouvriions ces textes. Et nous cherchions dans les déplacements, dans les objets mis en scène, que l'on pouvait toucher ensemble, sentir ensemble, transformer ensemble, que l'on peut presque toujours recevoir ou donner, démonter ou construire.

Nous cherchions comment transmettre le message pour qu'il parle à un enfant polyhandicapé du XXe siècle, dans cette chapelle du Sonnenhof.

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{mospagebreaktitle=Page 2 - Les enfants acteurs des textes bibliques !}

 Les enfants acteurs des textes bibliques !

Nous avons joué des textes pour que les enfants deviennent acteurs, sentent qu'ils ont un rôle propre dans la création.

Je pense à la présentation des enfants à Jésus. Comment la route était barrée par les bien-pensants et puis l'accueil. Les enfants n'avaient rien demandé. On les amenait à lui... et il leur a fait une promesse « le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent ». Avions-nous transmis ou transgressé ? II n'est pas nécessaire de leur ressembler pour accéder au Royaume de Dieu, mais cette parole vaut pour eux, comme pour les autres, parce qu'ils sont des enfants.

Je pense à l'aveugle au bord du chemin. Un jour nous avons osé choisir aussi des textes de guérison. Les personnes handicapées ne sont pas malades. On l'oublie encore trop souvent. Leur handicap est une condition de vie. Mais Jésus s'approche et demande à cet homme resté au bord du chemin « et toi que veux-tu que je te fasse ? »

Là où les catéchètes, les bien-portants culpabilisent de ne pas pouvoir guérir, Jésus s'approche et donne la parole. Nous avons prié ce jour-là pour être capable d'entendre la réponse de chacun. La révolte de l'un et l'acceptation de l'autre, le non ou le oui, et parfois l'indifférence. Ce jour-là, pendant le culte, quelqu'un s'est approché de chaque participant et lui a demandé « et toi ? Que veux-tu que je te fasse ? »

Je pense aussi au texte où Jésus lave les pieds de ses disciples. Un texte a priori facile à jouer, où le maître devient le serviteur. Le fait de laver les pieds aux enfants nous paru être un contresens, car jamais ils n'auraient une chance de se laver les pieds sans aide. Jamais ils ne pourraient, eux, laver les pieds de quelqu'un. Ils seront tributaires, toute leur vie, d'une aide, sans aucune possibilité de s'y soustraire. Nous sommes restés avec cette interrogation. Au-delà de l'histoire biblique, comment faire en sorte de leur permettre de devenir le maître et le serviteur, en faisant autre chose que nous laver les pieds ?

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Ces quelques exemples parmi d'autres pour dire que le comment n'est qu'un moyen pour accéder au sens et peut ouvrir nos yeux sur une compréhension élargie de textes souvent très connus.

« De quel droit est-ce que je suis celui qui transmet ?... Je ne suis pas mieux que les autres. » Cette question revenait comme une rengaine dans notre groupe de catéchètes occasionnels. La réponse est que nous sommes un relais. Nous avons à faire en sorte que cet autre-là, qui nous est confié, puisse devenir aussi un relais. Qu'il ne soit pas juste une impasse où la parole s'arrête, mais qu'elle se continue à travers lui. Nous avons illustré cela presque à chaque fois, en faisant passer de main en main la lumière, des fleurs, des aliments et bien d'autres choses encore puisées dans le quotidien.

Quand vous aurez l'occasion d'accueillir dans vos groupes paroissiaux l'un de ces enfants-là, n'ayez pas peur parce qu'il ne comprend pas. Pensez à ces jeux de relais, lors d'une prière ou d'une animation. Cela l'inclura, vous donnera l'occasion de le nommer ou de le faire appeler par son nom. Le reste vous sera donné de surcroît. Des idées nouvelles naîtront de cette présence. N'ayez pas peur.

 

Martine Léonhart PointKT n° 38
Avril-mai-juin 2002
 

 

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- J’ai mal à la terre


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Dieu a-t-il eu tort de croire en l'Homme ?

Un texte pour réfléchir avec des adolescents au développement durable et une piste d’animation au travers d’une exposition qui peut se louer.

 Renseignements et réservations auprès de Isabelle Gerber, 03 88 70 00 54, www.jeunesse-protestante.fr , eul@jeunesse-protestante.fr

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- La catéchèse des enfants pas comme les autres

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Pour le Pasteur Jacques van der Beken, tout a commencé à La Force, en 1970, lors d'un colloque sur la catéchèse spécialisée. C'est son ministère dans les hôpitaux qui lui a révélé à nouveau l'importance de ce travail auprès de ces enfants…


Avec les progrès de la médecine dans la réanimation des nouveaux-nés, les drames sociaux et familiaux, les conflits et les désastres mondiaux, il y aura de plus en plus d'enfants inadaptés, déracinés, exclus. Il faut adapter notre témoignage à ces enfants ; l'essentiel est l'amour du Christ ; et c'est dans notre amour qu'ils en recevront témoignage.

 

  • De quel droit tirerions-nous les verrous là où Jésus-Christ ouvre la porte ?
    Dans les différents centres pour enfants de Nancy, je me trouve face à des inadaptés de tous âges, de tous Q.I. C'est avec eux que je me suis demandé de quel droit tirerions-nous des verrous, là où Jésus-Christ ouvre la porte ? De quel droit émettrions-nous un refus quand Lui appelle ? Comment pouvons-nous sonder les idées et les cœurs sans nous prendre pour le Seigneur ?

    Je ne peux plus accepter que l'on trace quelque limite que ce soit à la Sainte Cène, aussi bien pour des inadaptés que pour des enfants de tout âge ; tout en sachant très bien que la grâce du Seigneur, libre et surabondante envers tous, appelle une prise de responsabilité de notre part.

    Un cheminement s'engage, non plus pour «mériter» la communion, mais dans la grâce même qui nous est renouvelée là, pour nourrir notre foi, pour nous faire grandir.

    Pour que cela forme un ensemble cohérent qui soit modestement et réellement à la gloire de Dieu et pour le bien des hommes, il importe d'élargir l'horizon de notre attention aux gestes, aux sons, à la disposition des lieux et même à la fréquence de la célébration, sans porter une attention excessive aux seules «espèces» de la communion, au pain et au vin offerts, comme si le Christ n'était enfermé que là.
  • Mettre le projet en pratique : faire passer tout autrement le même message
    Ayant ainsi déterminé le projet dont je me sens responsable auprès des inadaptés, je me trouve bien démuni pour le mettre en pratique.
    Dans les centres où je me rends, malgré la solide bienveillance de la Direction, je ne puis disposer que de quelques minutes d'attention de la part des enfants ; je suis seul dans un coin de salle, sans pouvoir bénéficier de matériel de «travaux pratiques» ! Alors je tente de faire passer tout autrement le même message : par une affection chaleureuse, une fidélité rigoureuse et la joie sincère de pouvoir partager ces brefs instants. II faut à chaque fois chercher un nouveau support d'attention et me lancer bravement dans l'aventure semaine après semaine, à vue et sans radar...
Précautions et implication du catéchète
  • Précautions 
     Sur le plan psychologique, l'absence de leur mère et les présences féminines nombreuses sont un des problèmes de ces enfants «placés». II y a aussi les problèmes relationnels avec le père. Pour moi, ce ne sont pas des remarques déplacées mais des questions : qui parle ? à qui ? où et dans quelle situation ? II est impossible de se garder de tout accrochage affectif avec la personne du catéchumène : ce lien est avant tout souhaitable. Mais il est préférable de ne pas y mettre trop d'émotion. II y a tant de choses qui passent dans les yeux, le sourire, le timbre de la voix ; comment nous sommes placés, dans quel lieu. C'est très personnel, peut être trop : j'en suis conscient. C'est surtout trop individuel et ce manque de communauté me peine. Mais que faire ? Comment mettre ensemble deux fillettes dont l'une a 13 ans et un Q.I. de 40-50 et l'autre de 8 ans et un Q.I. de 70-80 ?
  • Implication
    Mais ce que nous appelons catéchisme est un reflet de ce qui se passe d'abord entre Jésus-Christ et chacun d'entre nous. Ensuite le catéchète y met foi, vie, prière et action. C'est pourquoi, il ne doit être en rien obstacle à cette grâce, et c'est ce qui lui donne de l'assurance, car Christ est là avant, pendant et après la rencontre catéchétique.
    Je veux ajouter combien l'amour de Dieu en nous doit être sagesse, pour nous donner la lucidité dans notre approche des aveugles, des sourds, des muets. Certains enfants ont plusieurs handicaps psychomoteurs. Ils n'en sont pas pour autant des sous-hommes.
    Ils ont trop à souffrir dans leur vie pour oser manifester quelque demande. Dans le respect des lois certes, mais aussi avec la hardiesse de notre obéissance, c'est à nous de faire les premiers pas en nous faisant au moins connaître de ces centres. Une chose bien délicate à formuler : les familles ne semblent ne pouvoir que les couvrir d'une chape de secret.

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Cesser d'expliquer : VIVRE !

  • Préparation et contenu
    La préparation exige beaucoup de temps, de minutie, mais il faut aussi mieux prendre le temps de vivre l'expression libre, le culte.
    Pour la «leçon» proprement dite, j'ose avancer le paradoxe de cesser de vouloir expliquer avant de vivre. L'inverse me semble plus juste, comme pour la Pâque juive : vivre d'abord, expliquer ensuite.
    Pour le contenu, je vois plutôt un cheminement balisé par les grandes fêtes chrétiennes.
  • Quelle technique utiliser ?
    Quelle technique utiliser ? Celle avec laquelle nous serons à notre aise. Et être prêt à en changer tout en gardant une structure qui soit un repère : cela aide à situer ces rencontres comme ayant leur valeur propre. Je pense surtout à la partie liturgique, au cadre, à la musique.

    Ne faisons pas l'économie du texte biblique lui-même. II est des mots, des images, des dialogues qui savent se faire entendre. Dans la Bible, il est souvent question de manger et de boire, de marcher et parler. C'est à cela qu'il convient de faire davantage attention !

    Réfléchissons avant de nous lancer dans un symbolisme risqué
    : celui de la flamme qui brille mais qui brûle et détruit aussi. Les symbolismes peuvent tomber dans la faille d'une personnalité fragile.
  • Prudence dans l'utilisation des mots
    Prudence aussi dans l'utilisation des mots. Sachons bien à qui nous les adressons car il peuvent être susceptibles d'associations très prégnantes : celui de père, avec un caractériel ; pour d'autre ce seront des mots comme justice, pardon et même amour.
    Nous ne pouvons nous contenter de notre seule bonne volonté : penser au préalable aux indications de mouvements dont l'handicapé physique sait mieux que nous qu'il en est privé. La Sainte Cène peut poser des questions que l'on n'imagine pas : avaler le pain, le vin peut rencontrer l'obstacle de la déglutition. Ne l'ignorons pas.
  • Place de la prière
    Essentielle pour moi est la place de la prière. Comment apprendre aux handicapés à se joindre à la prière, à prier eux-mêmes ? Et le chant ? Et l'offrande ? II ne saurait y avoir l'usage de mots rituels, de geste machinaux. Tout doit être porté dans une atmosphère où tous participent du plus sincère d'eux-mêmes.


  • UNE QUESTION ?
    Adultes inadaptés que nous sommes, quand serons-nous capables de prendre place à la Table du Seigneur avec l'enfant inadapté ? Le recevoir du Seigneur comme un frère bien-aimé, heureux d'être au bénéfice du même don, de la même grâce, de la même prière du Christ ?

 

Jacques van der Becken
Archives PointKT  
N° 17 Janvier - février - mars 1997 

 

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- Des traces, en catéchèse adolescents

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Comment  faire pour que les adolescents puissent garder des traces de leurs expériences vécues au caté, et les retrouver un an ou même dix ans après ? Que faire pour que des échanges importants, des témoignages poignants, des études bibliques marquantes ne se réduisent pas à un vague souvenir :  "C'était bien le caté avec le pasteur X. On faisait des trucs bien !"

 Entretenir la mémoire, la faire revivre, c'est possible et même souhaitable


Quand les ados ne voient plus l'intérêt de remplir un cahier !

Pour les enfants d'Ecole biblique, le cahier est rassurant. II reflète à leurs yeux tout ce qui est important. II commence par le nom, l'année, le nom de la paroisse, la liste des enfants, le nom du pasteur et des catéchètes, les dates des réunions. Puis viennent le Notre Père, les prières que l'on dit ensemble, les chants que l'on connaît par cœur, le thème de l'offrande...
Et si l'on n'utilise pas de matériel spécifique pour enfants, ce cahier contient également les textes bibliques et les activités à faire.
Jusqu'à 11 ans, c'est un plaisir pour l'enfant de tenir son cahier et c'est plutôt le catéchète qui trouve que celui-ci prend quelquefois trop de place.
Et puis, en un été, tout bascule ! On se retrouve en septembre avec un look d'ados et des préoccupations nouvelles. On n'aime plus chanter, on ne pose plus beaucoup de questions, et bien sûr on ne voit pas l'intérêt de remplir un cahier ou d'écrire un résumé. Au caté, on recherche le regard de l'autre, l'échange avec les autres, on veut vivre en groupe. Les jeunes ne sont plus intéressés par un résumé de l'animation prévu pour eux ; par contre, ils regardent avec plaisir une feuille qui reprend leurs réactions, leurs trouvailles, leurs refus. Et c'est cette trace-là qui me paraît importante à proposer.
 
Livret ou pochette plastifiée ? 
Un livret en fin d'année, c'est fastidieux à réaliser pour le pasteur ou le catéchète, sauf si celui-ci le construit progressivement après chaque rencontre. II a l'avantage de pouvoir être remis comme un cadeau qui clôt une année d'échanges.
Une autre solution est de demander aux adolescents d'apporter une pochette plastifiée et de leur donner en début de séance des documents concernant la séance précédente. Cela permet aussi de faire le point.
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Un reflet d'eux-mêmes
Livret ou pochette, le document doit être structuré, reflétant séances après séances ; chaque séance doit avoir un titre qui signifie quelque chose pour le jeune ("l'étranger" plutôt que "le bon samaritain") et des repères qui lui rappellent les moments forts : le dessin d'un mime, le contenu d'une affiche réalisée, les conclusions d'un débat organisé, une photo du groupe. Si vous ne savez pas très bien quoi retenir, les adolescents qui, en fin de séance n'arrivent pas à synthétiser, le font très bien la séance suivante.
Les références bibliques seront indiquées. Les prières seront données intégralement.
Si vous bâtissez ensemble un culte, demandez-leur de vous restituer leurs documents (textes, prières) pour les rassembler en un seul, celui de leur culte.
Puisque eux vivent uniquement dans le moment présent, c'est un peu notre rôle de penser au futur.
C. de Turckheim
Archives PointKT N° 17
Janvier - février - mars 1997 


 

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- Garder une place pour l’invité qui nous surprend


Image   En un siècle, le regard sur les personnes ayant un handicap a profondément changé. On est passé d'un temps où la seule alternative était l'asile, à celui où le concept de maladie a prédominé : on soigne une maladie, une déficience.
Plus tard encore, on voit essentiellement une personne à éduquer.
Aujourd'hui, on s'achemine vers un concept de citoyenneté qui permet à chacun d'être différent.

Garder une place pour l'invité qui nous surprend

En un siècle, le regard sur les personnes ayant un handicap a profondément changé. On est passé d'un temps où la seule alternative était l'asile, à celui où le concept de maladie a prédominé : on soigne une maladie, une déficience.
Plus tard encore, on voit essentiellement une personne à éduquer.
Aujourd'hui, on s'achemine vers un concept de citoyenneté qui permet à chacun d'être différent.
Prenons l'exemple du langage des signes : pendant un siècle, le langage des signes a été banni, en dehors des écoles pour enfants sourds, dans le but d'éduquer leur faculté de prononcer "normalement". Depuis une vingtaine d'années, des personnes sourdes ont promu leur droit d'utiliser la langue des signes française dans la vie courante. La personne sourde est d'abord un citoyen, disent-ils, et non un objet de pédagogie.

 

Intégration à tout prix ?

En ce qui concerne le handicap mental, on cherche le plus souvent l'intégration, voir la normalisation. Cette démarche est très valorisée en France tant dans le domaine scolaire que dans les loisirs. Cette approche comporte néanmoins quelques dangers :
- Est-il bon pour un enfant d'être toujours le seul enfant ayant un handicap dans un groupe ? Quelles sont alors les possibilités d'identification avec d'autres ? Quand peut-il se dire "ils sont comme moi" ?
- Derrière une forte démarche d'intégration peut toujours se cacher un refus du monde adulte de reconnaître le handicap. L'enfant risque alors de se trouver en échec permanent. Intégration ne doit pas être synonyme de perte d'identité, refus du handicap. Sinon il en résulte une situation impossible pour l'enfant !

 

Images de Dieu et images de l'homme sont liées

La catéchèse des enfants ayant un handicap exige au préalable une réflexion théologique, car le handicap nous confronte à nos convictions profondes.

Nous en évoquerons quelques unes à partir de témoignages de parents :
- Quand Anne est née, il fallait que je retrouve les bases de ma foi. J'ai ouvert la bible et j'ai commencé par le début. "Au commencement Dieu créa ... "et quand je suis arrivé à. . . "et il les créa homme et femme ... à son image", j'ai retrouvé ma conviction profonde.
Nos images de Dieu et de l'homme sont profondément liées. Toute catéchèse avec des enfants ayant un handicap nous renvoie à l'image que nous avons de leur personne. Un regard de pitié, un regard misérabiliste, est aussi un regard réducteur sur Dieu. Et inversement, reconnaître une image de Dieu en tout être élargit notre perception de Dieu.
- Quand Samuel est né, j'ai d'abord commencé à faire face. Dieu n'avait plus d'importance pour moi.
Mais nous avions donné une instruction religieuse à ses frères et sœurs. Et c'est son frère qui nous a rappelé qu'il fallait l'inscrire à l'école biblique. C'est Samuel qui nous a, petit à petit, entraîné dans la vie de la paroisse. L'autre jour il a pris le panier de pain pendant la communion, et lui qui normalement parle mal ou pas du tout, a dit :"Le corps du Christ".

C'est souvent la foi forte, la soif de Dieu, la spontanéité dans leur relation avec Jésus exprimés par les enfants qui nous rappellent qu'ils sont enfants de Dieu ; "La force de Dieu est puissante dans la faiblesse" : cette phrase devient tangible. La foi devient don reçu.
- Nous n'allons plus à la paroisse avec mon enfant. Je ne supporte plus ce langage : Qu'est-ce que vous portez courageusement votre croix. Manuel devient tout raide quand il entend ça. Moi certainement aussi. Mais nous avons trouvé une communauté œcuménique de personnes handicapées. Le regard qu'on porte là-bas sur mon enfant m'a aidé à l'accueillir. Nous redevenons une famille entière.
II est important de nous interroger sur le lien que nous établissons entre souffrance, culpabilité, mérite ... en dépit de l'affirmation de la grâce. Osons porter le regard de Dieu sur toute personne. II y a là une force de transformation pour l'Eglise.
Le handicap est toujours une rupture, une souffrance. Ceci nous oblige à avoir des attitudes réfléchies, claires. Nos convictions théologiques se reflètent dans le vécu de la catéchèse. Quand des sens ou des capacités sont altérés ou diminués, des impasses théologiques se repèrent plus facilement que dans toute autre catéchèse.
Nous développerons les axes d'une catéchèse spécialisée à partir de deux pôles : celui de la Parole de Dieu annoncée, et celui de la participation aux sacrements.

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La Parole de Dieu annoncée

L'idée de départ pourrait être : l'incarnation," Et la Parole se fit chair " nous pousse à rendre la Parole de Dieu à tout enfant, aussi à celui qui a un handicap.    Notre pédagogie doit se nourrir de cette conviction : la Parole prend chair en chacun de nous. II y a nécessité d'un va-et-vient constant entre la parole et le regard que nous portons sur la personne avec son corps, son esprit.
Les moyens dont disposent la catéchèse spécialisée sont riches et variés (rythme et mouvement, lumière, toucher, son, couleurs les formes...) Cette richesse peut même dérouter certaines équipes. L'important sera de ne pas se perdre mais de toujours réfléchir au sens de ce que nous faisons.
Voici quelques pistes :
- Des contenus formulés de manière traditionnelle (textes appris par coeur, éléments de la liturgie, chants "anciens"... même si cela peut paraître désuet) permettent à de nombreux enfants d'appartenir et de participer à la vie de la communauté.
- Catéchèse spécialisée, ce n'est pas "ne rien faire". Chaque enfant peut évoluer, faire des progrès, avancer dans la confiance et y trouver de la joie. Cela peut se faire à travers des activités sensorielles et manuelles. Un tel apprentissage peut comporter une dimension répétitive : chanter les mêmes chants aux mêmes moments de la rencontre, marquer les lieux par des objets, des couleurs qui reviennent (Noël, Pâques).
- Prendre en compte le rythme des enfants : ne pas systématiquement vouloir innover, accepter d'être lent avec les enfants. Cela peut aussi être un défi pour aller soi-même en profondeur.
- Pour de nombreux enfants ayant un handicap, le mime, le jeu scénique est primordial. II permet à la parole de pren¬dre chair, il permet un élargissement du monde, une découverte simple de nos théologies complexes.

 

La participation aux sacrements

Préparer et vivre des sacrements est le deuxième pôle de la vie d'un groupe d'école biblique, de catéchisme. Baptiser un enfant ayant un handicap pose d'habitude peu de problème. La gratuité de l'amour de Dieu s'y exprime par excellence.
Mais du côté de la participation à la Sainte Cène, nos convictions sont lourdement interrogées : sont-ils assez préparés ? Qu'est-ce qu'ils comprennent ? Les questions sont nombreuses. Et les réponses ?
II me semble que ces interrogations doivent nous renvoyer au centre de notre théologie : les affirmations de la Réforme disent bel et bien que c'est Dieu seul qui sauve.
Osons-nous nous libérer d'une conception intellectualiste de la Sainte Cène ? Comprenons-nous nous-mêmes ce qu'y se passe ? Sommes-nous assez préparés ? La Cène, c'est aussi accueillir ceux dont on ne veut nulle part. Garder une place pour l'invité qui nous surprend.

Les enfants ayant un handicap ne doivent jamais devenir l'objet avec lequel nous faisons passer notre "théologie". II s'agira toujours de la proposition qui leur est faite pleinement par Dieu : "Je ne vous appelle plus mes serviteurs. Vous serez mes amis."
Pour évaluer une catéchèse spécialisée, je me poserai la question suivante : par la participation à l'école biblique, quels chemins sont ouverts à l'enfant, mais aussi à ses parents, ses frères et sœurs, aux catéchètes et à l'Eglise ?

Angélika Krause, Pasteur à Bordeaux (ERF)
PointKT 1998 -  avril, mai, juin - n° 22

 

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- Cultes pour ados, quelques idées

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La symbolique de la fleur
Cet article propose quelques idées générales ainsi que des conseils techniques pour réaliser des célébrations avec des adolescents. Nous publierons quelques cultes "clef en main " reprenant une part de ces propositions.

Première célébration disponible : Culte de rentrée 


Ces cultes permettent aux participants de s’ouvrir comme une fleur, à Dieu et aux autres. Ils mettent en scène la splendeur de Dieu dans notre monde. Elle se vit à travers le plaisir des participants et la Parole partagée. L’image de la fleur se transformant en fruit jalonne les déroulements. La liturgie devient le cadre pédagogique qui permet aux participants de se repérer dans chacun des cultes qu’ils vont vivre. Ainsi, les éléments de la liturgie pourront varier d’un culte à l’autre car l’adolescent reconnaîtra toujours à quelle phase du déroulement il se trouve. Ces étapes sont visualisées : au fur et à mesure de la progression une autre image de la fleur apparaît. [Sur l’utilité pédagogique d’un cadre liturgique voir la conclusion de l'ouvrage Toutes ces rencontres. Par liturgie, nous entendons l’ensemble du culte, Parole et Sacrements. Il est nécessaire de différencier les cultes qui se déroulent uniquement entre jeunes de ceux célébrés avec toute la paroisse. Lorsque les jeunes sont entre eux l’inventivité liturgique peut battre son plein. Lorsque les jeunes se rassemblent avec toute la paroisse, comme par exemple lors d’un culte de rentrée, il est nécessaire de mélanger le traditionnel et l’innovant.

 Image1. La fleur n’est qu’un bouton : Dieu invite au culte

Cette invitation se manifeste concrètement par la sonnerie des cloches. Elle peut de nos jours prendre la forme d’une invitation sous forme de lettre ou de dépliant. Elle indique bien entendu le lieu, l’heure mais également le thème. L’adolescent peut déjà être invité à préparer quelque chose pour la célébration.


 

Liturgie de la splendeur de Dieu

Image  2 Quelques pétales s’ouvrent : se rassembler, se saluer

Chacun arrive avec ses joies, ses peines, son vécu. La fleur est fermée, les soucis, problèmes, deuils et déceptions entraînent le repli sur soi et cachent la joie de vivre avec les autres et avec l’Autre

 Image 3 La fleur s’ouvre en grande partie : joie, peine et sérénité devant Dieu

Manifester sa joie (la louange et le psaume d’entrée)
Un temps pour remercier Dieu, pour ce que nous vivons
Un temps de reconnaissance pour ce qu’Il est et pour ce qu’il nous donne.
Un temps pour exprimer la joie d’être ensemble.

Dire ce qui sépare de Dieu (La confession des péchés)
S’ouvrir pour dire ce qui ne va pas et pouvoir capter le soleil de Dieu. Chacun, chacune, arrive avec son vécu, ses joies et ses peines et prend conscience de tout ce qui sépare Dieu des humains. Voici le moment de poser devant Dieu le mal être personnel et universel. Ce mal être devant Dieu, les autres, la vie constitue « le péché. » Venant du monde, les participants se posent devant Dieu.

Accueillir le pardon de Dieu (Les paroles de grâce)
Confier ses soucis à Dieu soulage et permet de s’ouvrir à son pardon. Dieu accepte l’être humain tel qu’il est, avec ses soucis qui l’accablent du dehors et ses tourments qui le rongent du dedans. Les paroles de pardon peuvent être dites avec un légèr fond musical, guitare, sono…

Parler sereinement à Dieu (La prière de collecte ou d’illumination)
Un texte qui permet à chacun de s’adresser à Dieu et (ou) de s’ouvrir à sa parole.


 

Liturgie de la Parole de Dieu


Image  4 La fleur est complètement ouverte : elle peut capter le soleil de Dieu


Ecouter la Parole de Dieu
Dieu est présent dans sa Parole. Ici il est possible de mettre en valeur un texte biblique ou plusieurs courts extraits illustrant chacun à sa manière un aspect du thème.

Conclure par une strophe du chant.

Comprendre la Parole de Dieu
La méditation a toujours une dimension personnelle et subjective. Elle doit tourner autour d’une seule idée illustrée de différentes manières. Il s’agit d’un « flash » sur le sujet : une partie à déjà été dite lors de la liturgie d’entrée, une autre lors de la lecture de l’Evangile. L’intercession pourra également compléter le message. Il faut être attentif à la forme autant qu’au fond.

Exprimer sa confiance en Dieu
Une confession de foi en lien avec la thématique ou prise en charge par les jeunes peut avoir sa place ici. Le symbole des apôtre fait partie des textes symboliques et peut être exprimé ici, même si les catéchumènes n’en saisissent pas encore toute la portée.

Liturgie du mystère : les sacrements


 Image 5. La fleur se fane et devient fruit

La présence de Dieu s’exprime autant par les sacrements que par Sa Parole. Les deux sacrements nous relient aux autres chrétiens dans le monde, dans le passé comme dans le futur et permettent de se nourrir de la présence de Dieu pour notre route.


 

Liturgie du service
 Image6. Le fruit est partagé

Donner ensemble pour les autres
Sensibiliser les catéchumènes au don peut se faire de différentes manières en particulier à partir de quelque chose qu’ils ont préparés avant le culte (voir invitation). Cela peut être échangé (s’il s’agit d’une petite œuvre). Les catéchumènes peuvent également montrer à la paroisse un projet qu’ils soutiennent, banque alimentaire ou autre.

Prier les uns pour les autres (intercession)
Chacun vient du monde extérieur pour partager ce moment avec Dieu mais personne ne laisse le monde derrière lui. Il est présent dans les offrandes et les prières d’intercession. Ce mot barbare vient du terme « intercéder » qui décrit l’action « d’intervenir par la parole pour quelqu’un. »

Image  7. Le fruit éclate et les graines se répandent


Sortir accompagné de Dieu (exhortation, envoi, bénédiction)
L’Esprit souffle, libère la semence. Chacune, chacun sort et Dieu sort avec tous. Ils vont semer chez les autres ce qu’ils ont reçu. De nouvelles plantes poussent alors.


 

 Fiches techniques

Pour débuter le culte
L’accueil est très important. Les jeunes ressentent l’ambiance créée lorsqu’ils arrivent et y répondent à leur manière. Le lieu est préparé avant leur arrivée : bougies (n’oubliez pas les allumettes), tissus, fleurs, icônes etc. La musique est un bon accueil, prévoir un lecteur et des CD de musique classique, de guitare ou autres musiques assez douces. Les paroles du chant sont affichées ou projetées en grand, bien visible. Si tout les regards se dirigent vers le même point lors du chant, l’ambiance communautaire sera davantage ressentie que lorsque chacun plonge son nez dans un livret ou une feuille. Le texte à mettre en valeur lors de la louange du début est également bien visible à un autre endroit de la salle. Les ados doivent bouger pendant la célébration, ne serait-ce que pour se tourner. Prévoir des chaises, des poufs, des tapis ou autres moyens de se poser qui facilitent les mouvements.

Si les participants ne se connaissent pas ils peuvent mettre leur nom sur un badge, symbolisant ainsi l’importance de chacun aux yeux de Dieu. Le badge peut avoir une forme adaptée au thème de la célébration devenant ainsi un support pédagogique supplémentaire. Apprendre ou répéter le chant, imaginer les gestes accompagnants le refrain, permet d’entrer dans la célébration ainsi que dans la communauté. Ce premier contact avec la musique permet de chanter plus facilement ensuite. C’est une manière de mettre l’ado à l’aise pour qu’il se sente réellement accueilli. Enfin, lorsque tout est prêt, prononcer une parole qui accueille véritablement les jeunes pour qu’ils se situent par rapport à ce qui va être fait. Exemple : « Nous voilà réunis pour un temps différent. Un temps où nous expérimenterons le silence qui laisse Dieu nous parler, un temps pour réfléchir au sens de notre journée, de notre vie… Dieu va nous rencontrer, préparons nous …. »

La musique a vocation de beauté et la beauté est un chemin vers Dieu. Il faut soigner la qualité musicale d’un culte. Un chant facile à chanter pour les jeunes peut devenir le fil conducteur d’un culte. Il peut être gestué, veiller au rythme, il n’est pas interdit d’apporter des percussions ou, au minimum de frapper dans ses mains. N’utiliser qu’un seul chant ne crée pas un climat de lassitude mais au contraire de communion. Les jeunes aiment répéter un air qu’ils connaissent. Le chant fonctionne dans le domaine du psycho-affectif. Il faut, bien sûr, le choisir en fonction du thème mais son impact ne dépendra pas des paroles. Il dépendra de l’ambiance musicale qu’il crée dans le groupe. Faire également appel aux jeunes eux-mêmes qui jouent souvent d’un instrument et prévoir des plages musicales pour qu’ils puissent participer de cette manière à la célébration.

Pour la liturgie de la splendeur de Dieu
Les prières peuvent être dites par les jeunes, ils peuvent préparer leurs propres paroles ou les dire dans le silence de leur cœur si un moment est prévu pour cela. Marquer le temps de prière pour qu’il soit différent des autres. Par exemple proposer d’abord quelques instants de silence, faire regarder un bougie, susciter une respiration plus calme pour chaque participant, leur demander d’écouter le silence (il y a toujours du bruit : respiration, échos du dehors). Les trois éléments (péché, grâce, prière) peuvent être exprimés à la suite. Ils forment l’étape où la fleur s’ouvre. Soulagé du mal et des soucis chacun peut se remplir de la Parole de Dieu.

Pour présenter le texte biblique
Utiliser une traduction facilement compréhensible comme la Bible en français fondamental (Parole de vie) ou une traduction pour enfant. Celui qui écoute retient moins bien que celui qui lit. Lire permet d’avancer à son rythme, celui de sa propre compréhension, écouter oblige à suivre le rythme de l’autre, impossible de s’arrêter sur un mot ou une expression mal comprise. Il est souvent utile de préparer à l’écoute en introduisant le texte : thème général, contexte littéraire et historique. Il peut y avoir plusieurs façons de présenter le(s) texte(s). Le texte biblique peut également être, mimé, présenté par des marionnettes, à l’aide d’un flanellographe, de diapos etc. Des objets interviennent dans la plupart des péricopes, le montrer réellement ou à partir d’un symbole peut aider l’auditeur à écouter. Ne pas hésiter à présenter le texte : contexte historique, thème central etc. Attention à l’Ancien Testament : les versets sont longs ! La narration est une autre manière de présenter le texte. En général l’auditoire retient mieux une narration qu’une lecture. Le(s) texte(s) peut(vent) être lu(s) par des jeunes. Il faut le leur donner bien avant afin qu’ils puissent le préparer, le lire à haute voix avec l’officiant avant la célébration. Ils doivent s’entraîner à lire lentement et fort.

Pour comprendre la Parole de Dieu

Les jeunes ont une capacité d’attention de quelques minutes il faut donc être bref ou trouver les moyens de capter leur attention. Le message peut être soutenu par des gestes symboliques, soit de la part du prédicateur, soit de la part des catéchumènes. Ne pas hésiter à utiliser un objet au cours du message ou(et) en prévoir pour chaque participant (carte postale, feuille de papier etc.) Il est également possible d’organiser un dialogue/débat, bien préparer les questions à l’avance, éviter les questions trop générales et abstraites, certaines questions bloquent et d’autres ouvrent au débat, ne jamais improviser ce genre de chose. Continuer ensuite. Passer du discursif au narratif permet souvent de relance l’attention. Alternative : raconter une aventure, par exemple la vie d’un grand personnage pouvant illustrer ce thème. Il serait possible d’organiser l’alternative suivante : lorsque les textes bibliques sont lus, le message serait sous forme de narration ; lorsque les textes sont présentés sous forme de narration, le message serait plus discursif avec activité symbolique prise en charge par les jeunes.

Pour sortir, accompagné de Dieu
Le terme « bénédiction » signifie « dire du bien ». C’est la dernière parole du culte. Dieu annonce qu’il va sortir avec chacun et lui souhaite du bien. C’est comme s’il disait « bonne route dans ton quotidien ! » L’assemblée répond en général en disant « amen » ce qui signifie « ainsi soit-il. »

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- Fêter Dieu avec des enfants polyhandicapés

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Ils sont polyhandicapés. Ce sont des garçons et des filles. Ils sont protestants, catholiques, parfois musulmans ou bouddhistes. Ils sont âgés de huit à vingt ans.
Parce qu'ils sont handicapés, ils fréquentent une fondation protestante où nous essayons de vivre Dieu avec eux.
Comment ? 

 Fêter Dieu avec des enfants polyhandicapés

Ils sont polyhandicapés. Ce sont des garçons et des filles. Ils sont protestants, catholiques, parfois musulmans ou bouddhistes. Ils sont âgés de huit à vingt ans.
Parce qu'ils sont handicapés, ils fréquentent une fondation protestante où nous essayons de vivre Dieu avec eux.
Comment ? Ils ne parlent pas. Ils ne comprennent pas le sens des mots, ni la symbolique d'une image. Ils ont des handicaps moteurs sévères, donc leur gestualité est limitée. Pour trouver comment vivre Dieu avec eux, nous ne pouvons éviter de nous poser la question : qui est Dieu pour nous. Nous, c'est une équipe de catéchètes éducateurs ou d'éducateurs catéchètes selon les périodes et les fluctuations de notre propre enthousiasme, peut-être même de notre propre foi.
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Célébrer Dieu

Nous avons voulu célébrer Dieu ensemble avec eux. Pour cela nous quittons leur lieu de vie habituel pour nous rendre à la chapelle de la fondation. Chaque enfant est accompagné par un adulte. Nous nous mettons en marche pour vivre quelque chose d'exceptionnel, hors du quotidien. Au fil du temps les enfants ont appris à reconnaître le chemin. Sur la route ils peuvent manifester leur enthousiasme ou au contraire leur non-envie parfois aussi leur indifférence...
De par leur handicap, ces enfants-là sont souvent indifférenciés. Leur identité est mal construite. Comme des tout-petits, ils sont centrés sur eux-mêmes. Penser que nous pourrions former avec eux une communauté vivante semblait être une gageure. Et pourtant c'est bien ainsi que cela se traduit depuis plus de dix ans maintenant.
Rassemblés autour de l'autel, à égalité pour une fois devant Dieu, nous sommes présents, chacun avec ses propres faiblesses mais aussi avec ses richesses.
La célébration commence par un temps d'écoute musicale. Il s'agit de se recueillir, d'entrer dans ce moment privilégié, de marquer la coupure avec l'extérieur.
Ensuite c'est le moment très important de l'accueil personnalisé de chacun des participants. Chacun de nous est salué par son nom et un petit mot personnel. Nous sommes toujours étonnés de l'impatience que certains enfants manifestent dans l'attente d'être interpellés, ou de leur réaction au moment où on prononce leur nom, surtout si cet appel est accompagné d'un geste.
 
Des chants
 
Ils rythment le moment du culte. Nous avons la chance d'avoir des catéchètes musiciennes.
Nous remarquons toujours à quel point il est important de choisir des chants que les enfants reconnaissent au bout d'un moment. Ils peuvent alors se joindre à nous avec leurs voix, leurs cris ou leurs applaudissements et c'est leur façon de louer Dieu.
 
Des prières
 
Elles sont choisies selon le thème du jour. Un psaume est souvent antiphoné au début de la célébration. A la fin nous proposons une prière d'intercession qui débouche sur le Notre Père. Cette prière universelle est un moment fort du culte. C'est à cet instant souvent, que pour moi, la présence de Dieu au milieu de nous se fait presque palpable.
 
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Le Sonnenhof
 

Deux réflexions nous paraissent fondamentales :
- Qu'est-ce qui est essentiel dans un texte biblique ?
- Et comment allons nous le transmettre aux enfants pour qu'ils puissent le percevoir avec leur sens ?

Chaque année, nous choisissons un thème que nous illustrons selon les moments de l'année liturgique mais aussi en fonction de nos préoccupations du moment. Notre thème de cette année est celui des animaux de la Bible.
 
La création  :
 
Dieu a créé les animaux de la terre et l'homme est responsable de ces animaux. Aux enfants nous avons voulu faire comprendre qu'eux aussi étaient responsables de ceux qu'ils avaient apprivoisés.Chacun d'eux a choisi une peluche d'animal. A chaque culte de l'année l'enfant revient avec sa peluche, qui à un moment donné sera "l'acteur" d'une des célébrations.
 
Comme les bergers dans les champs nous attendons Noël  :
 
Comme eux, seuls dans la nuit avec nos animaux, nous ne savons pas que c'est à nous que l'ange annoncera la nouvelle de la naissance de Jésus Enfin cette annonce nous est faite. Bientôt, nous verrons Dieu.
 
Noël, Jésus est né. 
 
Allons le voir. Après la lecture du texte de Noël, nous nous mettons en marche. Chaque enfant et chaque adulte dépose dans la crèche son animal en peluche. C'est une manière de dire que nous voulons faire confiance à Jésus en lui confiant ceux dont nous sommes responsables.
 
Au rythme des fêtes, l'année se poursuivra.

Pour chacun des animaux, nous essayerons, par des attitudes corporelles, de traduire les attentes de Dieu vis à vis de nous. Ce que les enfants comprennent ou même perçoivent nous échappe.
Mais n'en est-il pas de même pour toute personne ? Nous cherchons à leur permettre de vivre des choses. Ce vécu est toujours soutenu par une parole pour que ce que nous voulons faire soit reconnu par les adultes qui accompagnent. A leur tour, les enfants nous font vivre des choses et deviennent des relais de la parole de Dieu pour nous. Ce qui est important, c'est qu'en traduisant ainsi Dieu en actes, nous leur donnons la possibilité de répondre.
II est fondamental d'accepter que quelquefois ils répondent non ! Quand François a jeté sa peluche loin de la crèche ou quand Jack lui a fait un bisou avant de la déposer, je n'ai pas à juger ni à forcer un geste. Je respecte ce que je vois et quelquefois j'en tire des enseignements pour ma propre foi.
C'est seulement à cette condition que nous formons avec eux une communauté vivante où chacun donne et où chacun reçoit.
Martine Léonhart, Directrice adjointe Le Sonnenhof, Bischwiller
Archives PointKT, n° 22 – Avril, mai juin  1998
 

 

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- Excusez-moi, je n’ai pas le temps !

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Tout va vite, très vite, trop vite ! Nous sommes "happés" par une spirale sans fin. Où est le temps ? Pourquoi sommes-nous si nombreux à courir après le temps ? Pourquoi sommes-nous si nombreux à répéter à longueur de semaines : « Je n’ai pas le temps ! », au point de le remplir à ras bord, comme si nous luttions contre la peur du vide.


« Excusez-moi, je n’ai pas le temps ! »

Tout va vite, très vite, trop vite ! Nous sommes "happés" par une spirale sans fin. Où est le temps ? Pourquoi sommes-nous si nombreux à courir après le temps ? Pourquoi sommes-nous si nombreux à répéter à longueur de semaines : « Je n’ai pas le temps ! », au point de le remplir à ras bord, comme si nous luttions contre la peur du vide.

 

Pour une gestion efficace du temps

Le manque de temps est devenu un mal de notre siècle au point que depuis quelques années des stages de formation sont organisés pour une gestion efficace du temps, pour apprendre à identifier ses priorités.
Par ailleurs, nous vivons dans une société où l’on subit beaucoup d’inégalités et de décalages de rythmes. Les parisiens connaissent bien ce que recouvre cette expression : métro, boulot, dodo…et savez-vous qu’il existe, dans plusieurs villes de France et d’Europe un Bureau des temps dont les objectifs, à Paris en particulier, sont les suivants : améliorer les conditions de travail et concilier la vie professionnelle et familiale. Une expérience assez remarquable montre comment la modification des horaires de travail des agents d’entretien chargés du nettoyage des bureaux des collectivités locales passage d'un {tip horaire émietté::avant 7 h du matin, après 20h}horaire émietté{/tip} à un {tip horaire continu::9h à 16h.}horaire continu{/tip} a profondément modifié le statut de ce personnel, d’une part sa reconnaissance, sa respectabilité par rapport aux autres personnels des entreprises, et d’autre part, leurs {tip conditions de vie familiale::Pouvoir vivre avec son mari, avec ses enfants, pouvoir les amener et les ramener de l’école, veiller à leur travail scolaire et les y aider si nécessaire}conditions de vie familiale{/tip}. Dans cet exemple, on essaie d’adapter les rythmes au lieu de les subir afin d’améliorer leur praticabilité. Finalement on ne recherche pas comment trouver la même longueur d’onde entre les êtres, mais des rythmes qui finissent par permettre leur interaction et qui leur permettent de vivre ensemble.
Est-ce une difficulté spécifique de la vie urbaine ? Pas du tout, à la campagne, on ne s’arrête jamais : il y a les récoltes à engranger, d’autres terrains à labourer, des appareils à entretenir, des bêtes à nourrir, des vaches à traire...

Pourtant du temps libre, nous en avons gagné !

Et pourtant du temps libre, nous en avons gagné considérablement. Aujourd’hui en effet le travail représente dans notre temps de vie seulement 12% ! De plus, notre espérance de vie s’accroît régulièrement. De 1900 à 2000, l’espérance de vie en France (moyenne hommes et femmes) est passée de 40 à 78 ans. L'espérance de vie moyenne a donc presque doublé en un siècle seulement. Mais le temps n’est pas le même pour tous, nous allons le voir. 

 

Subjectivité du temps ! Temps "psychologique"

Le scientifique, le physicien spécialiste du temps, dira attention, ne nous trompons pas : ce sont nos rythmes de vies qui posent un problème. Le temps, lui, s’écoule toujours de la même manière. Il est indifférent à nos emplois du temps. Quand on dit le temps s’accélère. Non ! Ce qui s’accélère c’est le rythme de nos productions, de nos échanges, de nos déplacements. Le temps n’a pas de vitesse : c’est cette chose qui avance de 24h toutes les 24h (sur notre planète !). Mais il y a une confusion qui tient à ce que nous identifions le temps à ce qui se passe dans le temps.
•    Si les activités temporelles sont plus rapides, on dit le temps s’accélère, ce qui est totalement faux : le temps est indépendant de nos emplois du temps.
•    Il n’y a pas d’accélération du temps aujourd’hui : c’est nous qui accélérons.
•    Bien que pour un individu, le temps subjectif (tel qu’il le ressent) change beaucoup avec l’âge. Un an pour un petit enfant, c’est extrêmement long. Pour quelqu’un qui a 70 ans, c’est l’expérience du psalmiste au Ps 90, 9 :  " Nous voyons nos années s'évanouir comme un son. Les jours de nos années s'élèvent à soixante-dix ans, Et, pour les plus robustes, à quatre-vingts ans; Et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère, Car il passe vite, et nous nous envolons."
•    Le temps ne nous paraît plus le même si on attend quelqu’un qui tarde à venir, ou si l’on n’attend personne. Il y a l’impatience de l’attente, il y a la souffrance de l’attente.
 
 
 
Mais qu’est-ce donc que le temps ?

- {tip Saint Augustin::Confessions (vers 400), trad. E Khodoss, livre XI, § XIV, XVIII et XX.}Saint Augustin{/tip} disait : “Qu’est-ce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais; mais que je veuille l’expliquer à la demande, je ne le sais pas ! Et pourtant - je le dis en toute confiance - je sais que si rien ne se passait, il n’y aurait pas de temps passé, et si rien n’advenait, il n’y aurait pas d’avenir, et si rien n’existait, il n’y aurait pas de temps présent. […] Il est dès lors évident et clair que ni l’avenir ni le passé ne sont et qu’il est impropre de dire: il y a trois temps, le passé, le présent, l’avenir, mais qu’il serait exact de dire: il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de l’avenir. Il y a en effet dans l’âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs: un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l’avenir, l’attente. Si l’on me permet ces expressions, ce sont bien trois temps que je vois et je conviens qu’il y en a trois”.
- Pour {tip Emmanuel Kant::Critique de la raison pure (1781), traduction A. Tremesaygues et B. Pacaud, Éd. PUF, collection. Quadrige, 4ème éd., 1993, p. 63.}Emmanuel Kant{/tip}, le temps est une ”forme a priori de la sensibilité” et non pas un attribut des choses en soi. Comme Saint Augustin il pense que le temps n’existe  pas indépendamment de nous qui le percevons. "Le temps n’est pas une réalité absolue mais une intuition intérieure… Et, précisément parce que cette intuition intérieure ne fournit aucune figure, nous cherchons à suppléer à ce défaut par des analogies et nous représentons la suite du temps par une ligne qui se prolonge à l’infini…"

 

Triompher du temps / maître du temps

Ce qui frappe actuellement, c’est le fait qu’on cherche à posséder le temps, à triompher du temps, surtout dans les milieux professionnels où l’on est très actifs. On demande beaucoup aux salariés qui sont ainsi soumis à une performance très grande. Et effectivement, il y a une sorte de jouissance éprouvée par les gens lorsqu’ils arrivent à triompher du temps.
Un certain nombre de personnes interrogées à ce sujet disent : "Lorsque je viens à bout de toutes les urgences de mon existence qui me tombent dessus dès le matin, quand je suis encore en pyjama et que je triomphe de tout ça, j’éprouve une jouissance extraordinaire, je me sens maître du temps". Au point qu’ayant réussi à faire face à ce manque de temps, quelqu’un d’autre va jusqu’à dire : "Je ne me sens pas tout à fait maître de l’univers, mais tout juste ! "
Cette maîtrise du temps a été accentuée par les instruments de communication. Le temps du portable et du courriel ont changé de façon considérable notre rapport au temps, on est dans une instantanéité complète. On émet quelque chose et on a la réponse dans l’immédiat. Alors, on peut effectivement jongler avec le temps, s’ajuster avec le temps, jusqu’à la dernière minute. Dans cette accélération dont nous parlons, la part de la croyance au bonheur joue un rôle décisif.

 

Le bonheur est dans le pré … cours-y vite, cours-y vite …

Vous connaissez le poème de Paul Fort : Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer. Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite … Il me manque quelque chose pour être heureux, et c’est si j’ai cette chose que je le serai. Alors je vais gorger mon emploi du temps de contraintes pour que cette chose soit accessible… Le résultat, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas qu’on soit de plus en plus enfermé dans le présent, mais qu’on soit de moins en moins présent au présent.
C'est-à-dire de moins en moins attentif à ce qui se passe maintenant. Avec cette course au bonheur, jamais atteint, on se donne de plus en plus à l’imminence du futur. On est toujours dans la projection pour une espèce de court terme qu’on est en train de préparer. Et du coup on diffère constamment de vivre, c’est-à-dire d’être attentif au présent, de s’y adonner pleinement.

{tip Pascal::Les Pensées de Pascal, Fragment Sel. 80 (Liasse Vanité)}Pascal{/tip} le disait déjà au 17ème siècle  : "Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l'arrêter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans des temps qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C'est que le présent d'ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu'il nous afflige, et s'il nous est agréable nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l'avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance pour un temps où nous n'avons aucune assurance d'arriver.˝

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 Que chacun examine ses pensées !

Il les trouvera toutes occupées au passé ou à l'avenir. Nous ne pensons presque pas au présent, et si nous y pensons ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin. Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. Ce phénomène est sans doute être lié à notre condition humaine.
Nous ne tolérons pas l’attente, l’ennui, l’inertie, nous essayons de les éviter par des stratagèmes qui mettent en jeu la vitesse, l’occupation, l’interaction, etc.
Cette tension entre le présent et le court terme, c’est ce qui nous démène, nous stresse, nous rend nerveux et finalement malheureux. Pourquoi ?

La logique économico-sociale, ses dangers et ses enjeux

Ces questions de temps sont un véritable enjeu pour nos sociétés, elles méritent qu’on s’y arrête pour en prendre conscience, et définir les dangers, les enjeux, et si possible les remèdes.
Le temps, c’est de l’argent ! Et quand on perd du temps, on perd de l’argent. Un problème, à la fois pour l’employé et pour l’employeur bien sûr ! Et, même si nos instruments, nos technologies, nos communications nous font vivre dans une sorte d’instantanéité permanente, cette logique économico-sociale nous oblige à aller de plus en plus vite, à accélérer. Il s’en suit que notre rapport au temps a considérablement changé, particulièrement, depuis une quinzaine d’années nous disent les spécialistes.
Cette accélération non maîtrisée de nos rythmes de travail a quelque chose d’inhumain. Les travailleurs en entreprises, et les syndicalistes veilleurs, s’inquiètent d’avoir à en faire toujours plus, dans un délai de plus en plus réduit. C’est l’appréhension de l’intensification du travail à fournir, de la densification du temps, c’est à dire de la quantité de travail à fournir dans l’unité de temps, pendant la période de présence. C’est le travail en flux tendu. Cette accélération va continuer, mais va-t-on trouver des moyens de la vivre, de s’accommoder ?
De plus, on a le sentiment que si le temps de travail s’intensifie, le temps de loisir s’intensifie lui aussi. En fait le problème c’est qu’on est dans une société de la performance. On doit être performant professionnellement, on doit l’être dans la vie amoureuse, avec ses amis, avec ses enfants. On doit leur apprendre des tas de choses. La notion de performance est complètement déterminante.
Dans cette société de la performance, il faut ˝faire˝, faire beaucoup de choses comme si sa propre vie devait être jugée à l’aune de ce que l’on fait, de ce que l’on réalise, et pas forcément de ce que l’on est. Cela se traduit même dans la façon de nous exprimer. Lorsqu’on a fait un voyage, par exemple au Maroc, on dit de moins en moins, j’ai ˝visité˝ le Maroc, mais j’ai ˝fait˝ le Maroc…
Finalement on est dans une société où ce ne sont pas les riches qui sont gagnants, mais les rapides.

 

Le facteur temps est devenu source d’inégalité, de grande inégalité

Il y a ceux qui sont obligés d’aller vite, tout le temps, et de plus en plus vite pour gagner la course. Et il y a aussi ceux qui sont lents ou obligés de l’être.
On est soit dans l’excès, l’excès de performance, soit dans le rien, comme s’il n’y avait plus de juste milieu, de juste temps. Et, si on est hors du temps, hors du travail, hors du lien social, alors on n’est qu’un individu par ˝défaut˝ ! Et ce visage là de notre société, il nous faut le dénoncer, il nous faut le critiquer.
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 Alain Houziaux, pasteur de lEglise réformée de France, disait lors d'un culte dominical radiodiffusé : ˝Nous avons le droit de jouir de la vie sans avoir besoin de nous trouver une justification ou une raison de vivre. La vie, c'est une grâce à laquelle nous avons droit, sans raison, sans que nous ayons à produire ni des justificatifs, ni des diplômes de vertu, ni des brevets prouvant que nous sommes d'˝utilité publique˝ et indispensables aux autres. ˝

Y a t il des remèdes ? Qu’est-ce que la sagesse des Ecritures peut apporter à ces questions du temps qui, nous le voyons, constituent un véritable enjeu de société ?
Nicole VERNET 
VOIR LA SUITE : De l'usage du temps
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