La tentation de hiérarchiser les ministères dans l’Eglise procède d’une mauvaise compréhension de l’évangile. L’organisation de l’Eglise avec la nomination des diacres était déjà en germe dans l’Evangile. Ils étaient douze à table et Jésus leur lavait les pieds. Il servait le repas tout en offrant sa Parole…
Par Evelyne Schaller
Actes des apôtres 6, versets 1 à 7
2 […] « Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des tables.
3 Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis d’esprit et de sagesse, et nous les chargerons de cette fonction » versets 2 et 3
Je vous ai donné l’exemple
La tentation de hiérarchiser les ministères dans l’Eglise procède d’une mauvaise compréhension de l’Evangile. L’organisation de l’Eglise avec la nomination des diacres était déjà en germe dans l’Evangile.
Ils étaient douze à table et lui, il lavait leurs pieds et servait le repas tout en offrant sa Parole… Elle était affairée à la cuisine, car ils seraient sans doute plus de soixante-dix dans sa maison, à boire ses paroles et à rassasier ainsi leur âme… « L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole venant de la bouche de Dieu. » Et toutes ces nourritures étaient données aux disciples, parfois même en abondance, à eux comme à la multitude.
Mais voilà que cette page est tournée depuis la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ. Il semble alors que les disciples quittent une sorte de bulle d’abondance, bulle dans laquelle ils pouvaient jusque-là simplement se nourrir de la Parole de Dieu, de quelques épis arrachés ici et là et de miettes de pain à profusion. Brutalement, ils quittent le giron paternel – la parole du Christ et son pain – mais peut-être aussi le giron maternel, celui de toutes ces sympathisantes, pour ne nommer que Marthe et Marie, qui assuraient la part du service et de l’entretien de ces hommes encore en chemin. C’est là une profonde rupture mais qui, comme toute rupture préparée, leur permettra de grandir et de bâtir à leur tour. Car préparation il y a eu, et non la moindre. Ils se souviennent autant des actes que des paroles de leur maître : « Donnez-leur vous-même à manger », ou encore « Dès lors que je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ».
Ce sont là des paroles décisives qui, dépassant le petit groupe d’apôtres, vont leur permettre d’œuvrer à la construction de l’Eglise, corps du Christ. Donner à manger, laver les pieds, servir, œuvrer pour la Parole tout comme la dire, ce sont là, bien plus que des messages d’amour universels, des outils qui leur permettront de faire face au « nombre des disciples qui augmentait considérablement » et en même temps de participer à cette multiplication prodigieuse.
Très tôt, les apôtres ont dû entrer dans le souci de la gestion de l’Eglise, gestion sans cesse soutenue, renforcée, gonflée du souffle de l’Esprit saint. Ainsi la Parole et les œuvres transmettent et incarnent, sans concurrence, mais pour la seule édification de la foi, ce message qui donne sens à la vie, celle qui vient de la Parole et de l’Amour de Dieu.