Voici une formidable histoire. Il s’agit d’un conte biblique très ancien qui ne manque pas de saveur. C’est l’histoire de Jonas, un antihéros, « aux prises avec l’humour de Dieu » (1). Nous pouvons situer cette histoire en un temps lointain, disons il y a plus de 2 600 ans, et elle se joue quelque part entre la Méditerranée et les fleuves de la Mésopotamie, entre trois villes qui ont existé.
Animation proposée par Carole Frohn.
L’une, « Ninive la grande », était située au bord du Tigre, il fallait trois jours pour la traverser à pieds, c’était « une ville riche, dominatrice et synonyme de captivité et d’oppression » (1). Elle fut détruite vers moins 600 par les Mèdes et les Babyloniens. La seconde ville, Jaffa était une ville portuaire au sud d’Israël, que détenaient les Phéniciens, bons marins, qui venaient y faire halte avec leurs bateaux de commerce. La troisième ville, Tarsis, est une ville portuaire du sud de l’Espagne, qui fut détruite par les Carthaginois vers moins 500… Vous l’avez compris, notre conte nous entraîne dans un grand voyage. Vous prêterez l’oreille car comme il n’y a pas de fumée sans feu, les contes racontent toujours quelques vérités… et l’on va de surprise en surprise dans ce qui est un fabuleux voyage.
Jonas est appelé par Dieu, tel un prophète pour une mission. Un prophète en ce temps était la seule personne qui pouvait dire les quatre vérités aux puissants rois puisqu’il parlait au nom de Dieu. Mais notre Jonas est un antihéros par excellence. Jonas va déguerpir et prendre une toute autre direction. Et c’est là que d’une aventure à l’autre nous découvrons ce personnage si attachant, tour à tour peureux, ronfleur, boudeur, même capricieux et pour finir héros malgré lui lorsque Dieu s’en mêle avec beaucoup d’humour et d’amour ! Dernière petite indication qui, l’air de rien, est une petite pépite, un fil à tirer… Nous y découvrons une belle image d’humains alliés aux animaux. « L’Ancien Testament abonde d’exemple où la destinée et la vie précaire des hommes et des bêtes aboutissent finalement au même sort final initial » (1). L’Ancien Testament donne des droits aux humains comme aux animaux. « La Tora se veut le gardien et le garant de leurs droits inaliénables » (1). Les enfants nous ont démontré à maintes reprises que cela leur parle ! L’avenir est inconcevable sans la défense des grandes causes que sont bien sûr le bien-être des humains mais aussi des animaux et la sauvegarde de la planète… Notre petit conte de ce matin, par la bouche du prophète Jonas, essaime une vérité : « Changez de comportement sinon… »
(1) Frédéric Gangloff, « Jonas : un antihéros aux prises avec l’humour de Dieu ! », Mémoire de maîtrise, 1989, p 80
Saynète : Jonas
Décor : un bateau, des tissus pour former la mer, des petits bateaux sur l’autel.
Accessoires : Un bâton et un chapeau, un parapluie vert, une couronne, des chapeaux de marins, 2 ou 3 sacs en tissu rembourrés de papier (léger), une grande voile sur un mat en forme de croix, poisson en tissu devant l’autel.
Personnages : DIEU (3 enfants), Jonas, un roi, les marins (3 personnes), le capitaine, la mer (4 personnes), un narrateur et les Ninivites.
DIEU : Jonas ! Jonas ! (d’un ton très doux) Jonas !
(Jonas assis dans le banc se lève et regarde autour de lui, met la main à son oreille)
JONAS : Euh ! Oui !
DIEU : Jonas, va à Ninive et dis-leur : « Si vous ne changez pas d’attitude, dans 40 jours, la ville sera détruite ! »
JONAS : Quoi ? Moi ?
DIEU : Jonas (tout doux). Va à Ninive Jonas. Dis-leur que ça ne va plus, qu’ils exagèrent, qu’ils font n’importe quoi !
JONAS : Ok, Seigneur ! (et Jonas prend son chapeau et son bâton et se met en route pour Jaffa)
(Quand Jonas s’approche, on entend le bruit des vagues, un marin tend les sacs à un autre marin sur le bateau)
JONAS (s’adresse au marin) : Vous allez où ? Je peux embarquer ?
MATELOT : A Tarsis en Espagne. Va voir le capitaine. (Jonas entre dans le bateau)
Mime et bruitages : salutation, discussion, il va à l’arrière du bateau et s’endort. On entend les bruits des vagues qui deviennent de plus en plus forts, la mer s’agite (les tissus forment les vagues), les marins (sur les bancs bougent), la voile aussi…
MATELOT (affolé) : Capitaine, Capitaine le bateau va couler…
CAPITAINE : Jetez à la mer ce qui est trop lourd.
MATELOT : Ça ne suffit pas !
CAPITAINE : Que chacun invoque ses idoles et fétiches, il n’y a plus que ça à faire !
MATELOT : Et lui ? (montrant Jonas)
CAPITAINE : Réveille-toi, prie ton Dieu, tu ne vois pas que la situation est grave ?
JONAS : C’est de ma faute, le Seigneur m’a donné un ordre et au lieu d’obéir je fuis.
MATELOT : Quel lourdaud ! Ce qui arrive est de ta faute ? Tu nous portes malheur !
JONAS : Il n’y a qu’une solution, je prends sur moi, jetez-moi à l’eau. (Jonas quitte le bateau, la mer se calme, l’idole est cassée, la voile est retournée « la croix » apparait… les marins s’exclament…)
MATELOT : Son Dieu nous a sauvés !
(Jonas se recroqueville derrière le narrateur)
NARRATEUR : Jonas plonge, il tombe tout au fond de la mer, dans les abîmes, rien de pire pour un homme de son temps que la mer et ses monstres, c’est le royaume de tout ce qui fait peur. C’est effrayant ! … Et voilà qu’un grand poisson passe par là et l’avale tout cru… prisonnier dans le ventre du poisson… enfin, il se met à réfléchir.
(Le narrateur s’écarte et l’on découvre Jonas recroquevillé derrière lui)
JONAS : Ah là là ! Me voilà dans de beaux draps. Quelle galère ! Si j’avais obéi, tout ceci ne serait pas arrivé ! Ah là là ! Qu’est-ce que je regrette…
(Le narrateur s’avance et le cache à nouveau)
NARRATEUR : Jonas regrette… un vrai miracle ! A-t-on déjà vu plus têtu que ce garçon ? Au lieu de faire confiance et d’obéir… il ne fait que des bêtises… Qui lui a demandé de se mettre en danger ? Qui lui impose de plonger au fond de l’abime ? Personne. Bon ! Le Seigneur a pitié de lui et le sort de ce tracas, de cette situation inextricable ! Et avec humour en plus ! Voilà que le poisson trouve ce bonhomme qui gesticule dans son ventre bien indigeste. Il le recrache sur la plage… près de Jaffa !
(Le narrateur s’éloigne – On découvre Jonas debout faisant semblant d’enlever des algues et du sable de ses vêtements)
DIEU : Jonas !
JONAS : Oui !
DIEU : Va à Ninive
DIEU : Dis-leur de changer d’attitude sinon Ninive sera détruite dans 40 jours.
(Jonas prend son bâton, son chapeau et va vers Ninive. Arrivé au milieu de l’allée, il met ses mains en porte-voix et crie)
JONAS : Repentez-vous sinon Ninive sera détruite.
ROI (assis dans l’assemblée, met sa couronne se lève et répond) : Changeons de mentalité et d’attitude sinon nous allons tous à la catastrophe. Ça ne peut plus continuer ainsi. Que les hommes et les animaux de cette ville se repentent et respectent Dieu et sa création. (Il s’assied)
(Jonas monte sur un banc, prend le parapluie, s’assied sur le dossier, ouvre le parapluie et boude…)
DIEU (attend que Jonas soit assis et le parapluie ouvert) : Pourquoi tu boudes ?
JONAS : C’est trop facile ! Tu devais les punir et toi qu’est-ce que tu fais : tu leur pardonnes (il ferme le parapluie et le fait glisser vers le sol). Mais ce n’est pas vrai ? Pourquoi tu fais mourir l’arbre qui me protégeait des UV du soleil ? Tu n’as pas de pitié pour cet arbre ?
DIEU : Jonas, Jonas ! Tu as pitié pour un arbre ! Et les humains, tu accepterais qu’ils meurent ?
JONAS : Ce n’est pas juste ! Depuis le début tu savais que…
DIEU : Arrête de bouder, il fallait que tu leur dises ! Moi, j’aime, je pardonne et j’offre un avenir !
JONAS : Tu aimes et tu pardonnes aux Ninivites ? (montrant d’un geste large l’assemblée)
DIEU : Oui Jonas ! Je t’aime aussi, toi le boudeur qui n’en fait qu’à sa tête et veut avoir raison contre celui qui te sauve de tes bêtises. Allez va ! Va te réjouir avec eux maintenant…
Chant
Prière
« Car le sort des fils d’Adam et le sort de la bête, c’est un sort identique telle la mort de celle-ci, telle la mort de ceux-là, ils sont tous un souffle identique ; la supériorité de l’homme sur la bête est nulle, car tout est vanité ».
Seigneur, rassemblés aujourd’hui, nous voulons te dire merci !
Merci pour ce temps de rencontre et de partage les uns avec les autres.
Différents nous le sommes, par notre taille, notre âge, notre caractère,
mais toi tu nous aimes tels que nous sommes.
Et tu nous rappelles combien nous sommes précieux à tes yeux.
Amen.
(in : « Jonas » p. 25), animation proposée par Carole Frohn – Point KT