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Trois veillées de carême avec les sens

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« Nous sommes au pays des ténèbres… sauve-nous. » Ces trois veillées de Carême peuvent s’inscrire dans une démarche catéchétique lors de laquelle on aura expliqué aux catéchumènes la notion de temps de carême. Ensuite, les textes issus de l’Ancien Testament (histoire d’Élie qui fuit et marche dans le désert) et les textes du Nouveau Testament (la tentation de Jésus et la question sur le jeûne encadré de guérison et d’appel de disciple) feront l’objet d’un travail d’introduction biblique en lien avec le carême (détresses, jeûne, tentation, suivre Jésus…). Les catéchumènes seront impliqués dans la célébration en tant que lecteurs et participeront à l’élaboration de la prière d’intercession.

CONTENU de cet article : Déroulement des trois veillées, avec textes, prières, méditations et chants, ainsi qu’une prière écrite par les catéchumènes (à relire lors de chaque rencontre). Ces célébrations ont été réalisées par Lilian GERBER, pasteur de l’UÉPAL à Obermodern et restituées par Evelyne SCHALLER.

 

Premier veillée de Carême : le toucher

Matériel : une vasque avec de la terre + des bougies fines pour les participants + grand cierge

Début dans l’obscurité au fond de l’église.

Dire ce qui nous pèse : Nous sommes dans un pays de ténèbres…

  • « Sauve-nous ! » Mon pays de ténèbres, Seigneur, je le connais. Il est fait d’égoïsmes et de plaisirs pour moi tout seul.
  • « Sauve-nous ! » Dans ce pays, la place est grande pour la jalousie, la dureté, l’exclusion, la solitude et l’indifférence…
  • « Sauve-nous ! » L’amour, l’intérêt pour les autres, l’envie de les connaître, d’entrer en contact avec eux : tout ça reste en-dehors de ce pays de ténèbres.
  • « Sauve-nous ! » Mon pays est un désert fait d’obscurité et ton absence est grande Seigneur !
  • « Sauve-nous ! » Viens Seigneur, prends-moi la main et je quitterai mon pays de ténèbres.
  • « Sauve-nous ! »

Répons : Toi qui es lumière : ARC 318 (Refrain).
Les gens traversent l’église dans le noir en se donnant la main. Ils allument leur bougie au cierge pascal et s’installent dans les bancs.

Accueil. Bienvenue pour cette veillée de Carême. Comme toujours, il y en aura trois cette année basées sur nos sens. Dans une semaine, il y aura la vue, et dans 15 jours le goût… et aujourd’hui c’est au tour du toucher. Nous n’avons plus trop l’habitude de ce sens : le toucher… Parfois, il s’agit de toucher des choses pas très propres… des choses que nous ne connaissons pas. Pour les enfants de nos pays où tout est contrôlé, désinfecté, il est parfois difficile de se donner la main, tant on a peur de la sensation de la peau, de la chaleur que l’autre nous transmet. Lorsque nous traversons un désert vide de sens et de vie, il est bon de retrouver ses sens, d’apprendre à toucher ce qui nous paraît inaccessible et de se laisser toucher par l’amour de Dieu…

1re lecture : I Rois 19 (1-8) Cantique : Nous avons vu les pas de notre Dieu… ARC 320 (1+2). Les gens se lèvent, viennent planter leur bougie dans la vasque et touchent la terre.

INVITATION AU TOUCHER : « N’hésitons pas à toucher la terre : nous la touchons quand nous sommes au plus bas, lorsque nous sommes désespérés, comme Élie. Mais c’est de cette terre que peut naître la vie. C’est dans les moments les plus difficiles que Dieu peut nous toucher et que nous pouvons lui tendre la main. »

2e lecture : Matthieu 9 (18-26) Cantique : Nous avons vu les pas de notre Dieu ARC 320 (3).

Méditation : Moi, Élie, je suis tiré de mon sommeil par la voix de Dieu. Je suis tiré de mon désespoir, mon envie de tout laisser tomber, mon envie de mourir par cet ange qui me touche. Avant, c’était le désert, le sable dans lequel je m’enfonçais, les pierres qui font perdre pied. Je n’avais plus personne à qui m’accrocher. La parole de Dieu me relève maintenant. Une fois debout, je retrouve la sensation d’un sol, d’une terre sous mes pieds. Sous les sandales, je sens la route bosselée et chaude, mais mes pieds encore engourdis retrouvent les sensations du mouvement. Le sang bouge dans mes veines : Dieu me touche : je sais que je suis vivant ! La route est dure, elle est longue, il fait chaud, il fait soif. Ma tunique flotte au rythme de mes pas. Je me retourne et vois le chemin parcouru. Je ne suis plus immobile, à ne rien faire, mais l’esprit de Dieu me touche et me pousse dans le désert : il me bouscule ! Et me voilà plus loin déjà. J’ai pris ta main tendue, j’ai frôlé ton vêtement, je m’appuie sur le fondement, cette terre que tu m’as redonnée. Je construis mon aujourd’hui, je bâtis mon avenir. Comme Élie, comme Jésus, comme cette femme, je marche au désert et je tends la main sans peur de me salir, sans peur d’avoir honte, sans peur de la chute ; je vais où tu me conduis, Seigneur !

Cantique : prends ma main dans la tienne… ARC 619 (1+3)

Prière pour les autres : R. / parlé : Écoute-nous !

  • Seigneur, je te prie pour que toute ma famille soit heureuse et contente. Merci Dieu !
  • Seigneur, je prie pour ma grand-mère qui a 58 ans et qui souffre d’une grave maladie. Merci !
  • Seigneur, je te prie pour les personnes malades et tristes. Que ma vie soit longue, remplie de bonheur. Je te prie pour que toute ma famille reste en bonne santé. Amen !
  • Seigneur, je te prie pour mon arrière-grand-mère qui a 90 ans : elle a mal aux pieds, elle ne voit, ni n’entend plus bien. Seigneur, fait qu’elle vive le plus longtemps possible, et surtout qu’elle se sente bien ! Amen !
  • Dieu, mon père, bénis ma famille ! Dans les moments difficiles, j’essaie de ne pas me fâcher contre toi. Je serai toujours ton ami : même si je suis tentée, je sais à qui me confier. Je sais que si je meurs, je serai près de toi. Amen !
  • Dieu, je prie pour ma grand-mère, pour qu’elle guérisse et qu’elle vive heureuse.
  • je te prie et je te demande que ma famille aille bien, qu’elle soit heureuse et qu’il n’y ait pas de malheurs !
  • Je te prie, s’il te plait, aide ma grand-mère qui a des problèmes de santé !
  • Je te prie et je te demande que ma vie soit belle, longue et heureuse. Amen !
  • Merci, pour ma grand-mère et accorde-lui encore de longues années à vivre !
  • Seigneur, je te prie pour ma mamie qui est à l’hôpital ; je te supplie : aide-la, car j’ai peur pour elle. Amen !
  • Dieu, je te remercie pour mes arrières grand-mères : elles sont encore en vie et en bonne santé. Je te prie, que les gens en Afrique qui sont seuls, démunis avec des maladies graves soient en bonne santé comme nous. Merci !

Notre Père : en cercle autour de l’autel – Bénédiction – Cantique : Si tu délivres les liens de servitude… ARC 548 (1+3+4) – Les gens sortent avec leur bougie.

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Deuxième Veillée de Carême : la vue 

 Matériel :
  • diapositives montrant des scènes très diverses qu’on aura pu choisir au préalable avec les catéchumènes dans une diathèque. Choisir des diapositives agréables à la vue (paysages, enfant épanoui) d’autres difficiles à regarder parce que d’une réalité insoutenable ou difficile (maladie, catastrophe, pauvreté) et des diapositives difficiles à interpréter (œuvre d’art moderne par exemple)
  • Bougie fine de type « cierge pascal » pour les participants
  • Grand cierge
Début dans l’obscurité au fond de l’église.

Dire ce qui nous pèse : Nous sommes dans un pays de ténèbres…

  • « Sauve-nous ! » Mon pays de ténèbres, Seigneur, je le connais. Il est fait d’orgueil et de phrases toutes faites pour en mettre plein la vue aux autres…
  • « Sauve-nous ! » Dans ce pays, la place est grande pour le mépris, la jalousie, la haine, le fanatisme…
  • « Sauve-nous ! » La foi, la confiance, le respect, le désir de changer mon regard sur les autres et sur le monde, tout ça reste en-dehors de ce pays de ténèbres.
  • « Sauve-nous ! » Mon pays est un désert fait d’obscurité et ton absence est grande Seigneur !
  • « Sauve-nous ! » Viens Seigneur, prends-moi la main et je quitterai mon pays de ténèbres.
  • « Sauve-nous ! »

Répons : Toi qui es lumière : ARC 318 (Refrain). Les gens traversent l’église dans le noir en se donnant la main. Ils allument leur bougie au cierge pascal et s’installent dans les bancs.

Accueil. Bienvenue pour cette deuxième veillée de Carême. Ce soir, nous allons parler de la vue. Tout le monde connaît ce slogan : il faut le voir pour le croire. Nous sommes dans une époque où le « voir » a une grande place ; tout le monde a une « télévision » ou une « vidéo » à la maison : « vidéo », ça veut dire « je vois » en latin. Et à la télé, on nous montre tout : aussi bien des dessins animés que la guerre en Irak… Nous faisons une confiance aveugle – c’est le cas de le dire – à l’image… Hé bien nous, nous allons rencontrer deux personnages qui a un moment donné de leur vie n’ont rien vu ou n’ont pas voulu voir, aveuglés par la souffrance ou par le fanatisme… et Dieu s’est montré à eux… Peut-on dire qu’ils ont vu Dieu ? Non. Mais à partir de ce moment, ils ont senti la présence de Dieu autour d’eux, ils ont vu Dieu dans visage de l’autre… profitons de ce moment pour nous rappeler que nous voyons Dieu et que nous nous approchons de lui quand nous nous rapprochons de nos frères et de nos sœurs, comme Jésus s’est rapproché de nous en devenant comme nous…

1re lecture : I Rois 19 (9-16) Cantique : Tournez les yeux vers le Seigneur ARC 153 (1+2). Les gens se lèvent, viennent planter leur bougie dans la vasque, s’assoient et regardent les diapositives.

INVITATION A REGARDER : Regardons maintenant ces images : je ne vais pas faire de commentaires, mais observez vos yeux : que font-ils ? Ont-ils envie de se fermer, parce que ce qu’ils voient est trop dur ; s’ouvrent-ils tout grand à cause de la beauté de l’image ; les sourcils se froncent-t-ils parce que les yeux ne comprennent pas ou alors vos yeux se promènent-ils dans l’image dans l’espoir d’y trouver une signification… ou alors sont-ils en pleurs, parce que l’image vous rappelle une expérience douloureuse : Observez vos yeux !

2e lecture : Matthieu 9 (1-9) Cantique : Tournez les yeux vers le Seigneur (3).

Méditation :
Moi, Élie, je vois qu’il n’y a plus d’issue à ma vie. La reine me pourchasse, je suis comme une bête traquée, observée, visée, ciblée.
Je vois aussi que je ne suis pas capable de beaucoup de choses. Personne ne m’écoute… Je n’ai devant les yeux que les soucis et les angoisses devant l’avenir. Oui, s’il y a quelque chose que je vois, c’est que je suis un humain bien faible. Je le vois dans mon corps, je le vois dans mon cœur. Alors je pleur sur la haine du monde, je suis incapable du moindre petit geste de bienveillance.
Que je sois le prophète Élie ou l’apôtre Paul, ou n’importe quelle personne qui cherche Dieu, j’ai de bonnes paroles dans la bouche et mon cœur reste dur, mes mains vides. J’ai Dieu à la bouche, constamment, je suis fou de Dieu mais je ne prends pas le temps de ma laisser transformer par lui dans la prière.
Pourtant, dans ce temps de Carême, ce sont mes difficultés à vivre selon ta volonté qui sont mises en pleine lumière.
Comme Élie, comme Paul, j’ai dans ces moments, les yeux brouillés sur ce qui m’attend… Alors, fais-moi sentir ta présence… Mais ne te montre pas de façon extraordinaire, je fermerais les yeux de peur, ne te montre pas comme un juge : je fermerais les yeux de honte : montre-toi telle un petit vent qui caresse ma peau, et ta confiance m’ouvrira les yeux sur le monde.

Cantique : Touche nos oreilles… ARC 229 (1-3)

Prière pour les autres : R. / parlé : Écoute-nous ! Notre Père : en cercle autour de l’autel. Bénédiction. Cantique : Si tu délivres les liens de servitude… ARC 548 (1+3+4). Les gens sortent avec leur bougie.

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Troisième veillée de Carême : le goût

Matériel : bougies fines du type « cierge pascal » pour tous les participants + Grand cierge + Différents pains
Début dans l’obscurité au fond de l’église.
Dire ce qui nous pèse :
Nous sommes dans un pays de ténèbres…
  • – « Sauve-nous ! » Mon pays de ténèbres, Seigneur, je le connais. Il est fait d’amertume et de mots acides qui paralysent l’autre et le tuent !
  • « Sauve-nous ! » Dans ce pays, c’est la faim qui règne, la faim de pain et la faim de justice ; mais c’est aussi le pays de la consommation, du confort où il n’y a de place que pour les modes et le gâchis !
  • « Sauve-nous ! » La soif de rencontrer l’autre, la faim de te connaître, mon Dieu, l’envie d’être rassasié par ta Parole, tout ça reste en-dehors de ce pays de ténèbres.
  • « Sauve-nous ! » Mon pays est un désert fait d’obscurité et ton absence est grande Seigneur !
  • « Sauve-nous ! » Viens Seigneur, prends-moi la main et je quitterai mon pays de ténèbres.
  • « Sauve-nous ! » Répons : Toi qui es lumière : ARC 318 (Refrain).

Les gens traversent l’église dans le noir en se donnant la main. Ils allument leur bougie au cierge de l’autel et s’installent dans les bancs.

Accueil Bienvenue pour cette dernière veillée de Carême. Nous nous approchons peu à peu du Vendredi saint et de Pâques. Et peu à peu nous découvrons que Jésus est devenu un homme comme nous. Il connaîtra les coups et les insultes, il connaîtra la faim et la soif… Nous testerons ce soir, un autre de nos sens : le goût. De quoi avons nous le goût ?

Avons-nous envie de goûter à tous ce que nous présentent les publicités, des drogues qu’on peut nous proposer à la sortie des collèges et des lycées ? Avons-nous le goût du risque, quitte à nous mettre en danger, avec les autres ? Jésus, lui, a le goût de l’homme : on peut dire qu’il en a bavé ! Il a goûté la poussière en tombant sous le poids de la croix, il a goûté le vinaigre de notre cœur acide… et pourtant, il a pris goût à l’homme, en particulier dans ce qu’il a de plus extraordinaire, il s’est enthousiasmé pour nous ! Et nous, avons nous le goût de l’autre ? L’envie de le découvrir, de le servir ? Pouvons nous arrêter de vivre pour consommer et enfin nous nourrir de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ?
1re lecture : I Rois 17 (2-16) Cantique : Trouver dans ma vie ta présence… ARC 601 (1+2)

Invitation : Les enfants peuvent s’approcher en plantant leur bougie dans la vasque, les adultes éteignent leur bougie et s’approchent également. Prenons ce morceau de pain et mangeons-le. Ce n’est pas la nourriture élaborée et artificielle de nos pays occidentaux, c’est du pain, un aliment que nous retrouvons, sous différentes formes, presque partout dans le monde. En le mangeant, nous sommes en communion avec d’autres, même les plus démunis qui habitent la terre. Nous prenons goût à leur existence. Ça nous est plus égal qu’ils meurent sous les canons ou qu’ils aient le droit de vivre : en mangeant ce pain, nous choisissons la vie pour eux et pour nous. Le pain est la nourriture de base, simple, complète, symbole de la parole de Dieu, symbole de son amour, symbole de sa vie partagée avec nous. Notre bouche était comme polluée par notre boulimie, la faim obsédante de tout contrôler, de tout avoir ; elle était polluée par nos aigreurs de vie. Maintenant, c’est la saveur originelle qui remplit notre être, le goût du pardon, le goût de Dieu, le goût d’une nouvelle vie.

Les gens se lèvent, viennent planter leur bougie dans la vasque, et prennent un morceau de pain qu’ils mangent…

2e lecture : Matthieu 4 (1-11) Cantique : Trouver dans ma vie… (3).

Méditation : Moi, Élie, je n’ai plus le goût de vivre, je suis en fuite : on me pourchasse de toutes part. Ma mission, ma vie, ont perdu leur saveur. Les hommes ne sont que des monstres avides de sang et de pouvoir. Leurs boissons, ce sont les larmes des victimes innocentes et le pétrole de leurs industries. Leur nourriture, c’est la poussière des décombres et la peau de ceux qui leur résistent… Pourtant, c’est dans le désert, dans mon temps de crise, c’est dans mes jeûnes et mes manquements, au plus fort de la famine que j’ai retrouvé le goût de toi et le goût des autres. Ma vie a retrouvé force. Je me réjouis de ta présence, de l’amour de ceux qui m’entourent, qui me rendent service. Chaque jour, je trouve de quoi nourrir mon espérance. Je prends goût au pain et à l’eau que tu mets sur ma route. Tu combles ma poussière et ma faille d’un esprit de fête qui apaise ma soif de sens et de vie. Comme Élie et comme Jésus dans le désert, tu me sers et tu me nourris de bienfaits. Au cœur du désespoir, tu me redonnes appétit !

Cantique : Quand le soir descend ARC 609

Prière pour les autres : R. / parlé : Écoute-nous ! Notre Père : en cercle autour de l’autel. Bénédiction. Cantique : Si tu délivres les liens de servitude… ARC 548 (1+2+5). Les enfants sortent avec leur bougie allumée.

Crédits : Lilian Gerber (UEPAL) et photos Pixabay