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Culte tous âges – L’arbre de vie

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« L’ARBRE DE VIE » est une proposition de culte tous-âges de l’Avent ou de Noël. Dans l’Apocalypse, l’arbre de vie est un signe de la promesse de Dieu, une marque de bénédiction pour les être humains et de guérison pour les nations. Avec cette image biblique, la présence durant ce temps de l’année du sapin dans nos rues, nos maisons, et nos églises, retrouve son sens : en fêtant à Noël la venue de Jésus dans notre monde, nous rappelons la promesse de Dieu pour l’humanité.

Texte biblique : Apocalypse 22 décrit l’horizon de l’histoire biblique : la Jérusalem céleste où Dieu demeurera au milieu des humains. Au cœur de la ville, le don de Dieu est symbolisé par un arbre toujours vert, nourricier et guérisseur.

Activités :

  • Avant le culte, les enfants réalisent un grand panneau figurant une ville, pour rappeler que c’est dans notre réalité de vie que le Christ est venu et qu’il veut habiter.
  • Pendant le culte, pour les enfants viennent décorer le sapin avec des vrais fruits : pommes, oranges, noix, bananes, etc.
  • Pendant l’intercession, les enfants apportent des branches de sapin sur la table de communion, rappels des rameaux de l’arbre dont le feuillage est pour la guérison des nations.
Contenu de ce dossier :
  • Un plan de culte détaillé
  • Un éclairage historique sur l’apparition du sapin dans les célébrations de Noël
  • Quelques notes bibliques sur Apocalypse 22 et l’arbre de vie
  • Des textes liturgiques pour l’accueil, l’introduction au thème, l’intercession, etc.
  • Une narration : « L’arbre dans la ville ».

PLAN DU CULTE

Cette idée de culte a été préparée et réalisée en décembre 2004 par une équipe de la paroisse protestante de la Servette, à Genève.
  • Orgue

1. Temps de proclamation : Jésus a habité parmi nous

  • Lecture biblique : Jean 1,1-5.14
  • Accueil – salutations
  • Ouverture : Christ vient dans notre ville
  • Chant en canon : « Gloire à Dieu » (Arc-en-ciel n° 375)

2. Temps de méditation biblique : l’arbre de vie, promesse pour les humains

  • Lecture biblique : Apocalypse 22,1-5
  • Narration : « L’arbre dans la ville »
  • Les enfants viennent décorer le sapin avec des fruits : pommes, oranges, noix, bananes
  • Chant : « Aube nouvelle » strophes 1.2.3 (Arc-en-ciel n° 301)
  • Orgue

3. Temps de Sainte cène et d’intercession : ce qui nous fait vivre aujourd’hui

  • Confession de foi
  • Introduction
  • Institution de la cène
  • Intercession
  • A chaque demande, un enfant apporte sur la table un rameau de sapin (le « feuillage » pour guérir les nations)
  • Chant : « Peuples qui marchez dans la longue nuit » strophes 1.3 (Arc-en-ciel n° 316)
  • Fraction du pain et élévation de la coupe
  • Invitation et communion
  • Notre Père

4. Envoi et bénédiction

  • Annonces
  • Chant: « Allez-vous en sur les places » str. 1.2 (Arc-en-ciel n° 540) + offrande
  • Bénédiction
  • Orgue

LE SAPIN 

Que vient faire le roi des forêts entre l’âne et le bœuf de la Nativité ? Il célèbre le retour au paradis terrestre à travers la naissance du Christ rédempteur.

Avant le sapin, il y eut l’arbre. Ou la branche. Les Romains décoraient leurs maisons de végétaux durant les calendes de janvier et les Scandinaves plantaient un sapin devant leurs maisons pour les fêtes de Jul. Les premiers chrétiens célébraient le solstice d’hiver et la période de Noël en ornant leurs maisons de branches dont le vert persistant symbolisait l’immortalité. Mais la véritable origine de l’arbre de Noël est à relier à une tradition médiévale à signification religieuse : les mystères du Moyen Age, où l’on représentait sur les parvis des églises, à côté de la crèche et des bergers, La Chute du Paradis, avec l’arbre de la connaissance et les fruits (pommes rouges) de la tentation. C’est cette représentation qui donna à l’arbre de Noël sa signification chrétienne, le péché de l’homme étant, cette nuit-là, expié par l’incarnation du Christ. L’arbre de la tentation se confond avec l’arbre de vie. Noël célèbre le retour au paradis grâce à la venue du Christ.

Progressivement, l’arbre de Noël passa de l’extérieur de l’église à l’intérieur des maisons, décoré de pommes (la mort) et d’hosties (symbole du pain dispensateur de vie), reliant Noël à la rédemption de Pâques et au corps du Christ offert pour le pardon des péchés. Plus tard, les hosties se transformeront en petits gâteaux de Noël, à quoi s’ajouteront des roses en papier multicolore.

Les bougies viendront plus tard, par association avec l’ancienne vénération de la lumière durant la période la plus sombre de l’année. L’arbre de Noël deviendra alors arbre de lumière, symbolisant la lumière du Christ venant éclairer les ténèbres. Le premier témoignage de bougies sur l’arbre le 25 décembre remonte vers 1660, à Hanovre. C’est la princesse palatine, épouse du frère de Louis XIV et duchesse d’Orléans, qui le raconte dans une lettre à sa fille. Mais ses tentatives pour introduire cet usage en France resteront vaines. Ce sera finalement une autre duchesse d’Orléans, belle-fille du roi Louis-Philippe – née Hélène de Mecklembourg – qui fera dresser le premier sapin français aux Tuileries, en 1837.

Quant aux boules de Noël, d’abord rouges et nées semble-t-il autour de 1600 dans des verreries de Lorraine et de Thuringe, elles mêleront la référence au fruit défendu à celle des présents apportés par les Rois mages, symbolisés à l’époque par de fines feuilles de métal doré que l’on suspendait au sapin.
Dès le XVIIIe siècle, l’arbre décoré se répand en terres protestantes. Allemagne, Scandinavie, Suisse alémanique. En 1840, il franchit la Manche et brille au château de Windsor, dressé par la reine Victoria et son époux, le prince Albert (un Saxe-Cobourg, né Allemand). Il apparaît en Russie en 1852, devant la gare Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg. Enfin, le premier sapin de Noël américain brille en Pennsylvanie, sous l’influence des soldats immigrés allemands, lors de la guerre de l’Indépendance. Quant aux pays méditerranéens, ils ne l’adopteront qu’au milieu du XXe siècle.

Car le sapin de Noël fut d’abord protestant. Hostile aux représentations de la Nativité, qu’elle qualifie de superstitions papistes, l’Eglise réformée leur oppose l’arbre du paradis et de la rédemption. Lequel, du coup, fait figure, aux yeux de l’Eglise de Rome, de concurrent païen de la crèche et de symbole du protestantisme. Un clivage jalonné de polémiques, que l’on retrouve d’ailleurs dans nos contrées.

Extrait d’un article paru dans « Fémina », décembre 1997

NOTES BIBLIQUES : APOCALYPSE 22 ET L’ARBRE DE VIE

Apocalypse 22 1 Puis il me montra un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau. 2  Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations. 3  Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la cité, et ses serviteurs lui rendront un culte, 4  ils verront son visage et son nom sera sur leurs fronts. 5  Il n’y aura plus de nuit, nul n’aura besoin de la lumière du flambeau ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront aux siècles des siècles

Le texte : Il conclut la dernière vision de l’Apocalypse (et de la Bible !), celle de la Jérusalem céleste. L’horizon de l’histoire biblique est une terre nouvelle où l’humanité vit en présence de Dieu, dans une réalité où il n’y a plus ni deuil, ni cri, ni souffrance.

La ville : Le 1er siècle est une époque de brassage de population. Les villes se développent. A l’échelle de l’empire romain, il y a une sorte de «mondialisation ». La ville est par excellence le lieu où des humains qui viennent d’un peu partout et qui ne se connaissent pas forcément vivent côte à côte. Mais comment vont-ils vivre ensemble ? En s’ignorant ? en s’affrontant ? ou en formant une  communauté ? Dans ce sens, la ville est une image de notre humanité, de notre monde. On peut dire d’une certaine manière qu’en venant dans le monde, Jésus est venu dans notre « ville ». La Jérusalem céleste représente le monde que Dieu donnera à l’humanité et qui remplacera notre monde sombre et déchiré par les conflits. En présentant la réalité nouvelle comme une ville, l’Apocalypse montre qu’il n’y a pas de retour en arrière à une situation originelle, mais achèvement de l’histoire humaine.

L’arbre : A travers les époques et les cultures, l’arbre est un symbole universel de vie. Il relie le ciel à la terre. Il est majestueux, protecteur et nourricier. L’Apocalypse fait écho à l’arbre de vie de la Genèse. La fin de la Bible renvoie au début. Dans la Jérusalem céleste, l’arbre est présent pour l’humanité. Vivant et porteur de vie dans la ville (décrite de manière très minérale), il est le symbole de la vie qui vient de Dieu et qui est donnée aux humains.

Par rapport au symbole universel de l’arbre, notre texte affirme :

  • L’arbre de vie est celui que donne le Christ crucifié et ressuscité (l’agneau). Littéralement, c’est le « bois (référence à la croix) de vie ».
  • L’arbre de vie est en avant de nous, dans l’histoire que Dieu mènera à son terme. Il n’est pas accessible dans un retour en arrière. Donc pas de nostalgie d’un paradis perdu, mais attente, confiance, espérance.
  • L’arbre est un don, une promesse donnée à l’humanité. Ce n’est pas l’individu qui doit ressembler à un arbre par sa conduite exemplaire (cf. le psaume 1). L’arbre est pour les humains vivant ensemble.
  • L’arbre en effet est dans la ville, et non à l’écart des humains. Il n’est pas à chercher par une quête lointaine, mais à attendre, et peut-être déjà à discerner, au milieu de notre monde, de notre ville, de notre vie, là où coule la source qui vient de Dieu.

LECTURES BIBLIQUES ET TEXTES LITURGIQUES

EVANGILE DE JEAN, chapitre 1, v. 1-5, 14 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans l’obscurité, mais l’obscurité ne l’a pas reçue…Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père.

ACCUEIL C’est aujourd’hui jour de fête. La lumière a brillé dans la nuit. La parole est venue dans le monde. La parole est devenue un être humain. Jésus le Christ est né, et il a habité parmi nous. C’est pourquoi nous voulons vivre ensemble la joie de Noël. Avec toute l’équipe de l’enfance de la paroisse, je suis heureux de vous accueillir. Bienvenue à vous, les enfants, les parents, les grands-parents, à vous paroissiennes, paroissiens de la Servette, à vous habitants du quartier et à vous qui êtes venus de plus loin. Que la joie et la paix de Noël soient avec chacun de nous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ, lumière dans le monde. Amen.

OUVERTURE : CHRIST VIENT DANS NOTRE VILLE Noël, c’est la fête de la naissance de Jésus. Mais à Noël, partout, dans les rues, dans les maisons, les magasins, et même dans les églises, on voit des sapins. C’est quand même bizarre : à Bethléem, quand Jésus est né, il n’y avait pas de sapin. Dans la Bible, il n’y a pas de sapin. Alors pourquoi cet arbre ? En fait, dans nos pays, le sapin est utilisé parce qu’il est toujours vert, pour rappeler un autre arbre, un arbre qui se trouve dans la Bible : l’arbre de vie. L’arbre de vie, c’est le signe de ce que Dieu nous promet, de ce qu’il veut nous donner.

Cette année, avec les enfants, nous avons préparé une fête de Noël un peu différente. Nous avons choisi de laisser les bergers, les anges, les mages se reposer un peu, et de célébrer la venue du Christ un passage de la Bible qui nous parle de l’arbre de vie. Ce passage annonce autrement le message de Noël. Il nous dit : la venue de Jésus autrefois, c’est une promesse de Dieu pour notre monde. Une promesse pour demain, une promesse aussi pour aujourd’hui. Une promesse qui est comme un arbre de vie. Un arbre qui porte des fruits. Et cet arbre pousse dans la ville. Et c’est pourquoi les enfants ont préparé ces dessins de notre ville.

Ici, à la Servette, ou dans les quartiers voisins, c’est la ville.
Des rues, des magasins, et puis, surtout, des immeubles, des maisons.
Et dans ces maisons, des gens, des habitants.
Une ville, c’est beaucoup de gens qui vivent au même endroit.
Certains se connaissent, mais la plupart, ils ne se connaissent pas.
Comment vont-ils vivre ensemble?

La Bible nous dit : Jésus est né dans notre monde.
Il est venu pour être autrefois au milieu des être humains.
Il est venu pour être aujourd’hui dans notre vie.
Il est venu pour être dans cette grande ville qu’est notre monde.
Il est venu pour entrer dans les maisons de notre ville.
Il est venu pour être avec les gens qui sont là, que les enfants ont dessinés.
Il est venu pour être avec nous. Il est venu pour être avec tous.
Et ça, c’est une merveilleuse bonne nouvelle!

INTRODUCTION A LA LECTURE DE L’APOCALYPSE : Quand la Bible parle du monde que Dieu promet aux êtres humains, elle le décrit comme une ville, une ville de paix. Dans cette ville, au milieu de cette ville, il y a un arbre. C’est comme la présence de Jésus venu dans notre monde. Cet arbre n’est pas n’importe quel arbre. C’est l’arbre de vie. Un arbre qui donne la vie. Un arbre qui donne des fruits. Un arbre pour nourrir, et aussi pour guérir les êtres humains.

APOCALYPSE, CHAPITRE 22, 1-5 Ensuite, l’ange me montre un fleuve d’eau qui donne la vie. Il brille comme du cristal, il sort du siège de Dieu et de l’Agneau et il coule au milieu de la place de la ville. Là, entre deux parties du fleuve, il y a l’arbre de vie. Il donne des fruits 12 fois dans l’année, une fois par mois, et ses feuilles servent à guérir les peuples. Il n’y aura plus de malédiction. Le siège de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront.Ils verront son visage et son nom sera écrit sur leurs fronts. Il n’y aura plus de nuit, personne n’aura besoin de la lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil. En effet, le Seigneur Dieu répandra sa lumière sur ses serviteurs, et ils seront rois pour toujours.

SAINTE-CENE : INTRODUCTION Jésus est venu pour être avec les humains. Il a partagé leur vie, il a mangé avec ceux qui étaient avec lui.
Aujourd’hui encore, quand nous partageons le pain, quand nous buvons à la même coupe, Jésus est au milieu de nous nous. Il est là. Il nous unit comme les membres d’un seul corps.

INSTITUTION La nuit où le Seigneur Jésus a été livré, il a pris du pain. Il a remercié Dieu, puis il a partagé le pain et il a dit: «Ceci est mon corps.  Il est pour vous. Faites cela en souvenir de moi.» Après le repas, le Seigneur a pris aussi la coupe de vin et il a dit: «Cette coupe est la nouvelle alliance de Dieu, parce que mon sang est versé pour vous. Toutes les fois que vous en boirez, faites cela en souvenir de moi.» En effet, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,  vous annoncez la mort et la résurrection du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

INTERCESSION ET PRIERE POUR DEMANDER L’ESPRIT-SAINT Au moment de partager le repas du Christ, nous prions pour notre monde. Seigneur Dieu, ta promesse est un arbre de vie. Ses fruits sont donnés pour nourrir tous les êtres humains. Ses feuilles sont données pour guérir notre monde.
– [A chaque demande, un enfant apporte une branche de sapin sur la table de communion]
– Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour les victimes de la guerre et de la violence. Fais de nous des bâtisseurs de paix.
– Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ceux qui sont emprisonnés et maltraités. Fais de nous des défenseurs de la justice.
– Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour les malades, pour ceux qui souffrent.. Fais de nous des porteurs d’amitié.
– Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ceux qui sont tristes et sans courage. Fais de nous des porteurs de lumière.
– Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ton Eglise, ici à Genève et dans le monde entier. Fais de nous des porteurs d’espérance.
– Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions les uns pour les autres. Fais de nous les membres d’un seul corps.
– Seigneur, comme le vent à la cime des arbres, que ton Esprit souffle en nos coeurs.
Qu’il apporte en nous la vie, en nous unissant au Christ vivant, et les uns avec les autres.
C’est en son nom que nous te le demandons. Amen.

FRACTION (EN PARTAGEANT LE PAIN) Le pain que nous rompons est la communion au corps de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui a été donné pour nous.

ELÉVATION (EN ÉLEVANT LA COUPE) La coupe de bénédiction pour laquelle nous rendons grâces est la communion au sang de notre Seigneur Jésus Christ, le sang de l’Alliance nouvelle, qui a été versé pour le monde entier.

NARRATION : L’ARBRE DANS LA VILLE

Il était une fois une ville. Dans cette ville, il y avait bien sûr des maisons, des routes, des ponts, des usines, des magasins, des écoles, des salles de spectacles, mais une chose manquait: il n’y avait pas d’arbre ! Et une ville où il n’y a pas un seul arbre est grise et triste.

Un jour, les habitants de la ville se sont dit : – Il nous faut un arbre dans notre ville. Là, sur la grande place, au milieu. Un arbre pour nous donner de l’ombre quand il fait trop chaud. Un arbre pour que nous ayons des fruits à manger. Un arbre où les oiseaux viendront faire leur nid. Un arbre pour qu’il fasse bon vivre dans notre ville.

Et ils se sont regardés : – Qui nous fera un arbre ?

Alors un homme s’est avancé. Il était tout habillé de noir. Il a déclaré : – Moi, je vais vous faire un arbre.

Et sur la place de la ville, il a apporté des grandes barres de fer. Pendant des jours et des nuits, avec un marteau, blang ! blang ! il a courbé les barres de fer, il les a fixées ensemble ; la nuit on voyait la lueur rouge d’un grand feu qui brûlait. Et puis un jour, l’homme en noir a dit : – Venez ! c’est fini.

Les habitants sont venus, ils ont levé les yeux : sur la place, il y avait un arbre immense, aussi haut que les maisons : un arbre tout noir, un arbre en métal. L’homme en noir était tout joyeux : – Regardez, mon arbre ! Il est grand, il est fort, il est solide, aucune tempête ne pourra l’arracher

Les habitants ont dit : – Oui, ton arbre est solide, mais il est tout froid. Il n’a pas de feuilles ; il ne pourra jamais donner de l’ombre à ceux qui ont besoin de se reposer pendant l’été. Non, ce n’est pas un arbre comme celui-ci que nous attendons.

Alors un deuxième homme s’est avancé. Il était tout habillé de rouge. Il a déclaré : – Eh bien ! c’est moi qui vais vous faire un arbre.

Sur la place de la ville, l’homme en rouge a apporté des câbles, des fils, des ampoules, des caisses pleines d’appareils compliqués, avec des cadrans et des boutons partout. Et pendant des jours et des nuits, il a travaillé en sifflotant. Un soir il a dit : – Ça y est, c’est terminé !

Les habitants sont venus voir : – Oh ! Sur la place, il y avait un arbre étincelant de mille lumières. Ça brillait de partout, ça clignotait dans tous les coins, avec des guirlandes multicolores, des reflets dorés et argentés. Les habitants n’arrivaient plus à détacher leurs yeux de l’arbre de lumière, tellement il y avait de choses à voir. L’homme en rouge ne tenait plus en place : – Vous avez vu, comme il est beau !

Et les habitants ont dit : oui, ton arbre est beau, il est magnifique, mais il est stérile. Il ne porte pas de fruits; il ne donnera jamais à manger à ceux qui ont besoin de retrouver le goût de vivre. Non, ce n’est pas un arbre comme celui-ci que nous attendons.

Un troisième homme s’est approché. Celui-ci était tout habillé de vert. Et lui aussi a promis de fabriquer un arbre. Ce qu’il a fait, à vrai dire, on ne sait pas trop. Il a installé une grande tente sur la place, et il a déclaré que c’était secret. Mais des gens ont dit qu’ils l’avaient vu, avec des gants verts, un masque vert, un bonnet vert, en train de manipuler de drôles de petits tubes en verre. Et un jour, lui aussi a déclaré qu’il avait réussi. Les habitants sont venus : sur la place, là où l’homme en vert avait mis sa tente, il y avait maintenant un arbre. Mais cette fois-ci, un vrai ! Avec un tronc, des branches, des feuilles, et même des fruits superbes, énormes.

  • Et puis quelqu’un a levé les yeux – Mais, où sont les oiseaux ? Je n’en vois aucun.
  • Un autre a cueilli un fruit, il l’a goûté, il a fait la grimace :  Erk ! ça n’a pas de goût !
  • Un troisième s’est approché de l’arbre, il s’est appuyé contre le tronc, et il a écouté :

Mais voilà que sur la place est arrivée une petite fille. Elle sautillait en chantonnant. Dans une main, elle tenait une branche verte de feuilles frémissantes. Dans l’autre, un fruit dans lequel elle croquait à pleines dents.- D’où viens-tu, lui ont demandé les habitants. Toi aussi, tu as fabriqué un arbre ? un arbre avec des feuilles, un arbre avec des fruits ?

– Vous êtes bêtes, a dit la petite fille, on ne peut pas fabriquer un arbre ! Un jour, près de chez moi, en regardant le sol, j’ai vu une petite pousse qui sortait de terre. Alors, comme je suis curieuse, je l’ai entourée d’une petite barrière, pour qu’on ne marche pas dessus. En hiver, je l’ai protégée du gel, en été, je l’ai arrosée ; la petite pousse a grandi, ses racines ont plongé dans la terre, ses branches se sont déployées dans le ciel, et c’est devenu un arbre.

– Mais alors, ont demandé les habitants, si ton arbre a poussé tout seul, si tu ne l’as pas fabriqué, d’où vient-il ?

– Ça, c’est un mystère, a dit la petite fille. Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que l’arbre me donne de l’ombre en été, que les oiseaux viennent habiter dans son feuillage, et que ses fruits sont drôlement bons. Et puis, ce n’est pas mon arbre. Il est pour tout le monde. Il est aussi pour vous. Alors les habitants ont suivi la petite fille. Quand ils sont arrivés près de l’arbre, ils ont entendu le frémissement du vent dans les branches, ils ont senti la douce odeur des feuilles, ils ont écouté le chant des oiseaux dans la paix du soir, et c’était comme si leur tristesse, tous leurs soucis s’envolaient. Et quand les plus proches ont cueilli les fruits, ils les ont distribués à tous ceux qui étaient là, et une lumière de joie a éclairé tous les visages.

Crédit : Nicolas Künzler pour Point KT – photo Pixabay