Point KT

Entre le bœuf et l’âne gris…

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Mais au fond : que font ces deux-là dans la crèche ? Jésus est entouré d’emblée de gens pas comme il faut ! Saynète pour le Noël 2010 des enfants à Schiltigheim.

Scène 1 : La dame romantique


Le pasteur raconte pendant que des enfants volontaires viennent depuis l’assemblée jouer les personnages : l’empereur annonçant le recensement, puis Marie, Joseph et l’âne. Ils arrivent enfin à l’étable avec son bœuf, s’installent, posent le bébé dans la mangeoire. Il s’endort comme ses parents.

Chorale : All night, all day…

Une dame un peu space arrive, voit la crèche, s’extasie :

– Oh, comme c’est touchant, ils sont beaux, vraiment, si mignons ! Elle tourne autour et admire « la sainte famille » puis le bébé.
– Oh, mais ce pauvre bébé, il doit avoir froid, non mais, juste emmailloté comme ça ! Oh, je ne peux pas voir ça !!!
– Eh, toi, bœuf ! Tu pourrais faire quelque chose, non ? Ne reste pas là à regarder ! Les animaux doivent aider les enfants ! Pense un peu aux oiseaux qui ont consolé Cendrillon quand sa méchante belle-mère l’avait encore terrorisée. Allez, bœuf, fais quelque chose !

Le Bœuf souffle sur l’enfant. La dame est déjà rassurée. Puis d’un coup la couverture glisse, mais … l’âne la rattrape et la remet en place. Alors là, la dame, est super-émue devant tant de bonté animale et hoquetant, séchant ses larmes elle s’exclame :

– Oh, mais c’est merveilleux ! Ils sont si bons, les animaux, mieux que certains humains !

Chorale : Entre le bœuf et l’âne gris

Le pasteur raconte la suite : Le chant des anges (enfants), arrivée des bergers (enfants), des Mages (enfants)

Assemblée : Les anges dans nos campagnes

  • Scène 2 : La professeure de théologie et son assistant avec les deux schillickoises

Professeure arrive, place son assistant près du tableau, très autoritaire comme pour faire cours.

– Asseyez-vous les élèves !  (regarde, surpris)

– Ah bon, vous êtes déjà assis ?! Bon, tant mieux !!! Alors écoutez bien et notez au propre tout de suite :

L’assistant note au tableau : Pas d’animaux dans Luc 2

– Vous comprenez, chers étudiants en théologie : C’est bien joli votre crèche. Je dirais même : attendrissant. Oui, mais Madame la professeure va vous expliquer que votre décor est faux. N’est-ce pas Madame ?

Professeure : Oui, mon cher. Enfin, pas tout à fait, voilà : Depuis le Moyen Age au moins on montre ces animaux dans les saynètes de Noël. Des représentations du IVe siècle déjà comportent l’âne et le bœuf. Or le fait est que l’évangile n’en parle pas. Je suis formelle (montrant le tableau). Il n’y a pas d’animaux dans Luc 2 : Monsieur l’assistant doctorant, veuillez lire dans le texte, s’il vous plaît !

Assistant : Luc, chapitre deux : … Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie…

Deux Schillickoises lèvent la main très excitées, la professeure leur donne la parole :

Schillikoise 1 : Mais Madame la professeure on vient de l’entendre, il est écrit : « Elle le coucha dans une crèche »… Une crèche, c’est à dire une mangeoire..! Et qui dit mangeoire dit animaux. Donc ils étaient dans une étable, un abri pour les bêtes, une grotte ou quelque chose comme ça, et il y avait forcément des animaux, non ?

Schillikoise 2 : Oui, Madame la professeure, elle a raison, qu’est-ce que vous dites de ça ?

La professeure fait un geste pour que l’assistant cherche quelque chose.

– Monsieur l’assistant… !

L’ assistant apporte le gros livre sur un pupitre.
La professeure se gratte le menton, cherche dans son grand livre, regarde la schillickoise.

– Ce n’est pas tout à fait faux, mademoiselle. Je vois qu’au IVe siècle déjà les Pères de l’Église trouvaient qu’on pouvait tirer de belles leçons des animaux de la crèche. Saint Augustin par exemple, en l’an 410, écrit « Regarde bien la crèche et n’aie pas honte d’être l’âne qui porte le Seigneur, et…!

Schillickoise 1 l’interrompt  « N’aie pas honte d’être l’âne qui porte le Seigneur ! » Ah, mais moi je ne suis pas un âne, moi, je ne suis pas idiote !

Assistant :  Mademoiselle, on n’interrompt pas Madame la professeure ! En outre je dois vous dire que dans la Bible les ânes sont simplement comme nos chevaux. Ils ne sont ni idiots ni têtus, ils portent les cavaliers, c’est tout.

Schillickoise1 : Bon, alors, ok, je veux bien être l’âne qui porte le Seigneur.

 Schillickoise 2 : Moi, aussi, elle a raison. Oui !

Un 68ard débarque, regarde de près tout le monde, se moque un peu de tous, finalement se pose devant la professeure : Chère Madame « Je-sais-tout » , l’âne, tout le monde sait qu’il a porté Marie et aussi qu’il les portera encore quand ils devront fuir devant Hérode. Mais, pour le bœuf, le gros bœuf, là, vous n’avez pas d’explication, je parie, hein, hein ?!

La professeure tourne encore les pages de son gros livre. Puis écrit au tableau : Bœuf = peuple de Dieu, Ane = autres peuples. Enfin s’adresse au 68ard : Vous, c’est sûr que vous n’en avez jamais entendu parler, n’est-ce pas ?! Avez-vous seulement jamais ouvert un livre ?

68ard veut partir vexé…

Professeure : Mais restez, restez, il n’est jamais trop tard pour apprendre ! Deux autres pères de l’église, Grégoire de Nysse et Ambroise de Milan,  enseignèrent que le bœuf et l’âne près de la crèche ce sont les juifs et les païens.

68ard regarde, perplexe.

Schillickoises1+2  n’y comprennent rien non plus.

Assistant :  Oui, le bœuf ou le taureau c’est le peuple élu, le peuple de Dieu, ceux qui connaissaient Dieu depuis longtemps, qui ont déjà vécu tant et tant d’aventures avec Lui, ceux qui à l’époque faisaient des sacrifices de viande de taureau au temple de Jérusalem. Et l’âne se sont les non-juifs, les païens, qui ne connaissent pas le Dieu d’Israël et n’étaient pas ses amis jusque là. Et voilà, Jésus est là, tout de suite pour tout le monde.

Schillickoise 1 :Oh, ah bon, ah bon. Ca alors, c’est très intéressant.(note et note dans son cahier)

Schillickoise 2 : Tu trouves ? C’est peut-être intéressant, tu peux toujours noter dans ton cahier. Mais, Madame la professeure,  qu’est-ce que ça veut dire pour nous, tout ça ?

68ard :  Oui là, Madame « Je-sais-tout », vous avez une réponse à ça ? Qu’est-ce qu’on en a à faire de votre vieille histoire de Grégoire de Bise… !!!

Professeure :  Grégoire de Nysse ! de Nysse ! Oui, qu’avons-nous à faire, de tout cela aujourd’hui ? Et bien, chers étudiants, je vous avoue que je ne le sais pas. Désolée. Peut-être vos chansons de Noël peuvent-elles vous le dire ?

Assemblée : O peuple fidèle

Le pasteur interroge l’assemblée. (interview) :  Quel peut bien être le message de l’âne et du bœuf pour nous ?

  • Scène 3 : Enfin un paysan de Béthléem se lève sur la scène et dit :

Paysan : Moi, je vais vous le dire, moi, ce que ça veut dire : le bœuf et l’âne, les juifs et les païens et tout ça.  Et ce n’est pas compliqué : Vous voyez, je suis là moi, et eux aussi, (montre tout le monde sur la scène) et toi, et toi (montre les gens dans l’église) et Jésus, il et là pour tout le monde.  Ceux qui le connaissent et aussi ceux qui ne le connaissent pas bien, ceux qui ont une bonne et une belle vie, et aussi ceux qui ne sont pas comme il faut. Jésus, il ne fait pas de différence. Depuis sa naissance on est tous là autour de Lui, des bergers et des anges. Un âne et le bœuf. Pas vrai ?!

Tous : Oh, ça c’est bien vrai !

Paysan :  Des gens comme il faut et des pas comme il faut, vous en connaissez ? Hein ? (interroge le public)

Public : Ben oui.

Paysan : Vous voyez. Et ben, Jésus il est au milieu de nous tous, même eux. Et c’est pas beau, ça ?

Tous : (certains tombent à genoux pour adorer Jésus)  Oui, Amen. Alléluia ! Alléluia.