Proposition de séance en rapport avec l’actualité du printemps 2022 en Ukraine, par Catherine Ulrich, intervenante en religion et formatrice au Service protestant de l’enseignement religieux de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine.
- Cette séance se compose d’un temps de narration où une fillette raconte sa vie dans une ville de l’est ukrainien dans les jours qui précèdent son départ vers les pays européens. Le récit est poignant mais se veut adapté à la sensibilité des enfants.
- Un bricolage est ensuite proposé : le coloriage d’une carte à destination d’un enfant ukrainien. Le coloriage partiel du dessin permet à l’enfant destinataire de continuer le coloriage, ce qui crée un lien, une certaine complicité entre les enfants. Le recto comprend le dessin, avec des lapins pour évoquer le thème de Pâques et un drapeau qui peut rester blanc en signe de paix. Possibilité d’inscrire le mot paix en alphabet cyrillique. Le drapeau de l’Ukraine inspire également beaucoup les enfants. Télécharger et photocopier la carte au format A5, sur du papier 120G minimum carte recto et carte verso
Dernière étape : aller à la rencontre d’enfants ukrainiens pour leur offrir la carte – il peut être utile d’accompagner chaque dessin d’une pochette de feutres neufs. La réalisation des cartes prend son sens si celles-ci peuvent effectivement être remises à des enfants ukrainiens présents dans l’école ou, par l’intermédiaire de l’animateur/animatrice, à des organismes ou des lieux accueillant des familles réfugiées.
UN GRAND MERCI à Agnès De Bénezac pour la réalisation gracieuse du dessin figurant sur la carte. Le site de cette artiste propose de nombreux ouvrages joliment illustrés à destination des enfants, dans le cadre paroissial ou familial. Voici le lien vers le site.
Narration
Je m’appelle Olga, j’ai 10 ans. Depuis plusieurs jours, je ne vais plus à l’école. Papa dit que c’est trop dangereux.
Au début, j’étais contente. Mais maintenant, je m’ennuie. Heureusement, mamie nous raconte des histoires. Et ma tante invente des devoirs à faire. J’ai accompagné maman au supermarché : mais les rayons étaient presque vides, on n’a pas trouvé mes yaourts préférés. Dimanche, on est allé à l’église. Tous ensemble, nous avons prié, de tout notre cœur.
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel…
Maintenant, on n’a pas le droit de sortir le soir. Cela s’appelle le couvre-feu. C’est à cause des bombes. C’est la guerre dans mon pays. Les voisins vont passer la nuit dans les couloirs du métro pour être à l’abri. Cette nuit, il y a eu un bruit terrible dehors, et de la lumière, comme un éclair. J’ai eu si peur, j’ai pleuré dans les bras de maman. Le matin, avec toute la famille, nous avons prié :
Notre père, donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Le lendemain, on ne pouvait pas sortir du tout. Alors j’ai inventé des jeux d’intérieur avec ma petite sœur. On s’est bien amusées en courant partout. Cela nous réchauffe car, malgré deux pulls et même des gants, on a froid ; le chauffage ne fonctionne plus bien. Quand on a pu sortir, j’ai vu des immeubles brûlés et un grand trou dans la route. C’est là où la bombe est tombée. Des gens ont été blessés. Un peu partout flottent des drapeaux de mon pays : le bleu du ciel et le jaune des champs de blé contrastent avec la grisaille ambiante. On n’a plus d’électricité, alors, le soir, on allume des bougies. Cela fait joli, mais je ne vois pas assez pour lire. Alors je prends mon violon et je joue tous les morceaux que je connais par cœur. Et même, j’invente des mélodies. Puis ensemble, nous prions : Notre Père qui es aux cieux… Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal.
Ce matin, j’ai dit au revoir à papa et à mamie. Papa m’a serrée très fort. Il va rester dans la ville pour soigner les blessés. Mamie ne veut pas quitter sa maison. Maman, ma petite sœur et moi, on va prendre un bus qui nous emmènera en Pologne. On prend juste une valise avec quelques affaires et mon violon. Le voyage est très long. J’ai envie d’aller aux toilettes, mais on ne s’arrête pas. On partage nos sandwichs avec une autre famille. Enfin, on fait une pause. Alors, au bord de la route, je prends mon violon et je joue pour tous les voyageurs. On chante, dans l’air froid. Ensuite je m’endors contre maman en pensant fort à mon papa. Le lendemain, je vois que maman est soulagée : on est en Pologne. On passe la nuit dans un lieu d’accueil pour les familles ; je peux prendre une douche et on nous sert des frites et du jambon !
Avant de nous endormir, nous prions : Notre père… c’est à toi qu’appartiennent le règne la puissance et la gloire. Aux siècles des siècles. Amen.
Maman m’explique qu’on va prendre le train pour aller au Portugal, chez sa cousine. On fera étape en France. J’essaie de repérer notre trajet sur une carte. Je suis si loin de mon pays ! Ma petite sœur pleure et réclame papa. Moi, j’essaie d’être courageuse pour ne pas faire de peine à maman, mais je n’arrive pas à dormir : que fait papa ? Et mamie ? Qu’allons-nous manger demain ? Je n’ai plus d’habits propres. J’aimerais tellement lire, dessiner, jouer, aller à l’école, retrouver des amis. Je pense à mon beau pays, à ma maison. Bientôt, j’espère, la guerre sera finie et je retournerai en Ukraine. Bientôt aussi, on fêtera Pâques, ici, avec ma famille et mes nouveaux amis.
Récit fictif inspiré de divers faits d’actualité, mars 2022, rédigé par Catherine ULRICH (UEPAL), Point KT, illustration de la carte Agnès De BÉZENAC, illustration de l’article, Pixabay