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Himalaya, l’enfance d’un chef

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Himalaya, l’enfance d’un chef, Eric VALLI, 1999, 104’
7 ans, suggéré 12 ans
Fiction

Film qui a pour décor le Dolpo, province népalaise située au nord-ouest du pays. Une communauté échange son sel contre de l’orge. Pour ce faire, il faut traverser la montagne avec le troupeau de yaks.

Cinq protagonistes vivent les situations avec patience ou précipitation :

Lorsqu’il apprend la mort de son fils Lapka, Tinlé, le vieux chef du village, refuse que Karma devienne le nouveau chef. Il insiste pour que son petit-fils reprenne le flambeau, bien que ce dernier soit trop jeune. Enfin, il exige de son second fils, Norbou, devenu lama, qu’il l’accompagne. Mais ni son petit-fils, ni Norbou ne sont aptes à commander. Ils ignorent les secrets des caravaniers et de la montagne.

Karma est tout désigné comme nouveau chef. Il refuse d’attendre la date décrétée par les lamas  pour reprendre la route avec la caravane: Karma partira donc quatre jours avant la date fixée, bravant ainsi les dieux.

Tinlé respecte la date, mais pour rattraper Karma et le temps perdu, il empruntera un chemin périlleux et y perdra un yak et deux charges de sel. Ayant retrouvé Karma, il sent la tempête arriver et décide de repartir sur le champ, au grand dam de Karma. Le jeune chef souhaite rester encore deux jours pour que les hommes puissent se reposer. Tinlé et Karma sont semblables. Leurs attentes respectives sont teintées d’orgueil et leurs impatiences de fougue. Tinlé respecte les dieux, mais s’empresse ensuite d’emprunter le chemin le plus dangereux pour lui et ses compagnons, tout impatient qu’il est de rattraper Karma. Ce dernier part avant la date, mais doit ensuite se reposer et refuse de voir la tempête dans le ciel bleu. Un chassé-croisé qui amènera les deux hommes à se respecter et à se réconcilier: ils se ressemblent trop…

Norbou, le lama, a dépassé l’attente. Il vit l’instant présent, tout en essayant de le rendre le plus parfait possible. A son disciple auquel il a demandé de refaire une couleur et qui se plaint que la fresque ne sera jamais finie à temps, il répond : « Au monastère, le temps n’existe plus. La fresque peut attendre, même s’il faut une vie pour l’achever ». Norbou peut abandonner sa fresque et suivre son père, choisir le chemin « le plus difficile ». Tout est expérience, tout se vit dans l’instant.

Péma, la belle-fille de Tinlé subit : les choix du grand-père, la mort de son mari, le poids qui repose sur les épaules de son fils. Depuis l’enfance, elle aime Karma. Ce dernier lui demande combien de temps elle va encore porter le deuil. Péma attend en silence. Une attente passive, empreinte de docilité.

Passang, le petit-fils de Tinlé, est l’héritier. Tous les espoirs reposent sur lui. On attend beaucoup de lui. Trois héritages s’offrent au petit garçon :

– le statut de chef, à l’instar de Tinlé et Karma : Passang est impatient de voir un arbre pour y grimper, pour dominer le monde.

– la sagesse de Norbou . Passang souhaite ardemment apprendre à tirer à l’arc, art de concentration et de patience.

– l’amour de sa mère : Passang aime son grand-père et Karma de la même manière, sans les juger, il les aime avec son cœur d’enfant. Il attend d’eux un enseignement.

A la fin du film, la fresque est terminée, la boucle fermée. Le sel acheminé, les hommes réconciliés. <>, nous conte Norbou en voix off. Elle constitue une protection sur cet enfant plein d’attentes…La roue du temps, elle, continue de tourner…

Pistes de travail :

  • Relever les différentes attentes dans le film et les qualifier. L’attente est-elle : orgueil – amour – sagesse – désir de perfection – expérience – docilité…
  • Et la précipitation, est-elle : orgueil – désobéissance – révolte – impatience – compétition – action…
  • Essayer de répondre à cette question avec des exemples empruntés au film : L’attente est-elle toujours positive et la précipitation négative ?
  • A-t-on le droit d’exiger autant d’attentes d’un enfant ? Ne faut-il pas le laisser grandir et le laisser se former avec les attentes qui lui sont propres et qui ne sont pas une projection des adultes ?
  • Faut-il vouloir à tout prix achever un travail, une œuvre ? Est-ce l’expérience vécue qui importe ou le résultat ?
  • Penser à des moments d’attente ou d’impatience dans sa propre vie. Nous arrive-t-il de nous précipiter alors qu’un moment de réflexion ne serait point inutile ? Quelles sont les conséquences d’une trop grande précipitation.

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Crédit : Liliane Rochat