Point KT

La vie est belle

image_pdfimage_print
affiche Capra Un ange de seconde classe attend de gagner ses ailes… Un homme pense à mettre fin à ses jours… Voilà le point de départ de l’un des chef-d’œuvres du cinéma du dernier siècle ! Entre humour et mélancolie, foi et humanité, un film qu’il faut avoir vu !

La vie est belle, de Franck Capra, 1946, 132’, disponible en DVD

Clarence, ange débonnaire et de bonne volonté, est envoyé sur terre pour aider un malheureux qui ne voit plus d’espérance en sa vie. Bien sûr, auparavant, il est briefé sur la vie entière du-dit malheureux, George Bailey, et il se prend d’affection pour lui avant même de l’avoir rencontré en chair et en os ! Et on le comprend : toute sa vie, Georges a été dévoué aux autres, sacrifiant souvent ses envies et ses rêves de jeunesse. En cette veille de Noël fatidique, Georges a rencontré une difficulté de trop, qui devrait le précipiter en prison alors qu’il est innocent. Alors il n’en peut plus, il regrette le jour de sa naissance, veut en finir… Mais avant que de se laisser tomber à l’eau, voici qu’un autre individu le précède, qu’il est bien obligé de repêcher, notre fameux ange Clarence ! Celui-ci prendra Georges au mot, et lui fera voir ce que serait devenus sa ville et les êtres qu’il aime, s’il n’était pas né. Epouvanté par ce qu’il découvre, Georges retrouve goût à la vie, à sa vie, et prie Dieu de lui rendre cette existence qu’il a failli mépriser… Et la retrouve avec un bonheur incommensurable et contagieuse.

    Attention, le film est long pour un jeune public, il est en noir et blanc, et tous les DVD ne comportent pas de version en VF, mais en VOST. Mais il est temps de leur faire comprendre que les « vieux » films ont de la valeur, , même s’ils ont l’âge de leurs grand-parents, et d’en faire des cinéphiles ! (rappelez-leur que les Disney qu’ils ont regardé dans leur enfance sont pour certains plus vieux encore que ce film !)

Pistes d’animation/Réflexion (en fourre-tout, à voir selon le temps dont vous disposez et les âges) :    

  • Rappel historique : il serait bon de leur rappeler quelques événements historiques, suivant leur âge, pour qu’ils puissent comprendre le contexte du film et certaines images, évoquer brièvement les deux guerres mondiales, et la dépression de 1929, et les difficultés financières des petites gens.

 

  • Références bibliques : elles sont nombreuses, et ce n’est pas un hasard chez Capra. Dans nombre de ses films reviennent toujours l’esprit des béatitudes et de l’amour du prochain (« ça a l’air naïf, déclare-t-il en 1940, mais l’idée maîtresse de mes films, c’est réellement le Sermon sur la montagne » et aussi, dit-il en 1938, avec des paroles qui ont goût d’évangile : « Je chanterai la complainte du travailleur, du pauvre gars qui se fait rouler par la vie, et celle de la veuve et de l’orphelin. Je prendrai le parti de ceux qui risquent le tout pour le tout, des désespérés ; je prendrai le parti de ceux qui sont maltraités en raison de la couleur de leur peau ou de leurs origines. Que d’autres que moi fassent des films sur les grands mouvements de l’histoire – moi, je ferai des films sur le type qui balaie. Et si ce type est un amas d’impulsions contradictoires, et si ses gènes le poussent à survivre, à dévorer son prochain, alors que sa raison, sa volonté et son âme le poussaient à aimer son prochain, je me sens capable de comprendre son problème. Voilà le genre de films que je cherche, un sujet où le « tu aimeras ton prochain comme toi-même » entre en conflit ouvert avec l’agitation sociale ».

o    La prière : le film commence sur des prières qui montent au ciel pour demander de l’aide pour Georges Bailey. Lui-même prie en avouant qu’il n’est pas un homme de prière, mais qu’il a besoin qu’on lui indique un chemin. On peut discuter sur l’importance et la force de la prière, sur la simplicité des mots, et sur la réponse de Dieu qui n’est pas forcément celle qu’on attendait (Georges lui-même en a été bien déçu dans un premier temps !)
o    Le prophète, celui qui dénonce, et qui se bat pour le bien-être de ses semblables, et qui semble parfois mis aux tapis. La plainte de Georges ressemble à celle du prophète Jérémie qui maudit le jour de sa naissance (Jérémie 20) à cause des tourments qu’il subit. Georges pense que le monde et sa ville iraient mieux s’il n’avait pas vu le jour. De même, intéressante est l’image de l’oncle Harry qui est toujours accompagné d’un corbeau (le prophète Elie a été nourri de la sorte par Dieu) et qu’un écureuil vient consoler au pire de l’histoire (là, on pense presque à St-François d’Assise !)
o    La tentation de Jésus : Potter, le méchant de la ville, essaie de persuader Georges de renoncer à ses idéaux, avec des arguments de richesses et de pouvoirs.
o    Le combat de David contre Goliath : le combat des Baileys contre Potter, le combat des petits contre les puissants, une problématique qui insiste sur la force de l’union.
o    Les Béatitudes et l’amour du prochain. Chercher ce qui pourrait correspondre avec chacune.
o    L’essentiel pour une maison heureuse : le sel du sermon sur la montagne, le pain et le vin de la cène. Lors de l’installation de la famille Martini dans leur nouvelle maison, Georges et Mary offrent à la famille du sel pour que la vie soit toujours savoureuse, du pain pour que la maisonnée ne connaisse jamais la fin, du vin pour la joie et la prospérité… Voilà une trinité qui n’est pas sans arrière-pensée !
o    Noël : il n’est pas innocent que l’espérance épuisée de Georges renaisse la nuit où l’on fête celle qui naquit pour toute l’humanité il y a quelque 2000 ans.
o    Etc., sans aucun doute !

  • Clarence et sa méthode

 

photo capra

 

o    Clarence : voilà un ange qui ne correspond pas à nos critères : il est un ange de seconde classe, il n’a pas encore d’ailes, il a l’air bien naïf, et en fait bien humain… C’est pourquoi le « merveilleux » marche et qu’on a envie d’y croire, et d’espérer qu’il gagne ses ailes. Il nous mène dans la quête de Georges avec un humour irrésistible.
o    Et si George n’était pas né : Georges le sait, comme beaucoup, qu’il y a souvent une différence entre nos rêves d’enfance et de jeunesse, et ce que nous sommes devenus, de par les renoncements et les compromissions. Jusqu’à parfois l’impression d’avoir raté sa vie. Mais Clarence trouve le moyen de faire réfléchir Georges sur sa vie, et ce qu’aurait été celle des siens qu’il n’était pas né… Et là, les conséquences auraient été terribles : faire la liste des différences avec ou sans Georges (son frère, le pharmacien, la ville, etc.).
o    La responsabilité : « La vie de chacun touche tellement d’autres vies, dit Clarence. Lorsqu’il n’est pas là, ça fait un tel vide ». Il faut nous rendre compte que notre propre existence fait partie de et influence la vie de beaucoup d’autres personnes, et que nous faisons partie de leur bonheur et qu’ils font partie du nôtre. Car oui, …

  •  … La vie est merveilleuse !

Non pas simplement « belle », comme le titre français, mais « merveilleuse », selon le titre original. Aimer la vie, aimer sa vie, même si elle n’est pas parfaite (aucune ne l’est) est une question de foi, de confiance, de parti-pris. Chacun (ou le groupe) est invité à faire une liste de ce qui fait que la vie est « merveilleuse »

photo film La vie est belle est tout simplement un film d’espérance et de foi, foi en Dieu, foi en l’homme, foi en soi-même, foi en ce qu’une fleur, si l’on rêve, peut devenir un jardin, comme l’explique Georges à sa petite dernière.