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Jonas, un conte théologique et humoristique

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Une animation tirée du document « Jonas », de Sophie ZENTZ-AMÉDRO. Ce manuel pédagogique prévu pour un semestre propose  des notes bibliques et théologiques, des débats, des chants, des célébrations pour Noël et la Passion. Des créations pédagogiques prolongent et étoffent la dynamique du livre de l’enfant (à partir de 7 ans). Brève introduction :

Le livre de Jonas a été classé, dans le canon biblique, dans les « petits prophètes », bien que le style du livre ne corresponde pas tout à fait au style prophétique. Seul le rôle de porte-parole de Dieu assumé tant bien que mal par le héros du livre vaut à ce livre d’avoir trouvé sa place parmi les livres prophétiques. L’histoire pleine d’aventures et de symboles le rend proche de la parabole. Ce livre de Jonas est un conte théologique, un récit relatant l’histoire d’un homme, aux prises avec son Dieu. Un homme qui n’est ni un héros, ni même le personnage central du livre.

Le récit de Jonas se divise en deux parties :

– la première comporte les chapitres 1 et 2. Elle nous parle de l’espérance en nous racontant l’expérience intérieure du prophète, homme rempli de contradiction et de colère, envoyé en mission. Mais ce conte ne s’arrête pas là !
– la deuxième partie se compose des chapitres 3 et 4, et traite de l’universalité du message de Dieu. Elle nous dévoile l’expérience intérieure des païens (marins, Ninivites) touchés, eux aussi, par la Parole de Dieu, Parole d’amour et de pardon.

Ce récit est une histoire à suspense ! Pour que celui-ci reste entier, il faudra découvrir avec les enfants, les aventures de Jonas au fur et à mesure.

Derrière l’histoire de Jonas, toute l’histoire biblique se profile : Caïn, la traversée de la Mer Rouge, le peuple dans le désert, la prédication prophétique…

 JONAS DANS LE POISSON

Jonas chapitre 2

Objectifs :

• Découvrir le récit de Jonas dans le poisson (Jonas 2)
• Évocation de la prière, de notre dialogue avec Dieu

Accueil :

– Installer les enfants par terre, en cercle, pour un temps de lecture biblique et de partage.
– Jonas a été jeté à la mer et la création a retrouvé son équilibre, le vent est tombé et la mer s’est calmée. Jonas jeté à la mer  coule, descend dans les fonds marins. Il descend tout en bas, vers la mort. Jonas semble avoir eu ce qu’il voulait : disparaître loin du Seigneur, loin de la vie !
– L’histoire est-elle terminée ?
Non, car le Seigneur en a décidé autrement.

Approche du texte biblique

Dans le livre de Jonas, quatre choses sont dépêchées par le Seigneur :

  • le vent
  • le poisson
  • la plante
  • le ver

Quatre éléments de la création qui obéissent au Seigneur et qui sont utilisés pour que la Parole et la volonté du Seigneur aboutissent.

Dans le texte hébreu, le poisson est d’abord un nom masculin au verset 1 puis un nom féminin au verset 2. Comme si le ventre du poisson devenait la matrice contenant le fœtus !

Le gros poisson est le monstre marin. La descente de Jonas aboutit dans le ventre du monstre, qui symbolise ici la mort.

Jonas est donc arrivé à la mort, au shéol (enfer, séjour des morts) comme l’emploie l’Ancien Testament.
Le shéol est le lieu qui réclame le défunt, le « lieu profond». Le shéol peut être identifié à la tombe ou à une maison. Lieu d’un sommeil dont on ne peut se réveiller, c’est un pays sans retour où finit par prévaloir une idée de rupture avec le monde des vivants. Opposé au séjour de lumière, c’est un lieu de silence et de ténèbres, d’oubli et d’absence. Mais le shéol ne peut rien contre Yahvé, le Dieu vivant. Celui-ci peut intervenir dans le shéol et se sert de lui.

Le chiffre trois est constamment présent dans la Bible. Il est le signe de la relation entre Dieu, l’homme individuel et l’ensemble des êtres humains. En effet, dans le « trois » le terme intermédiaire à la fois sépare et unit. Dans la symbolique juive le trois désigne aussi la vérité.

Dans Osée 6, 2 l’espoir du peuple est  : « Au troisième jour, Dieu nous aura relevés et nous vivrons en sa présence ». Ce texte comme celui de Jonas a été relu à la lumière de Pâques par les premiers chrétiens.

Partage biblique

Lire les deux premiers versets du chapitre deux.
Dieu demande donc au poisson d’avaler Jonas, et le poisson avale Jonas. Jonas est dans le poisson. Le poisson représente le séjour des morts. La mer était un territoire inconnu pour l’homme. Elle était effrayante : vaste, mouvante, profonde, noire, incontrôlable… Les animaux marins, les plus gros étaient considérés comme des monstres et la mer comme le chaos avant la création, l’abîme, la mort.

Pour l’auteur du livre, Jonas est comme engouffré dans la mort. Pendant trois jours et trois nuits Jonas restera dans les profondeurs de la mer.

Plus tard, les chrétiens identifieront le poisson au tombeau où Jésus a séjourné trois nuits. Comme Jonas, Jésus a été aux prises avec la mort, il était au cœur des ténèbres (cf. Le signe de Jonas dans l’évangile de Matthieu). Lorsqu’ils seront persécutés, par les juifs et les romains, les premiers chrétiens utiliseront un code secret pour se reconnaître entre eux: ils dessineront un poisson. Pourquoi un poisson ? Eux aussi, jouaient déjà avec les mots !

LE SIGNE DU POISSON

Ichthus (ΙΧΘΥΣ en grec) signifie poisson. Ce mot est l’acrostiche de la plus ancienne confession de foi des chrétiens : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
Ι = Iêsous, Jésus
Χ = Christos, Christ
Θ = Theou, de Dieu
Υ = Uios, le Fils
Σ = Sôtêr, Sauveur
Il était le signe de ralliement des premiers chrétiens, car il symbolise Jésus descendu dans l’abîme de la mort pour sauver tous les hommes.
Il représente aussi le chrétien qui, sauvé par Jésus, a passé par les eaux du baptême.

La prière de Jonas

Jonas est descendu à Jaffa
Jonas est descendu dans la cale du bateau
Il est « descendu » dans un sommeil profond
Jonas est descendu dans les fonds marins
Jonas est descendu dans le ventre du poisson
Jonas ne peut pas aller plus bas, il est à la mort.
Il est dans le noir, tout seul.
Et Jonas, au fond de sa détresse, comme au fond de lui-même, va trouver le Seigneur.

Car le Seigneur, l’accompagne depuis le début.
Le Seigneur est à Jaffa quand Jonas descend vers le port.
Le Seigneur est là, dans la tempête et Jonas le sait bien puisqu’il l’explique aux marins.
Le Seigneur est encore là au fond de l’eau, dans le gouffre de la mort. Il accompagne Jonas.

Alors, enfin, Jonas s’adresse à Dieu (Jonas 2, 3-10)

Apport théologique et biblique sur le psaume de Jonas

Ce psaume est le centre du livre de Jonas si l’on suit la structure développée dans l’introduction théologique.
Pourtant, ce texte est plus ancien que le livre de Jonas. Il ne contient aucun langage araméen. Il est beaucoup plus religieux et pieux que le conte. Il semblerait que le psaume préexistait bien avant la rédaction du récit de Jonas. En l’ajoutant à celui-ci le rédacteur final lui donnait une valeur symbolique et d’une certaine manière le « sauvait ». En effet, l’humour, la critique du judaïsme tel qu’il était pratiqué à Jérusalem et la théologie d’un amour divin pour tous ne pouvaient que condamner ce texte. L’adjonction de ce passage de style psalmique, à la suite de la confession de foi de Jonas, donne toute son authenticité religieuse à ce conte.
L’abondance de « je » et les cinq mentions de « Seigneur» témoignent de l’expérience religieuse personnelle du personnage Jonas.
Dans cette prière il crie vers Dieu, il ne se repent pas… il rend grâce.
Le psaume de Jonas est un cri de délivrance, de reconnaissance au Dieu Sauveur qui l’a protégé de la mort. Ce psaume est construit comme beaucoup de psaumes de délivrance
– l’auteur a connu une grande détresse
– il a crié vers Dieu et Dieu l’a délivré
– au cours d’une cérémonie publique (v. 8.10)
– il offre des sacrifices d’action de grâce (v.10a) il accomplit ses vœux (v 10a)
– il confesse sa foi tout en racontant son histoire (v 9. 10b).
On notera une grande symétrie caractéristique de la poésie hébraïque :
verset 4 : le pouvoir du shéol est décrit par l’image de l’océan cosmique ou primordial;
verset 5 : le psalmiste cite les termes mêmes de sa requête évocation de sa misère et ferme décision de persévérer dans la foi à travers le « support » du sanctuaire.
– verset 6 : le triomphe de la mort jusqu’au cou, la gorge, la respiration les herbes m’entourent, les algues capturent leur proie (Ps. 18.6)
– verset 7 : le shéol semble triompher mais le Dieu de la vie m’a délivré
– versets 8-10 : conclusion avec reprise de l’histoire et enseignement.
Le shéol détruit toute la vie personnelle de l’homme. Il l’affaiblit, le rend vide sans élan, sans moteur, sans objectif. Dieu, lui, redonne le souffle de la vie. Le souffle qui pousse à agir, qui aide à vaincre ses peurs et ses doutes.
Affaibli le psalmiste n’en oublie pas Dieu pour autant. Il se souvient. Malgré l’absence, le trou noir, l’isolement : IL CRIE et retrouve l’espoir.
– Verset 9 : le psalmiste s’étonne de constater que certains croient encore à de vaines idoles alors que le Seigneur entend les supplications des affligés.
– Verset 10 :
Les sacrifices sont faits pour renouveler la communion entre Dieu et les fidèles
Les vœux ou les promesses sont une offrande promise à Dieu en cas de délivrance, accompagnée de cantiques d’action de grâce.

Animation autour de ce psaume

•    Lire avec les enfants la prière de Jonas.
•    Noter, sur un grand tableau, tout ce qu’ils ont retenu, compris, perçu de la prière de Jonas.
•    Compléter ce premier commentaire.
Pour aller plus loin…
Comparaison avec d’autres Psaumes
• Prendre une grande feuille de couleur.
• Coller la photocopie agrandie de la prière de Jonas au centre.
• Donner à chaque enfant un passage dans les Psaumes à rechercher et à recopier sur une feuille blanche.
• Coller ce passage en face de la correspondance chez Jonas et faire un lien de couleur afin de bien visualiser celle-ci.
Jonas 2, 3 / Ps 18.7 ; 120.1 ; 130.1
Jonas 2, 4 / Ps 42.8
Jonas 2,5 / Ps 31.23
Jonas 2, 6 / Ps 69.3 ; 116.3
Jonas 2, 7b / Ps 30.4 ; 16.10
Jonas 2, 8a / Ps 142.4 ; 143.4

Mais en fait… qu’est-ce que la prière ?

Les mots des enfants évoqueront ce qu’est pour eux la prière :
• le contenu des prières (demande, pardon, merci, pour un tel ou pour moi…)
• le lieu, le moment…
• ont-ils eux aussi des moments de prières ?
• des attitudes ?
• connaissent-ils des gens qui prient ?

La prière est comme un dialogue avec Dieu pour lui dire les choses les plus simples, nos plus intimes pensées, sensations, intentions, émotions, doutes…
Être en relation avec Dieu dans le dialogue de la prière, c’est être en relation avec Dieu lui-même bien sûr, même si parfois on a l’impression qu’il n’écoute pas ou qu’il ne nous entend pas. Sa présence est plus forte que l’absence. L’isolement et la solitude laissent alors la place à l’espérance.
Être en relation avec Dieu c’est aussi être en relation avec les autres, avec le monde qui nous entoure et trouver progressivement sa place. Ce dialogue, verbal ou intérieur, individuel ou collectif nous fait devenir des êtres en mouvement, des êtres vivants en quête de vérité.
Le peuple hébreu, tout au long de son histoire, est resté en dialogue avec Dieu. Ses prières nous les trouvons dans la Bible et notamment dans le livre des Psaumes.
Les chrétiens, qui reconnaissent Jésus comme le Fils de Dieu, prient Dieu (prières, chants, Notre Père). Pour dire « merci», « pardon», « j’ai peur », « je te cherche »… partout dans le monde des hommes, des femmes et des enfants prient Dieu. Ils ne prient pas tous de la même façon.
Ils ne prient pas non plus le même Dieu.
Demander aux enfants s’ils connaissent des enfants, des femmes ou des hommes d’autres religions ? Et s’ils savent comment ils prient leur Dieu ?

Animation liturgique

• Certains enfants auront peut-être envie d’écrire une prière. Celle-ci pourra être glissée ensuite dans une des réalisations individuelles : poisson en pliage ou poisson incurvé.
• Demander aux enfants de s’installer comme ils veulent (assis, allongés, à genoux, debout…), l’essentiel est qu’ils soient dans une position d’écoute, de calme, que leur corps et leur cœur s’imprègnent du silence. Inviter les enfants à la prière, au silence et à l’écoute. Ce silence et cette attente laisseront notre cœur s’ouvrir tout doucement à la présence de Dieu…
• Lecture ou chant d’un psaume (par exemple le Ps. 130)

Prière
Je suis là pour toi
Et je ne sais pas quoi te dire,
Dieu invisible pour mes yeux,
Dieu silencieux pour mes oreilles !
J’ai seulement confiance.
A l’autre bout de mon silence,
Il y a toi,
Notre Père attentif.
Tu es là pour nous.
Tu es là pour moi.
Tu es l’autre moitié de ma prière.
Tu entends mon silence.

Jonas prie… et que fait Dieu ?
Lire le verset 11 du deuxième chapitre de Jonas.
Dieu entend Jonas, il entend son cri, sa reconnaissance, son espérance et sa foi. Alors, Dieu donne l’ordre au poisson de rejeter Jonas et la création obéit. Le poisson rejette Jonas.

Chant

AEC n° 614 / Alléluia 47-19 : « Tu es là au cœur de nos vies »

Dans le document « JONAS » enfant un chant à chanter sur l’air de « Frère Jacques » résume l’histoire de Jonas…

Activités :

  • Création de poissons incurvés dans lesquels les enfants pourront insérer une prière. Ils pourront aussi facilement réaliser un mobile ! 

  • Sablés de Noël ou de Pâques !

Si votre groupe aime la pâtisserie, vous pouvez préparer une pâte à biscuit et découper des formes de poisson à l’emporte-pièce !

Ingrédients :
500 gr de farine
250 gr de sucre
250 gr de beurre
8 jaunes d’œufs

Réalisation :
Mélanger le sucre, les neufs, le beurre ramolli, la farine.
Bien malaxer le tout et laisser reposer la pâte environ 2 heures.
Faire une abaisse d’environ 4 mm et découper des formes à l’emporte-pièce ; les dorer à l’œuf et les faire cuire sur une tôle beurrée, 10 mn à four moyen.

  • Mosaïque de boules de papier (animation collective) :

– Reproduire sur un calque, un très grand poisson.
– Le découper et le coller sur un carton rigide.
– Préparer des petits bouts de papier de soie, papier crépon, vitrail ou brillant et faire des boules.
– Les coller sur le grand poisson.

Pour se procurer le matériel « JONAS » :

Matériel pédagogique : cliquer ici
Livret enfant : cliquer ici

Crédit : Point KT