Cette petite saynète est facilement adaptable : on peut rajouter ou enlever des personnages. Il faut être minimum deux pour pouvoir la jouer : une personne qui présente ; et une personne qui joue les différent·es invité·es.
L’idée de cette scène est de mettre en lumière toutes les personnes impliquées dans l’arrivée de Jésus à Jérusalem, et de saisir ce qu’elles ont pu vivre et ressentir, pour nous mettre à notre tour à leur place.
Cette saynète prépare à la Semaine Sainte à travers des références aux épisodes qui vont arriver, mais joue sur le fait que personne ne s’imagine comment va se finir la semaine.
L’intérêt de cette pièce est également le peu de matériel et de mise en scène nécessaire, et la possibilité pour les acteurs et actrices de lire leur texte si le temps leur manque pour l’apprendre par cœur.
***
Une présentatrice télé rentre et s’assoit à une table, face à elle (et face à l’assemblée) se trouve une autre table avec des chaises vides. La présentatrice se fait repoudrer le nez en relisant ses fiches, et en buvant dans une tasse.
Quelqu’un annonce : Antenne dans 3… 2… 1…
La présentatrice se redresse, regarde vers l’assemblée, et commence à lire ses fiches.
Présentatrice : Bonjour à toutes et à tous ! Jésus est arrivé à Jérusalem : voilà l’info du jour et le sujet de notre dossier spécial. C’est effectivement hier dans l’après-midi que la scène s’est déroulée. Une foule de gens, avertis depuis des jours de la venue de Jésus à Jérusalem, s’était rassemblée à l’entrée de la ville pour l’accueillir. Et voilà qu’il arriva, assis à la surprise générale sur un ânon, le petit d’une ânesse. À son passage, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, pendant que d’autres y mirent des branches vertes qu’ils avaient coupées dans la campagne. On pouvait entendre les personnes qui marchaient devant Jésus et celles qui le suivaient crier : « Hosanna ! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur ! » (D’après Marc 11,1-11)
Pour nous parler de cet événement exceptionnel, nous avons mené l’enquête et retrouvé plusieurs personnes qui ont pu être aux premières loges de cette entrée triomphante. En exclusivité aujourd’hui, voici leurs témoignages.
J’invite en premier lieu à me rejoindre sur le plateau : Marguerite et Chantale, deux grandes fans qui ont joué des coudes pour voir leur idole.
Marguerite et Chantale arrivent sur le plateau et s’assoient à la table en face de la présentatrice.
Présentatrice : Marguerite, Chantale, bonjour et bienvenue. Merci d’avoir accepté de témoigner sur notre plateau.
Marguerite : Bonjour, merci à vous de nous recevoir.
Chantale : Oui bonjour.
Présentatrice : Alors, racontez-nous un peu ce qui vous a donné envie d’assister à cet événement hier.
Marguerite : Il faut savoir qu’avec Chantale on est assez fan du personnage de Jésus. Ça fait des mois maintenant qu’on suit toute son actualité, tous ses voyages, tous ses déplacements.
Chantale : Vous voyez, il n’est pas comme les autres. Y a quelque chose de mystérieux dans tout ce qu’il dit, et dans tout ce qu’il fait. Quelque chose d’un peu magique même.
Marguerite : Et nous le mystère, on adore ça.
Présentatrice : Quand vous dites que vous suivez tous ses voyages, ses faits et gestes, vous voulez dire que vous êtes allées le suivre directement dans ses aventures ?
Chantale : Ah on aurait bien aimé c’est clair ! Mais malheureusement non, on n’a jamais pu y aller.
Marguerite : Tout ce qu’on savait de lui, c’était par le bouche-à-oreille. Vous savez, les nouvelles vont vite. Surtout quand il y a des trucs qui sortent de l’ordinaire et que ça crée de la polémique.
Présentatrice : Vous ne le connaissiez donc que d’après sa réputation ?
Chantale : Oui c’est bien ça. C’est pour ça qu’on ne voulait absolument pas rater son arrivée dans notre ville, c’était enfin l’occasion de le voir en vrai !
Marguerite : Alors avec Chantale on s’est levées super tôt hier, et on a attendu toute la journée sur place pour être sûres d’avoir les meilleures places et de pas le louper.
Chantale : Et on a bien réussi, puisqu’on était au premier rang !
Présentatrice : Et bien, racontez-moi alors comment s’est passée cette première rencontre.
Marguerite : C’était incroyable ! L’ambiance était complètement dingue, on n’arrêtait pas de crier « Hosanna, Hosanna ! » Dans l’excitation, des gens jetaient leurs vêtements, d’autres jetaient des belles branches de rameaux, on voyait même plus le sol tellement il y en avait par terre !
Présentatrice : Et Jésus dans tout ça ?
Chantale : Jésus, c’était un peu étrange, parce qu’il n’avait pas l’air tellement ravi de voir toute cette foule. Il est resté assez impassible, il n’a pas fait de grand bain de foule, il n’a pas serré de mains ou signé des autographes. Mais d’un côté je me suis dit que c’était plutôt bien, ça veut dire qu’il est resté humble, que la célébrité ne lui est pas montée à la tête.
Marguerite : Le plus étrange ceci dit ce n’est pas tant sa réaction, ou son absence de réaction, mais c’est surtout sa manière d’arriver : il était quand même assis sur ânon ! On ne s’y attendait pas à celle-là. Ce n’est quand même pas très impressionnant ni avantageux cette monture. Ça lui donnait l’impression d’être plus petit, ça le rabaissait. Vraiment bizarre comme choix. Moi à sa place j’aurais au moins choisi un beau cheval bien grand, histoire de prendre un peu de hauteur.
Présentatrice : C’était en effet un choix de monture très audacieux. Peut-être que le prochain invité pourra nous en dire un peu plus. Mais avant de l’accueillir, encore une petite question pour vous mesdames : qu’allez-vous faire les jours qui viennent, allez-vous essayer de le suivre ou de le recroiser ?
Chantale : Bonne question. J’avoue que si sur le moment c’était génial, aujourd’hui j’ai un peu un sentiment de « bof » parce qu’en vrai il ne semble pas si exceptionnel et hors du commun que ça. Surtout après le coup de l’ânon. Donc je ne sais pas si nous allons le suivre dans ses prochaines apparitions publiques.
Marguerite : Ceci dit il y a des chances qu’on le recroise dans la ville. Même s’il y a du peuple en ce moment pour Pâque, tout le monde sera à peu près au même endroit les prochains jours : au Temple. D’ailleurs s’il veut acheter de quoi préparer la fête, ou acheter quelques souvenirs avant de repartir, c’est certain qu’il ira au Temple, c’est là que se trouvent les meilleurs marchands.
Présentatrice : Un grand merci Marguerite et Chantale pour vos témoignages qui nous permettent de revivre cette journée d’hier. Avant d’accueillir nos prochains invités, une petite pause !
Mini-prière
Comme les gens de la foule, nous t’attendons Jésus,
nous t’espérons.
Tu arrives, tu viens à nous.
Mais pas toujours comme nous l’imaginons.
Aide-nous à t’accueillir tel que tu es,
même si ça nous bouscule.
Viens, entre chez nous, entre dans nos vies.
Cantique : Hosanna (EXO)
Pendant le cantique, la présentatrice se fait repoudrer le nez pendant que deux autres jeunes prennent la place des deux précédentes.
Présentatrice : De retour sur notre plateau. Nous voilà à présent avec Pierre et André, deux frères qui font partie du fameux groupe des 12 disciples. Bonjour Pierre, bonjour André.
Pierre : Bonjour.
André : Bonjour.
Présentatrice : Un grand merci d’avoir pris le temps de venir témoigner aujourd’hui. J’imagine que votre agenda de disciples est assez serré. Si vous le voulez bien, racontez-nous un peu comment s’est déroulée cette entrée à Jérusalem, de votre point de vue.
Pierre : Déjà, il faut savoir que nous, ça fait des mois que nous sommes sur la route, passant toujours d’un village à l’autre. Il nous arrive même parfois de passer plusieurs jours d’affilée dans la montagne, loin de toute ville.
André : En plus de voyager en permanence, le travail de disciple n’est pas de tout repos : on doit écouter et retenir de nombreux enseignements, on doit s’occuper de la gestion matérielle des voyages comme par exemple gérer la nourriture, on doit contenir les foules qui veulent parfois trop s’approcher de Jésus, on doit filtrer toutes les demandes de guérison et de miracle.
Pierre : Alors quand on a appris qu’on allait venir à Jérusalem pour fêter Pâque, on a tous sauté au plafond : ça y est, on retrouve enfin une ville, avec ses commerces, ses restaurants. On a tous l’espoir de pouvoir prendre quelques petits jours de congé pour profiter au maximum d’être ici.
Présentatrice : Des congés qui seraient bien mérités visiblement. D’autant plus qu’hier, vous avez à nouveau eu beaucoup de travail n’est-ce pas ?
André : Oui effectivement. Une fois arrivés en périphérie de Jérusalem, parmi tous ses disciples c’est à nous deux que Jésus a demandé d’aller jusqu’au village voisin et de revenir avec ânon. Vu le dénivelé du mont des Oliviers, ce n’était pas une petite promenade tranquille.
Pierre : En plus, on n’a pas compris sur le moment pourquoi il lui fallait subitement une monture. Après tout ce qu’on avait déjà marché, il aurait pu finir le peu qu’il restait du chemin à pieds également.
Présentatrice : Et cet ânon, comment l’avez-vous trouvé ? Vous l’avez acheté exprès pour rentrer dans la ville ?
André : Non quand même pas. Étrangement, il y avait un ânon juste à l’entrée du village, alors on a simplement fait comme Jésus nous avait dit de faire : on l’a pris, sans rien demander à personne.
Pierre : Alors oui, ça ressemble un peu à du vol dit comme ça. Mais quand on a détaché l’âne, des gens sont venus nous demander ce qu’on faisait, et encore une fois, on a simplement dit ce que Jésus nous avait dit de dire : « Qu’il en avait besoin, et qu’il serait ramené plus tard ». Et comme ça, ils nous ont laissés l’emmener.
Présentatrice : Et c’est sur cet âne qu’il est donc entré dans Jérusalem. Ce qui en a surpris plus d’un.
André : Nous les premiers. On s’est dit qu’on n’avait pas eu de chance, et que ça aurait été quand même plus stylé si on avait trouvé un cheval à l’entrée du village plutôt qu’un ânon ! Mais Jésus semblait satisfait de nous voir arriver avec l’âne.
Présentatrice : Il n’y a pas que l’âne qui a choqué les gens, il y a aussi eu la réaction de Jésus qui ne semblait pas tellement apprécier les acclamations de la foule. Vous pouvez nous en dire quelque chose ?
Pierre : C’est vrai que ça fait plusieurs jours qu’il est d’humeur un peu maussade. Depuis qu’il nous a dit qu’on viendrait fêter Pâque en ville.
André : Il n’y avait pas que son humeur qui était chagrine, mais ses paroles aussi. Il s’est mis à parler de souffrance, de procès, de condamnation à mort. Ses histoires étaient vraiment devenues glauques.
Pierre : On n’a pas tout compris, mais on n’a pas osé poser de questions non plus. Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive de ne pas comprendre, mais on ne veut pas paraître bête alors on fait comme si.
Présentatrice : Et dans les jours qui viennent, quel est le programme ?
André : Je pense qu’on va passer une petite semaine en ville avant de repartir. On ira faire un petit tour au Temple. Certainement que Jésus va prendre la parole publiquement quelques fois, il ne peut pas s’en empêcher.
Pierre : Mais surtout, on va préparer une grosse fête avec un bon repas. J’ai hâte, j’espère que ça va être une soirée mémorable !
Présentatrice : Et bien je vous souhaite une très belle semaine, avec beaucoup de repos et de plaisir !
Nous avons encore un invité à accueillir ce matin, mais avant, une petite pause.
Mini-prière
Comme les disciples, nous avons parfois du mal à te saisir Jésus.
Tu dis une chose,
mais c’est une autre que nous voulons comprendre.
Nos yeux refusent de voir et nos oreilles refusent d’entendre
ce qui est trop difficile à accepter.
Aide-nous à réaliser ce que tu es venu nous annoncer,
Ce à quoi tu nous appelles.
Cantique : Je loue ton nom Éternel
Un jeune avec des oreilles d’âne entre et s’assoit à la place des deux disciples.
Présentatrice : Nous revoilà en compagnie de Tagada, LE fameux ânon dont tout le monde parle. Bonjour Tagada.
Tagada : Bonjour !
Présentatrice : Vous étiez la star hier, dites-nous, comment avez-vous été propulsé sur le devant de la scène ?
Tagada : Pour tout vous dire, je ne réalise pas encore très bien. Hier matin encore j’étais tranquillement en train de brouter dans mon jardin, avec ma mère, et aujourd’hui je me retrouve sur un plateau télé !
Présentatrice : C’est le hasard de la vie, on ne sait pas toujours quand le buzz va nous tomber dessus ! Mais d’après ce que j’ai entendu, ce n’est pas forcément qu’un simple hasard. Vous n’êtes pas l’ânon de n’importe quelle ânesse…
Tagada : Effectivement, ma mère a également eu son lot d’aventures, qu’elle ne cesse de me raconter. Tout a commencé il y a au moins trente ans quand elle habitait avec son maître, un Samaritain, à Bethléem. Une nuit, elle s’est retrouvée à partager son étable et même sa mangeoire avec un couple qui venait du nord, et qui n’avait pas trouvé de meilleur endroit pour passer la nuit et pour mettre au monde leur fils ! Plusieurs jours plus tard, la petite famille était à nouveau de passage pour fuir jusqu’en Égypte, et comme ils n’avaient pas d’âne, le Samaritain a accepté de leur prêter ma mère. Après il lui est arrivé encore plein de trucs, comme lors d’un voyage à Jéricho avec son maître quand ils ont trouvé un homme presque mort sur le bord de la route. Après toutes ces aventures, quand ma mère m’a donné naissance, elle a décidé d’arrêter ses voyages. Et depuis, on vit une petite vie tranquille dans ce petit village à côté de Jérusalem.
Présentatrice : Une petite vie tranquille, jusqu’à hier…
Tagada : Eh oui, jusqu’à ce que deux hommes viennent me détacher pour m’emmener avec eux. Ils n’avaient pas l’air méchants, alors je me suis laissé faire, mais j’ai quand même demandé à ma mère de nous accompagner. Les deux hommes l’ont compris, puisqu’ils l’ont prise elle aussi. On a donc marché un moment avec ces hommes, sans savoir où on allait. Jusqu’à arriver à un village dans lequel des gens nous attendaient. Et parmi ces gens, il y avait lui !
Présentatrice : Lui, c’est-à-dire Jésus ?
Tagada : Oui C’est bien ça ! Ma mère l’a immédiatement reconnu, même après toutes ces années !
Présentatrice : Il a donc une longue histoire avec les ânes ?
Tagada : Visiblement. Alors autant je comprends qu’en tant que bébé, et inconnu, il monte sur un âne. Autant ça m’a quand même surpris que ce soit sur mon dos qu’il veuille venir à Jérusalem, surtout devant toute cette foule venue le voir et l’applaudir. Mais bon, je ne vais pas me plaindre, j’étais fier moi d’être sa monture ! Moi, petit bourriquet insignifiant, je portais cet homme si important et à la fois si humble de m’accepter comme son destrier. J’avais l’impression d’avoir le chargement le plus précieux du monde sur mon dos.
Présentatrice : C’est vraiment une belle histoire. Et aujourd’hui, que prévoyez-vous ?
Tagada : J’avoue que j’ai hâte de retourner dans mon petit jardin pépère, à côté de ma mère. Jésus et ses disciples savent désormais où j’habite, alors j’espère qu’ils reviendront faire appel à moi pour le porter encore une fois, peut-être quand ils quitteront Jérusalem après Pâque !
Présentatrice : Un grand merci Tagada pour ce témoignage émouvant.
Nous arrivons à présent à la fin de notre dossier spécial. Grâce à tous les témoignages recueillis, nous en savons désormais un peu plus sur ce qui s’est passé hier. Nous souhaitons à Jésus et tous ses disciples une très bonne semaine dans notre belle ville de Jérusalem. Quant à vous, ne manquez pas notre journal, pour avoir chaque jour les dernières informations concernant leurs péripéties.
Je vous souhaite une belle semaine qui commence, et vivement le weekend !
La présentatrice et Tagada quittent le plateau.
Mini-prière
Comme l’ânon, nous nous réjouissons de marcher avec toi Jésus.
C’est toi qui nous guides,
Toi qui nous conduis,
Et nous, nous te faisons confiance.
Avec joie, nous avançons
avec toi,
pour toi,
grâce à toi.
Interlude
Crédits : pasteure Sophie-Anne Lorant Faivre (UEPAL), Point KT, Pixabay (photo)