Point KT

Marie aurait voulu dire non

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L’ange annonce à Marie qu’elle va attendre un enfant et Marie semble accepter sans hésiter. Comme si tout coulait de source et allait de soi. Et si les choses n’avaient pas été si simples ?
Elle aurait voulu dire non, à l’ange, elle aurait voulu lui dire non, Marie. Il lui a parlé d’une façon étrange : « Réjouis-toi ! Le Seigneur t’a montré son amour d’une manière particulière. Il est avec toi ». Elle n’a pas compris tout de suite ce qu’il voulait dire, et puis elle avait peur, ce n’est pas tous les jours qu’on voit et qu’on entend un ange, quand même. Forcément, ça surprend ! Mais il a continué : « N’aie pas peur Marie ! Oui, Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière. Tu vas attendre un enfant, tu mettras au monde un fils et tu l’appelleras Jésus. Personne ne sera aussi important que lui. On l’appellera Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le royaume de David, son ancêtre. Il sera le roi du peuple d’Israël pour toujours et son royaume n’aura pas de fin ».

Elle avait un peu de peine à croire ce que l’ange venait de lui annoncer : elle avait beau être très ignorante des choses de la vie, elle savait bien qu’une femme ne peut avoir d’enfant sans s’être unie à un homme. Elle a fait part de son interrogation à l’ange mais il lui a répondu : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira comme l’ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint et on l’appellera Fils de Dieu ». Et pour preuve que ses paroles étaient vraies, il lui a annoncé la grossesse de sa cousine Elisabeth qu’on croyait stérile et qui était de toute façon bien trop vieille pour avoir un enfant. Elle savait bien que l’ange avait raison de lui dire qu’à Dieu rien n’est impossible.

Alors, son cœur s’est mis à battre très fort dans sa poitrine, il venait de lui dire qu’elle avait été choisie pour mettre au monde le Messie ! « Personne ne sera aussi important que lui. On l’appellera Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le royaume de David, son ancêtre. Il sera le roi du peuple d’Israël pour toujours et son royaume n’aura pas de fin ». C’était un honneur immense qui lui était annoncé, elle aurait dû être folle de joie, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser au déshonneur qui l’attendait. Elle n’était pas encore mariée, Joseph et elle, ils étaient fiancés et ils ne vivaient pas ensemble. Donc il serait évident pour tout le monde, et pour Joseph le premier, que cette grossesse serait le fruit d’un amour interdit et clandestin.

L’ange lui disait de ne pas avoir peur, il en avait de bonne ! Il ne se rendait pas compte ! Forcément un ange, ça ne sait pas ce que c’est qu’être une femme de Galilée ! En un instant, des tas d’images ont traversé son esprit :

Elle s’est vue répudiée par Joseph. Elle craignait que Joseph se sente trahi et ne veuille plus d’elle : quel homme accepterait pour épouse une femme qui porte un enfant dont il ne serait pas le père ? Et même s’il l’acceptait, comment supporter les regards entendus et les moqueries des bien-pensants et de ceux qui croient tout savoir ?

Elle s’est imaginée jetée dehors par sa famille pour laver la honte de sa grossesse hors mariage. Comment pourraient-ils croire que sa grossesse était un honneur et pas un déshonneur, alors qu’elle-même avait peine à croire ce que lui annonçait l’ange ?
Elle s’est vue moquée et rejetée, les gens ont si vite fait de juger, de condamner, de critiquer et de médire sur ce qu’ils ne savent pas ou ce qu’ils croient savoir… Certains iraient peut-être même jusqu’à proposer qu’on la lapide pour punir son inconduite…

Tout se bousculait dans sa tête, elle ne savait pas si elle serait assez forte pour surmonter la honte, la solitude, la peine causée à Joseph, à sa famille… Elle avait presque envie de crier : « Non, pas moi, choisis-en une autre ! » Après tout pourquoi elle ? Elle n’était qu’une jeune fille simple de Galilée. Pourquoi ne pas réserver l’honneur de mettre au monde le Messie à une fille de roi ou à une fille issue d’une noble famille ? Elle avait presqu’envie de crier non, presque… mais elle ne l’a pas fait.

Car, les premiers mots de l’ange résonnaient à ses oreilles : « N’aie pas peur Marie ! Oui, Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière ». N’aie pas peur ! Plus fort que ses peurs, plus fort que ses doutes, elle a senti brûler en elle l’amour de son Dieu et la joie de mettre au monde le Messie. Elle ne s’est pas sentie forcée d’accepter, Dieu propose plus qu’il n’impose. Simplement, la confiance a triomphé de ses peurs et de ses doutes, elle a eu la certitude que Dieu lui donnerait la force de tout supporter, même de déplacer des montagnes s‘il le fallait pour que s’accomplisse sa promesse de salut pour son peuple. Quant à Joseph, elle espérait qu’il comprendrait et partagerait sa joie et ce cadeau que Dieu leur faisait.

Alors, presque malgré elle, elle a répondu à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur. Que Dieu fasse pour moi ce que tu as dit ! »

Crédit : Claire de Lattre-Duchet (UEPAL) Point KT