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Handicap et évangile : le paralysé de Capharnaüm (Marc 2, 1-12)

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Ce texte est proposé à celles et ceux qui désirent cheminer dans la réflexion concernant l’évangile et le handicap. En effet, Jésus guérit des personnes qui souffrent d’infirmité, maladie ou handicap. Il montre ainsi que ces personnes ont toute leur place dans la communauté des hommes. Chacun est invité à accueillir la différence et la situation particulière de l’autre, pour éviter l’exclusion, pour être humain, tout simplement.

 

Contexte :
Jésus parcourt la Galilée pour annoncer la Bonne Nouvelle et guérir les malades. Les gens viennent à lui très nombreux pour l’écouter et présenter leurs cas de maladie. Jésus est déjà venu à Capharnaüm où il a guéri un homme à la synagogue et beaucoup de malades chez Simon et André (Marc 1, 21-34). Toute la Galilée parle de lui, il ne peut plus passer inaperçu nulle part !
Quelques jours plus tard, Jésus revient à Capharnaüm, il est à la maison, dit le texte, certainement celle de Simon et André qui l’ont accueilli la première fois (Marc 1, 29). Il y a 4 amis qui sont venus avec un malade, mais la maison est pleine à craquer, et la foule devant la porte les empêche d’entrer. Alors les 4 amis décident de passer par le toit ! Ils font un trou suffisamment grand pour descendre le paralysé qui est couché sur une natte.
Le propriétaire de la maison est gentil, il ne crie pas sur les 4 amis qui lui ont abîmé son toit. Les gens rassemblés dans la maison ne reprochent pas aux 4 personnes d’avoir grillé la politesse à tout le monde pour amener leur ami paralysé devant le Seigneur. Tout le monde est vraiment gentil, et Jésus voit que les 4 amis en foi en lui, alors il guérit l’homme paralysé.

 

Dieu nous aime avec nos handicaps et nos maladies

Les 4 compères sont convaincus que Dieu aime et fait grâce à tout le monde, y compris à leur ami malade. À l’époque, les gens croient que l’infirmité, le handicap ou la maladie résulte du péché. C’est pourquoi Jésus commence par annoncer le pardon de Dieu sur l’homme paralysé. Les maîtres de la loi sont choqués, ils pensent que Jésus se prend pour Dieu. Ici l’évangile nous dit que Jésus est venu annoncer et manifester aux hommes le pardon et la guérison de Dieu sur leurs vies. Même si on souffre d’une maladie grave et incurable, d’un handicap à vie, d’une infirmité qui nous rend à jamais différent des autres, on est aimé de Dieu et pardonné en Jésus-Christ. Le Seigneur ne posera jamais sur nous un autre regard que celui de son amour. Par son évangile, il nous invite à poser le même regard sur chaque personne. Un regard sans préjugés ni peur : la maladie et le handicap ne sont ni une malédiction ni une punition de Dieu.
Jésus guérit le paralysé, il manifeste ainsi que la grâce de Dieu est sur cet homme, tout comme elle est sur toute personne. La grâce de Dieu est sur celles et ceux qui souffrent de handicap, quelle que soit leur maladie et leur état. Qu’ils guérissent ou non, ils sont aimés de Dieu. À travers l’audace des 4 amis et la parole de pardon de Jésus, l’évangile rappelle leur dignité humaine et exhorte à leur faire toute la place qu’ils méritent, parce qu’ils font partie de la communauté humaine et méritent la même considération que tous.

 

Aimer et porter le prochain dans son handicap…

Comment le paralysé de Capharnaüm se perçoit-il par rapport à Dieu ? Pense-t-il que Dieu ne l’aime pas, que Dieu est injuste et cruel de l’avoir créé ou rendu ainsi ? Le texte ne le dit pas, l’évangile raconte simplement 4 amis qui veulent aider un homme et le prennent en charge.
Peut-être que l’évangile essaie de nous dire qu’il ne sert à rien de se faire du mal en incriminant Dieu sur les situations de maladie et de handicap qui touchent nos semblables ou nous-mêmes. Ce qui compte vraiment, c’est de prendre en charge ces situations et de porter devant le Seigneur celles et ceux qui en souffrent. Les 4 amis ne perdent pas de temps en jérémiades, ils agissent. La société et l’Église ne devraient-elles pas en faire autant ? L’évangile de Jean raconte l’histoire d’un homme qui reste paralysé pendant 38 ans parce qu’il n’y a personne pour le porter jusque dans l’eau de la piscine de Bethesda. Jour après jour, les gens passent devant lui, se baignent dans les eaux bienfaisantes et sont guéris, mais lui reste là, oublié de tous, au bord de la piscine, pendant 38 ans d’indifférence et de souffrance… « Je n’ai personne pour me plonger dans la piscine » dit le paralysé à Jésus (Jean 5, 7). Le paralysé de Capharnaüm avait 4 amis, mais celui de Bethesda n’a personne, et c’est bien là qu’il faut insister : si celles et ceux qui souffrent de handicap n’ont personne pour les aider, il faut tirer au plus vite la sonnette d’alarme, car en agissant ainsi le monde perd son humanité…
La foi des 4 amis est agissante, elle ne se contente pas de critiquer comme font les maîtres de la loi. Jésus lui-même ne se contente pas d’annoncer le pardon, sa parole est également agissante puisqu’elle guérit le malade. C’est en agissant que l’on peut permettre à bien des personnes de prendre leur natte et de rentrer chez eux, comme le paralysé de Capharnaüm, c’est-à-dire de garder ou de retrouver leur dignité, parce qu’elles sont considérées et traitées comme des personnes dignes d’attention, dignes de nos efforts, de notre amour et de notre temps.

 

Apprendre aux enfants à agir comme les 4 amis

On craint souvent d’effrayer les enfants avec la maladie ou le handicap d’une personne, mais ce sont nos propres peurs qui nous bloquent et que nous communiquons. L’enfant sait vivre avec une personne handicapée, il accepte naturellement la différence et compose avec elle sans aucune difficulté, tant qu’on ne la lui fait pas voir avec la lunette déformante des préjugés et des peurs qui nous habitent.
À l’école biblique et au catéchisme, au groupe de jeunes et dans le scoutisme, il est bon d’encourager les enfants et les jeunes à faire preuve de compassion et de solidarité envers les personnes handicapées. Ça ne leur fera que du bien de pouvoir aider quelqu’un, partager, jouer, apprendre ensemble, être amis. Aujourd’hui, on parle d’inclusion scolaire, mais il y a encore du chemin à faire…

Dieu a foi en l’humanité

Jésus voit la foi des 4 amis qui ont bravé la foule et sont passés devant tous ceux qui faisaient la queue pour être guéris, ils ont été jusqu’à détériorer le toit d’une maison par compassion pour un homme. Cela nous dit d’une certaine manière que Dieu a foi en l’humanité. Malgré l’indifférence, l’égoïsme et le manque d’amour, il y a encore des hommes et des femmes de bonne volonté qui sont prêts à braver les difficultés pour venir en aide aux personnes dont la maladie et le handicap nécessitent une prise en charge spécifique. Quitte à bousculer les habitudes et à déranger un ordre social qui a souvent oublié les handicapés comme on avait oublié le paralysé de Bethesda, ces hommes et ces femmes de bonne volonté rappellent au monde sa responsabilité adamique : garder et cultiver le jardin du monde, en respectant toutes les espèces qu’il contient, toutes les créatures de Dieu, dont l’homme créé à son image.
Au cœur du monde qui est défiguré non pas par les infirmités et les handicaps des hommes, mais par le manque d’amour et de compassion, il est bon de raconter cette histoire du paralysé de Capharnaüm qui a été béni d’avoir des personnes pour l’aimer et le porter. Dans l’Église, rappelons cette histoire, afin que les chrétiens se lèvent et se mobilisent davantage pour la cause des personnes handicapées, pour que nos célébrations soient davantage pensées avec et pour elles. Ainsi nous serons le peuple en qui Dieu a foi et en qui il trouve sa joie, le peuple qui témoigne de son amour inconditionnel pour tous les hommes.

 

Cantiques :

Le peuple de Dieu se lève
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Fichier audio à écouter :
Tu nous appelles à aimer
YouTube / Paroisse de Griselles

Crédit : Ruth-Annie Mampembé (EPUdF), Point KT, Photo Pixabay