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La ruche de Noël

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Célébrer Noël à travers les quatre Évangiles c’est montrer que la Bonne Nouvelle est une polyphonie : plusieurs voix ont annoncé Noël, et chacune dit à sa manière ce que signifie la venue de Dieu sur terre. C’est montrer aux enfants que les Évangiles ne disent pas tous la même chose, et que l’on a besoin des quatre, que l’un sans les autres, ça fausse tout etc.

Le projet Célébrer Noël dans les quatre Évangiles avec les enfants de l’Éveil biblique, de l’École biblique, du précatéchisme et du catéchisme, Montrer que l’on vit la Nativité de diverses manières à travers le monde.

  • Quatre Évangiles

Célébrer Noël à travers les quatre Évangiles c’est montrer que la Bonne Nouvelle est une polyphonie : plusieurs voix ont annoncé Noël, et chacune dit à sa manière ce que signifie la venue de Dieu sur terre. C’est montrer aux enfants que les Évangiles ne disent pas tous la même chose, et que l’on a besoin des quatre, que l’un sans les autres, ça fausse tout etc.
Parallèlement une étude biblique aura lieu sur le sujet pour les adultes.
Pour illustrer tout cela une immense crèche sera fabriquée dans le temple.

  • La main à la pâte

L’ampleur du projet tient au fait que tout le monde participe à la préparation de cette fête. Des personnes de l’extérieur seront également sollicitées pour faire partager leurs compétences (ainsi, un professeur de musique du conservatoire aidera à la mise sur pied des concerts qui auront lieu).
La crèche « géante » dans le temple comprendra, j’espère 200 santons de 20 à 30 cm de haut. Ceux-ci seront confectionnés par les enfants depuis l’éveil biblique jusqu’à ceux du catéchisme ainsi que par des parents, des personnes des maisons de retraite du Mans, des détenus que le pasteur du Mans visite, etc.
La diversité extrême des « artisans » de la crèche porte un message elle aussi : on vient de partout ; à Noël il n’y a pas de frontière. Tout le monde met la main à la pâte, protestants ou non, jeunes et vieux, bien portants ou en difficulté…
Pour alimenter le comptoir artisanal de Noël, un grand-père disait au pasteur : « je ne sais rien faire de mes mains mais je fais un peu de photographie. Je peux faire des photos de la ville du Mans et les transformer en cartes de vœux ». Tout est là. En plus de l’idée fort belle, l’essentiel est apparu dans la capacité à dire : ce que je sais faire, je peux le dire, et ce que je dis, je peux le faire.

  • Du levain

Ici, la préparation de Noël c’est un peu de levain dans la « pâte humaine » que représente l’Église, et tous ceux qu’elle rencontre et sollicite. Un levain qui fait lever les talents endormis dans les tiroirs, qui relève ceux qui se croient inutiles, ceux qui tournent en rond. Un levain qui donne de l’épaisseur à l’Évangile puisque c’est bien de cela qu’il s’agit.
Ainsi, lorsqu’un projet est enthousiasmant, il rassemble l’imagination des uns, l’énergie des autres, et les talents de tous, car personne n’est dépourvu de richesse, d’un trésor à donner, à faire partager. Au Mans, la préparation de Noël révèle à chacun le trésor enfoui qu’il faut déterrer. II n’y a pas de grand et de petit talent sous le regard de Dieu.
Pourtant, combien de talents dans nos paroisses restent en sommeil parce que personne n’est venu les solliciter, parce que ceux qui les portent n’ont pas assez confiance en eux, parce qu’il n’y a pas de projet et ainsi de suite …

  • Offrande

Le comptoir de Noël se tiendra aussi sur le parvis du temple, pour « sortir Noël » des murs du temple. Ce comptoir rassemblera exclusivement des objets faits main (on n’achète pas des objets pour les revendre ensuite !). Cartes postales, poteries, confitures maison, etc. là aussi, la signification est forte :
– on ne va pas consommer Noël,
– les objets fabriqués dont la vente renflouera les caisses de l’Église sont une pédagogie de l’offrande pour les enfants qui découvrent ainsi que l’Église ne vit que des dons de ses fidèles (il n’est jamais trop tôt pour le dire !). D’autre part, chacun se bouge pour faire un cadeau à l’Église. La pédagogie est aussi pour les adultes : il s’agit de leur montrer que les enfants eux aussi participent aux finances de l’Église.
Le message de toute cette participation interâge, c’est que tout ce que les gens fabriquent, ils vont l’offrir. Noël, c’est offrir et non seulement recevoir. Au fond, cette fête de Noël est une grande journée d’offrande dans tous les sens du terme.

  • Noël avant Noël

Le culte de Noël parents-enfants sera précédé d’une semaine festive ponctuée par une série d’animations : soirée contes de Noël à travers le monde, concerts, chorales…
Les chorales offriront des chants en malgache, en anglais, espagnol, allemand et en sarthois peut-être. Car là aussi, les talents s’offrent et se multiplient au gré des différentes langues parlées par les membres de l’Église locale et des communautés sœurs sur la ville (au Mans, il y a une communauté protestante malgache).

  • La communion des mains

Dès cet été, des mains se sont mises au travail pour broder une nappe destinée à la table de communion. D’autres mains rejoignent « l’usine de Dieu » pour préparer les concerts, l’infrastructure de la crèche, plus tard les repas etc.
Toutes ces activités suscitent des rencontres entre les gens : les brodeuses, les potiers, les peintres, les musiciens… En plus de mettre leurs talents au service de l’Église, les uns et les autres apprennent à se connaître et créent ainsi une communion, un souffle de fraternité.

  • L’organisation

Un très grand tableau trône dans les locaux de la paroisse, présentant toutes les activités prévues ainsi que les équipes requises pour en assumer la responsabilité. En tout, pas moins de vingt équipes (!) : pour les contes, les goûters, les repas, la décoration de la salle, le culte, le transport des personnes âgées, la crèche (là, tout le monde participe !), l’ossature de la crèche (un papa menuisier s’est inscrit !), la musique, le chant, l’éclairage, la nappe, le comptoir, la confection des costumes pour les enfants, la publicité dans les radios et journaux, sans oublier l’équipe pour le nettoyage du temple après !
Ainsi, tout le monde vient au culte de Noël comme acteur, sans connaître la totalité de la célébration. Par conséquent, chacun reçoit aussi quelque chose en cadeau.

  • Le culte

II n’y aura pas de prédication traditionnelle ce jour-là car il faut que les enfants puissent trouver leur compte (pour les habitués du Noël traditionnel, il y aura le culte du 24-25 décembre). Le défi, précise Philippe Abauzit, « c’est d’arriver à faire quelque chose de simple et non de simpliste… ».
Le message de fragilité, de vulnérabilité que porte Noël passe par chacun des enfants. II faut que les parents acceptent que l’Évangile passe aussi par les enfants. Quant aux enfants, ils doivent accepter qu’il passe aussi par les adultes. Mais le plus dur, c’est l’acceptation par les parents. Accepter qu’ils n’aient pas le monopole de la connaissance, de la théologie, de la réception.

  • Dés maintenant

Pour résumer le message à faire passer, Philippe s’exprime ainsi « cette fête de Noël, je ne la regarde pas, mais ça me regarde (donc, j’y participe) ». On ne vient pas consommer quelque chose, on vient apporter sa pierre. Noël est un cadeau : Dieu nous offre son fils. Nous aussi, à notre tour, nous voulons faire un cadeau.
Enfin, ce qui frappe, c’est qu’à l’Église réformée du Mans, Noël commence dès maintenant, grâce à des dizaines et des dizaines de petites mains, grâce aux semeurs de graines de moutarde, grâce à l’enthousiasme (1) de tous.
Au lieu d’une bûche de Noël sortie d’une seule main du congélateur au dernier moment, il y a la ruche de Noël où depuis des mois, les abeilles de Dieu préparent un miel d’une saveur toute particulière : la célébration de la naissance du Sauveur, Jésus de Bethléem.

Interview de Philippe Abauzit réalisée par Titia Koen, autour de la préparation d’un culte de Noël parents-enfants à l’Église réformée du Mans (été 2000).

(1) Enthousiasme en grec signifie « être rempli de l’esprit de Dieu »…