Point KT

Le carême dans l’Église orthodoxe

image_pdfimage_print

 

Depuis l’époque paléochrétienne, chaque année à l’approche de Pâques, les chrétiens se préparent à vivre la fête de la résurrection du Christ. Bien des manières de se préparer pourraient être considérées comme orthodoxes au sens fort du terme. Toutefois, dans la réalité actuelle, l’orthodoxie est surtout de tradition byzantine, du point de vue cultuel et culturel. Notre courte présentation se restreindra donc à cette expérience. Présentation de Christophe D’Aloisio.

Le carême dans l’église orthodoxe

Présupposés ecclésiologiques

Pour bien présenter le carême dans la tradition orthodoxe, il peut être utile, par souci d’éviter tout confessionnalisme, de commencer par quelques précisions sur l’Église elle-même, dans la conception orthodoxe. La théologie orthodoxe – comme celle de toute église chrétienne – ne conçoit l’existence que d’une seule Église du Christ, manifestée dans chaque église locale, catholique. Dans le cadre religieux chrétien, le mot signifie selon le tout, universel. Il désigne à la fois la volonté de confesser la foi formulée dans le credo ou symbole des apôtres sans refuser aucun article. Il s oppose à l hérésie qui fait un choix, un tri, et ne conserve pas l’unité organique de la foi chrétienne et son universalité. Les mots catholique  et catholicisme désigneront par la suite la seule Église catholique romaine.(au sens premier du mot). Dans l’histoire, l’unique Église du Christ a connu et connaît encore des divisions. De ce fait, une question surgit inévitablement : quelle église est l’Église ? Une autre question suit en conséquence : où sont les limites de l’Église ? Il serait réducteur de dire que telle église est l’Église du Christ, les autres n’étant que des éclats, séparés du tronc de la vraie Vigne. C’est une position fondamentaliste, que l’on peut trouver mutatis mutandis (Cette expression signifie ici les changements nécessaires ayant été faits pour rendre les comparaisons possibles dans chacune des familles chrétiennes).Nous opterons, quant à nous, pour une position de dialogue ; nous croyons que l’unique Église du Christ se manifeste de manière plus ou moins plénière dans toute communauté qui invoque le nom du Seigneur Jésus, le Fils unique et Verbe de Dieu, incarné dans le sein de la Vierge Marie par l’opération de l’Esprit saint. L’orthodoxie est une des formes que prend le christianisme dans l’histoire. Bien que présente en Occident de manière minoritaire depuis un peu plus d’un siècle, l’église orthodoxe d’aujourd’hui plonge ses racines essentiellement dans l’Orient chrétien. Depuis l’époque paléochrétienne, chaque année à l’approche de Pâques, les chrétiens se préparent à vivre la fête de la résurrection du Christ. Bien des manières de se préparer pourraient être considérées comme orthodoxes au sens fort du terme. Toutefois, dans la réalité actuelle, l’orthodoxie est surtout de tradition byzantine, du point de vue cultuel et culturel. Notre courte présentation se restreindra donc à cette expérience.

Le pré-carême La période de préparation à Pâques comporte trois phases, correspondant à trois séries de moments liturgiques : le pré carême, le carême proprement dit et la grande et sainte semaine

Ces moments liturgiques sont célébrés par l’assemblée ecclésiale sur la base d’un livre liturgique contenant les offices de cette période, le triode. Dans la pratique courante, le mot triode peut désigner soit le livre, soit l ensemble de ces trois périodes. Nous insisterons davantage sur la deuxième de ces trois phases, mais présenterons néanmoins les deux autres brièvement.

Le pré-carême commence par le dimanche du Publicain et du Pharisien. La lecture évangélique de ce jour correspond à cette parabole (Lc 18,10-14) et cherche à inspirer aux fidèles l’humilité devant Dieu et les hommes. Les dimanches qui suivront seront dédiés successivement à la parabole du Fils prodigue (Lc 15,11-32), au jugement dernier (Mt 25,31-46) et enfin au pardon (Mt 6,14-21). Ces deux derniers dimanches sont aussi appelés, respectivement, le dimanche de carnaval. À partir de ce dimanche, la tradition veut que l’on s’abstienne de manger de la viande (carn-, racine latine pour la chair ou la viande). Pour une explication du sens du jeûne. On commémore aussi ce jour-là la chute de l’homme, car si le Fils de Dieu devient Fils de l’homme, c’est pour assumer l’humanité et relever, avec Adam, tout le genre humain déchu. En faisant mémoire de cette tragédie cosmique de l’échec des premiers humains, nous affirmons notre consubstantialité avec eux ; leur histoire est la nôtre, chaque homme et chaque femme se retrouve en Adam, chacun est ensuite appelé à s incorporer au nouvel Adam, Jésus Christ (cf. Rm 5,14-21) ou encore dimanche des laitages.

À partir de ce jour, commence le grand carême proprement dit, lors duquel de nombreux orthodoxes ne mangent pas de produit d’origine animale (lait, œufs, poissons…).

Le saint et grand carême Le soir du dimanche des laitages, centré sur le thème du pardon, les fidèles sont invités à se réconcilier les uns avec les autres, conformément à la lecture évangélique du matin. Un moment liturgique peut être organisé à cet effet, aux vêpres du dimanche, mais il est aussi fréquent que les fidèles, dans une démarche personnelle, rencontrent celles et ceux avec qui ils ont un différend et tentent de se réconcilier avec eux (cf. Mt 5,23-24). Il est évident qu’une telle disposition au pardon et à la réconciliation devrait être quotidienne chez le chrétien, mais le cycle liturgique permet de réaffirmer cette disposition de manière régulière, au moins tous les ans. Fondamentalement, l’éthique ecclésiale est ascèse, tout prescription morale lui est étrangère.

Une fois le carême initié, les fidèles qui ont essayé de purifier leur cœur par le pardon, tenteront de maintenir un rythme ascétique soutenu pendant la première semaine du carême, jusqu’au dimanche suivant, appelé premier dimanche. Cette fête commémore la restauration de la vénération des icônes, le dimanche 11 mars 843, sous l’impératrice romaine d’Orient Théodora. Le nom de triomphe de l’orthodoxie qui peut paraître pompeux signifie que pour l’Église, le rétablissement de la foi est un triomphe sur l’hérésie christologique des destructeurs d’images saintes, du jeûne ou dimanche de l’orthodoxie. Pendant cette semaine, l’office pénitentiel des grandes complies est souvent célébré dans les monastères et les paroisses. On y lit par extraits un long poème sotériologique appelé « grand canon » écrit par saint André de Crète. Dans les familles, cette première semaine de carême peut être vécue aussi intensément que la semaine sainte.

 Le dimanche qui suit celui de l’orthodoxie est dédié à la mémoire de saint Grégoire Palamas. La fête de ce saint très respecté en Orient est déplacée à ce dimanche, au lieu du jour prévu au calendrier, pour que tous les fidèles puissent y participer. L’enseignement de ce Père majeur de l’Église est de première importance pour la théologie orthodoxe : pour saint Grégoire, chef de file du mouvement hésychaste, non seulement Dieu se révèle aux hommes et les invite à le suivre, mais il se fait voir tel qu’il est, dans sa lumière méta-naturelle. À travers la prière, l’homme peut participer aux énergies incréées de Dieu, c’est-à-dire participer à la vie même de Dieu. Moine, puis archevêque de Thessalonique au 14e siècle.
Puis vient, au milieu du carême, le dimanche de la vénération de la Croix. Cette fête, joyeuse et pénitentielle à la fois, nous permet de focaliser notre attention et toute notre vie sur le mystère insondable de la Passion et la Résurrection. Le dimanche de la Croix est ainsi un rappel de la nécessité de réaliser, dans notre vie pratique, la synthèse entre la dimension verticale de notre foi en Dieu (Dt 6,5) et la dimension verticale de notre amour du prochain (Lv 19,18) ; le Seigneur lui-même, avant sa passion volontaire, a rappelé ce double commandement (Mt 22,34-40 ; Mc 12,28-34 ; Lc 10,25-28).
 Les deux derniers dimanche de carême sont respectivement dédiés à la mémoire de saint Jean le Climaque et sainte Marie l’Égyptienne. Jean le Climaque – Climax en grec veut dire « échelle »., moine du 6e-7e siècle, a rédigé un guide intitulé l’Échelle sainte dans lequel il expose comment celui qui veut atteindre le Christ et la vertu suprême de l’amour doit passer par un nombre important d’échelons : partant de la nécessité de renoncer aux soucis du monde, saint Jean expose, échelon après échelon, les difficultés que rencontre tout ascète pour se débarrasser des ses passions pécheresses et les remplacer par les vertus divines. Marie l’Égyptienne vécut au 5e siècle, elle menait une vie de prostitution, mais fut ravie par le repentir de manière miraculeuse. Après une vie de 47 ans de contemplation et de solitude, elle mourut après avoir communié aux corps et sang du Christ.

La grande et sainte semaine

Le carême prend fin le soir du vendredi avant le vendredi saint. Le lendemain de ce jour, l’Église commémore le miracle de la résurrection de Lazare, Jn 11,1-45, l’ami du Christ. Le lendemain du samedi de Lazare, vient  l’entrée à Jérusalem]} Jn 12,1-18, comptée parmi les douze grandes fêtes de l’année liturgique. C’est l’accomplissement de la course de Jésus, la fin de son ministère, la reconnaissance de la royauté de Jésus par la bouche des tout-petits et des nourrissons (cf. Ps 8,3), l’entrée triomphale et humble à la fois du Messie dans la ville sainte (cf. Za 9,9).

Les jours qui suivent sont spécialement ceux de la Passion, ceux de la prédication de Jésus à Jérusalem, ceux de la trahison du Fils de l’homme Les lectures bibliques de la semaine sainte sont très riches. Nous donnons ci-dessous uniquement les lectures évangéliques des différents jours, omettant les lectures vétérotestamentaires ou les épîtres apostoliques : lundi : Mt 21,18-43 et Mt 24,3-35 ; mardi : Mt 22,15-23,39 et Mt 24,36-26,2 ; mercredi : Jn 12,17-50 et Mt 26,6-16 ; jeudi : Lc 22,1-39 ; Mt 26,1-20 ; Jn 13,3-17 ; Mt 26,21-39 ; Lc 22,43-45 ; Mt 26,40-27,2 ; Jn 13,1-11 et Jn 13,12-17 ; vendredi : Jn 13,31-18,1 ; Jn 18,1-28 ; Mt 26,57-75 ; Jn 18,28-19,16 ; Mt 27,3-32 ; Mc 15,16-32 ; Mt 27,33-54 ; Lc 23,32-49 ; Jn 19,25-37 ; Mc 15,43-47 ; Jn 19,38-42 ; Mt 27,62-66 ; Mt 27,1-56 ; Mc 15,16-41 ; Lc 23,32-49 ; Jn 18,28-19,37 ; Mt 27,1-38 ; Lc 23,39-43 ; Mt 27,39-54 ; Jn 19,31-37 ; Mt 27,55-61 ; samedi : Mt 27,62-66 ; Mt 28,1-20 ; dimanche de Pâques : Jn 1,1-17 ; Jn 20,19-25. Ces passages sont lus pendant les vêpres, les matines ou l’office des heures. D’autres lectures bibliques sont faites à partir des autres livres tant du Nouveau que de l’Ancien Testament.{/yootooltip}

 Pendant la semaine sainte, les fidèles redoublent d’efforts dans leur ascèse. En fonction de leurs possibilités, ils fréquentent les longs et nombreux offices quotidiens. En moyenne, dans les paroisses, des offices sont programmés soir et matin, pendant plusieurs heures, depuis le samedi de Lazare, jusqu’au dimanche de Pâques.

Carême et Écriture Le carême et la semaine sainte sont des moments privilégiés de méditation de la Parole de Dieu. La Bible est abondamment lue, à l’office comme à la maison. Pendant le carême, outre les lectures habituelles de l´Apôtre]}Un extrait d une épître du Nouveau Testament et de l’Évangile, on lit intégralement le livre de la Genèse et celui des Proverbes. Au début de la semaine sainte, on lit intégralement l’Exode, Job et les quatre évangiles. Chaque fidèle, selon ses possibilités et sa disponibilité, en général sur le conseil d’un père spirituel. La paternité spirituelle revêt une importance particulière dans l’Orient chrétien. Le père spirituel peut-être laïc ou membre du clergé, homme ou femme. Le fidèle le choisit pour sa sagesse et son expérience ; il lui confie ses péchés, ses doutes, ses joies et bénéficie en retour d’un soutien moral et paternel, lit également en privé des extraits de l’Écriture et des ouvrages de maîtres spirituels ayant brillé dans l´ascèse.L’expérience des Pères (et Mères) ascètes est considérée comme une mise en pratique, une incarnation, une image vivante de la sainte Parole de Dieu.

Sens du jeûne L’abstinence – totale ou partielle, selon les moments – de nourriture est une pratique religieuse aussi vieille que le monde : Adam, déjà, était invité au jeûne et a désobéi ; le jeûne était un élément important de la vie du peuple d’Israël. Le nouvel Israël a hérité de cette pratique : pendant les temps d’attente de l´Époux; Cf. Mt 9,14-17 ; Mc 2,18-22 ; Lc 5,33-39  qu’est le Christ, l’Église se met à jeûner, en particulier pendant le carême, dans l’attente de la Résurrection.

Selon la tradition patristique, l’expérience des Pères et Mères dans la foi, le jeûne est une forme de tempérance qui atténue les passions. Il ne peut se concevoir qu’en conjugaison avec une certaine disposition du cœur : on ne jeûne pas qu’avec le corps, mais aussi avec l’esprit. Is58,6-12.

Tous ne jeûnent pas de la même façon. Les prescriptions ne sont pas obligatoires, ce n’est pas un aliment ou l’abstention d’un aliment qui nous rapproche de Dieu (cf. 1 Co 8,8) et aucune nourriture n’est considérée comme impure dans la vie ecclésiale (cf. vision de Pierre à Joppé en Ac 10-11).
Quoi qu’il en soit, une chose doit rester constamment présente à notre esprit : notre jeûne, notre aumône, notre pardon, etc. doivent émaner de notre cœur, doivent être des fruits spontanés de notre générosité, non des sacrifices consentis chichement. La joie du fidèle reste un indispensable critère, tant pour le jeûne que pour tous les autres exercices ascétiques (cf. 2 Co 9,6-7).

Carême et joie, carême et Résurrection

Enfin, le carême ne peut s’entendre que dans la joie de la Résurrection. Si nous ne visons pas cet objectif, notre prédication est vaine ; vaine est notre foi (cf. 1 Co 15,13-14). Si nous avons mis notre espérance en Christ 1 Co 15,19. pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.

Le jeûne, les efforts ascétiques et la prière nous préparent à vivre la fête suprême de Pâques.

Homélie de Jean Chrysostome Lors de la veillée pascale, on lit traditionnellement un célèbre sermon de saint Jean Chrysostome qui invite tout le monde à se réjouir à la nouvelle de la résurrection du Christ. Nous terminons la présentation du carême par ce texte dont l’actualité transcende les âges.

Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité !  Que tout serviteur fidèle entre avec allégresse dans la joie de son Seigneur ! (Mt 25,21)  Celui qui a porté le poids du jeûne, qu’il vienne maintenant toucher son denier.  Celui qui a travaillé depuis la première heure, qu’il reçoive aujourd’hui le juste salaire.  Celui qui est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces. Celui qui est arrivé après la sixième heure, qu’il n’aie aucun doute, il ne sera pas lésé. Si quelqu’un a tardé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter. S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le  Maître est généreux, il reçoit le dernier comme le premier ; il accorde le repos à l’ouvrier de la  onzième heure comme à celui de la première ; il fait miséricorde à celui-là, et comble celui-ci.  Il donne à l’un, il fait grâce à l’autre. (Mt 20,1-16) Il accueille les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté ; il honore l’action et loue le bon propos. Ainsi donc, entrez tous dans la joie du Seigneur ! Premiers et derniers, recevez la récompense.  Riches et pauvres, chantez en cœur tous ensemble. Les vigilants comme les nonchalants, honorez ce jour. Vous qui avez jeûné, et vous qui n’avez pas jeûné, réjouissez-vous aujourd’hui. La table est préparée, mangez-en tous ; (Mt 22,4) le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. (Lc 15,23)  Jouissez tous du banquet de la foi, au trésor de la bonté. Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. Que nul ne se lamente de ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous en a libérés. Il a détruit la mort, celui que la mort avait étreint ; il a dépouillé l’enfer, celui qui est descendu aux enfers. Il a rempli l’enfer d’amertume, pour avoir goûté de sa chair. Isaïe l’avait prédit en disant :«L’enfer fut rempli d’amertume lorsqu’il t’a rencontré» (Is 14,9). L’enfer est rempli d’amertume, car il a été joué ; bouleversé, car il a été enchaîné ;  bouleversé, car il a été mis à mort ;  bouleversé, car il a été anéanti ;  consterné, car il a saisit un corps et s’est trouvé devant Dieu.  Il a prit la terre et a rencontré le ciel ;  il a saisit ce qu’il voyait, et il est tombé sur celui qu’il ne voyait pas.  Ô mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? (1 Co 15,55) 

 Christ est ressuscité À ce moment et à chaque répétition de ces mots par celui qui lit l’homélie, toute l’assemblée répète à voix forte : Christ est ressuscité !{/yootooltip} et tu as été terrassé ;

Christ est ressuscité et les démons sont tombés ;  Christ est ressuscité et les anges sont dans la joie ;  Christ est ressuscité et voici que règne la vie. Christ est ressuscité et il n’est plus de morts dans les tombeaux ;  car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis (1 Co 15,20).  À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles ! Amen.

Pour approfondir le sens du carême :

 A. Schmemann, Le grand carême, Bellefontaine, 1974.

O. Clément et A. Schmemann, Le mystère pascal, Bellefontaine, 1975.
Collectif, Dieu est vivant (Catéchèse orthodoxe), Paris, Cerf, 1979, (chapitres correspondants).

 Crédit : Christophe D’Aloisio, Point KT
126 avenue du Parc B -1190 Bruxelles

Notes de la rédaction (NDLR)

[1]Catholique dans le cadre religieux chrétien, le mot signifie « selon le tout », « universel ». Il désigne à la fois la volonté de confesser l’ensemble de la foi (formulée synthétiquement dans le credo ou symbole des apôtres), l’ouverture à la totalité de la foi, sans refuser aucun article. En ce sens, il s’oppose au mot « hérésie ». L’hérésie fait un choix, un tri, et ne conserve pas l’unité organique de la foi chrétienne et son universalité. L’ensemble des Églises chrétiennes se disent « catholiques », reconnaissant l’universalité de l’unique Église de Jésus-Christ, de même qu’elles se considèrent orthodoxes, puisque conformes selon elles à la « doctrine (doxa) droite (ortho) ».
L’histoire montre que les divisions apparues au sein du christianisme manifestent les dissentions au plan de la foi.
De schisme en schisme, les mots « catholique » et « catholicisme » deviendront dans l’usage l’apanage de la seule Église catholique romaine.
[2]Mutatis mutandis, signifie ici les changements nécessaires ayant été faits pour rendre les comparaisons possibles.
[3] Ces moments liturgiques sont célébrés par l’assemblée ecclésiale sur base d’un livre liturgique contenant les offices de cette période, le « triode » ; dans la pratique courante, le mot « triode » peut désigner soit le livre, soit l’ensemble de ces trois périodes.
[4] À partir de ce dimanche, la tradition veut que l’on s’abstienne de manger de la viande (carn-, racine latine pour la chair ou la viande). Pour une explication du sens du jeûne, cf. infra.
[5]On commémore aussi ce jour-là la chute de l’homme, car si le Fils de Dieu devient Fils de l’homme, c’est pour assumer l’humanité et relever, avec Adam, tout le genre humain déchu. En faisant mémoire de cette tragédie cosmique de l’échec des premiers humains, nous affirmons notre consubstantialité avec eux ; leur histoire est la nôtre, chaque homme et chaque femme se retrouve en Adam, chacun est ensuite appelé à s’incorporer au nouvel Adam, Jésus Christ (cf. Rm 5,14-21).
[6]À partir de ce jour, commence le grand carême proprement dit, lors duquel de nombreux orthodoxes ne mangent pas de produit d’origine animale (lait, œufs, poissons…).
[7] Cette fête commémore la restauration de la vénération des icônes, le dimanche 11 mars 843, sous l’impératrice romaine d’Orient Théodora. Le nom de « triomphe de l’orthodoxie » qui peut paraître pompeux signifie que pour l’Église, le rétablissement de la foi est un triomphe sur l’hérésie christologique des destructeurs d’images saintes
[8]La fête de ce saint très respecté en Orient est déplacée à ce dimanche, au lieu du jour prévu au calendrier, pour que tous les fidèles puissent y participer. L’enseignement de ce Père majeur de l’Église est de première importance pour la théologie orthodoxe : pour saint Grégoire, chef de file du mouvement hésychaste, non seulement Dieu se révèle aux hommes et les invite à le suivre, mais il se fait voir tel qu’il est, dans sa lumière méta-naturelle. À travers la prière, l’homme peut participer aux énergies incréées de Dieu, c’est-à-dire participer à la vie même de Dieu.
[9] Climax en grec veut dire « échelle ».
[10] Jn 11,1-45
[11] Jn 12,1-18
[12] Les lectures bibliques de la semaine sainte sont très riches. Nous donnons ci-dessous uniquement les lectures évangéliques des différents jours, omettant les lectures vétérotestamentaires ou les épîtres apostoliques :

  • lundi : Mt 21,18-43 et Mt 24,3-35
  • mardi : Mt 22,15-23,39 et Mt 24,36-26,2
  • mercredi : Jn 12,17-50 et Mt 26,6-16
  • jeudi : Lc 22,1-39 ; Mt 26,1-20 ; Jn 13,3-17 ; Mt 26,21-39 ; Lc 22,43-45 ; Mt 26,40-27,2 ; Jn 13,1-11 et Jn 13,12-17
  • vendredi : Jn 13,31-18,1 ; Jn 18,1-28 ; Mt 26,57-75 ; Jn 18,28-19,16 ; Mt 27,3-32 ; Mc 15,16-32 ; Mt 27,33-54 ; Lc 23,32-49 ; Jn 19,25-37 ; Mc 15,43-47 ; Jn 19,38-42 ; Mt 27,62-66 ; Mt 27,1-56 ; Mc 15,16-41 ; Lc 23,32-49 ; Jn 18,28-19,37 ; Mt 27,1-38 ; Lc 23,39-43 ; Mt 27,39-54 ; Jn 19,31-37 ; Mt 27,55-61
  • samedi : Mt 27,62-66 ; Mt 28,1-20
  • dimanche de Pâques : Jn 1,1-17 ; Jn 20,19-25
Ces passages sont lus pendant les vêpres, les matines ou l’office des heures. D’autres lectures bibliques sont faites à partir des autres livres tant du Nouveau que de l’Ancien Testament.

[13] En moyenne, dans les paroisses, des offices sont programmés soir et matin, pendant plusieurs heures.
[14] Un extrait d’une épître du Nouveau Testament.
[15] La paternité spirituelle revêt une importance particulière dans l’Orient chrétien. Le père spirituel peut-être laïc ou membre du clergé, homme ou femme. Le fidèle le choisit pour sa sagesse et son expérience ; il lui confie ses péchés, ses doutes, ses joies et bénéficie en retour d’un soutien moral et paternel.
[16] L’expérience des Pères (et Mères) ascètes est considérée comme une mise en pratique, une incarnation, une image vivante de la sainte Parole de Dieu.
[17] Cf. Mt 9,14-17 ; Mc 2,18-22 ; Lc 5,33-39.
[18] Is 58,6-12.
[19] 1 Co 15,19.
[20] À ce moment et à chaque répétition de ces mots par celui qui lit l’homélie, toute l’assemblée répète à voix forte : « Christ est ressuscité ! »