Point KT

Jérémie, prophète malgré lui

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Comme j’aurais aimé rester anonyme quand Dieu est venu me chercher. J’ai bien essayé de résister à l’emprise de la parole divine, mais elle s’est imposée à moi, Jérémie, et je suis devenu prophète. Alors que Juda vivait une période extrêmement troublée, Dieu m’a envoyé proclamer des paroles de destruction, pire, des appels à la collaboration !

J’ai dû faire bien des gestes pour que mes prophéties soient comprises : cacher une ceinture, briser des vases ; je me suis même mis un joug sur le cou pour représenter Juda et les pays soumis à Babylone.

C’est le prophète Hananya qui, pour appuyer ses fausses paroles de délivrance, a brisé ce joug. Les mensonges d’Hananya entraîneront sa mort. Dieu ne voulait pas de paroles complaisantes, il fallait que les habitants de Jérusalem comprennent que la destruction de leur ville n’était pas un signe de sa faiblesse, mais qu’il se servait de Babylone pour punir son peuple et ses rois de ne pas avoir respecté son alliance.

Le plus étonnant c’est que Dieu me fait annoncer, au moment où l’avenir semble le plus sombre, après la première chute de Jérusalem, des paroles de bonheur. Le Seigneur vient renouveler le cœur de l’homme et créer une nouvelle alliance.

Quelques années plus tard, alors que plus aucun espoir ne semble permis aux habitants de Juda, pendant le siège de Jérusalem, je fais un geste insensé : je rachète le champ de mon oncle afin d’annoncer la restauration du royaume de Juda, et la reconstruction de Jérusalem, et de donner par avance un sens à l’épreuve.

Florence Blondon, Point kT N° 24, Octobre, novembre, décembre 1998