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Marie, Joseph : en chemin pour accueillir Dieu

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Voici deux rencontres préparées et vécues dans le temps de l’Avent 2004 à Genève, dans la Communauté œcuménique des personnes handicapées et de leurs familles. La première fait revivre le récit de l’annonciation à Marie, dans l’évangile de Luc, la seconde le rêve de Joseph, dans l’évangile de Matthieu. Toutes deux centrées sur un élément visuel – un dessin, une reproduction de chapiteau – elles nous ouvrent à la venue de Dieu vers nous, et nous invitent à cheminer vers lui.

La Communauté œcuménique des personnes handicapées et de leurs familles regroupe des enfants, des jeunes et des adultes handicapés. Elle offre un enseignement religieux et un accompagnement spirituel à des personnes vivant principalement avec un handicap mental, et/ou polyhandicapé. Elle prépare les jeunes à la communion et à la confirmation. Elle est aussi un lieu d’échange et de rencontre pour les familles, des professionnels de l’éducation, et toutes personnes concernées.

Précision : Chaque rencontre s’ouvre par un moment assez ritualisé : mise en place du groupe des enfants (10-15 ans), prière gestuée, la même pour toute l’année ; chant, pratiquement le même pour toute l’année. Puis un moment est pris pour rappeler la/les rencontre/s précédente/s, avant d’aborder le thème du jour. Certains groupes travaillent plus avec les images, d’autres avec les chants, d’autres avec le dialogue, d’autres avec la narration. C’est pourquoi il est difficile de donner un déroulement détaillé. Nous avons davantage un canevas, sur lequel chaque catéchète s’appuie pour élaborer la rencontre de son propre groupe.

L’annonciation à Marie : on repart pour Nazareth

1. Objectifs

Dans une année entière dont le thème biblique est « le chemin », nous avons été frappés par tous ces voyages, ces mises en route, tant physiques que spirituelles, visibles qu’invisibles, dès qu’il y a rencontre entre Dieu et les humains. Cela est particulièrement clair au moment de la naissance de Jésus. Marie et Joseph ne peuvent pas rester inactifs après avoir reçu la nouvelle de la future naissance du Fils de Dieu. L’objectif de cette rencontre est de faire connaître ce mouvement pour Marie, et de le suggérer en chacun de nous.

2. Texte biblique : Luc 1,26-38

Des éléments importants : La mère du Messie est une vierge (v. 27-34) ; la grandeur (v.32) et la filiation divine de l’enfant (v. 32 et 35) pour Dieu ; le règne perpétuel du Fils de David (v. 33) et l’engendrement par l’Esprit (v.35). v. 31 …un fils que tu nommeras « Jésus » Yeh’chou’a = Dieu sauve
« Luc dépeint la relation renouvelée de Dieu à l’humanité. Le Dieu fidèle va, une fois encore, commencer par une naissance. Le roi attendu ne sera pas seulement protégé par Dieu, mais il est déjà engendré par lui. La fin dépassera de beaucoup le commencement. L’Esprit est l’instrument eschatologique qui commence la fin, ici pour le Fils (1, 35) et, plus tard, pour le peuple (Ac 1, 8). Les expressions « trône de David » et « maison de Jacob » désignent une espérance locale, mais l’infinité même du Royaume implique qu’il s’étendra à l’univers tout entier. Le Fils de Dieu reçoit la possession souveraine du temps et de l’espace. Pour accomplir son dessein, Dieu choisit la finitude et l’insignifiance humaines, ici une jeune fille d’environ douze ans (1, 27), autrefois le jeune Gédéon (Jg 6, 15). Que l’impossible soit possible à Dieu (1, 37), se révèle dans l’écart entre la faiblesse des moyens et la grandeur du résultat. Mais faiblesse des moyens n’est pas faiblesse de la personne : Marie a une force intérieure et une foi éclatante. Ainsi le seuil du futur de Dieu est-il franchi d’un pas. »
François Bovon, L’Evangile selon saint Luc (1-9), Labor et Fides, 1991, p. 79
3. La rencontre
Image
Jean-François KIEFFER, 1000 IMAGES D’EVANGILE,
Copyright Les Presses Ile de France 2005, avec leur aimable autorisation

Commencer par montrer cette image (télécharger l’image ) et conter l’histoire de l’annonce.

En mettant l’accent sur :

  • L’écoute ! De qui ? De quoi ?
  • Dieu me parle ! Est-ce que je l’entends ?
  • Le regard ! Vers où ? Vers qui ?
  • Dieu me rejoint là où je suis (il chemine CHEMIN vers moi !) en m’envoyant quelqu’un, comme l’ange envoyé à Marie, qui se trouve à Nazareth.

Marie a dit OUI à Dieu. Malgré un message, qui semble impossible ! Et elle s’est mise en CHEMIN vers Elisabeth.

Et moi, qu’est-ce que je dis à Dieu quand il me dit qu’il est avec moi et qu’il m’aime ? Vers qui je vais ?Terminer par le chant : « La première en chemin »
(chant d’origine catholique, paroles de Sr M.-C. Guédon, musique de G. Lefebvre, éd. SM, cote V 565).

Message : (Il s’agit d’une courte phrase qui est dite successivement à chaque participant, afin qu’il la reçoive comme un message qui lui est personnellement adressé.)  « N.N., Dieu te dit : Je suis près de toi et t’invite à me dire OUI comme Marie ».

Un voyage intérieur : l’annonciation à Joseph

1. Objectifs Joseph entame là un voyage intérieur. L’objectif est de faire sentir que nous aussi, nous avons de ces moments où mûrissent en nous des idées, des apaisements, des certitudes. Un rêve n’est pas un cauchemar. Nous vivons une rencontre de calme et d’intériorité.

2. Texte biblique : Matthieu 1,18-25

Les différences entre Luc et Matthieu : Matthieu est juif (Luc était grec), il lui importe que Jésus naisse dans une famille juive régulière, donc avec un père légal. D’où l’importance donnée à la personne de Joseph, présenté comme un juste d’une justice typiquement juive – matthéenne. Il connaît la loi, il est fidèle à cette loi, il a une piété humble et active et veut, en libérant Marie de son engagement  de fiançailles, faire un geste de miséricorde.
Matthieu ne donne aucune précision quant au comment de l’action du Saint-Esprit (Luc dit que l’Esprit descend sur Marie). La conception de Jésus est simplement « le fait de l’Esprit Saint », une action inattendue et souveraine de Dieu.
Joseph, chez Matthieu, est convaincu de l’adultère de Marie. C’est l’ange qui le persuade du contraire. Le fait que l’ange lui parle dans un rêve souligne que l’être humain ne peut qu’écouter passivement les instructions qui lui sont données, les appliquer et les exécuter immédiatement à son réveil. Joseph ne doit pas rester fidèle à Marie à cause du trésor unique qu’elle porte en elle, mais à cause de la nécessaire fonction de père davidique qu’il doit assumer auprès de Jésus et de sa mère. Et qu’il est seul à pouvoir assumer.
Le nom de Jésus est Emmanuel = Dieu sera présent au milieu de son peuple pour le secourir, combattre avec lui, le sauver. L’initiative divine, qui trouve l’homme endormi et inactif, est suivie immédiatement d’une activité concrète et humble des humains. Joseph va pouvoir agir parce qu’il n’a plus peur.
« Ne crains pas » (n’aie pas peur) peut renvoyer aux chapitres 41,43 et 44 d’Esaïe, où par trois fois Dieu dit à son peuple (et Joseph est bien de ce peuple) :
  • « Je suis avec toi » (Es. 41,10)
  • « Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi » (Es. 43,1)
  • « Je t’ai formé dès avant ta naissance, je t’aide, je t’ai choisi » (Es. 44,2)
Trois motifs de ne pas craindre qui s’appliquent parfaitement à la situation de Joseph, et qui ont peut-être résonné à son esprit au réveil. Quant au « voyage intérieur » de Joseph, il faut y voir effectivement un passage de la crainte à la confiance, de la paralysie à l’activité. Ce n’est pas une grande expérience religieuse ou mystique, ce n’est pas une communication extraordinaire avec le monde des anges ; ce sont des instructions très simples et concrètes que l’envoyé, le porte-parole de Dieu vient donner à Joseph pour débloquer une situation bloquée. Joseph est renvoyé au concret, à sa vie réelle, à un quotidien nouveau avec Marie et son enfant. Le voyage intérieur avance vers une porte ouverte sur la réalité. Dire tout cela n’est pas minimiser la valeur des décisions ou de la foi de Joseph, ni de Marie. Ce n’est pas banaliser l’extraordinaire de la naissance de Jésus. C’est suivre le texte biblique lui-même. Il faut toutefois reconnaître que beaucoup de questions se sont très tôt posées à l’Eglise et à la théologie naissante, comme en témoignent les récits apocryphes. Pasteur Anne-Lise Nerfin

3. La rencontre

Reprendre la silhouette de Marie pour faire le lien avec la rencontre précédente. Pour raconter l’histoire, montrer l’image (télécharger) de Joseph endormi, recouverte d’un voile de tulle jaune (signe du sommeil de Joseph, mais aussi de la présence auprès de lui de l’ange envoyé par Dieu).
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Montrer la silhouette de l’ange, et dire le message qu’il a apporté à Joseph : n’aie pas peur – accueille Marie comme ta femme – l’enfant qu’elle attend vient de Dieu – elle donnera naissance à un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, « Dieu sauve » – car c’est lui qui sauvera son peuple – Dieu l’avait annoncé : la vierge enfantera un fils, qu’on appellera Emmanuel, « Dieu avec nous ».
Enlever le tulle jaune : à son réveil, Joseph fait ce que l’ange lui a dit. Que s’est-il passé en lui ?
J’ai peur et  je n’ai plus peur : qu’y a-t-il entre les deux ?
Chants :
« Je t’ai appelé par ton nom » (chant de Noël Colombier, éd. Air Libre, cote I 336, CD et K7 Catéchansons n°3)
« Ils ont marché au pas des siècles » (Recueils : Arc-en-ciel n° 542, Alléluia 31-32).Message : « N.N., comme à Joseph, Dieu te dit : N’aie pas peur, je suis avec toi »

Crédit : Anne-Lise Nerfin et Nicolas Künzler pour Point KT