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Naaman fait peau neuve

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Quatrième partie (II Rois 5, 13-19)

Dans un profond mouvement interne, Naaman lâche prise… Il descend de son char, enlève son uniforme de gloire, se met à nu sous les yeux de ses serviteurs, se montre tel qu’il est dans la vérité de sa personne, avec ses glorieuses cicatrices des combats assumés et les traces blanchâtres et mortelles de la lèpre… Naaman le lépreux est devant nous, rongé par un mal mortel.

Tous retiennent leur souffle ! Espoir fou et crainte s’entremêlent. Naaman descend encore sur le flanc de la colline, dans un cadre de rochers et de verdure, il descend vers l’eau du fleuve et se plonge sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu. Il s’immerge entièrement dans l’ardente attente que sa chair soit purifiée… sept fois, lentement, il renouvelle le mouvement…

Et là, au cœur de sa souffrance, Dieu comble Naaman par la révélation la plus éblouissante de sa vie : le Dieu Vivant le guérit. Naaman est lavé, purifié, sa peau est redevenue saine, sa chair est devenue comme celle d’un petit enfant. Une vie nouvelle inonde son corps, il est guéri, véritablement purifié de sa lèpre ! La bataille a été difficile, mais Naaman est sauvé !

Alors, rempli de joie et de reconnaissance, Naaman retourne vers l’homme de Dieu ! Pourtant, Élisée  a tout fait pour le décourager de revenir vers lui une fois la guérison obtenue. Le Jourdain choisi comme lieu du miracle, se trouve sur le chemin de retour de Naaman, à plus de 50 kilomètres de Samarie. Une fois guéri, Naaman le Syrien n’aurait qu’à poursuivre la route pour rentrer chez lui. Et puis, c’est vrai que la manière expéditive de traiter le malade a provoqué son aigreur qui devrait aussi le décourager de revenir vers Élisée. Non, malgré tout Naaman avec toute sa suite joyeuse revient reconnaissant vers Élisée. Il descend cette fois de son char et se présente devant le prophète qui lui sort enfin de sa maison. Naaman confesse haut et clair sa foi nouvelle : « Maintenant je reconnais que sur toute la terre, il n’y a pas d’autre Dieu que celui d’Israël. Alors accepte, je te prie, un cadeau de la part de ton serviteur. »

Quel changement ! Naaman prie Élisée d’accepter un cadeau, Naaman se déclare serviteur ! Le prophète refuse tout cadeau : « L’Éternel, dont je suis le serviteur, est vivant ! Je n’accepterai pas. Naaman le presse d’accepter, mais il refuse» (v. 16). La formule est solennelle pour ne laisser aucun doute sur ses intentions réelles. … Naaman n’a pas encore tout compris… Élisée ne veut rien, pas d’argent, pas d’or, pas de beaux habits rutilants… il ne veut rien recevoir pour l’intervention miraculeuse… RIEN ! Élisée veut offrir la guérison comme un don total. « Dieu dont je suis le serviteur est Vivant ! Je n’accepte pas. » Naaman le presse d’accepter et malgré toute l’insistance du général, Élisée ne se laisse pas fléchir. Élisée n’exploite même pas la guérison du général pour améliorer la relation avec la Syrie ou pour marchander la libération de quelques prisonniers de guerre.Il refuse jusqu’au bout. Naaman doit apprendre que le don de Dieu est gratuit ! Il est parti chargé d’or et d’argent, accompagné d’une garde-robe luxueuse, suivi d’une smala prestigieuse… Tout cela se révèle parfaitement inutile et encombrant.Dieu lui offre gratuitement sa guérison. Le don de Dieu est gratuit… La grâce ne se paie pas… D’ailleurs, tout l’or du monde n’y suffirait pas. Est-ce trop étonnant, trop merveilleux, trop simple ? Peut-être ! L’eau du Jourdain, trop facile ? Peut-être ! Mais Dieu a rencontré Naaman qui est né maintenant à une vie toute neuve. Un homme nouveau est sorti de l’eau et il va sans tarder en donner les signes.

De retour à Damas Naaman va reprendre sa place avec ses charges. Sa foi nouvelle va être mise à l’épreuve. Il tient à vivre dans la vérité. Il va se poser des questions : Oui ? Non ?

Il sait qu’il va retrouver son maître le roi, car il n’a pas choisi de se retirer du monde, et de s’éviter ainsi les problèmes. La dévotion à Rimmon va de pair avec l’allégeance au roi d’Aram.Oui, le vieux roi adore Rimmon, le dieu de son pays. Quand il se rend au temple pour se prosterner devant son dieu, il demande toujours à Naaman de l’accompagner pour s’appuyer sur son bras. Naaman va-t-il accepter maintenant d’y accompagner son maître comme auparavant ? S’il le fait, ne risque-t-il pas de trahir le Dieu qui vient de le guérir ? Le roi comprendra-t-il le refus de son principal collaborateur ? Dieu supportera-t-il le compromis ?

 Naaman consulte Élisée : « Puisque tu refuses tout cadeau… toi, fais-moi je te prie un cadeau : permets que… permets du moins qu’on donne à ton serviteur, de cette terre la charge de deux mulets ; car ton serviteur ne fera plus d’holocauste et de sacrifice qu’à l’Éternel. Que l’Éternel pardonne seulement ceci à ton serviteur : quand mon maître entre dans la maison de Rimmon pour s’y prosterner, et qu’il est appuyé sur mon bras et que je me prosterne dans la maison de Rimmon, quand je me prosternerai dans la maison de Rimmon, veuille l’Éternel pardonner cela à ton serviteur. »
 La demande est émouvante, d’avance, Naaman demande pardon….de toutes les compromissions idolâtres apparentes, dans lesquelles il va se trouver engagé. À cette admirable déclaration le prophète donne sa réponse claire, brève, forte : « VA EN PAIX ! ». Il lui fait don du shalôm. Élisée accepte que le témoignage de sa foi nouvelle se fasse discrètement.
L’œuvre que Dieu a commencé dans ton cœur, sans se lasser, Il l’a poursuivra… Naaman, tes scupules, Dieu s’en occupe : « VA en PAIX ! »La terre demandée, sur laquelle Naaman s’agenouillera lorsqu’il s’inclinera dans le temple de Rimmon, sera le signe d’une adoration réelle, mais privée. « Va en paix Naaman ! » Dieu saura t’éclairer et te fortifier pas à pas, quand tu prieras, et que tu t’agenouilleras sur la terre du Dieu d’Israël.
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Fin (II Rois 5/19b-27)
Le retour de la lèpre
Un jour nouveau se lève, au loin, on aperçoit la caravane de Naaman qui s’éloigne des collines fertiles d’Israël pour regagner Damas avec ses chars, ses chevaux et, en fin de cortège, deux ânes bâtés chargés de terre d’Israël !
Comme je voudrais que l’histoire s’arrête là !
Mais Guéhazi, le serviteur d’Élisée disparaît derrière la maison (verset 20). Nous sommes encore sous le choc de la réponse d’Élisée à Naaman (« Va en paix » v.19). Alors que nous questionnons la sagesse d’une telle réponse, Guéhazi lui critique son maître d’avoir « ménagé Naaman » (v.20), non par rapport à la liberté accordée à Naaman, mais pour ne pas avoir accepté d’argent du Syrien. Alors que nous nous interrogeons sur l’engagement spirituel de Naaman et le respect de l’honneur divin, Guéhazi est préoccupé de lui-même et de son bien-être matériel.
« Les Syriens nous ont fait assez de tort ! Bonne occasion de se récupérer ! L’Éternel est vivant ! » Guéhazi s’est approprié le langage de son maître, non son esprit.
Guéhazi est Juif et a pu bénéficier de l’enseignement d’Élisée, alors que Naaman est païen et n’a qu’une vague connaissance de Dieu. Guéhazi se situe à l’opposé de Naaman. Face à face, nous avons un Juif et un Syrien, un subalterne et un général, un homme instruit dans les choses divines et un païen dépourvu de révélation spéciale, un pauvre cupide et un riche généreux. Naaman marche de progrès en progrès (il est guéri d’abord, puis découvre la foi et s’y engage), alors que Guéhazi dérape davantage à chaque pas (il critique silencieusement son maître [v.20], trompe Naaman et ternit l’image du prophète [22], puis ment directement à Élisée [26] qui entrevoit déjà les prochains délits et en souligne la progression : « Est-ce le temps de prendre de l’argent et de prendre des vêtements, puis des oliviers, des vignes, des brebis, des bœufs, des serviteurs et des servantes? » v.26).
Humainement, le raisonnement de Guéhazi se tient. Pourquoi ménager ce riche étranger ennemi de la nation ? Tout pousse à dépouiller Naaman : la cupidité, la xénophobie, la rancune. Mais une fois encore, la voie de Dieu n’est pas celle des hommes.
Guéhazi, aveuglé par les pensées humaines, croit pouvoir échapper au regard du prophète. Il pense pouvoir rejoindre Naaman incognito. Se rappelle-t-il la confession d’Élisée lorsque la Sunamite leur avait rendu visite suite au décès de son fils ? Élisée avait alors affirmé ignorer la raison de sa venue (2 Rois 4.27). Mais Guéhazi se trompe, car il confond l’exception avec la règle. Élisée est doué d’un discernement exceptionnel. Non seulement perce-t-il immédiatement le mensonge, mais il annonce déjà les égarements futurs (v.26). Ayant placé Mammon à la première place, Guéhazi dépouillera toujours plus son prochain.
– Guéhazi tire profit de la guérison de Naamân,
– Guéhazi ment à Élisée,
– Élisée annonce à Guéhazi la conséquence de ses actes,
– Guéhazi devient lépreux.
Guéhazi est jugé sévèrement, car sous une apparence de piété, le serviteur d’Élisée bafoue la foi véritable. Il veut prendre la gloire qui revient à Dieu seul ! Ayant convoité les biens de Naaman, Guéhazi devient comme le païen et hérite de sa lèpre.

Pour lire les narrations précédentes :

Une petite esclave se souvient, cliquer ici

Naaman le grand général, cliquer ici

La colère de Naaman, cliquer ici

Fiche biblique, Naaman : quand un païen découvre Dieu cliquer ici

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