Voici un texte décrivant une situation exemplaire. Trois générations de croyants. Une grand-mère, une maman et le petit-fils. L’apôtre Paul admire leur foi sincère. On pourrait penser que la foi, comme un colis, se transmet. A l’exemple d’Obélix, on tombe dans la potion magique quand on est petit et hop, c’est bon pour toute la vie. Et, dans ce récit, honneur aux dames ! Les messieurs ne seront pas jaloux ! Écoutons Lois, Eunice et Timothée, des gens comme vous et moi.
Proposition de Catherine Ulrich, Strasbourg
Timothée, le fidèle compagnon de Paul, a été un petit garçon dont la Bible donne un témoignage attachant. Lecture biblique : 2 Timothée 1,5
L’apôtre Paul écrit à Timothée : « Je garde le souvenir de la foi sincère qui est la tienne, cette foi qui anima ta grand-mère Loïs et ta mère Eunice avant toi. Je suis persuadé qu’elle est présente en toi aussi. »
Les figurines sont posées au fur et à mesure du récit.
Les photos peuvent être projetées sur écran afin de garantir une bonne visibilité.
LOÏS
Mon nom est Loïs (1). Cela fait bien longtemps que j’habite à Lystre (3) en Turquie. Ici, nous les juifs, sommes en minorité parmi la population grecque qui adore des statues de pierre… Nous sommes bien loin de Jérusalem, la ville sainte.
Je vous présente ma fille, Eunice (1). Son nom signifie « belle victoire ». C’est ce que nous voulions pour elle. Nous l’avons élevée de notre mieux, en lui apprenant tout ce que contiennent les saintes écritures : l’histoire du peuple hébreu, les paroles des prophètes, la loi de Dieu, les prières.
Un jour, pourtant, quelle déception pour moi : la voilà qui épouse un grec (3) ! Un homme qui, certes, craint Dieu, mais ne fait pas partie de notre peuple. Quelle victoire j’ai dû remporter pour l’accepter, pour l’accueillir ! Et quand le petit Timothée est né, ils n’ont même pas accompli sur lui le signe (3) qu’exige notre religion ! Pourtant, ce petit, je l’aime de tout mon cœur ! Et maintenant que je ne peux plus travailler aux champs à longueur de journée, je garde Timothée et, le soir, je le prends sur mes genoux ; je lui apprends ce que je sais, je lui raconte l’histoire de notre peuple, je récite avec lui les prières et je lui apprends à respecter les commandements de Dieu (2). J’ai confiance en l’Éternel pour notre famille.
EUNICE
Ma chère Maman, comme je suis heureuse qu’elle soit à mes côtés !
Oui, mon nom, Eunice, signifie « belle victoire »… après bien des combats !
Je respecte mon mari, c’est un bon époux. Pourtant, il n’a pas voulu que Timothée soit marqué du signe de l’alliance entre l’Éternel et notre peuple ! Pendant des mois, cela a créé des tensions entre nous.
Les voisines ne me parlaient plus.
Mon petit Timothée… « Celui qui honore Dieu ». Voilà la signification de son nom et ma prière pour sa vie. C’est un enfant obéissant, respectueux, qui aime étudier et aller à la synagogue. Avec mon mari, nous nous faisons parfois du souci pour Timothée : il est timide, anxieux, il a souvent mal au ventre (4). Une fois qu’il sera grand, aurai-je le courage de le laisser partir vivre sa vie ? Que d’inquiétudes… Mais j’ai confiance en l’Éternel. Et depuis peu, je crois en Jésus-Christ (3), je crois qu’il est le Messie promis, le fils de Dieu.
TIMOTHÉE
Je m’applique : avec la plume et l’encre, j’écris sur des tablettes. Je copie un parchemin avec le texte d’un psaume de David : L’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien… Quelle belle prière ! Mais c’est difficile, c’est long, il faut rajouter de l’eau dans l’encre, ou alors tailler la plume. Et j’ai encore fait une tache ! Je recommence. Heureusement, Maman et grand-mère Loïs sont là pour m’encourager.
Papa et Maman ne sont pas toujours d’accord entre eux ; les enfants sentent cela. Mais je sais qu’ils m’aiment. Je ressens une telle paix, le soir quand, sur la terrasse de notre maison, Grand-Maman Loïs, ou Maman, me racontent l’histoire du peuple hébreu. Je me souviendrai de ces moments pendant toute ma vie.
Je deviens grand. J’aime bien étudier les écritures (2). Je préfère cela plutôt que jouer avec les autres garçons ; c’est vrai que je me fais souvent bousculer. En copiant ce psaume, je pense au Messie que notre peuple attend. Il viendra nous délivrer de nos péchés. Demain, j’irai à la synagogue. J’en apprendrai un peu plus sur l’Éternel Dieu. Maman m’a expliqué que Jésus est l’envoyé de Dieu : il est venu partager la vie et la mort avec les hommes et il est vivant pour toujours ! Pour moi, il devient comme un ami, même si je ne comprends pas tout.
C’est ce jeune homme que l’apôtre Paul va rencontrer un jour, certainement dans la synagogue de Lystre. Il deviendra le collaborateur fidèle de Paul, qui lui confiera d’importantes missions ; très jeune, il sera un responsable d’Eglise (5).
Conclusion
Paul, dans ses lettres, lui conseillera de « garder le bon dépôt » (6), de conserver précieusement, entre autres, ce que sa famille lui a transmis. A travers une histoire familiale un peu compliquée, dans un milieu qui n’était pas préservé d’influences contraires, Timothée a reçu un enseignement, une parole et, dans un mouvement de liberté, il a répondu à la parole que Dieu lui adressait. La transmission de valeurs, de traditions, d’un contenu de foi ouvre une porte, prépare le terrain, afin que la parole de Dieu travaille au cœur de chacun d’une manière inédite. Dieu s’engage à travers nos histoires personnelles, même si nos vies sont un peu cabossées. Cela s’appelle tout simplement la grâce. Dans ce récit, comme dans celui de nos vies, Dieu écrit droit avec nos lignes courbes.
Cette narration a été présentée lors d’un culte de famille dont le thème était « La famille, lieu de transmission de la foi ? »
Textes bibliques de référence
(1) 2 Timothée 1,5 : Je garde le souvenir de la foi sincère qui est la tienne, cette foi qui anima ta grand-mère Loïs et ta mère Eunice avant toi. Je suis persuadé qu’elle est présente en toi aussi.
(2) 2 Timothée 3,15 : Depuis ton enfance, en effet, tu connais les Saintes Écritures ;
(3) Actes 16, 1-3 : Paul arriva à Derbe, puis à Lystre. Il y avait là un croyant appelé Timothée ; il était fils d’une Juive devenue chrétienne, mais son père était grec. Les frères qui vivaient à Lystre et à Iconium en disaient beaucoup de bien. Paul désira l’avoir comme compagnon de voyage et le prit donc avec lui. Il le circoncit…
(4) 1 Timothée 5,23 : Cesse de boire uniquement de l’eau, mais prends un peu de vin pour faciliter ta digestion, puisque tu es souvent malade.
(5) 1 Timothée 4,2 : Que personne ne méprise ta jeunesse.
(6) 2 Timothée 1,14 – 1 Timothée 6,20. Garde le bon dépôt.
Crédit : Catherine Ulrich (UEPAL) – Point KT