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Lecture du psaume 8

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ImageDe l’émerveillement à notre responsabilité envers la terre : lecture du psaume 8: Se retrouver, la nuit, sous l’immensité du ciel étoilé. En contempler la splendeur, et être saisi d’admiration. Qui n’a jamais fait cette expérience ? Et qui ne s’est pas demandé alors : dans cet univers si grand, quelle est la place de l’être humain ? Dans le Premier Testament, un psaume témoigne de cet émerveillement, et recherche notre juste place dans la Création.  Le livre des psaumes, le plus long de la Bible, contient 150 prières qui sont en même temps des poèmes et des chants. Composées tout au long de l’histoire d’Israël, elles sont encore aujourd’hui priées et chantées tant par les juifs que par les chrétiens.
(Traduction Œcuménique de la Bible)

Du chef de chœur, sur la guittith.  Psaume de David.

Probablement un instrument de musique.

SEIGNEUR, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre ! Mieux que les cieux, elle chante ta splendeur !

Le texte en hébreu est obscur, et c’est pourquoi les traductions peuvent être légèrement différentes. Mais le sens général – une exclamation émerveillée – est clair.

Par la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu as fondé une forteresse  contre tes adver­sai­res, pour réduire au silence l’ennemi revan­chard.

Ils sont l’image d’une entière dépendance et d’une toute-confiance. Mais la réalité du monde n’est pas niée ou idéalisée : il y a des adversaires.

Quand je vois tes cieux, œuvre de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as fixées, qu’est donc l’homme pour que tu penses à lui, l’être humain pour que tu t’en soucies ?

Le mot hébreu désigne ici l’être humain dans la fragilité de sa condition.

Tu en as presque fait un dieu : tu le couronnes de gloire et d’éclat; tu le fais régner sur les œuvres de tes mains; tu as tout mis sous ses pieds : tout bétail, gros ou petit, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel, les poissons de la mer, tout ce qui court les sentiers des mers.

Tous les verbes mettent l’accent sur ce que Dieu fait. Le psaume emploie le terme général pour être divin (élohim). Certai­nes Bibles traduisent par « ange ».  La gloire et l’éclat : une intensité d’être, une plénitude de vie qui rayonne, que Dieu confère ici à l’être humain.

SEIGNEUR, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre !

Comme en un refrain, le psaume se termine par la reprise de l’exclamation du début.

 

Un chant d’émerveillement

Depuis toujours, dans toutes les cultures, la beauté et l’immensité de l’univers sont une source d’émerveillement et d’interrogation. Chacun, quel que soit son âge, a déjà été saisi par la majesté de la terre ou la splendeur du ciel étoilé. Le psaume ne donne ni explications ni descriptions, il fait revivre en nous cette expérience et les impressions qui lui sont liées.

Bien sûr, les hommes et les femmes de l’antiquité n’avaient pas les connaissances qui sont les nôtres. Les hébreux imaginaient que le ciel était une sorte de voûte solide. C’est ce que désigne exactement le mot firmament, formant comme une coupole au dessus de la terre, plate, elle, comme une assiette. Les découvertes de l’astronomie ont radicalement transformé cette image. Mais en renouvelant le sentiment émerveillé que reflète le psaume, et même en le rendant plus fort encore. Quoi de plus prodigieux que les images à couper le souffle que nous font découvrir les télescopes !

Aujourd’hui comme hier, en contemplant le ciel, l’être humain comprend qu’il n’est pas la mesure de toute chose. Au contraire, il est face à une grandeur incommensurable qui le dépasse, et sa taille est minuscule au sein de l’univers. Pour le croyant, est-il possible alors de tenir ensemble ce double mystère : celui d’un Dieu encore plus grand que l’univers qu’il a créé, et celui du soin qu’il prend de nous, qui sommes pourtant moins que des poussières fugitives à l’échelle de l’espace et du temps infinis…

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Le signe de la grandeur de Dieu

Le psaume chante la grandeur, la majesté et la puissance du Dieu créateur. Mais remarquons qu’il ne le fait pas n’importe comment. Tout d’abord, il montre comment cette grandeur est en quelque sorte cachée derrière l’immensité et la beauté de l’univers. Elle reste donc toujours insaisissable, non seulement à nos yeux, mais également à notre compréhension : elle dépasse ce qui nous dépasse.

Ensuite, cette incompréhensible puissance se manifeste de manière tout à fait paradoxale : par la bouche des tout-petits et des nourrissons ! Par ceux qui ne savent peut-être même pas parler, Dieu établit comme une forteresse. Aucun ennemi, aucune force de destruction ne peut en effet avoir de prise sur ce lien que Dieu a choisi entre lui et ce qui représente à la fois l’extrême fragilité et la vie confiante appelée à se déployer. C’est là que Dieu donne à comprendre sa grandeur.

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Les rois de la création ?

C’est en raison de l’action Dieu que l’être humain n’est pas perdu au milieu de l’immensité du cosmos : notez tous les verbes qui ont Dieu pour sujet. L’être humain est et reste petit et fragile ; sa grandeur ne vient pas de lui-même. Elle ne se découvre que liée à la grandeur de Dieu.

Pour comprendre le psaume, il faut savoir que selon les croyances du Proche-Orient ancien, il incombait aux divinités créatrices d’assurer la subsistance des êtres vivants et de les protéger contre la violence et les forces du chaos. Symbolisées dans les mythes par des monstres primitifs qu’il avait fallu vaincre pour que le monde puisse être créé. Et le roi, porteur de l’image divine, était associé à cette mission : par exemple en chassant les animaux féroces qui menaçaient la population. Or la perspective biblique, ici comme dans le récit de la création de Genèse 1, démocratise en quelque sorte cette image de la royauté en l’étendant à tous. C’est en effet à l’être humain en tant que tel que Dieu donne sur la terre une position royale : il le couronne de gloire et d’éclat, et le fait régner sur tous les êtres vivants. Ce qui signifie précisément ceci : la grandeur de tous les êtres humains est d’avoir, pour la création, une mission.

Une mission

Dieu a donc confié la terre et tous les êtres vivants aux humains. Il nous a donné la responsabilité d’assurer les ressources de l’espace sur lequel, nous le savons aujourd’hui, nous « régnons » effectivement, et de protéger la vie. De lutter contre toutes les forces de destruction qui menacent de rendre la terre invivable, et de nous engager pour une coexistence aussi harmonieuse que possible de toutes les créatures.

En faisant des humains les « rois de la terre » – nous nous en rendons compte aujourd’hui, mais l’auteur du psaume le savait sans doute déjà – Dieu a pris le risque… de compter sur nous ! Aujourd’hui, alors que nous mesurons combien nous sommes peu de choses sur notre planète perdue au milieu de l’univers, le psaume nous interpelle. Dieu nous a rendus capables de nous occuper de la terre. Saurons-nous comprendre la grandeur qui est la sienne, qu’il manifeste par la bouche des tout-petits ? Et répondre ainsi à la mission qu’il nous a confiée, de prendre soin de la création et des êtres vivants?

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voir les animations autour du Psaume 8 :

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« La beauté des étoiles et la grandeur de l’univers : une merveille ! »
Une animation très simple à mettre en œuvre pour réaliser, à l’aide de quelques objets très simples, la grandeur de l’univers, et partager les questions et l’émerveillement du psaume 8.

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« Gouverner la création comme des rois… responsables »

Les êtres humains sont-ils les rois de la Création ? En fait, selon les auteurs bibliques, la tâche d’un roi est de prendre soin de ce qui lui est confié, et de veiller au bien de tous. Voici donc une animation pour réfléchir avec les enfants aux mesures à prendre et à… mettre en pratique, pour que la vie soit belle et bonne sur la terre des vivants.

Crédit : Nicolas Künzler