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Une histoire vraie

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illustrations_livres_films_une_histoire_vraieUne histoire vraie (The Straight Story), David LYNCH, 1999, 111’ 7 ans, suggéré 12 ans (tiré de http://filmages.ge.ch) Tiré d’une histoire vraie. Animation proposée par Nathalie Lanz.

 

Alvin Straight, 73 ans, vit avec sa fille Rose à Laurens, une petite ville de l’Iowa. Un soir d’orage, il apprend que son frère Lyle qu’il n’a pas vu depuis dix ans a été victime d’une attaque cardiaque. Alvin décide donc de parcourir pas moins de cinq cents kilomètres pour aller trouver celui avec lequel il s’est brouillé des années auparavant. Ne sachant pas conduire et ne supportant pas de se faire conduire, le vieil homme décide de partir sur sa tondeuse à gazon.

Sur la route, plusieurs personnages vont faire sa rencontre et lui rappeler sa vie passée : une jeune auto-stoppeuse enceinte qui a fui sa famille à qui Alvin raconte l’histoire de sa fille qui a été privée de la garde de ses enfants par l’Etat et à qui il parle de l’importance des liens familiaux ; de jeunes cyclistes qui lui rappellent sa jeunesse perdue ; un vieil homme qui a fait la Seconde Guerre mondiale qui lui permet enfin de pouvoir parler de l’horreur vécue à cette époque-là ; un révérend qui a rencontré Lyle lors de son hospitalisation à qui Alvin va pouvoir parler de la rupture entre les deux frères.

Ce n’est qu’après bien des péripéties et une longue route, qu’Alvin parvient jusqu’à la maison de son frère. Les retrouvailles se font presque sans parole, tout se jouant dans les regards, dans la présence de ces deux personnages. Lorsque Lyle voit la tondeuse sur laquelle Alvin a fait le voyage, il découvre la ténacité de son frère pour venir à lui.
Pistes de travail :
Ce long périple qui se déroule à la vitesse de cette tondeuse à gazon, est la vitesse qu’il fallait au personnage principal pour accomplir le chemin jusqu’à son frère. Le temps pour parcourir sa vie, dispenser sa sagesse, pour arriver à l’étape du pardon.
Ce chemin est à la fois celui de la réconciliation et celui, nécessaire, d’un retour sur sa propre vie. Il ne pouvait pas s’y rendre trop vite, il fallait pouvoir digérer ces dix ans d’absence, de séparation, de rupture. Il faut du temps pour retrouver les gens que l’on aime, ceux à qui l’on a fait du mal, qui nous ont fait du mal. Il faut savoir prendre le temps du chemin pour arriver à la réconciliation, au pardon, à la vie, à la vieillesse, à la mort également. Alors que tout autour de nous va à grande vitesse (dans le film, les camions sur la route, les cyclistes, tout autour d’Alvin va vite). Le héros nous montre une voie possible qui mène à la réflexion, la contemplation, la vie. Il prend le temps de parler avec les personnes, de les écouter.
Retracer sa vie : refaire le parcours de sa propre vie, les moments importants, marquants, les liens, les ruptures. Définir les instants charnières, les changements de cap, les espaces de paix et de calme, etc., ce qui nous a construit, nous a fait avancer. Découvrir ou redécouvrir les éléments déstabilisants, qui font mal, ceux au contraire qui nous soutiennent, nous rendent plus forts. Définir les éléments importants qui peuvent nous aider lors d’un cheminement que nous voulons, devons faire.
  • Sur quoi puis-je m’appuyer dans la vie ? Quelles sont mes ressources, mes forces intérieures, extérieures ? Sur quoi, sur qui puis-je compter ?
Dans le film :
36’37-47’00 : Avec l’auto-stoppeuse, Alvin parle de sa vie de famille : sa femme, son frère, sa fille Rose et ses enfants perdus. Pour lui, la famille c’est comme un fagot, car quand les personnes sont soudées, rien ne peut les briser.
72’21-78’05 : Alvin raconte son alcoolisme à son retour de la Seconde Guerre mondiale. La vie de vétéran. Les souvenirs qui hantent et que l’on ne peut raconter qu’à quelqu’un qui peut comprendre, qui a vécu quelque chose de semblable.
83’31(87’17)- 92’58: Avec le révérend, Alvin parle de son enfance, comment avec son frère Lyle, ils contemplaient les étoiles, parlaient jusqu’à ce qu’ils s’endorment. Malgré le fait qu’ils se soient toujours beaucoup parlé, la rupture a été inévitable : « Une histoire vieille comme la Bible » dit Alvin. Il suffit d’un peu de colère, de vanité, d’alcool. A présent, toute cette histoire et les raisons qui ont conduit à cette situation n’ont plus aucune importance pour Alvin. Seule la paix à faire avec son frère compte à ses yeux.
  • Se préparer : Pour tout bout de route à faire, un voyage, un pèlerinage, un retour sur soi, il faut se préparer, savoir ce dont nous avons besoin en plus de nos propres forces.
  • De quoi ai-je besoin pour avancer dans mon cheminement, pour accomplir ma destinée ? Quel genre de provisions ai-je besoin (nourritures terrestres et/ou célestes) ?
  • Quelles sont les étapes que je dois franchir ? Quelles sont les embûches que je vais rencontrer ? Quelle est ma détermination ? Quel est mon but ? Qu’est-ce qui me pousse à entreprendre ce chemin ?
Dans le film :
17’00-(22’27)24’10 : La décision et les préparatifs du voyage. Alvin doit le réaliser seul.
  • Affronter les difficultés : Lors d’un voyage quel qu’il soit, il y a toujours les événements incontrôlés. Il faut arriver à faire face aux imprévus, aux difficultés rencontrées.
  • Sur quoi je prends appui lorsque je rencontre des difficultés dans ma vie ? Est-ce que j’arrive à faire face aux imprévus dans la vie ? Quelle est ma force intérieure, ma conviction, ma ténacité ? Suis-je capable de me retrouver face à une personne avec laquelle je suis/j’étais en conflit ?
Dans le film :
24’10-34’35 : Alvin part au volant de sa tondeuse, mais très vite il tombe en panne et est ramené à son point de départ. Il ne renonce pas pour autant, achète une autre tondeuse et repart sur les routes.
95’37-100’00 : La dernière colline, le dernier bout de chemin, la dernière embûche. Un chemin de pierre, un beau paysage d’automne (automne de la vie), une aide providentielle.
100’00-103’55 : L’arrivée chez Lyle. Les retrouvailles. La vieille maison en bois. La fatigue, la vieillesse, le doute, la reconnaissance : « Tu as fait toute la route sur ce machin pour me voir ? », l’émotion. Et la boucle est bouclée.
Nathalie LANZ