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Le goût de Dieu – 2/4 Le goût de l’espérance

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Le goût de l’espérance est le deuxième volet du parcours « Le goût de Dieu »
Prière : Dieu, tu veux que nous soyons heureux. Tu veux que chacun d’entre  nous puisse vivre correctement, puisse manger à sa faim, tu veux cela pour. Prends soin d’eux et aide-moi à prendre soin d’eux. Amen.

DOCUMENT II : Déroulement 2ème séance

Objectifs :

–    Spirituel et existentiel: Exode et Luc
o    Découvrir que la fête est un état d’esprit d’espérance. Nul besoin d’avoir tout pour faire la fête, il suffit de vouloir être ensemble.
o    Découvrir que Dieu est un hôte qui invite et qui est en attente de notre présence.
o    Découvrir que Dieu veut pour nous du bonheur et des bienfaits, Il est comme une mère et un père qui espère le meilleur pour ses enfants.

–    Culturel :
o    Découvrir les notions de lait et de miel.
o    Faire découvrir la vigne et le vin.

–    Alimentaire :
o    Faire la fête mais pas n’importe comment. Prévention face à l’abus d’alcool.
o    Deux recettes festives : du cake aux fruits secs et une boisson sucrée.

Déroulement:

1. Accueil : (13h30-13h45 min) tout le groupe. Méditation
–    Ecoute et chanter : Laisse-nous, Seigneur, entrer ou Jeunes et vieux.
–    Image d’un plat de fête, pourquoi est-ce que c’était festif ?
–    Poser et commenter le verset biblique. Poser des questions :
o    Pour les hébreux, un pays où coule le lait et le miel, c’est le paradis, et vous quels sont les deux éléments alimentaires qui feraient un paradis ?
o    Quelle image de Dieu avez-vous à la lecture de ce verset ?
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–    Prière à lire : Dieu, tu veux que nous soyons heureux. Tu veux que chacun d’entre  nous puisse vivre correctement, puisse manger à sa faim, tu veux cela pour… (chacun cite une personne qui ne va pas bien ou un groupe de personne). Prends soin d’eux et aide-moi à prendre soin d’eux. Amen.
–    Commenter et Ecouter une chanson « on s’attache » Christophe Maé ou « Désolé pour hier soir » Tryo.
2. Animation pour introduire le thème. (13h45-14h00)
–    Faire le jeu des cuillières.
3. Deux ateliers
2.    Histoire biblique : Festin pour tous (14h00-14h20)
–    Raconter le texte de Luc par groupe en s’aidant des enfants.
–    Qu’est-ce qu’ils auraient ressenti à la place de…
o    A la place des premiers invités : est-ce qu’ils auraient pris du temps pour aller au repas ou non ?
o    A la place du roi : est-ce qu’il aurait abandonné ou non ?
o    A la place des mendiants : est-ce qu’il aurait été ou non ?
o    A la place du serviteur: est-ce qu’il aurait été invité de telles personnes ?
3.    Lire l’histoire du paradis et de l’enfer. Des repas de fêtes. Fruits et épices. Sentir des épices et reconnaître.
4. Le cake de fête ( Deux ateliers) (14h20-14h45)
–    Lire la recette
–    Faire la recette.
5. Pause.(14h45-15h00)
6. Comment faire la fête ? Découvrir  (15h00-15h15)
–    Le vin et la  vigne ? Regarder DVD
–    Attention au risque ? Regarder DVD Gad Elmaleh.
7. Comment faire la fête ? Approfondir. Deux ou Trois ateliers. (15h15-15h45)
4.    Image de publicité face à l’alcool. Commenter.
5.    Dessiner à la peinture à doigt un repas de fête.
6.    ou 1. Animation autour de faire comme les autres, être soi.
8. Une boisson festive. (15h45-16h15)
–    Lire la recette
–    Faire la recette.
9. Rangement. (16h15-16h30)

Le goût de l’espérance

Verset : Ex 3 8 . « Je suis donc venu pour les délivrer du pouvoir des Égyptiens, et pour les conduire d’Égypte vers un pays beau et vaste, vers un pays qui regorge de lait et de miel ».

Un pays de lait et de miel : C’est une métaphore heureuse et maternelle qui prétend moins décrire la réalité que dévoiler sa vérité profonde. Empruntée à un mythe cananéen de fertilité, elle s’y appuie pour mieux s’en distinguer : elle ne dit pas le renouveau de la nature mais la relation particulière entre Le Seigneur et le peuple d’Israël. Pour Israël son premier-né, Le Seigneur Dieu a une tendresse nourricière. Dans la terre promise comme dans le jardin de l’Éden, il y a tant de choses belles et bonnes pour se nourrir et vivre ! Le pays découlant de miel et de lait serait donc un pays découlant de lait et de vin ou tout un chacun (enfants et hommes) aurait de quoi être satisfait

Le lait : Premier aliment de l’homme, indispensable à la survie et au développement du nouveau-né, le lait a toujours possédé une  » charge  » symbolique extrêmement forte.  » Le lait, c’est la vie « , rappelait il y a quelques années un slogan publicitaire. Les prêtres de l’île de Philae, dans l’Égypte ancienne, ne pensaient pas différemment : chaque matin, ils effectuaient des libations de lait sur les 365 tables d’offrandes qui entouraient le tombeau d’Osiris, de façon à aider le dieu à ressusciter. On remarquera que dans l’histoire du genre Homo, commencée il y a 3 millions d’années, la consommation par l’homme d’autres laits que celui de sa mère représente en réalité une  » révolution « … très récente. Elle date de 12 000 ans tout au plus, lorsque des groupes humains entreprirent de domestiquer certaines espèces de mammifères et détournèrent à leur profit la sécrétion lactée des femelles. Domestiquées au Proche-Orient, les chèvres, puis les brebis, furent ainsi les premières espèces animales à donner leur lait aux hommes. Ce fut ensuite le tour des vaches, dont l’élevage a commencé il y a environ 10 000 ans dans les montagnes de Turquie, de Macédoine et de Grèce. Symboles, légendes et… tabous. Le lait est aussi un symbole d’abondance, de richesse et de prospérité collective. Dans l’Égypte ancienne, la déesse Isis nourrissait les hommes de la vallée du Nil de son lait généreux. De son côté, Yahvé avait promis à Moïse de conduire son peuple « vers un pays ruisselant de lait et de miel  » (Exode : 3 ; 8). La référence au lait était particulièrement parlante pour les Hébreux redevenus, dès leur sortie d’Égypte et pendant les quarante ans de leur errance dans le désert du Sinaï, un peuple de pasteurs survivant grâce au lait de leurs troupeaux. S’il est vital, ce don du lait est également total. C’est pourquoi les religions en feront un symbole de l’amour divin et de la dépendance de l’homme envers son Créateur.

Le miel : Le miel est le plus ancien aliment sucré utilisé par les hommes. Elaboré par les abeilles à partir du nectar des fleurs, c’est le seul aliment qui soit à la fois d’origine animale et végétale. La découverte du miel se perd dans la nuit des temps. Il semble que plus les aliments sont élémentaires, plus ils se sont révélés rapidement aux hommes. Et plus les hommes les ont liés à leur vie symbolique. Ainsi croyait-on en Mésopotamie que les dieux qui buvaient le miel devenaient immortels et exempts de toute maladie. Dyonisos, le dieu grec du vin, avait vu les flancs du Mont Parnasse où il établit sa demeure ruisseler de miel. La Bible est remplie d’allusions au miel, dont les plus célèbres sont dans le Cantique des Cantiques. Le miel dans l’alimentation était mêlé à toutes les sauces. Il adoucissait le sel, coupait la saveur trop forte des épices. Une des farces les plus appréciées des Grecs était composée de fromage, d’oignons, de vinaigre, de viscères et de miel. La cuisson dans un court-bouillon au miel se retrouve dans moult recettes aussi bien occidentales qu’orientales et à toutes les époques. Même les Indiens du Canada ont des plats à base de miel. En voici un, recueilli par M. Toussaint-Samat, provenant des Algonquins et des Mohawks: (Ils) «font cuire sous la cendre de petites citrouilles vidées de leurs pépins et remplies de miel, de cidre alcoolisé! (sic) et de beurre». Voilà une recette à laquelle le contact avec les Blancs aura indéniablement contribué!

Texte biblique : Luc 14, parabole du festin

« Après avoir entendu ces mots, un de ceux qui étaient à table dit à Jésus : « Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu ! » Jésus lui raconta cette parabole : « Un homme offrit un grand repas auquel il invita beaucoup de monde. A l’heure du repas, il envoya son serviteur dire aux invités : «Venez, car c’est prêt maintenant.» Mais tous, l’un après l’autre, se mirent à s’excuser. Le premier dit au serviteur : «J’ai acheté un champ et il faut que j’aille le voir ; je te prie de m’excuser.»  Un autre lui dit : «J’ai acheté cinq paires de boeufs et je vais les essayer ; je te prie de m’excuser.» Un autre encore dit : «Je viens de me marier et c’est pourquoi je ne peux pas y aller.»  Le serviteur retourna auprès de son maître et lui rapporta ces réponses. Le maître de la maison se mit en colère et dit à son serviteur : «Va vite sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les infirmes, les aveugles et les boiteux.» Après un moment, le serviteur vint dire : «Maître, tes ordres ont été exécutés, mais il y a encore de la place.» Le maître dit alors à son serviteur : «Va sur les chemins de campagne, le long des haies, et oblige les gens à entrer, afin que ma maison soit remplie. Je vous le dis : aucun de ceux qui avaient été invités ne mangera de mon repas !»

La première chose qui saute aux yeux dans cette parabole, c’est l’incroyable bienveillance de l’homme qui donne ce banquet. Il n’invite pas seulement ses amis, ou ceux qui lui ont rendu service, ou ceux qui pourraient lui être utile. L’homme prépare un bon dîner, et il invite n’importe qui, tout ceux qui voudront bien venir. Le Christ a vraiment montré par ses paroles et par sa vie que Dieu est un peu comme cela. Il a préparé un Royaume pour l’offrir à tous, même ceux que la morale, la religion, ou la société n’auraient peut-être pas invités. C’est ce que l’on appelle la grâce de Dieu dans le patois théologique. Cette notion n’était pas si naturelle pour le pharisien qui interroge Jésus. Quand cet homme lui dit « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu! » cela sous entend que ce n’est pas facile d’être invité à y participer, qu’il faut être pistonné auprès de Dieu, ou avoir fait des choses remarquables.

Pour cet homme qui discute avec Jésus, c’est aussi dur être invité au banquet de Dieu que pour nous d’être invité à manger à la table du Président de la République, ou à la table du Pape. Comment faire pour être invité à la table d’un grand de ce monde? Peut-être qu’en décrochant une médaille d’or aux jeux olympiques on a des chances d’être invité à un banquet par le président et le 1er ministre ? Ou en sauvant quelques centaines de vies humaines dans des circonstances remarquables ? Ou en ayant un prix Nobel ? Jésus montre que Dieu n’est pas comme ça. Pour Dieu, pour le Christ, tous sont dignes de manger à leur table. C’est logique : nous sommes tous des princes et princesses puisque Dieu, le Roi des rois nous adopte comme son enfant bien-aimé.

Nous sommes invités, mais encore faut-il avoir envie de manger à ce banquet qu’il a préparé pour nous. Et c’est là que ce récit parlent de nos illusions :
–    Se prendre pour les organisateurs du grand dîner : faire mémoire d’un Dieu qui invite., qui est généreux et offre de vie.
–    Se croire maître des urgences : c’est le premier invité, il remplace la vie par des devoirs.
–    Se croire nantis : c’est le deuxième invité, il a déjà tout alors à quoi cela lui sert-il d’être invité à un repas.
–  Se croire clairvoyants . c’est le troisième invité, ce qui est en cause là n’est pas la légitimité des engagements, mais la manière de les vivres, comme si cela excluait tout autre chose.
–    Se croire bien-portants : c’est le fait de ne pas se sentir concerné par la fin de la parabole, comme si les autres ne sont pas nous. Or, ne sommes-nous pas tous à quelque part estropiés, seuls, laissés pour conte.
Dieu nous invite au banquet de la vie éternelle. Il invite la multitude des hommes, des femmes et des enfants, sans condition de culture, de mérites ou de pureté. Tous, même ceux qui sont spirituellement boiteux, aveugles ou pauvres. Tous, comme dans cette parabole. Cet homme qui interroge Jésus croyait que Dieu était comme les grands de ce monde qui n’invitent que « le gratin ». Jésus nous dit que Dieu aime chacun, même ses ennemis, même les ingrats et les méchants (Luc 6:35). Ça, c’est tout nouveau, c’est le Christ qui nous l’apprend. Cette façon de concevoir notre relation avec Dieu n’est pas encore tout à fait passée dans les mentalités, malgré 2000 ans de christianisme. Bien des gens imaginent encore que Dieu est comme un roi assez inaccessible, qu’il faut mieux avoir de son côté parce qu’il condamnera à mort ceux qui ne filent pas droit. Peut-être même qu’il torturera ceux qui ont rejeté son Fils… Jésus-Christ nous dit que Dieu n’est pas comme cela : Dieu est un Père souvent impuissant face à la mauvaise volonté de ses enfants, il ne demande pas mieux que de nous voir manger à sa table, et il ne se lasse pas d’aller nous chercher. Il a préparé pour nous un incroyable festin plein de bonnes choses.

Dans ce récit, Dieu est en manque : « il y a encore de la place ». C’est fondamentalement le signe de l’espérance, croire qu’il y a encore de la place et que Dieu nous attend. Dieu est toujours en attente, ainsi l’espoir existe encore.  Dieu est en attente, c’est plus fort que lui, c’est pourquoi il « force à entrer ».

Ce verset a été malheureusement exploité pour légitimer des guerres saintes chrétiennes. Il suffit de voir comment Jésus se conduisait avec ses contemporains pour être certain qu’il ne faut pas comprendre ce verset comme un appel à la violence physique ou morale pour obliger qui que ce soit à entrer en relation avec Dieu. Dieu n’impose pas à l’homme d’avoir la foi. Il ne s’agit pas là de faire du forcing, car il faut noter que Dieu dit cela à un serviteur.

Dieu, lui-même, est passif, il attend car il veut laisser les personnes libres. Quand il dit à son serviteur cette phrase, cela montre l’importance pour Dieu de chacun d’entre nous. Quand quelqu’un est à notre porte et qu’on le force à entrer, c’est qu’on a envie d’être avec lui ; cela ne lui enlève pas sa liberté, il peut toujours refuser, mais cela lui montre son attachement, son amitié, l’importance qu’il a pour nous. C’est ainsi pour Dieu. Quand Dieu dit : « Oblige les à entrer », Dieu ne va pas lui-même et n’oblige pas réellement les gens.

Dans ce récit, il y a une figure très intéressante et paradigmatique, c’est le serviteur : C’est la figure de l’espérance. Il ne perd pas courage. Même si les invités prévus ne viennent pas, il va chercher d’autres personnes. Il pourrait dire ensuite à son maître qu’il y a bien assez de monde. Non, il dit qu’il y a encore de la place. Il continue sans cesse et sans relâche.

Crédit : Point KT