Moïse, un récit en épisodes
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Voici une proposition de narration qui utilise la technique bien connue depuis « Les mille et une nuits » : l’épisode à suivre. |
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Voici une proposition de narration qui utilise la technique bien connue depuis « Les mille et une nuits » : l’épisode à suivre. |
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Pour la première fois Nicolas peut participer à la Grande Fête dans la capitale. Il est fier et heureux. Nicolas et sa famille viennent de Capernaüm. Jésus y est connu, il apporte la joie, console, guérit. C’est la début de la merveilleuse transformation de la société que tous attendent : un grand bouleversement présidé par Dieu ! Nicolas a de la chance pour sa première Grande Fête dans la capitale : même Jésus est venu. |
Le retour, un chemin de tristesse
Narrateur : Mais cette année la Grande Fête devient une tragédie. Nicolas, ses parents, la famille et les amis ont mangé les larmes aux yeux. Jésus, celui qui annonce le commencement d’une nouvelle société présidée par Dieu est mort sur une croix. Au lieu du Règne de Dieu, c’est la fin terrible, le vendredi noir. Ce jour là, même les plus proches amis de Jésus disparaissent, laissant leur maître mourir seul sur la croix. L’espoir d’une nouvelle société présidée par Dieu s’évanouit avec eux dans la nature. Placer sa confiance en Jésus, c’est parier pour celui qui est mort, exécuté par les soldats de l’empereur de Rome.
Nicolas retourne à Capernaüm en Galilée avec les autres. Deux jours déjà qu’ils sont en route, et c’est la pause à l’ombre des arbres près du Jourdain. Plusieurs groupes de pèlerins de Galilée s’arrêtent là pour manger et se reposer. Nicolas se rafraichit les pieds dans l’eau claire du fleuve. Les parents assis à côté discutent avec Tobie et Neftali.
La pause au bord de l’eau
Le père : j’aimerais bien savoir ce qui est arrivé aux femmes qui ont suivi Jésus jusqu’au pied de la croix.
Neftali : Les Romains les ont sans doute arrêtées. Ceux qui s’affichent aussi ouvertement avec un condamné à mort sont toujours arrêtés.
Tobie : Je ne crois pas que les Romains aient arrêté des femmes.
Neftali : Ne dit pas cela, les Romains ont souvent crucifié des femmes d’opposants.
La mère : J’admire cette Marie de Magdala. Elle ne s’est pas laissée impressionner par les soldats. Elle a été fidèle à Jésus jusqu’au bout.
Le père : Je me demande à quoi Jésus a pensé lors de son chemin vers la croix. Rien ne s’est passé comme prévu, au lieu du règne de Dieu c’est la mort qui est venue.
Tobie : Mais il a parlé parfois de la croix et de la mort. Celui qui veut le suivre doit être prêt à prendre la croix sur lui. C’est ce qu’il a dit. Il s’est probablement douté qu’il allait être crucifié.
Neftali : Il a vite compris qu’il était en danger à Jérusalem. Sa bonne nouvelle pour nous était considérée comme une mauvaise nouvelle pour l’aristocratie du temple et pour les romains, leurs alliés. Pour eux tout va bien dans le monde tel qu’il est. Ils ne veulent rien de nouveau. Jésus voulait changer beaucoup de choses : les pauvres, les malades, les femmes, les enfants devaient avoir une vie meilleure dans le Royaume de Dieu.
Le père : Mais maintenant Jésus est mort, c’en est fini du royaume de Dieu.
La mère : Pas obligatoirement ! A nous de continuer sans lui ce qu’il a commencé. A nous de consoler, de soigner, d’aider.
Narrateur : Nicolas est fier d’avoir une mère qui parle ainsi!
Tobie (tourné vers la mère): Ce que tu dis va tout à fait dans le sens de ce que Jésus a demandé.
Le père : Mais je ne sais pas soigner.
La mère : Personne ne te demande de faire ce que tu ne sais pas faire. Mais tu peux, par exemple, consoler quelqu’un de malheureux.
Nouvelle incroyable
Narrateur : Soudain des cris viennent du lointain. Ce sont quelques jeunes gens qui accourent sur la route. Ils viennent de la capitale et font de grands signes.
Les gens de Jérusalem : Nouvelle sensationnelle ! Nous avons une nouvelle extraordinaire.
Le père, la mère, Tobie, Nephtali (ensemble) : Que se passe-t-il ?
Les gens de Jérusalem : Jésus est vivant ! Dieu l’a relevé de la mort !
Narrateur : Nicolas saute de joie. Des pèlerins se réjouissent, d’autres secouent la tête.
Neftali : D’où savez-vous cela, vous l’avez vu vivant ?
Les gens de Jérusalem : Nous non mais Marie de Magdala et d’autres femmes l’on vu. Jésus leur est apparu et leur a dit : » Faites vous-mêmes ce que j’ai commencé. Je serai avec vous, même quand vous ne me verrez plus. »
Nafatali (en secouant la tête) : Ce sont des commérages. Celui qui est mort est mort et il ne revit plus.
La mère : Dieu peut faire revivre un mort ! Si tu ne peux croire en cela, inutile de croire en Dieu.
Tobie : Tu as raison. Pour Dieu tout n’est pas terminé avec la mort.
Neftali : Pour croire cela, il faudrait que je vois moi même Jésus vivant.
Narrateur : Les discussions entre pèlerins s’animent. Joie et doute sont partagés. Certains s’embrassent en pleurant de joie. D’autres hochent la tête.
Neftali : Cela n’a aucun sens. Qui peut savoir ce que Marie de Magdala est allée s’imaginer, effondrée par le chagrin ?
Nouvelle de Galilée
Narrateur : Un groupe de gens viennent sur le chemin en provenance de Galilée. Ils vont en direction de Jérusalem. En apercevant les pèlerins ils font de grands signes.
Le groupede Galilée : Nous avons une nouvelle extraordinaire. Jésus est vivant. Il est apparu à Simon Pierre en Galilé et à quelques autres. Il a dit : « Continuez vous-même ce que j’ai commencé Je suis avec vous même si vous ne me voyez plus. »
{tip Tous le monde parle::Le père, la mère, Tobie et Nephtali prononcent tour à tour, rapidement ces interrogations.}Tout le monde parle{/tip} : Quelle tête avait Jésus? Est-il exactement comme avant ou a-t-il changé? A quoi Pierre l’a-t-il reconnu? Parlait-il depuis le ciel ou marchait-il sur la terre comme un homme ? Pourquoi est-il apparu aux disciples alors qu’ils l’avaient laissé tomber? A qui aparaîtra-t-il encore? Pourrons nous le voir nous aussi?
Le groupe de Galilée : Nous n’en savons rien. Nous sommes partis tout de suite pour annoncer l’évènement aux amis de Jérusalem. Allez voir les disciples en Galilée, interrogez-les, faites vous votre opinion. Ils étaient si tristes et désespérés, les voilà tous dynamiques et plein d’espoir. Seul Jésus a pu réussir ce prodigieux changement. Jésus est vivant!
Neftali : Ils sont devenus fou!
Narrateur : Nicolas regarde ses parents. Les deux rayonnent de joie, ils rassemblent leurs affaires pour repartir. Nicolas est heureux lui aussi. Sa première Pâque à Jérusalem a tenu es promesses au delà de ses espérances : elle restera gravée dans les souvenirs de Nicolas comme la grande fête de sa vie.
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Curius, l’enfant du palais Curius, le fils du roi Hérode, passe sa vie dans le somptueux palais du souverain. Il profite de l’agitation créée par l’arrivée des mages, pour se glisser hors de sa prison dorée. De bien étranges rencontres l’attendent alors…qui finissent par le conduire vers le Christ. Un CD audio avec certaines scènes et des plages musicales peut être obtenu auprès de l’auteur. Il permet de produire la saynette même dans les lieux où il y a peu d’enfants à l’école du dimanche. En lien: Saynette de Noël : Curius… |
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L’histoire que nous allons vous raconter est celle du père Martin. Elle se passe en décembre 1881. Le père Martin n’est qu’un pauvre cordonnier, il habite dans une pièce au rez-de-chaussée d’un immeuble qui fait l’angle de la place de Lenche et de la rue des Martégales, au centre du vieux quartier de Marseille. Une seule pièce qui lui sert d’atelier, de salon, de magasin, de cuisine et de chambre à coucher. C’est là qu’il vit ni trop riche ni trop pauvre. Assis sur son tabouret, dans son atelier bien chauffé il répare les chaussures de tout le voisinage. Dehors la bise souffle et ce vent venant du Nord glace les quelques passants. |
SCÈNE 1 : Narrateur / Arthur / René
Narrateur: L’histoire que nous allons vous raconter est celle du père Martin. Elle se passe en décembre 1881. Le père Martin n’est qu’un pauvre cordonnier, il habite dans une pièce au rez-de-chaussée d’un immeuble qui fait l’angle de la place de Lenche et de la rue des Martégales, au centre du vieux quartier de Marseille. Une seule pièce qui lui sert d’atelier, de salon, de magasin, de cuisine et de chambre à coucher. C’est là qu’il vit ni trop riche ni trop pauvre. Assis sur son tabouret, dans son atelier bien chauffé il répare les chaussures de tout le voisinage. Dehors la bise souffle et ce vent venant du Nord glace les quelques passants.
Arthur : Salut René, fait bien froid aujourd’hui, j’me d’mande s’il va pas neiger.
René : Ben quoi c’est normal, on est en décembre après tout.
Arthur : Ben oui.
René : Au fait, t’as pas remarqué que le vieux Martin ne vient plus au café des Argonautes.
Arthur : Ouais, c’est bien vrai ça. J’crois que c’est depuis qu’il est allé à ces soirées à l’église, tu sais chez le pasteur.
René : C’est vrai ce que tu dis là, il va à l’église, j’aurais pas cru ça de lui. Enfin, j’trouve qu’il va pas trop mal, il rigole un peu plus qu’avant.
Arthur : Tu sais, il n’a eu guère de chance le pauvre vieux, sa femme est morte il y a plus de vingt ans, son fils, parti comme matelot à bord du brick Le Phocéen, n’a plus reparu depuis dix ans et puis sa fille, il n’en parle jamais.
René : Ouais, il est bien seul.
Arthur : Enfin ! Le bonjour à Germaine !
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SCÈNE 2 : Narrateur / Martin / La voix |
Narrateur : La journée passa, le père Martin travaillait assidûment, il réparait galoches et chaussures avec beaucoup de soin. Le soir venu, le père Martin s’assit sur son lit et ouvrit une vieille Bible qu’il avait jadis reçue de ses parents.
Martin : Il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie… Point de place… Pour lui, (il regarde sa chambre) il y aurait eu de la place pour lui ici. J’aimerais bien qu’il vienne me tenir compagnie. Si ce soir le sauveur devait venir, croyez-vous qu’il choisirait ma maisonnette pour y entrer… Comme je le servirais, comme je l’adorerais! Mais au fait, pourquoi ne se montre-t-il plus aujourd’hui ? Enfin… (il se met à lire) « Des mages de l’orient arrivèrent pour lui rendre hommage » tiens, tiens des mages ? « trouvant l’enfant ils se prosternèrent et lui offrirent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Que pourrais-je lui donner ? (il se gratte la tête, se promène dans son atelier). Oui je lui donnerais ces deux petits souliers… Mais je radote… Comme si mon sauveur avait besoin de ma petite maison et de mes souliers. (Martin s’assit et s’endormit. Silence)
La voix : Martin
Martin : Qui va là ? (en sursaut, mais il ne vit personne).
La voix : Martin ! Tu as désiré me voir, eh bien regarde dans la rue demain, du matin jusqu’au soir, tu ne me verras passer plusieurs fois. Efforce toi de me voir, car je ne me ferai pas connaître à toi.
Martin : (en se frottant les yeux) C’est lui ! II a promis de passer ! Alors je l’attendrai. Mais je ne l’ai jamais vu, juste des portraits à l’église, bah, je vais bien pouvoir le reconnaître. (LA NUIT – LE MATIN – Martin se lève et s’installe derrière sa fenêtre).
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SCÈNE 3 : Narrateur / Martin / Le balayeur |
Narrateur : Tôt le matin, il est à la fenêtre pour guetter les premiers passants, le ciel s’éclaira et le père Martin ne tarda pas à voir paraître sur la place le balayeur de rues ; il ne lui accorda qu’un regard distrait : il avait en vérité, bien autre chose à faire qu’à regarder un balayeur de rues ! Mais, comme il faisait très froid dehors, le père Martin se dit :
Martin : Le brave homme ; il a froid et c’est une fête aujourd’hui… mais non pour lui. Si je lui offrais une tasse de café ! – Entrez, venez vous réchauffer.
Balayeur : C’est pas de refus, merci… Quel temps de chien ! On se croirait en Russie.
Martin : Voulez-vous accepter une tasse de café ?
Balayeur : Ah ! Par exemple, voilà un brave homme ! Avec plaisir, pardi. Vaut mieux tard que jamais pour faire son petit réveillon. (Le cordonnier servit son hôte à la hâte, puis s’empressa de retourner vers sa fenêtre et de sonder la rue pour voir si personne n’était passé).
Balayeur : Qu’est-ce que vous regardez dehors ?
Martin : J’attends mon maître.
Balayeur : Votre maître ? Votre patron vient vous voir un jour de fête ?
Martin : C’est d’un autre maître que je parle.
Balayeur : Ah !
Martin : Un maître qui peut venir à toute heure et qui m’a promis de venir aujourd’hui. Vous savez son nom ? … C’est Jésus.
Balayeur : J’ai entendu parler de lui, mais je ne le connais pas. Où demeure-t-il ?
Narrateur : Le père Martin se mit alors, en quelques mots à raconter au balayeur de rues l’histoire qu’il avait lue la veille, en y ajoutant quelques détails. Il se tournait vers la fenêtre tout en parlant.
Balayeur : Alors c’est lui que vous attendez ! A mon avis vous ne le verrez pas comme vous le croyez. Mais c’est égal, vous me l’aurez fait voir à moi. Me prêteriez-vous votre livre ? Je vous garantis que vous n’aurez pas perdu votre temps ce matin. Au revoir.
Martin : Au revoir.
Narrateur : Le père Martin resta seul de nouveau, front collé contre la vitre.
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SCÈNE 4 : Narrateur / Femme / Martin |
Narrateur : Quelques ivrognes attardés passèrent, mais le vieux cordonnier ne les regarda pas. Puis passèrent les marchandes avec leurs petites charrettes. II les connaissait trop bien pour faire attention à elles. Mais, au bout d’une heure ou deux ses yeux furent attirés par une jeune femme, misérablement vêtue et portant un enfant dans ses bras. Elle était si pâle, si décharnée, que le coeur du vieillard s’émut. Peut-être cela le fit-il penser à sa fille. II ouvrit la porte et l’appela. La pauvre femme entendit cet appel et se retourna surprise.
Martin : Vous n’avez pas l’air bien portante.
Femme : Je vais à l’hôpital. J’espère bien qu’on m’y recevra avec mon enfant. Mon mari est en mer et voilà trois mois que je l’attends. Il ne revient pas et cependant je n’ai plus le sou et je suis malade. Il faut que j’aille à l’hôpital.
Martin : Pauvre femme. Vous mangerez bien un morceau de pain en vous réchauffant. Au moins une tasse de lait pour le petit. Tenez, voilà justement le mien, que je n’ai pas encore touché. Chauffez-vous et laissez-moi le marmot, je sais comment ça se manipule. Quoi ! Vous ne lui avez pas mis de souliers ? (Il chercha les souliers quil avait regardés la veille et les mit à l’enfant. Il étouffa un soupir en se séparant de son chef-d’oeuvre).
Martin : Je n’en ai plus besoin pour personne maintenant. (Il revient à la fenêtre et regarde anxieusement la rue).
Femme : Qu’est-ce que vous regardez là ?
Martin : J’attends mon maître. Connaissez-vous le Seigneur Jésus ?
Femme : Certainement. il n’y a pas si longtemps que j’ai appris mon catéchisme.
Martin : C’est lui que j’attends.
Femme : Et vous croyez qu’il va passer par là ?
Martin : Il me l’a dit.
Femme : Pas possible ! Oh que j’aimerais rester avec vous pour le voir moi aussi… mais il faut que je m’en aille pour l’hôpital.
Martin : Tenez, prenez ce petit livre (il lui tend un évangile), lisez cela attentivement, et ce sera presque comme si vous le voyiez.
Femme : Merci beaucoup. (Il reprit place près de la fenêtre)
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SCÈNE 5 : Narrateur / Martin /Enfant/ La voix/ Tous |
Narrateur : Les heures passèrent, mais parmi les passants, le père Martin ne vit pas le maître : les jeunes gens, les vieillards, les ouvriers, les ménagères, les grandes dames, tout ce monde passa devant lui, bien des mendiants supplièrent le brave homme, son bon regard semblait leur promettre quelque chose : ils ne furent point déçus… (pause) Cependant le maître ne paraissait pas. Ses yeux étaient fatigués, son coeur commençait à défaillir (pause). Doucement vint la nuit, accompagnée de brouillard. II devenait désormais inutile de continuer à regarder par la fenêtre. Tristement il prépara son souper.
Martin : C’était un rêve. Pourtant je l’avais bien espéré.
Narrateur : II ouvrit son livre et voulut se mettre à lire, mais sa tristesse l’en empêcha.
Martin : Il n’est pas venu ! Il n’est pas venu ! Il n’est pas venu ! (Grande lumière et présence de toutes les personnes).
Chacun : Ne m’as-tu pas vu ?
Martin : Mais qui êtes-vous donc ?
Enfant : Mais lisez père Martin. (En pointant sur le livre ouvert dans les mains du père Martin).
La voix : J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire… J’étais étranger et vous m’avez accueilli… Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits, vous les avez faites à moi-même.
Source: PointKT automne 1995 n° 11 – Adaptation d’un conte de Ruben Saillens