Point KT

Les femmes des Evangiles

Jésus a rencontré beaucoup de femmes pendant sa vie. Les témoins et évangiles donnent peu de noms. Dans cet article, Marthe Balla recense sous la forme narrative les femmes qui ont un nom et leur permet ainsi de prendre « chair ».  Elle commence par les ancêtres présentes dans la généalogie de Jésus, avant d’arriver aux femmes … Lire la suite

Jésus et la Syro-phénicienne : Jésus hésite sur l’universalité de sa mission

 ID 1355 chapo Fuyant de possibles représailles à la suite d’un enseignement sur le pur et l’impur, enseignement qui menaçait une certaine compréhension du rapport à l’autre, Jésus se retire dans les territoires étrangers, en plein coeur des régions considérées à l’époque comme étant véritablement impures.

Texte : Matthieu 15/21-28

Eléments d’explication :

–    Jésus a quitté Jérusalem pour le territoire de Tyr et de Sidon en Syro-Phénicie (région située au nord de la Judée et limitrophe de la Galilée) : c’est un territoire païen. L’expression a une valeur plus théologique que purement géographique, elle sert avant tout à désigner les nations païennes.

–    Une « Cananéenne » vient voir Jésus : ici, l’appellation « cananéen » est utilisée pour désigner les habitants autochtones de la Syro-Phénicie. Le terme de Canaan n’est pas toujours utilisé pour désigner la même chose selon les périodes de l’histoire d’Israël : le terme a été notamment utilisé pour désigner la terre promise ; à l’époque de Jésus, il est utilisé pour désigner la Syro-Phénicie.

–    Cette femme est païenne, mais elle a manifestement entendu parler de Jésus et de manière suffisamment précise pour le désigner avec le titre de « Fils de David ».

–    « ma fille est tourmentée par un démon » : c’est la manière dont on désigne à l’époque la maladie (psychique en particulier). La médecine est très sommaire et la psychiatrie n’existe pas : les gens expliquent donc la maladie (surtout les maladies psychiques) par la possession démoniaque.

–    « Renvoie-la » (autre traduction possible : « fais-lui grâce ») : les disciples veulent se débarrasser de cette femme qui les suit en criant, quitte à ce que Jésus lui accorde ce qu’elle demande.

–    « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël » : trois interprétations de ce refus sont possibles.

1. Le refus de Jésus est pédagogique : il veut mettre à l’épreuve la « foi » de la femme (dans quelle mesure lui fait-elle confiance ? vient-elle vers lui comme vers n’importe quel autre guérisseur ?)

2. Le refus de Jésus est lié à la manière dont il comprend sa mission : il se considère comme envoyé avant tout à Israël, l’annonce de l’Évangile aux païens ne devant avoir lieu que dans un second temps (après la mort et la résurrection du Christ). D’autres passages de l’évangile de Matthieu soutiennent cette interprétation (8/5-13, 21/33-44, 28/16-20). Jésus sait que son temps est compté, il veut donc aller à l’essentiel : convertir et rassembler Israël, le rôle de ce nouvel Israël étant ensuite de porter l’Évangile aux quatre coins du monde. Le risque de cette attitude est de ne plus voir que l’objectif : mais Jésus se laisse interpeller et toucher, il sait se remettre en question, apprendre et évoluer. 

3. Le refus de Jésus est destiné aux disciples pour les préparer à la mission qui les attend un jour : comme tous les Juifs de leur temps, ils se tiennent à l’écart des païens (les méprisant parfois). Là, ils sont prêts à accorder un miracle à la femme pour de mauvaises raisons (avoir la paix !). Le refus puis l’acceptation de Jésus portent peut-être en creux le message : l’Évangile doit être annoncé à tout humain.

–    « brebis perdues d’Israël » : l’expression peut désigner soit Israël tout entier, soit les « pécheurs » en Israël.

–    Réaction de la femme : elle reconnaît la place particulière d’Israël dans l’accès au salut (façon de reconnaître que c’est la foi juive qui conduit au salut pas les religions païennes) et demande à en recevoir une part, même petite.

–    Jésus reconnaît sa foi et lui accorde ce qu’elle demande : il ouvre ainsi la porte à l’annonce de l’évangile aux païens (même si c’est encore dans des cas exceptionnels), cela préfigure ce qu’il commandera à ses disciples : aller dans le monde entier et faire, de tous les peuples, des disciples.

Attention : Il faut être prudent avec la notion de « peuple élu » : l’élection d’Israël n’est en aucun cas à comprendre comme une supériorité d’Israël sur les autres peuples. L’élection est une mise à part pour servir : Israël a pour rôle de témoigner en ce monde de l’amour de Dieu, d’être messager de Dieu et ce rôle est présenté dès l’Ancien Testament comme provisoire jusque la conversion des nations païennes.
La réponse de Jésus n’est pas condescendante ni basée sur un complexe de supériorité. Il faut avoir à l’esprit que Jésus sait que son temps est compté, il semble donc vouloir aller à l’essentiel : convertir et rassembler Israël, le rôle de ce nouvel Israël étant ensuite de porter l’Évangile aux quatre coins du monde.
Dans le même ordre d’idée : Jésus dit et révèle à ses disciples certaines choses qu’il cache aux foules qui viennent l’écouter. Ce n’est pas par mépris pour les foules, mais par souci de pédagogie : quand la révélation sera pleine et entière avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ, les disciples auront les éléments et le temps nécessaires pour enseigner le peuple et convertir les nations.

À faire…. Quelques pistes…

Prière :

Aide-moi à me souvenir que tu aimes tous les humains. Apprends-moi à voir en chacun d’eux un frère ou une sœur que je dois respecter et secourir si nécessaire. Amen.

Chant :

Seigneur, tu cherches tes enfants (Arc-en-ciel 536 – Alléluia  36/22)

Animations :

–    Avant de raconter, on peut demander aux enfants s’ils pensent que Dieu veut s’adresser à tous les humains ou s’ils parlent plus à certains qu’à d’autres (on peut jouer l’avocat du diable : il doit parler plus aux hommes qu’aux femmes, puisque presque tous les prophètes sont des hommes…). On peut alors s’appuyer sur les doutes qui surgiront pour commencer l’histoire : Jésus aussi a eu des doutes, il pensait qu’il devait parler en priorité au peuple d’Israël, parce qu’il n’avait pas beaucoup de temps… mais alors qu’il était en territoire païen, il a rencontré une femme qui …

–    Bricolage : préparer un grand dessin d’une église (pourquoi pas l’église du village) ou une église en trois dimensions (en carton) et demander aux enfants de découper dans des revues des personnes de tous âges, de toutes couleurs… et de les coller sur l’église. Une fois recouverte de visages de toutes les couleurs, cette église dira bien que l’Eglise est constituée de gens différents car Dieu offre son amour à tous les hommes sans distinction.

 

 

 

 

 

 

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Le pain, c’est pas pour les chiens

La scène se passe dans la pièce attenante à la salle du culte, un dimanche avant le début du culte. Un paroissien prépare la sainte Cène : il verse du vin dans les gobelets d’étain, coupe du pain en tranches et les partage en petits morceaux qu’il place dans le plat.
Des enfants passent la tête par la porte…

Lire d’abord Matthieu 15, 21-28

Enfant A

 » Qu’est-ce que tu fais, Marcel ? Tu as faim ? « 

Marcel (grommelant) :

« Pourrais pas dire bonjour, d’abord ? (à voix plus haute) Tu vois bien que je prépare la Sainte Cène, comme chaque dimanche. C’est mon travail et au moins, je suis sûr que le pain sera bon et le vin buvable ; ça vient de chez moi… »

Enfant B :

– Dis, Marcel, pourquoi on y a jamais droit au pain et au vin pendant le culte ? Le vin, bon d’accord, on est trop petit et en plus j’aime pas ça… mais le pain… Déjà le culte, c’est drôlement long et emm… nuyant, alors voir passer les bouts de pain sous le nez alors que les adultes y ont droit, c’est pas sympa !

Marcel :

– Il ferait beau voir ça, que vous en mangiez ! Vous êtes trop jeunes, attendez d’avoir fait votre confirmation…

Enfant A :

– Oui, je sais, mon grand frère Thomas, il l’a faite, sa confirmation et c’est vrai qu’il a mangé le pain et même bu une goutte de vin. Mais ça change rien car, le culte, il y vient plus jamais, sauf quand mes parents l’amènent à coup de pied au… Pardon ! Mais nous, au pré KT, on vient assez souvent …
(une pancarte s’agite derrière l’enfant, avec  écrit : ce n’est pas vrai !)

– … enfin parfois … enfin pour une fois qu’on vient !

Marcel (conscient de sa responsabilité) :

– Mais ce n’est pas si simple ; le pain c’est le corps du Christ, le vin, c’est son sang. Et ça, vous êtes trop petits pour comprendre, c’est … THÉOLOGIQUE ! Mais bon sang, qu’est-ce qu’on vous apprend à l’École du Dimanche ?

Les enfants :

– C’est pas le dimanche, c’est le mercredi !

Enfant  C (qui a suivi de loin) :

– Moi je trouve que c’est pas très logique, justement. On a appris un chant à l’École biblique : Comme un souffle fragile. Tu connais ?

Marcel (qui ne voit pas où le gamin veut en venir) :

– Oui, ce n’est pas de mon temps, mais on le chante assez souvent au culte.

Enfant C :

– Et bien les paroles, elles disent : « Ta parole est partage, comme on coupe du pain… » Alors, si on est chrétien, on doit partager le pain entre tout le monde !

Marcel (désarçonné) :

– Ce n’est pas pareil… Il ne faut pas voir comme ça… et puis, zut, à la fin, vous me faites tourner la tête avec vos histoires ! Allez demander au pasteur, après tout il sait lui ; allez, du balai, je vais finir par être en retard . Maintenant, avec leurs synodes et leur changements, il n’y a plus rien qui tienne debout … Communier avant la confirmation, on aura tout vu.

Un chien entre dans la pièce, en agitant la queue. C’est Gaspard, le berger allemand du pasteur.

Marcel (tout réjoui) :

– Mais c’est Gaspard, notre chien pastoral. Viens me voir, mon beau ;  au moins toi, tu ne viens pas me faire tourner la tête avec tes questions.

Il lui caresse la tête et lui donne le quignon du pain. Oui, tu es un bon chien…

Gaspard, la gueule pleine, ferme les yeux sous la caresse.

Les enfants :

– Ouah, ouah, ouah !

Et ils se sauvent en riant…

Voir aussi l’article : Mise en cène                        

 

Des femmes messagères

Les personnages féminins apparaissent rarement au premier plan dans les récits bibliques et pourtant nombreuses sont les femmes qui y jouent un rôle important. Beaucoup d’entre elles, à un moment ou à un autre, deviennent des messagères, porteuses de paroles ou d’actes qui font brèche, qui ouvrent des horizons ou des passages à des moments décisifs. Elles sont souvent seules et anonymes, mais si on en rassemble plusieurs, comme un collier de perles ou une série de fils colorés à tisser ensemble, on obtient des motifs parfois surprenants.