Point KT

Du tohu bohu à la coccinelle module 1 : Le chaos

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{tip Genèse 1. 1 et 2::Commission de catéchèse de l’Inspection luthérienne de Paris : Catherine Blanc, Mireille Chambon, Pierre Choupaut, Jean Claude Deroche, Patricia Lefevre, Annie Noblesse Rocher, Jean Frédéric Patrzynski et Patrice Rolin.}Genèse 1. 1 et 2{/tip}

Au commencement 

« Au commencement, Dieu crée le ciel et la terre. La terre est comme un grand vide. Elle est dans la nuit. Une eau profonde la recouvre. Le souffle de Dieu se tient au dessus de l’eau. »

Accueil des enfants

 Les enfants sont assis sur une grande couverture, à coté d’une bible ouverte.

Matériel

  • Un panier comprenant des objets qui pourront faire du bruit, des cailloux, des colliers en graine, des clés, des petites percussions.
  • Des feuilles de papier grand format (A3).
  • Des gros pinceaux de type bricolage, en nombre suffisant pour tous les enfants. Et au moins un pinceau fin.
  • De la gouache bleue, de la gouache noire de la gouache blanche, de la gouache marron et du jaune vif.
  • Prévoir de l’essuie tout et un lieu pour se laver les mains.

Lecture du texte à partir de la bible, Genèse 1, 1 et 2

« Au commencement, Dieu crée le ciel et la terre. La terre est comme un grand vide. Elle est dans la nuit. Une eau profonde la recouvre. Le souffle de Dieu se tient au dessus de l’eau. »

Narration interactive

La narration indiquée par des lettres en italique est à raconter aux enfants. Ils participent par des bruitages et en répétant une comptine.

Il y a très, très, très longtemps, lorsque vous n’étiez pas encore nés, lorsque votre papa, votre grand père n’était pas encore né, lorsque rien n’existait, Dieu a fait, il a créé le ciel et la terre…
Mais la terre était noire, vide, c’était le tohu bohu.

Les enfants répètent le mot « tohu bohu » : «  Tohu bohu, tohu bohu… », lentement et doucement, de plus en plus fort, puis soudainement, on fait silence.L’animatrice joue au chef d’orchestre pour faire monter le son et arrêter d’un coup net. Ensuite les enfants à prennent des objets permettant de faire du bruit : des baguettes de bois, des objets de métal, une flûte, un tambourin, tout ce qui passe par la tête, tout ce dont on dispose, et tous jouent en même temps, chacun comme il veut. Puis, de nouveau, silence… : l’animatrice décide du rythme mais elle peut aussi transmettre sa fonction à l’un des enfants , ou même proposer que chacun le fasse à tour de rôle.

Alors, c’était comment, ce que nous venons de faire ?

Réponses possibles des enfants : C’est pas bien, c’est pas joli, ça casse les oreilles, ça fait mai à la tête.
Les réactions des enfants montrent bien que le tohu bohu ainsi illustré, ce n’est pas bien, pas agréable; bref, le tohu bohu n’est pas une valeur positive.
La narration continue.

La terre était sens dessus dessous.

Les enfants, la catéchète se laissent tomber les uns sur les autres, n’importe comment. Une tête, un bras, une jambe dépassent.
A nouveau , on récolte les impressions des enfants : C’est n’importe quoi, c’est pas intelligent, c’est des bêtises…

L a terre donc était comme cela, en désordre.

L’animatrice prend le temps de chercher comment, avec leurs mots d’enfants, ils peuvent exprimer ce désordre, ce tohubohu. Laisser les enfants parler, consigner leurs expressions. Cela peut donner quelque chose de ce genre : « Elle était sale et grasse, dure et liquide, pas propre, en creux, en bosses, remplie de trous, c’était dégoûtant… »

Ce qui importe beaucoup pour les petits, c’est ce qui les concerne directement. C’est pourquoi, on s’éloigne un peu du texte pour chercher ce qui met le désordre en nous et non plus le désordre dans le monde. Là encore, les enfants ont beaucoup de choses à dire, laisser le temps que tout cela sorte…

Nous aussi, il nous arrive d’être gris et en désordre à l’intérieur de notre cœur. Quand on est fatigué, quand on a sommeil, quand on est infernal, quand on est grincheux, boudeur, notre coeur est en tohu bohu, quand quelqu’un a été tué à la guerre, quand il y a des manifs, quand on tire sur des animaux. Quand on nous gronde, alors on pleure. Mais Dieu n’a pas laissé les choses en désordre. Il est intervenu (c’est pourquoi on revient au récit).

Alors le vent de Dieu a commencé à souffler, à tournoyer.

Tous soufflent ensemble, grands et petits, mais dans le calme, sans excitation, afin de bien sentir le contraste avec le désordre qui a précédé. Le récit a lui-même introduit ce rythme calme et attentif.

Le souffle de Dieu envoie la vie, c’est la respiration de Dieu.
Quand Dieu souffle, c’est pas sale,c’est tout propre,c’est joli.

A nouveau, l’animatrice récolte les impressions des enfants : le jugement des enfants est devenu beaucoup plus positif, conséquence du changement de ton, illustration du projet divin de mettre harmonie, là où il y avait désordre.A ce stade, les enfants sont rassurés après leur jugement très critique vis-à  vis de ce qui a été fait au début de séance, cacophonie… Il devient possible de revenir au tohu bohu, car on sait que ce n’est pas la fin de cette histoire.

On reprendre encore une fois la partie « tohu bohu », en entrant les percussions au fur et à mesure, les voix qui scandent le tohu bohu, puis terminer avec un son dégressif, avec un silence qui se fait au fur et à mesure, les instruments de bruits se taisent aussi chacun à son tour ainsi que les voix. Lorsque le silence se fait, on le goûte, on l’apprécie et un doux souffle termine cette partition musicale !

On quitte le coin du récit, de la parole, celui où on peut s’asseoir par terre, se rouler au sol, se laisser tomber les uns sur les autres et on se déplace vers le coin de l’action pour la deuxième séquence de la séance.

Réalisation  / Expression

Les enfants se mettent autour d’une table avec une grande feuille devant chacun , un gros pinceau et des palettes chargées de couleur bleue, blanc et noir, du marron. Ils représentent cette terre toute en bosses et en creux : le tohu bohu.
La représentation du souffle de Dieu se fera à la fin. Proposer des mélanges de couleurs : le noir et le blanc cela fait du gris, le noir et le bleu donne un bleu de nuit et si on rajoute du marron…

Introduction du souffle de Dieu : lorsque les jeunes artistes ont terminé leur peinture chaotique, présenter, au dernier moment, un pot de peinture jaune vif, avec un pinceau très effilé,que les enfants pourront ajouter dans leur tableau, en petite quantité.

Fin de ce module

Après la première séquence, récit vécu et la deuxième, expression peinte, on termine en se retrouvant tous ensemble, l’enfant vivant souvent son dessin de manière solitaire. Pour cela  l’animatrice invite les enfants à la prière qui peut être introduite par la relecture du verset introductif Genèse 1 /1 à 2

Prière

Dieu, mon Père, j’ai quelquefois l’impression
que je ne suis bon à rien,
j’en ai marre, je pleure.
Dieu, mon Père,
je sais que tout peut changer
je sais que toi, tu peux changer
ma tristesse en joie
mes larmes en sourire.
Dieu, mon Père, je sais que je ne suis pas seul,
d’autres aussi sont tristes,
d’autres pleurent, d’autres ont mal.
Dieu mon Père, donne leur la joie,le sourire,
Le bonheur.

Elie Maréchal : « Bon à rien », Prière avec les enfants, Editions du Cerf.

Le souffle créateur

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Objectif : un objectif avant tout créatif et ludique.

L’animation permettra de faire comprendre combien le souffle est à la fois créateur mais aussi à quel point son activité nous échappe et souvent nous surprend

 

 

 

Matériel :

  • grandes feuilles si possible cartonnées, lisses sur le coté à peindre (Chercher à se fournir en cartons fond de tarte ou cartonnerie de pâtisserie ou de boite à pizza par exemple)
  • De l’encre de chine
  • Des pailles pour les boissons
  • De l’essuie tout (pour veiller au grain des tâches)

Texte biblique : genèse 1/1+2 lu en introduction à un récit de pentecôte raconté selon Actes 2

Discussion préalable avec les enfants à partir d’une question : « c’est quoi le vent ? » et « à quoi il sert le vent ? »

On pourra aussi lister ensemble tous les objets qui ont besoin du vent : le bateau à voile, l’éolienne, le cerf volant, le ballon (gonflé), l’instruments musicaux à vent…

Animation :

Temps 1 : après la discussion et la narration du « vent de pentecôte » on invite les enfants à participer à «  l’esprit de création ».Chaque enfant reçoit d’abord une paille, il est invité à souffler dans cette paille, à constater que son souffle est contenu et dynamiser par cet objet ; que cet objet peut devenir instrument qu’il va falloir guider et que le souffle qui va le traverser peut être plus ou moins fort.

En introduction à ce jeu du souffle , on peut imaginer un temps de jeu entre les enfants.

Au centre de l’espace, ou de la table, disposer des petites touffes, ou boule de coton et engager une bataille de souffle, les uns chassant le plus de boules vers les autres. On peut délimiter surface et équipes.

Attention : le « soufflement » peut provoquer certains vertiges sans gravité mais éviter que ce jeu ne dure trop longtemps

Temps 2 : Sur le carton ou la feuille posée devant chaque enfants, l’animateur dépose une goutte plus ou moins importante d’encre de Chine, une sorte de tache. L’enfant est invité à souffler cette tache. Il est amené à constater que dans un premier temps, la tache s’éclate sous la force de son souffle, en diverses directions. Ou bien il doit parfois s’y prendre à plusieurs reprises et à souffler plus fort : il va apprendre à moduler sa puissance. Il va aussi choisir le sens donné à l’oeuvre mais celle-ci s’étalera sans cesse en nouvelles arborescences q’il faudra choisir de suivre ou non.
L’enfant va découvrir que son souffle est puissant, créateur mais qu’il lui échappe aussi.
Tout à la fin, alors que le démarrage peut paraître chaotique (tohu bohu) tous sont gratifiés par une œuvre originale et gratifiante.
On peut choisir de décorer cet arbre d’encre de Chine par la suite, en y ajoutant du feuillage ou des fleures à l’aide de crayons de couleurs ou de feutres.

 
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Dieu parle avec des symboles

Image Les symboles, moyens de communication
Il existe deux catégories de phénomènes religieux : les croyances et les rites. Les croyances relèvent de l’abstraction, ce sont des discours sur Dieu, sur l’humain et sur leurs relations. Les rites relèvent de l’action, ce sont des comportements codifiés où l’humain et le divin sont mêlés. L’un est pensée, l’autre est mouvement.

 

La séparation n’est cependant pas aussi franche. Le mouvement rituel est pensé et l’expression de la pensée est ritualisée. A l’époque de la Réforme, Zwingli combat le rite parce qu’il s’est transformé en superstition. Le mouvement se vit alors sans être réfléchi. Il veut, par la pensée, ( la Parole de Dieu) libérer le rite des comportements irrationnels, autrement dit de la superstition. A l’époque de Zwingli elle est tellement répandue que le mouvement réformé va très loin dans la lutte contre l’obscurantisme en matière de rites. Il fait de ces derniers une simple béquille liée à l’imperfection de l’humain, incapable de saisir le divin dans toute sa plénitude. Au bout du compte, dans le protestantisme le discours écrase le rite.

Or la pensée n’est pas en mesure d’aborder pleinement tous les aspects des choses ultimes. Il ne s’agit pas d’une imperfection de l’humain, mais d’un trait inhérent aux réalités qui nous surpassent. Rite et pensée se complètent mutuellement. Le rite n’est pas une béquille mais l’une des deux jambes de l’être religieux. Parallèlement, la pensée s’exprime de façon ritualisée. Tout discours, s’il veut être efficace, prend une forme rituelle. Cette forme permet au destinataire du discours de voir que le message lui est destiné. Il repère ainsi plus facilement le fonctionnement du discours. La presse, qui reproduit quotidiennement la même forme de présentation de l’information en est le meilleur exemple.

Notre société utilise de plus en plus le langage indirect des symboles pour exprimer des pensées, décrire des réalités ou susciter des désirs. Le langage symbolique retrouve une légitimité que l’hégémonie cognitive avait mise à mal. Or le rite est le lieu par excellence du langage symbolique. Le rite peut, à notre époque redevenir pleinement Parole de Dieu.

Les rites ont plusieurs fonctions

D’abord, le rite fédère les membres d’un même groupe qui se reconnaissent entre eux et vis à vis des autres. Les symboles doivent être spécifiques aux membres du groupe, pour qu’ils se reconnaissent.

 

Par ailleur, le rite relie les participants à une vision du monde qui les surpasse. Il rappelle le sens du monde et de l’existence. Grâce au rite, l’humain faible, au destin incertain et au raisonnement limité, participe au divin. La symbolique doit être ici relativement universelle pour être signifiante.

Le rite constitue en effet également une réponse au trouble devant l’inconnu. Les rites de passages en particulier, aident à gérer l’angoisse devant un avenir nouveau et inconnu.

L’évolution des rites et le développement de nouveaux doit tenir compte de leur fonction et du sens symbolique des éléments qui les constituent.

L’Eglise doit offrir des rites de passage

Le baptême peut fonctionner comme le premier rite de passage de l’existence. Un rite de passage efficace se prépare et se célèbre pour des individus et pour leurs proches. Si le baptême faisait l’objet d’une célébration particulière comme le mariage et le service funèbre, son importance serait valorisée aux yeux du public. En organisant des célébrations pour le mariage et les services funèbres en dehors des célébrations habituelles, l’Eglise renforce leur importance aux yeux du public. En célébrant Baptême et Cène pendant les cultes réguliers, l’Eglise diminue leur importance aux yeux du public. Exemple typique où la pratique n’esprime pas la théologie !

Le moment de l’adolescence pose problème puisque ce n’est plus un moment mais une longue période. Elle commence en effet assez tôt, vers 12 ans, c’est à dire à l’âge où, en général, les jeunes entrent au catéchisme. Elle se termine très tard. Il y a au moins deux périodes d’adolescence : la période « juridique » et celle « d’autonomisation ». La période juridique concerne les jeunes entre 14 et 18 ans. Ils acquierrent petit à petit des droits et des devoirs. Le droit de rouler en scooter et celui de conduire une voiture balisent cette période. Ensuite arrive la période où, en phases successives, le jeune quitte le foyer famillial. Il s’installe avec un conjoint mais peut continuer à amener, tous les samedis, son linge chez ses parents. La fin de cette longue période, l’entrée dans « la véritable période adulte »,  n’est guère balisable par un événement précis. D’une manière humoristique disons qu’elle se termine…lors du baptême du premier enfant !

Dans beaucoup d’Eglises protestantes, le catéchisme se situe au moment où les enfants entrent dans l’adolescence, de 12 à 14 ans. Le catéchisme, dans son ensemble, peut constituer ainsi un rite de passage entre la période de l’enfance qui se quitte de nos jours vers 11-12 ans et l’entrée, vers 14 ans, dans la longue période des diverses phases amenant à  « la période adulte », dont baptême du premier enfant, pourrait constituer le rite de passage idéal !

Si la confirmation marque l’entrée dans « la véritable période des adolescences » (c’est ainsi qu’en réalité elle est vécue de nos jours) quel sens lui donner ? Traditionnellement au cours de cette célébration le catéchumène « confirme les voeux du baptême » et confesse sa foi, devant Dieu et devant l’assemblée. En général, il promet de vivre en chrétien car il est désormais considéré comme responsable de ses actes. Or sa mentalité ne fait que commencer à évoluer, toute affirmation ne peut, à cet âge, qu’être révisable. La confirmation ne peut de ce fait que prendre un autre sense. Elle devient la célébration où l’Eglise annonce que Dieu confirme la promesse qu’il fait, à chaque être humain, lors de sa naissance. La catéchèse de l’adolescent peut prendre appui sur le rite. Cette pratique est conforme à celle de la Bible où la participation au rite précède la catéchèse. Voir par exemple Exode 13.11 à 16 ; Deutéronome 6.20 ; Josué 4.4 à 7.

Pour créer de nouveaux rites

L’Eglise délaisse deux autres passages très importants : le divorce et le départ à la retraite. La création de rites adaptés à ces deux passages serait une tâche importante mais difficile.

Un rite comprend toujours des éléments visibles. Il est vécu avec les cinq sens. Un rite a une signification si les objets et les gestes utilisés évoquent tout ou une partie de ce que le rite doit exprimer. Le rite chrétien est accompagné de paroles compréhensibles par tous même par ceux qui n’ont pas été initiés. Ceci exclut du rite toute formule obscure du type “Nous sommes ici pour attester la grâce prévenante de Dieu”. Un rite chrétien est célébré par une ou plusieurs personnes mandatées par l’Eglise, dans un cadre correspondant à une pratique d’Eglise. Tout repas où du pain est partagé et du vin circule n’est pas sainte Cène. Quelle que soit sa fonction, le rite chrétien est conçu pour exprimer la Parole de Dieu. Tous les éléments constitutifs d’un rite participent à cette expression.

Il n’existe pas encore à l’heure actuelle de grammaire du rite qui permettrait de faire évoluer la pratique pour l’adapter aux nécessités du temps. Le christianisme possède cependant une source d’inspiration tout à fait remarquable : la Bible. Le livre d’Alfred Marx et de Christian Grappe, {tip Le sacrifice::Vocation et subversion du sacrifice dans les deux Testaments: Labor et Fides, Genève, 1998,98 pages}Le sacrifice{/tip}, prouve, s’il en était besoin, toute la richesse de la Bible dans le domaine du rite et du langage symbolique.

© Claude Demissy, Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, 1999.

 

Petit conte théologique et écologique sur la Création

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Image  Il y a quelques jours, tandis que je méditais à propos de la création en vue d’une prédication, je me suis endormie, sur mon bureau. Le sommeil s’étant soudain emparé de moi, je ne tardais pas à entrer dans un drôle de rêve…

Je me retrouvais, tout à coup, dans une immense salle toute molletonnée qui ressemblait un peu à un grand tribunal.
A l’intérieur de cette salle, régnait une étrange agitation – je devrais plutôt dire une « sainte » agitation : il y avait des tas d’anges un peu partout, en grandes tenues, les ailes bien repassées, des archanges aussi, toute une ribambelle de témoins et d’apôtres que je reconnaissais à leur air béat, et puis aussi, ici ou là, quelques diablotins qui s’en donnaient à coeur joie pour mettre un peu plus la pagaille.

A l’intérieur de cette salle, régnait une étrange agitation – je devrais plutôt dire une « sainte » agitation : il y avait des tas d’anges un peu partout, en grandes tenues, les ailes bien repassées, des archanges aussi, toute une ribambelle de témoins et d’apôtres que je reconnaissais à leur air béat, et puis aussi, ici ou là, quelques diablotins qui s’en donnaient à coeur joie pour mettre un peu plus la pagaille.

Tout à coup, on entendit le lourd marteau du juge retomber sur sa table, faisant un bruit sec et puissant, plusieurs coups jusqu’à ce que le silence s’impose. Le juge, qui était un vieil ange très sage et reconnu, se leva et dit :  » Accusé, levez-vous ! ».
On vit alors un petit bonhomme rondouillard et chevelu se lever de sa chaise, derrière le banc des accusés.
– Votre nom ? – Dieu
– Prénom ? – Le Père
– Profession ?
– Créateur et sauveur
– Domicile ?
– Où bon me semble…
– Vous pouvez vous rasseoir ! Nous allons procéder maintenant à l’audition des faits qui vous sont reprochés.

– Je demande à l’accusation de bien vouloir s’avancer.

Un petit ange rabougri, au teint rougeâtre et aux doigts un peu crochus se présenta devant le juge. Il portait un chapeau et ses ailes, qui étaient déjà d’un blanc douteux, perdaient beaucoup de plumes.
II prit la parole et dit :  » Après avoir soigneusement écouté et recueilli les très nombreuses plaintes émanant de la terre, nous avons retenu les suivantes : votre création, Seigneur, montre un certain nombre de défauts et d’irrégularités qui sont à l’origine de multiples maux sur la terre. L’air que vous avez créé est pollué, aussi de nombreux hommes et femmes se plaignent-ils de bronchites, d’asthmes et de cancers. La couche d’ozone étant trouée, les rayons du soleil sont devenus dangereux. Certaines espèces que vous aviez créées sont en train de disparaître et l’on ne trouve pas les pièces de rechange pour réguler l’écosystème. Les forêts ont une fâcheuse tendance à rapetisser, il semble qu’elles soient touchées par un parasite très puissant appelé « béton ». Les vaches et d’autres animaux sont devenus fous. « 

 

On fit alors venir toutes sortes de témoins et de pièces à conviction une femme avec un bébé qui toussait, une vache complètement folle dingue qui se prenait pour un mouton, un indien d’Amazonie qui disait avoir perdu sa forêt, des morceaux de béton et de plastique… Le défilé était accablant.
L’accusateur, profitant de la consternation générale, reprit la parole : « Oui vraiment, Monsieur le Créateur, qu’avez-vous à dire à tout cela ? ».
II y eu un grand silence dans la salle et tous les regards se tournèrent alors vers Dieu.
Celui-ci se leva et dit :
« – Au commencement, lorsque j’ai créé le ciel et la terre, il n’y avait rien, aucune vie possible dans ce chaos originel : ni air, ni terre, ni mer, ni eau,..
Certains d’entre vous doivent encore s’en souvenir. Au commencement, lorsque j’ai créé, je n’ai eu qu’un seul souci : la vie. Oui, je voulais que la vie puisse naître et s’épanouir sur cette planète, la vie végétale et la vie animale bien sûr, mais surtout la vie humaine. C’est pourquoi, j’ai créé l’air, l’eau, le ciel et la mer, la terre et puis les arbres. J’ai créé les espèces pour qu’il y ait de tout sur cette terre, pour que la vie ne soit pas ennuyeuse mais variée, colorée, pleine de surprise, pour qu’elle se renouvelle et se régénère.
 
Et puis, quand tout cela a commencé à ressembler à quelque chose, à quelque chose de bon, j’ai créé l’homme. Je l’ai créé à mon image, pour qu’il soit mon vis à vis dans la création, pour qu’à ma suite il crée, mette de l’ordre, fabrique et transforme le monde. Je lui ai donné du jugement pour qu’il soit capable de reconnaître ce qui est bon de ce qui ne l’est pas. Et puis je l’ai laissé libre d’administrer ma création comme bon lui semblerait. Aujourd’hui, je dois bien reconnaître que cette liberté a un prix, et les hommes oublient bien souvent de me rendre des comptes. »
 
A ce moment là, je vis l’ange accusateur trépigner sur son siège, devenant de plus en plus rouge. D’un bond, il se redressa, agitant son doigt accusateur.

-« Et voilà, nous y revoilà, c’est toujours la même chose. Combien de fois ne vous ai-je pas dit de ne pas faire confiance à vos créatures. Ce ne sont que des créatures, bon Dieu ! Hommes, femmes, cochons, moustiques… Des créatures… Comment pouvez-vous leur faire confiance ? Ils vont finir par tout détruire, les hommes. Ils passent leur temps à se plaindre mais en réalité ce sont eux qui sont responsables des dégâts. Et vous, oui VOUS, vous êtes coupables de leur faire confiance. Ce n’est pas la première fois, on vous l’avait déjà dit lorsque vous avez envoyé votre Fils au casse-pipe… »
De nouveau, les regards convergèrent vers le Seigneur. Qu’allait-il répondre à une telle accusation ?
II y eut d’abord un grand silence. Dieu ne dit rien. Puis il se leva, vint au milieu de la salle dont le sol était fait de nuages agglomérés, et il commença à creuser dans les nuages. II fit un trou, puis il appela les jurés pour qu’ils se penchent au dessus.

 
Le trou qu’il avait creusé permettait de voir un jardin sur la terre, quelque part en Amérique du Sud, II y avait là un petit garçon en train de planter un arbre dans la terre, soigneusement, avec ses mains. Quand il eut fini, il remplît un seau d’eau et arrosa son arbre.
Et il resta planté à côté de lui, émerveillé et fier. Ce fut un grand moment d’émotion dans le tribunal.

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Alors Dieu reprit la parole et dit :
– » Oui, je plaide coupable ! Car chaque fois que je vois un enfant planter un arbre, ou des hommes et des femmes prendre soin de la création, chaque fois que je les entends rendre grâce pour cette terre sur laquelle ils vivent, je me dis que j’ai raison d’avoir confiance et d’aimer l’humanité. »
II y eut d’abord quelques timides applaudissements, puis des hourras, et rapidement l’enthousiasme gagna tout le tribunal. L’accusateur profita de cet instant de liesse générale pour filer à l’anglaise.
C’est alors seulement, que je vis dépasser sous sa robe d’ange jaunie, un petit bout de queue toute noire et velue…
 
Caroline BAUBÉROT EELF, Noisy le Grand
PointKT octobre novembre décembre 1998 N° 24

 

Introduction à la théologie de la création

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Cet article n’a pas la prétention  de présenter toute la théologie de la création.

Il s’agit plutôt d’un inventaire des textes bibliques sur lesquels s’est construite cette théologie et d’une présentation de ses principaux concepts.

I) LES RÉCITS DE LA CRÉATION

 

1. Les deux premiers récits de création
Les premiers chapitres de la Genèse présentent deux récits de la création.
Dans le récit de Genèse 1, le cadre cosmique est créé avec en son centre la création de l’homme. Il s’agit d’une vision apaisée de la création où les combats divins sont absents. La création se fait par la parole. Dieu dit et les choses se font. Dieu ne crée pas à partir de rien mais à partir d’un tohu-bohu. Il sépare lumière et ténèbres, les eaux d’en haut et les eaux d’en bas. La création se fait par la séparation. Les trois premiers jours, il crée un ordre contre le chaos, ordre qui garantit la vie. Les rois autres jours, il crée l’homme et le vivant.
La création est bien différente de Dieu. Elle n’est pas d’essence divine mais bonne et bénie de Dieu. L’homme est le seul à être créé à l’image de Dieu et à recevoir une fonction (dominer les animaux). La domination de l’homme est accompagnée de limitations et de responsabilités à l’égard de la création.
Le récit de Genèse 2 et 3 est très différent. Ici, Dieu apparaît comme un potier qui façonne l’homme avec de l’argile. Le cadre n’est pas cosmique, mais celui d’un jardin appelé paradis. Les sexes sont différenciés tandis que dans Genèse 1, mâle et femelle, il les créa. Le récit de Genèse 2-3 se présente comme une histoire avec une intrigue.
2. Le déluge, un récit de dé-création
Le récit du déluge met en contraste le monde projeté par Dieu et le monde réel, une Terre corrompue et remplie de violence. Or la violence est retour au chaos. Dieu en tire les conclusions et souhaite effacer sa création. Le déluge est retour à un chaos primordial. Le premier acte créateur ne fut-il pas de séparer les eaux ?
Le déluge est jugement de Dieu par lequel il confronte les humains à leurs actes et non châtiment. Il n’est pas une simple catastrophe naturelle qui ne dit rien, mais souligne le destin commun de l’humanité. Le récit du déluge nous appelle à plus de lucidité et de responsabilité vis-à-vis de la création. Noé en faisant entrer dans l’arche un couple de chaque espèce, rappelle la responsabilité de l’homme à l’égard de la création.
3. Des récits isolés
Le passage de 2 Maccabées 7,28 (Regarde le ciel et la terre, contemple tout ce qui est en eux et reconnais que Dieu les a créés de rien.), a servi à défendre l’idée de création ex nihilo. D’autres textes font la louange de la création et du Dieu créateur comme les psaumes 33 et 136.
Certains récits bibliques rappellent le combat de Dieu pour sa création contre le retour du chaos primordial, comme en Job 38-42 ou dans le psaume 74.
En Proverbe 8, la sagesse préside à la création.
En Colossiens 1,15-20, le Christ inaugure une nouvelle création.

 

 
II) LES PRINCIPAUX CONCEPTS DE LA THÉOLOGIE DE LA CRÉATION

1. La creatio ad extra
La création est un pur don de Dieu en dehors de lui-même (en latin ad extra). Dieu crée en se retirant. La théologie de la création a « démythologisé » le monde. Dieu n’est plus dans les sources, les arbres et autres éléments de la nature. Le monde créé n’est pas Dieu. La distance entre Dieu et sa création évite le panthéisme, fonde pour l’homme la possibilité d’être libre et autonome et rend possible la relation entre Dieu et sa créature.

2. Dieu, causa causarum
L’action de Dieu ne doit pas être identifiée à une cause physique mais comme causa causarum, c’est-à-dire comme la cause des causes. Cela signifie qu’au-delà d’une cause identifiable par la raison, il y a une cause
qui nous est inaccessible et primordiale.

3. La creatio ex nihilo
La création ex nihilo ne peut être pensée, car la création du monde se fait alors avec la création du temps. La première conséquence est que l’on ne peut se représenter un avant la création ! La seconde conséquence est que la création du temps place la créature dans un monde corruptible et changeant. La creatio ex nihilo contredit la création à partir d’une matière préexistante comme dans le livre de la Genèse. La création comme mise en ordre du chaos, présuppose l’existence d’un avant la création, ce qui est inconcevable dans le cadre de la création ex nihilo.
4. La creatio continua
La théologie chrétienne distingue la création originelle, la création continuée et la création accomplie dans le royaume. La creatio continua est conservation de l’univers. Dieu n’abandonne pas sa création mais reste présent à travers sa providence. Le Dieu créateur continue à soutenir sa création, en particulier face au chaos qui menace toujours.

5. Le Christ cosmique
L’hymne au Christ de l’épître de Paul aux Colossiens a fortement influencé la théologie du Christ cosmique. Ce Christ cosmique dépasse le Christ historique. Il est le premier né et le fondement de toute la création. Aujourd’hui, il est le médiateur de la création. Il anime et vivifie le monde. Il annonce aussi, par sa résurrection, la création nouvelle, celle du royaume de Dieu.

 

Louange africaine

 Image  Pour animer un culte de louange,décrypter la structure d’un psaume ou chanter  la création,un psaume de louange d’une terre haute en rythmes et en couleurs: psaume d’Afrique.

Poème de louange sud africain

Auteurs : liturgie préparée par les femmes d’Afrique du Sud pour 2006
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Animatrice : nous vous invitons à vous joindre à nous dans ce poème de louange  sud-africain.

Tous : « Toutes les œuvres de Dieu, louez le Seigneur et bénissez son nom »
Groupe 1 : Vous, toutes les grandes choses, louez le Seigneur.
Montagnes du Drakensberg et Montagne de la Table, Océans Indien et Atlantique, arbres à bois jaune, chênes et baobab…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom

Groupe 2 : Vous, toutes les choses pointues, louez le Seigneur.
Épines de cactus et figues de Barbarie, feuilles d’aloès et talons aiguilles…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom
Groupe 1 : Vous, toutes les choses tendres, louez le Seigneur.
Mangues mûres et dorées, éponges et mousses, peau de bébé, peluches et bouillie d’avoine…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom
Groupe 2 : Vous, toutes les choses douces, louez le Seigneur.
Pommes, pêches et confiture de myrtilles, rêves des jeunes et souhaits des vieux…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom.
Groupe 1 : Vous, toutes les choses rapides, louez le Seigneur.
Éclairs et hirondelles qui sillonnent le ciel, trafic d’autoroutes et ambulances qui foncent…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom.
Groupe 2 : Vous, toutes les choses lentes, louez le Seigneur
Énormes éléphants pesants et vielles vaches anguleuses, tortues, limaces et malades sur leurs béquilles…
Tous :Louez le Seigneur et bénissez son nom.
Groupe 1 : Vous toutes les choses bruyantes, louez le Seigneur.
Tonnerre, tambours de minuit et taxis, grêle et pluie sur les toits de tôles…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom.
Groupe 2 : Vous toutes les choses silencieuses, louez le Seigneur.
Brise légère dans la chaleur de midi, bébés endormis et poissons dans la mer, femmes qui s’inquiètent et qui souffrent et qui pleurent…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom.
Groupe 1 : Vous toutes les choses spirituelles, louez le Seigneur.
Musique exaltante et chants des psaumes, étude de la Bible et louange du Gospel, annonce de la Parole et accueil des dons de Dieu…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom.
Groupe 2 : Vous, toutes les choses créées, louez le Seigneur !
Notre planète terre et sa lune en orbite, notre galaxie et ses systèmes solaires, tout l’univers, le connu et l’inconnu…
Tous : Louez le Seigneur et bénissez son nom.

Culte tous âges – L’arbre de vie

 Image

Culte tous-âges de l’Avent ou de Noël

Dans l’Apocalypse, l’arbre de vie est un signe de la promesse de Dieu, une marque de bénédiction pour les être humains et de guérison pour les nations. Avec cette image biblique, la présence durant ce temps de l’année du sapin dans nos rues, nos maisons, et nos églises, retrouve son sens : en fêtant à Noël la venue de Jésus dans notre monde, nous rappelons la promesse de Dieu pour l’humanité.

 

L’ARBRE DE VIE
Culte tous-âges de l’Avent ou de Noël

Texte biblique :

Apocalypse 22 décrit l’horizon de l’histoire biblique : la Jérusalem céleste où Dieu demeurera au milieu des humains. Au coeur de la ville, le don de Dieu est symbolisé par un arbre toujours vert, nourricier et guérisseur.

Activités :

  • Avant le culte, les enfants réalisent un grand panneau figurant une ville, pour rappeler que c’est dans notre réalité de vie que le Christ est venu et qu’il veut habiter.
  • Pendant le culte, pour les enfants viennent décorer le sapin avec des vrais fruits : pommes, oranges, noix, bananes, etc.
  • Pendant l’intercession, les enfants apportent des branches de sapin sur la table de communion, rappels des rameaux de l’arbre dont le feuillage est pour la guérison des nations.
Contenu de ce dossier :
  • Un plan de culte détaillé 
  • Un éclairage historique sur l’apparition du sapin dans les célébrations de Noël
  • Quelques notes bibliques sur Apocalypse 22 et l’arbre de vie
  • Des textes liturgiques pour l’accueil, l’introduction au thème, l’intercession, etc.
  • Une narration : « L’arbre dans la ville ».

 

PLAN DU CULTE

Cette idée de culte a été préparée et réalisée en décembre 2004 par une équipe de la paroisse protestante de la Servette, à Genève.

 

  • Orgue

1. Temps de proclamation : Jésus a habité parmi nous

  • Lecture biblique : Jean 1,1-5.14
  • Accueil – salutation
  • Ouverture : Christ vient dans notre ville
  • Chant en canon : « Gloire à Dieu » (Arc-en-ciel n° 375)

2. Temps de méditation biblique : l’arbre de vie, promesse pour les humains

  • Lecture biblique : Apocalypse 22,1-5
  • Narration : « L’arbre dans la ville »
  • Les enfants viennent décorer le sapin avec des fruits : pommes, oranges, noix, bananes
  • Chant : « Aube nouvelle » str. 1.2.3 (Arc-en-ciel n° 301)
  • Orgue

3. Temps de Sainte cène et d’intercession : ce qui nous fait vivre aujourd’hui

  • Confession de foi
  • Introduction
  • Institution de la cène
  • Intercession
  • A chaque demande, un enfant apporte sur la table un rameau de sapin (le « feuillage » pour guérir les nations)
  • Chant : « Peuples qui marchez dans la longue nuit » str. 1.3 (Arc-en-ciel n° 316)
  • Fraction du pain et élévation de la coupe
  • Invitation et communion
  • Notre Père

4. Envoi et bénédiction

  • Annonces
  • Chant: « Allez-vous en sur les places » str. 1.2 (Arc-en-ciel n° 540) + offrande
  • Bénédiction
  • Orgue

Le sapin

Que vient faire le roi des forêts entre l’âne et le boeuf de la Nativité ? Il célèbre le retour au paradis terrestre à travers la naissance du Christ rédempteur.

Avant le sapin, il y eut l’arbre. Ou la branche. Les Romains décoraient leurs maisons de végétaux durant les calendes de janvier et les Scandinaves plantaient un sapin devant leurs maisons pour les fêtes de Jul. Les premiers chrétiens célébraient le solstice d’hiver et la période de Noël en ornant leurs maisons de branches dont le vert persistant symbolisait l’immortalité. Mais la véritable origine de l’arbre de Noël est à relier à une tradition médiévale à signification religieuse : les mystères du Moyen Age, où l’on représentait sur les parvis des églises, à côté de la crèche et des bergers, La Chute du Paradis, avec l’arbre de la connaissance et les fruits (pommes rouges) de la tentation. C’est cette représentation qui donna à l’arbre de Noël sa signification chrétienne, le péché de l’homme étant, cette nuit-là, expié par l’incarnation du Christ. L’arbre de la tentation se confond avec l’arbre de vie. Noël célèbre le retour au paradis grâce à la venue du Christ.

Progressivement, l’arbre de Noël passa de l’extérieur de l’église à l’intérieur des maisons, décoré de pommes (la mort) et d’hosties (symbole du pain dispensateur de vie), reliant Noël à la rédemption de Pâques et au corps du Christ offert pour le pardon des péchés. Plus tard, les hosties se transformeront en petits gâteaux de Noël, à quoi s’ajouteront des roses en papier multicolore.

Les bougies viendront plus tard, par association avec l’ancienne vénération de la lumière durant la période la plus sombre de l’année. L’arbre de Noël deviendra alors arbre de lumière, symbolisant la lumière du Christ venant éclairer les ténèbres. Le premier témoignage de bougies sur l’arbre le 25 décembre remonte vers 1660, à Hanovre. C’est la princesse palatine, épouse du frère de Louis XIV et duchesse d’Orléans, qui le raconte dans une lettre à sa fille. Mais ses tentatives pour introduire cet usage en France resteront vaines. Ce sera finalement une autre duchesse d’Orléans, belle-fille du roi Louis-Philippe – née Hélène de Mecklembourg – qui fera dresser le premier sapin français aux Tuileries, en 1837.

Quant aux boules de Noël, d’abord rouges et nées semble-t-il autour de 1600 dans des verreries de Lorraine et de Thuringe, elles mêleront la référence au fruit défendu à celle des présents apportés par les Rois mages, symbolisés à l’époque par de fines feuilles de métal doré que l’on suspendait au sapin.
Dès le XVIIIe siècle, l’arbre décoré se répand en terres protestantes. Allemagne, Scandinavie, Suisse alémanique. En 1840, il franchit la Manche et brille au château de Windsor, dressé par la reine Victoria et son époux, le prince Albert (un Saxe-Cobourg, né Allemand). Il apparaît en Russie en 1852, devant la gare Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg. Enfin, le premier sapin de Noël américain brille en Pennsylvanie, sous l’influence des soldats immigrés allemands, lors de la guerre de l’Indépendance. Quant aux pays méditerranéens, ils ne l’adopteront qu’au milieu du XXe siècle.

Car le sapin de Noël fut d’abord protestant. Hostile aux représentations de la Nativité, qu’elle qualifie de superstitions papistes, l’Eglise réformée leur oppose l’arbre du paradis et de la rédemption. Lequel, du coup, fait figure, aux yeux de l’Eglise de Rome, de concurrent païen de la crèche et de symbole du protestantisme. Un clivage jalonné de polémiques, que l’on retrouve d’ailleurs dans nos contrées.

Extrait d’un article paru dans Fémina, décembre 1997

NOTES BIBLIQUES : APOCALYPSE 22 ET L’ARBRE DE VIE

Apocalypse 22

1 Puis il me montra un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau.

2  Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations.

3  Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la cité, et ses serviteurs lui rendront un culte, 4  ils verront son visage et son nom sera sur leurs fronts.

5  Il n’y aura plus de nuit, nul n’aura besoin de la lumière du flambeau ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront aux siècles des siècles.


Le texte :

Il conclut la dernière vision de l’Apocalypse (et de la Bible !), celle de la Jérusalem céleste. L’horizon de l’histoire biblique est une terre nouvelle où l’humanité vit en présence de Dieu, dans une réalité où il n’y a plus ni deuil, ni cri, ni souffrance.

La ville :

Le 1er siècle est une époque de brassage de population. Les villes se développent. A l’échelle de l’empire romain, il y a une sorte de « mondialisation ». La ville est par excellence le lieu où des humains qui viennent d’un peu partout et qui ne se connaissent pas forcément vivent côte à côte. Mais comment vont-ils vivre ensemble ? En s’ignorant ? en s’affrontant ? ou en formant une  communauté ? Dans ce sens, la ville est une image de notre humanité, de notre monde. On peut dire d’une certaine manière qu’en venant dans le monde, Jésus est venu dans notre « ville ».

La Jérusalem céleste représente le monde que Dieu donnera à l’humanité et qui remplacera notre monde sombre et déchiré par les conflits. En présentant la réalité nouvelle comme une ville, l’Apocalypse montre qu’il n’y a pas de retour en arrière à une situation originelle, mais achèvement de l’histoire humaine.

L’arbre :

A travers les époques et les cultures, l’arbre est un symbole universel de vie. Il relie le ciel à la terre. Il est majestueux, protecteur et nourricier.

L’Apocalypse fait écho à l’arbre de vie de la Genèse. La fin de la Bible renvoie au début. Dans la Jérusalem céleste, l’arbre est présent pour l’humanité. Vivant et porteur de vie dans la ville (décrite de manière très minérale), il est le symbole de la vie qui vient de Dieu et qui est donnée aux humains.

Par rapport au symbole universel de l’arbre, notre texte affirme :

  • L’arbre de vie est celui que donne le Christ crucifié et ressuscité (l’agneau). Littéralement, c’est le « bois (référence à la croix) de vie ».
  • L’arbre de vie est en avant de nous, dans l’histoire que Dieu mènera à son terme. Il n’est pas accessible dans un retour en arrière. Donc pas de nostalgie d’un paradis perdu, mais attente, confiance, espérance.
  • L’arbre est un don, une promesse donnée à l’humanité. Ce n’est pas l’individu qui doit ressembler à un arbre par sa conduite exemplaire (cf. le psaume 1). L’arbre est pour les humains vivant ensemble.
  • L’arbre en effet est dans la ville, et non à l’écart des humains. Il n’est pas à chercher par une quête lointaine, mais à attendre, et peut-être déjà à discerner, au milieu de notre monde, de notre ville, de notre vie, là où coule la source qui vient de Dieu.

 

 

LECTURES BIBLIQUES ET TEXTES LITURGIQUES

EVANGILE DE JEAN, chapitre 1, v. 1-5, 14

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La lumière brille dans l’obscurité, mais l’obscurité ne l’a pas reçue.
 …
Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père.

ACCUEIL

C’est aujourd’hui jour de fête.
La lumière a brillé dans la nuit.
La parole est venue dans le monde.
La parole est devenue un être humain. Jésus le Christ est né, et il a habité parmi nous.

C’est pourquoi nous voulons vivre ensemble la joie de Noël.

Avec toute l’équipe de l’enfance de la paroisse, je suis heureux de vous accueillir. Bienvenue à vous, les enfants, les parents, les grands-parents, à vous paroissiennes, paroissiens de la Servette, à vous habitants du quartier et à vous qui êtes venus de plus loin. Que la joie et la paix de Noël soient avec chacun de nous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ, lumière dans le monde. Amen.

OUVERTURE : CHRIST VIENT DANS NOTRE VILLE

Noël, c’est la fête de la naissance de Jésus. Mais à Noël, partout, dans les rues, dans les maisons, les magasins, et même dans les églises, on voit des sapins.

C’est quand même bizarre : à Bethléem, quand Jésus est né, il n’y avait pas de sapin. Dans la Bible, il n’y a pas de sapin. Alors pourquoi cet arbre ?

En fait, dans nos pays, le sapin est utilisé parce qu’il est toujours vert, pour rappeler un autre arbre, un arbre qui se trouve dans la Bible : l’arbre de vie.

L’arbre de vie, c’est le signe de ce que Dieu nous promet, de ce qu’il veut nous donner.

Cette année, avec les enfants, nous avons préparé une fête de Noël un peu différente.
Nous avons choisi de laisser les bergers, les anges, les mages se reposer un peu, et de célébrer la venue du Christ un passage de la Bible qui nous parle de l’arbre de vie.
 
Ce passage annonce autrement le message de Noël.
Il nous dit : la venue de Jésus autrefois, c’est une promesse de Dieu pour notre monde. Une promesse pour demain, une promesse aussi pour aujourd’hui. Une promesse qui est comme un arbre de vie. Un arbre qui porte des fruits. Et cet arbre pousse dans la ville. Et c’est pourquoi les enfants ont préparé ces dessins de notre ville.

Ici, à la Servette, ou dans les quartiers voisins, c’est la ville.
Des rues, des magasins, et puis, surtout, des immeubles, des maisons.
Et dans ces maisons, des gens, des habitants.
Une ville, c’est beaucoup de gens qui vivent au même endroit.
Certains se connaissent, mais la plupart, ils ne se connaissent pas.
Comment vont-ils vivre ensemble?

La Bible nous dit : Jésus est né dans notre monde.
Il est venu pour être autrefois au milieu des être humains.
Il est venu pour être aujourd’hui dans notre vie.
Il est venu pour être dans cette grande ville qu’est notre monde.
Il est venu pour entrer dans les maisons de notre ville.
Il est venu pour être avec les gens qui sont là, que les enfants ont dessinés.
Il est venu pour être avec nous. Il est venu pour être avec tous.
Et ça, c’est une merveilleuse bonne nouvelle!

INTRODUCTION A LA LECTURE DE L’APOCALYPSE

Quand la Bible parle du monde que Dieu promet aux êtres humains, elle le décrit comme une ville, une ville de paix.
Dans cette ville, au milieu de cette ville, il y a un arbre.
C’est comme la présence de Jésus venu dans notre monde.
Cet arbre n’est pas n’importe quel arbre. C’est l’arbre de vie. Un arbre qui donne la vie. Un arbre qui donne des fruits. Un arbre pour nourrir, et aussi pour guérir les êtres humains.

APOCALYPSE, CHAPITRE 22, 1-5

Ensuite, l’ange me montre un fleuve d’eau qui donne la vie.
Il brille comme du cristal, il sort du siège de Dieu et de l’Agneau
et il coule au milieu de la place de la ville.
Là, entre deux parties du fleuve, il y a l’arbre de vie.
Il donne des fruits 12 fois dans l’année, une fois par mois,
et ses feuilles servent à guérir les peuples. 

Il n’y aura plus de malédiction. 
Le siège de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront. 
Ils verront son visage et son nom sera écrit sur leurs fronts. 
Il n’y aura plus de nuit, personne n’aura besoin de la lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil.
En effet, le Seigneur Dieu répandra sa lumière sur ses serviteurs, et ils seront rois pour toujours.


SAINTE-CENE : INTRODUCTION

Jésus est venu pour être avec les humains.
Il a partagé leur vie, il a mangé avec ceux qui étaient avec lui.
Aujourd’hui encore, quand nous partageons le pain, quand nous buvons à la même coupe,
Jésus est au milieu de nous nous.
Il est là. Il nous unit comme les membres d’un seul corps.

INSTITUTION

La nuit où le Seigneur Jésus a été livré, il a pris du pain. 
Il a remercié Dieu, puis il a partagé le pain et il a dit: «Ceci est mon corps.  Il est pour vous.
Faites cela en souvenir de moi.» 
Après le repas, le Seigneur a pris aussi la coupe de vin et il a dit: «Cette coupe est la nouvelle alliance de Dieu, parce que mon sang est versé pour vous. Toutes les fois que vous en boirez, faites cela en souvenir de moi.» 
En effet, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,  vous annoncez la mort et la résurrection du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. 

INTERCESSION ET PRIERE POUR DEMANDER L’ESPRIT-SAINT

Au moment de partager le repas du Christ, nous prions pour notre monde.

Seigneur Dieu, ta promesse est un arbre de vie.
Ses fruits sont donnés pour nourrir tous les êtres humains.
Ses feuilles sont données pour guérir notre monde.
[A chaque demande, un enfant apporte une branche de sapin sur la table de communion]
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour les victimes de la guerre et de la violence. Fais de nous des bâtisseurs de paix.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ceux qui sont emprisonnés et maltraités. Fais de nous des défenseurs de la justice.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour les malades, pour ceux qui souffrent.. Fais de nous des porteurs d’amitié.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ceux qui sont tristes et sans courage. Fais de nous des porteurs de lumière.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ton Eglise, ici à Genève et dans le monde entier. Fais de nous des porteurs d’espérance.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions les uns pour les autres. Fais de nous les membres d’un seul corps.
Seigneur, comme le vent à la cime des arbres, que ton Esprit souffle en nos coeurs.
Qu’il apporte en nous la vie, en nous unissant au Christ vivant, et les uns avec les autres.
C’est en son nom que nous te le demandons. Amen.

FRACTION (EN PARTAGEANT LE PAIN)

Le pain que nous rompons est la communion au corps de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui a été donné pour nous.

ELÉVATION (EN ÉLEVANT LA COUPE)

La coupe de bénédiction pour laquelle nous rendons grâces
est la communion au sang de notre Seigneur Jésus Christ,
le sang de l’alliance nouvelle, qui a été versé pour le monde entier.

NARRATION : L’ARBRE DANS LA VILLE
 
 

Il était une fois une ville. Dans cette ville, il y avait bien sûr des maisons, des routes, des ponts, des usines, des magasins, des écoles, des salles de spectacles, mais une chose manquait: il n’y avait pas d’arbre ! Et une ville où il n’y a pas un seul arbre est grise et triste.

Un jour, les habitants de la ville se sont dit :

– Il nous faut un arbre dans notre ville. Là, sur la grande place, au milieu. Un arbre pour nous donner de l’ombre quand il fait trop chaud. Un arbre pour que nous ayons des fruits à manger. Un arbre où les oiseaux viendront faire leur nid. Un arbre pour qu’il fasse bon vivre dans notre ville.

Et ils se sont regardés :

– Qui nous fera un arbre ?

Alors un homme s’est avancé. Il était tout habillé de noir. Il a déclaré :

– Moi, je vais vous faire un arbre.

Et sur la place de la ville, il a apporté des grandes barres de fer. Pendant des jours et des nuits, avec un marteau, blang ! blang ! il a courbé les barres de fer, il les a fixées ensemble ; la nuit on voyait la lueur rouge d’un grand feu qui brûlait. Et puis un jour, l’homme en noir a dit :

– Venez ! c’est fini.

Les habitants sont venus, ils ont levé les yeux : sur la place, il y avait un arbre immense, aussi haut que les maisons : un arbre tout noir, un arbre en métal.

L’homme en noir était tout joyeux :

– Regardez, mon arbre ! Il est grand, il est fort, il est solide, aucune tempête ne pourra l’arracher…

Les habitants ont dit :

– Oui, ton arbre est solide, mais… il est tout froid. Il n’a pas de feuilles ; il ne pourra jamais donner de l’ombre à ceux qui ont besoin de se reposer pendant l’été. Non, ce n’est pas un arbre comme celui-ci que nous attendons.

Alors un deuxième homme s’est avancé. Il était tout habillé de rouge. Il a déclaré :

– Eh bien ! c’est moi qui vais vous faire un arbre.

Sur la place de la ville, l’homme en rouge a apporté des câbles, des fils, des ampoules, des caisses pleines d’appareils compliqués, avec des cadrans et des boutons partout. Et pendant des jours et des nuits, il a travaillé en sifflotant. Un soir il a dit :

– Ca y est, c’est terminé !

Les habitants sont venus voir :

– Oh !

Sur la place, il y avait un arbre étincelant de mille lumières. Ca brillait de partout, ça clignotait dans tous les coins, avec des guirlandes multicolores, des reflets dorés et argentés. Les habitants n’arrivaient plus à détacher leurs yeux de l’arbre de lumière, tellement il y avait de choses à voir. L’homme en rouge ne tenait plus en place :

– Vous avez vu, comme il est beau !

Et les habitants ont dit : oui, ton arbre est beau, il est magnifique, mais il est stérile. Il ne porte pas de fruits; il ne donnera jamais à manger à ceux qui ont besoin de retrouver le goût de vivre. Non, ce n’est pas un arbre comme celui-ci que nous attendons.
 
Un troisième homme s’est approché. Celui-ci était tout habillé de vert. Et lui aussi a promis de fabriquer un arbre. Ce qu’il a fait, à vrai dire, on ne sait pas trop. Il a installé une grande tente sur la place, et il a déclaré que c’était secret. Mais des gens ont dit qu’ils l’avaient vu, avec des gants verts, un masque vert, un bonnet vert, en train de manipuler de drôles de petits tubes en verre. Et un jour, lui aussi a déclaré qu’il avait réussi. Les habitants sont venus : sur la place, là où l’homme en vert avait mis sa tente, il y avait maintenant un arbre. Mais cette fois-ci, un vrai ! Avec un tronc, des branches, des feuilles, et même des fruits superbes, énormes. Et puis quelqu’un a levé les yeux :

– Mais, où sont les oiseaux ? Je n’en vois aucun.

Un autre a cueilli un fruit, il l’a goûté, il a fait la grimace :

– Erk ! ça n’a pas de goût !

Un troisième s’est approché de l’arbre, il s’est appuyé contre le tronc, et il a écouté :

Mais voilà que sur la place est arrivée une petite fille. Elle sautillait en chantonnant. Dans une main, elle tenait une branche verte de feuilles frémissantes. Dans l’autre, un fruit dans lequel elle croquait à pleines dents.

– D’où viens-tu, lui ont demandé les habitants. Toi aussi, tu as fabriqué un arbre ? un arbre avec des feuilles, un arbre avec des fruits ?

– Vous êtes bêtes, a dit la petite fille, on ne peut pas fabriquer un arbre ! Un jour, près de chez moi, en regardant le sol, j’ai vu une petite pousse qui sortait de terre. Alors, comme je suis curieuse, je l’ai entourée d’une petite barrière, pour qu’on ne marche pas dessus. En hiver, je l’ai protégée du gel, en été, je l’ai arrosée ; la petite pousse a grandi, ses racines ont plongé dans la terre, ses branches se sont déployées dans le ciel, et c’est devenu un arbre.

– Mais alors, ont demandé les habitants, si ton arbre a poussé tout seul, si tu ne l’as pas fabriqué, d’où vient-il ?

– Ca, c’est un mystère, a dit la petite fille. Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que l’arbre me donne de l’ombre en été, que les oiseaux viennent habiter dans son feuillage, et que ses fruits sont drôlement bons. Et puis, ce n’est pas mon arbre. Il est pour tout le monde. Il est aussi pour vous.Alors les habitants ont suivi la petite fille. Quand ils sont arrivés près de l’arbre, ils ont entendu le frémissement du vent dans les branches, ils ont senti la douce odeur des feuilles, ils ont écouté le chant des oiseaux dans la paix du soir, et c’était comme si leur tristesse, tous leurs soucis s’envolaient. Et quand les plus proches ont cueilli les fruits, ils les ont distribués à tous ceux qui étaient là, et une lumière de joie a éclairé tous les visages.