Point KT

Les femmes des Evangiles

Jésus a rencontré beaucoup de femmes pendant sa vie. Les témoins et évangiles donnent peu de noms. Dans cet article, Marthe Balla recense sous la forme narrative les femmes qui ont un nom et leur permet ainsi de prendre « chair ».  Elle commence par les ancêtres présentes dans la généalogie de Jésus, avant d’arriver aux femmes … Lire la suite

Site de bricolage « My little House »

Besoin d’un bricolage biblique clé en main en urgence ? Ce site en anglais est fait pour vous ! Il propose des cartes, des tableaux (diodores) ou des bricolages. Les patrons sont parfois payants mais ceux proposés dans notre sélection sont gratuits. Le site est en anglais, mais en cliquant sur les liens préparés pour vous, vous … Lire la suite

« Man Hû »

Plein d’idées pour des narrations en cercles !

Nourriture et repas dans le premier évangile – Partie II

ID 1276 115
 ID 1276 115

PARTIE II – LES RÉCITS DES « REPAS» DE JÉSUS (Mt 9,9-19 ; 26,6-13 ; 26,17-29)

Trois fois dans le premier Évangile Jésus se trouve « à table » (verbe anakeimai avec Jésus pour sujet : 9,10 ; 26,7 et 20 ; autre emploi du verbe : 22, 10-11, un passage sur lequel nous reviendrons en conclusion) : le repas avec Lévi (Mt 9,9-19), le repas chez Simon le lépreux (Mt 26,6-13) et le dernier repas avec ses disciples (Mt 26,17-29).

PARTIE I cliquez ici

PARTIE 2.    LES RÉCITS DES « REPAS» DE JÉSUS (Mt 9,9-19 ; 26,6-13 ; 26,17-29)

Trois fois dans le premier Évangile Jésus se trouve « à table » (verbe anakeimai avec Jésus pour sujet : 9,10 ; 26,7 et 20 ; autre emploi du verbe : 22, 10-11, un passage sur lequel nous reviendrons en conclusion) : le repas avec Lévi (Mt 9,9-19), le repas chez Simon le lépreux (Mt 26,6-13) et le dernier repas avec ses disciples (Mt 26,17-29).

2.1.    Le repas avec Lévi (Mt 9 ,9-19)

Sur l’épisode de l’appel et du repas chez Lévi, nous faisons cinq remarques en lien avec notre thème.

(1) Dans cet espace de « la maison» (v. 10), c’est non seulement le repas avec les pécheurs qui se déroule mais aussi la controverse sur le jeûne. Toujours la problématique de la nourriture.

(2) Pour un pharisien de la fin du premier siècle, la scène du repas de Jésus avec les pécheurs est scandaleuse. Ce qui est en jeu c’est l’identité sociale et religieuse. Ceux avec qui l’on mange sont ceux que l’on reconnaît comme appartenant au même univers, au même groupe. La commensalité et ses limites structurent la représentation du monde et permettent un vivre ensemble cohérent : il y a le permis et le défendu, ceux avec qui il n’est pas possible de manger (païens et juifs impies).

(3) Le v. 13 (Jésus n’est pas venu appeler les « justes » mais les « pécheurs ») est une ré-interprétation du messianisme juif. Seuls ceux qui se préparent à sa venue, qui se purifient et obéissent à la Loi, accueillent le Messie. Ici, au contraire, ceux pour qui il n’est pas normalement venu sont les premiers et uniques bénéficiaires de cette venue : les impurs et les pécheurs. Dit autrement : entendre l’appel du Messie/Jésus suppose d’abord une compréhension de soi comme pécheur.

(4) C’est dans ce cadre qu’il faut interpréter la citation d’Osée : en mangeant avec les pécheurs Jésus manifeste la grâce miséricordieuse de Dieu. En partageant la table de communion il montre une autre voie d’accès que la logique de séparation entre le pur et l’impur. Jésus devient ici la personnification de la miséricorde. Les disciples de Jésus sont désormais dans cette logique : il y a toujours une identification par le partage des tables. Mais le critère n’est plus le même : d’un côté la Loi éthique qui assure le maintien dans l’alliance même en l’absence de Temple. De l’autre la christologie au nom de laquelle tous sont appelés, c’est-à-dire tous ceux qui se reconnaissent pécheurs (la « miséricorde » selon Matthieu, laquelle n’est plus une « œuvre de justice » des hommes mais l’appel même de Dieu).

(5) À propos de la controverse sur le jeûne  : les disciples n’ont pas à jeûner quand l’époux est là. Le « jeûne » n’est pas une règle qui a son sens en elle-même mais par rapport à la personne du Christ ; il ne se comprend pas comme une marque religieuse identitaire (cf. les trois piliers de la piété que sont le jeûne, l’offrande et la prière), mais se vit dans un rapport existentiel à la personne de l’époux. La pertinence du jeûne est liée à la christologie, c’est-à-dire ordonnée à la personne de Jésus. La pratique du jeûne ne suit plus le calendrier liturgique pharisien, baptiste ou même essénien. Il est ordonné à un nouveau temps, celui inauguré par l’événement pascal . Lorsque les disciples de Jésus jeûnent, ils ne font donc pas la même chose que les pharisiens ou les disciples du Baptiste. Leur pratique de ce rite relève d’un ordre de choses totalement nouveau. En outre, le Sermon sur la Montagne (cf. Mt 6,16-18) a indiqué l’esprit dans lequel doit se vivre le jeûne : cela ne doit pas se voir car ce qui est en jeu relève non pas du signe visible (le marqueur religieux) mais d’une expérience ou l’intime est en « je(u) » (devant le « Père Céleste » qui voit « dans le secret »). Ainsi, le jeûne ne relève plus du rite religieux mais de la vie intime. Il est en quelque sorte métaphorisé : il y a un temps de l’expérience de la présence (jouissance ?) avec l’époux, puis le temps de l’absence où l’on jeûne dans le secret de sa chambre.

Contrepoint: Jean-Baptiste l’ascète et Jésus le glouton (Mt 11, 18-19)

Car Jean est venu : il ne mangeait ni ne buvait, et l’on dit : « Il a un démon ! » Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant et l’on dit : « C’est un glouton et un buveur, un ami des collecteurs de taxes, des pécheurs ! » Mais la Sagesse a été justifiée par ses œuvres . De Jean-Baptiste le monde ne voit que le démoniaque car son attitude est incompréhensible dès lors qu’elle n’entre pas dans le cadre défini par le religieux officiel. Il est donc « possédé » dès lors qu’il s’oppose au pouvoir religieux en place (même accusation contre Jésus qui encadre celle portant contre Jean-Baptiste, cf. 9,32-34 et 12,22-30). De Jésus, le monde ne voit que ce qui relève du « besoin », de l’immédiateté, de la luxure (il se goinfre avec les pécheurs) sans percevoir ce que signifie son attitude (il communie avec tous ceux qui se savent perdus). On ne retient que l’aspect scandaleux de son geste mais on ne l’interprète pas : on reste dans la fascination idolâtre de l’image. Mais, dans les deux cas, « la Sagesse est justifiée par ses œuvres » qu’on pourrait traduire : on reconnaît l’arbre à ses fruits, c’est-à-dire aux effets de vie ou de mort dans l’existence de ceux qui entendent Jean-Baptiste ou croisent Jésus.

2.2.    Le repas à Béthanie (Mt 26,6-13)

L’épisode de l’onction à Béthanie est un récit riche de sens. En fonction du thème qui nous occupe, nous limitons notre lecture à trois remarques.

(1) Dans le geste de la femme les disciples ne discernent ni onction royale ni geste amoureux, mais gaspillage. Leur jugement se situe dans l’ordre de la rentabilité et de la morale : le parfum perd toute signification symbolique pour être ramené à sa simple valeur marchande. Ce que souligne Matthieu c’est que la logique comptable, même utilisée pour les causes justes, passe à côté d’une dimension fondamentale de la vie humaine. À savoir que les gestes ont du sens et que celui-ci n’est pas appréciable à l’aune de la seule valeur marchande qu’il met en jeu, ni même de la morale commune au plus grand nombre.

(2) Jésus interprète le geste comme signifiant (v. 10-13). Dans sa singularité, il est une « belle œuvre », non pas pour un collectif (les pauvres), mais pour un singulier (Jésus). Autrement dit, la loi morale demeure mais ne relève pas du même ordre que celui de la rencontre entre un « je » et un « tu ». La rencontre c’est l’instant où le temps de ce monde est mis entre parenthèses, où les règles de ce monde sont suspendues. Un temps où se joue l’essentiel de ce qui fait l’existence véritable de l’individu. C’est un temps qu’on ne possède pas, qu’on ne maîtrise pas et qu’on ne peut faire advenir selon sa volonté (alors qu’aller vers les pauvres peut se décider à tout moment). C’est un temps qu’on reçoit et à la rencontre duquel il faut savoir aller dans l’instant où il se manifeste à nous, pour lequel aussi il faut tout donner et tout perdre. Dans ce geste excessif, la femme atteste que le temps de la rencontre est venu pour elle, que là se joue l’essentiel de son existence. Voilà pourquoi, aux yeux de Jésus, il prend une signification particulière en lien avec l’essentiel même de sa mission : la Passion. Le geste de la femme reçoit une signification qui le dépasse dans sa singularité historique même. Pour chacune et chacun des auditeurs futurs de l’Évangile, par delà les lieux et les temps, il devient « signifiant ».

(3) Le geste de la femme a lieu pendant le repas. Le repas est donc le lieu privilégié de cette rencontre qui fait non seulement éclater les frontières du pur et de l’impur (cf. Lévi et les pécheurs ; Simon le lépreux) mais qui hiérarchise les valeurs : l’éthique est seconde par rapport à l’instant de la rencontre où se joue l’identité des sujets. Le repas est un temps privilégié car il suspend l’ordre de ce monde pour ouvrir au temps de la rencontre.

2.3. Le dernier repas de Jésus (Mt 26,]7-29)

Là encore, nous limitons notre lecture de cet épisode clé du récit de la Passion à cinq remarques.

(1) Mt 26, 17-29. C’est « chez un tel » Cv. 18 : pros ton deîna) que les disciples vont préparer le repas de la Pâque. Matthieu s’éloigne du scénario assez complexe de Marc 14,13-14, « un homme portant une cruche d’eau », « propriétaire » de la maison… La concision de la description et la façon indéfinie dont est caractérisée l’hôte fait peut-être sens : n’est-ce pas, potentiellement, chez tout homme (« un tel », i. e., untel ou une telle, chaque lecteur) que Jésus et ses disciples peuvent venir « manger la Pâque » (cf. Ap 3,20) ?

(2) L’annonce de la trahison de Judas et l’institution du « dernier repas » se situent pendant le même repas. Outre que Judas est ainsi pleinement participant au repas pascal, il est notable qu’un lien étroit s’établit (par le truchement du repas de communion) entre trahison et pardon des péchés : celui qui va bientôt « livrer un sang innocent » (Mt 27,4) est, de manière anticipée, bénéficiaire du sang de l’alliance répandu pour le pardon des péchés.

(3) À la question de chacun de ses disciples, « Est-ce moi Seigneur ? », Jésus répond : « Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera » (v. 23). Or, le narrateur ne précise pas que c’est Judas qui met la main dans le plat. II y a ici un non-dit du texte que le lecteur s’empresse généralement de combler en suivant par exemple l’Évangile de Jean : « Qui est-ce ? Jésus lui répond : c’est celui pour qui je tremperai moi-même le morceau et à qui je le donnerai. Il trempe le morceau, le prend et le donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote » (Jn 13,25-26). Ici, le narrateur laisse ce non-dit comme un blanc du récit. En fait, tous les disciples ont forcément mis la main dans le plat avec Jésus puisque c’est ainsi qu’alors on partageait le repas ! Risquons une interprétation de ce « blanc » : pour l’évangéliste, il n’y a pas d’un côté le « traître » et de l’autre les « fidèles ». Il n’y a que des disciples qui ont la capacité de « livrer » leur maître.

(4) Matthieu, à la suite de Marc, met en scène la Pâque de Jésus. Pour l’évangéliste, le repas que Jésus prend avec ses disciples est bien un repas pascal, le repas de la fête juive. Or, en insérant ici le partage du pain et de la coupe, Matthieu montre que la fête effectivement célébrée par Jésus et ses disciples est la fête du Messie, sa Pâque, son « passage » de la mort à la vie et à la libération qu’il offre à ceux gui mangent avec lui. Ce récit préfigure donc le banquet céleste où celui qui est absent aujourd’hui et se donne dans du pain et du vin, comme dans le récit qui en est fait, sera de nouveau présent auprès des siens. Dans cette attente, le langage liturgique permet d’affirmer que l’absent est mystérieusement présent au milieu des siens. Dans le partage des paroles du Maître désormais absent, et le partage du pain et de la coupe, le Christ atteste sa présence particulière au milieu des siens dans l’attente d’une communion nouvelle dans le Règne de Dieu. Il s’agit désormais de vivre la présence de Dieu et de son envoyé au sein même de leur absence, d’avancer à la lumière d’une parole et à la faveur d’un signe, l’une et l’autre caractérisés par la fragilité.

(5) La « section des pains » (14,13-16, 12), en particulier à travers les deux récits de multiplication des pains, anticipe ce qui se joue dans le dernier repas : ouverture universaliste (cf. Mt 14,16-21 et 15,32-38 : les deux multiplications ; 15,21-28 : la femme cananéenne), dépassement de la question du pur et de l’impur (cf. Mt 15,1-20, controverse sur le pur et l’impur), métaphorisation de la nourriture comme enseignement (cf. Mt 16,5-12 : le levain des pharisiens). Le dernier repas explicite, ce qui est au cœur de ce processus, c’est la personne même du Christ qui, dans le même mouvement, se donne comme nourriture en se retirant (en mourant) c’est-à-dire en privant ses disciples de la possibilité de le posséder (Jésus ne « gave » pas ses disciples, il les nourrit ; il ne les « comble » pas, il les met en mouvement vers les autres, cf. Mt 28,16-20).

CONCLUSION : ÊTRE OU NON PARTICIPANT AU REPAS DU FILS (MT 22,11 -14)

Terminons ce parcours thématique par un rapide regard sur la parabole des invités à la noce (22,1-14). Elle met en scène un roi qui organise des noces pour son « fils » (la portée christologique de l’allusion est évidente). Suite au refus des premiers invités, « méchants et bons » (v. 10) se retrouvent invités à la noce. La précision est essentielle. Elle signifie que, désormais, ce ne sont donc plus la bonté/justice ou la méchanceté/injustice qui constituent le critère d’invitation : tous « bons et méchants » se retrouvent en effet invités (v. 10 : anakeimenôn). Pourtant la parabole se poursuit par la visite du roi qui chasse de la salle de noce celui des convives qui n’avait pas « d’habit de noce » (v. 11-14, cf. v. 11). Il est cependant significatif que le critère d’exclusion explicitement mentionné ne soit plus la méchanceté ou l’injustice (et, en retour, le critère d’inclusion, la bonté ou la justice) mais bien le vêtement de noce. Sans rentrer dans le débat sur 1’histoire de l’interprétation de l’image, nous proposons ici de le comprendre sous un angle anthropologique : il est reproché à l’homme de ne pas admettre qu’il a besoin d’être « revêtu » d’un autre vêtement que les siens propres, autrement dit, de ne pas se reconnaître dépendant d’une instance qui le revendique. Son silence atteste qu’il est replié sur lui-même, incapable d’entrer en dialogue avec l’autre qui est venu à sa rencontre. En fait cet invité ne participe pas au repas de noce du « fils ». Il n’est pas dans le « désir » de l’époux mais dans le simple « besoin » de nourriture. Or, Matthieu ne cesse de dire que le repas avec Jésus est l’opportunité pour qu’advienne autre chose dans l’existence des convives. Mais que ce repas ne peut être lieu de communion que s’il est lieu de la rencontre avec l’autre, lieu de l’expérience de l’altérité.

Élian CUVILLIER
Institut protestant de théologie de Montpellier

Directeur des études des cycles Licence et Master – Nouveau Testament IPT – Montpellier

Article paru dans la revue ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES 82e année – 2007/2 – P. 193 à 206

Publié ici avec autorisation

 

 

 

Le paralysé et les quatre porteurs

À l’occasion du culte des Offrandes du dimanche pour Haïti, un groupe d’enfants a réinterprété avec son langage la guérison du paralytique. L’entraide et l’amitié sont des facteurs importants dans ce récit et stimulent la nécessité de solidarité avec ceux qui souffrent aujourd’hui.

Deux rites de passage liés : de la pestiférée à la féminité, de la fillette à la femme !

Deux entrées en vie ! Deux passages d’un état à l’autre, de la mort à la vie ! Douze ans d’hémorragie pour l’une, et douze ans d’âge pour l’autre. C’est l’histoire tragique d’une femme au destin féminin arrêté et celui d’une fillette liée à un homme au destin paternel faussé. L’une se sent coupable depuis 12 ans dans son corps et l’autre vit comme une fillette enfermée par l’amour exclusif que lui voue son père.

Des femmes messagères

Les personnages féminins apparaissent rarement au premier plan dans les récits bibliques et pourtant nombreuses sont les femmes qui y jouent un rôle important. Beaucoup d’entre elles, à un moment ou à un autre, deviennent des messagères, porteuses de paroles ou d’actes qui font brèche, qui ouvrent des horizons ou des passages à des moments décisifs. Elles sont souvent seules et anonymes, mais si on en rassemble plusieurs, comme un collier de perles ou une série de fils colorés à tisser ensemble, on obtient des motifs parfois surprenants.

Trois veillées de carême avec les sens

Image

« nous sommes au pays des ténèbres…sauves-nous. »

Ces trois veillées peuvent s’inscrire dans une démarche catéchétique lors de laquelle on aura expliqué aux catéchumènes la notion de temps de carême.

 

Ensuite, les textes issus de l’Ancien Testament (histoire d’Élie qui fuit et marche dans le désert) et les textes du Nouveau Testament (la tentation de Jésus et la question sur le jeûne encadré de guérison et d’appel de disciple) feront l’objet d’un travail d’introduction biblique en lien avec le carême (détresses, jêune, tentation, suivre Jésus…); Les catéchumènes seront impliqués dans la célébration en tant que lecteurs et participeront à l’élaboration de la prière d’intercession.

CONTENU DU DOSSIER :
Déroulement des trois veillées, avec textes, prières, méditations et chants.

Une prière de catéchumènes figure également dans le dossier.
 
Ces célébrations ont été réalisées par Lilian GERBER, pasteur de l’ECAAL à Obermodern et restituées par Evelyne SCHALLER.
 
 Image Première veillée de Carême : Le toucher
 Image Deuxième veillée de Carême : La vue
 Image Troisième  veillée de Carême : Le goût

 

Première veillée de Carême : Le toucher

Image 

Thème : le toucher

Matériel :

  • une vasque avec de la terre
  • des bougies fines (cierge pascal) pour les participants
  • grand cierge

Début dans l’obscurité au fond de l’église.

 
Dire ce qui nous pèse
 : Nous sommes dans un pays de ténèbres…

« Sauve-nous ! »

Mon pays de ténèbres, Seigneur, je le connais. Il est fait d’égoïsmes et de plaisirs pour moi tout seul.

« Sauve-nous ! »

Dans ce pays, la place est grande pour la jalousie, la dureté, l’exclusion, la solitude et l’indifférence…

« Sauve-nous ! »

L’amour, l’intérêt pour les autres, l’envie de les connaître, d’entrer en contact avec eux : tout ça reste en-dehors de ce pays de ténèbres.

« Sauve-nous ! »

Mon pays est un désert fait d’obscurité et ton absence est grande Seigneur !

« Sauve-nous ! »

Viens Seigneur, prends-moi la main et je quitterai mon pays de ténèbres.

« Sauve-nous ! »

Répons : Toi qui es lumière : ARC 318 (Refrain).

 
Les gens traversent l’église dans le noir en se donnant la main. Ils allument leur bougie au cierge pascal et s’installent dans les bancs.

Accueil.

Bienvenue pour cette veillée de Carême. Comme toujours, il y en aura trois cette année basées sur nos sens. Le 06 avril, il y aura la vue, le 10, le goût… et aujourd’hui c’est au tour du toucher. Nous n’avons plus trop l’habitude de ce sens : le toucher… Parfois, il s’agit de toucher des choses pas très propres… des choses que nous ne connaissons pas

Pour les enfants de nos pays où tout est contrôlé, désinfecté, il est parfois difficile de se donner la main, tant on a peur de la sensation de la peau, de la chaleur que l’autre nous transmet. Lorsque nous traversons un désert vide de sens et de vie, il est bon de retrouver ses sens, d’apprendre à toucher ce qui nous paraît inaccessible et de se laisser toucher par l’amour de Dieu…

1ère lecture : I Rois 19 (1-8)

Cantique : Nous avons vu les pas de notre Dieu… ARC 320 (1+2).

Les gens se lèvent, viennent planter leur bougie dans la vasque et touchent la terre.

 
INVITATION AU TOUCHER : « N ‘hésitons pas à toucher la terre : nous la touchons quand nous sommes au plus bas, lorsque nous sommes désespérés, comme Élie. Mais c’est de cette terre que peut naître la vie. C’est dans les moments les plus difficiles que Dieu peut nous toucher et que nous pouvons lui tendre la main. »

2ème lecture : Matthieu 9 (18-26)

Cantique : Nous avons vu les pas de notre Dieu ARC 320 (3).

Méditation :

Moi, Élie, je suis tiré de mon sommeil par la voix de Dieu. Je suis tiré de mon désespoir, mon envie de tout laisser tomber, mon envie de mourir par cet ange qui me touche. Avant, c’était le désert, le sable dans lequel je m’enfonçais, les pierres qui font perdre pied. Je n’avais plus personne à qui m’accrocher.

La parole de Dieu me relève maintenant. Une fois debout, je retrouve la sensation d’un sol, d’une terre sous mes pieds  Sous les sandales, je sens la route bosselée et chaude, mais mes pieds encore engourdis retrouvent les sensations du mouvement.

Le sang bouge dans mes veines : Dieu me touche : je sais que je suis vivant !

La route est dure, elle est longue, il fait chaud, il fait soif. Ma tunique flotte au rythme de mes pas. Je me retourne et vois le chemin parcouru. Je ne suis plus immobile, à ne rien faire, mais l’esprit de Dieu me touche et me pousse dans le désert : il me bouscule ! Et me voilà plus loin déjà. J’ai pris ta main tendue, j’ai frôlé ton vêtement, je m’appuie sur le fondement, cette terre que tu m’as redonnée. Je construis mon aujourd’hui, je bâtis mon avenir. Comme Élie, comme Jésus, comme cette femme, je marche au désert et je tends la main sans peur de me salir, sans peur d’avoir honte, sans peur de la chute ; je vais où tu me conduis, Seigneur !

Cantique : prends ma main dans la tienne… ARC 619 (1+3)

Prière pour les autres : R. / parlé : Écoute-nous !

Inès : Seigneur, je te prie pour que toute ma famille soit heureuse et contente. Merci Dieu !

Auriane : Seigneur, je prie pour ma grand-mère qui a 58 ans et qui souffre d’une grave maladie. Merci !

Claudine : Seigneur, je te prie pour les personnes malades et tristes. Que ma vie soit longue, remplie de bonheur. Je te prie pour que toute ma famille reste en bonne santé. Amen !

Célia : Seigneur, je te prie pour mon arrière-grand-mère qui a 90 ans : elle a mal aux pieds, elle ne voit, ni n’entend plus bien. Seigneur, fait qu’elle vive le plus longtemps possible, et surtout qu’elle se sente bien ! Amen !

Nelly : Dieu, mon père, bénis ma famille ! Dans les moments difficiles, j’essaie de ne pas me fâcher contre toi. Je serai toujours ton ami : même si je suis tentée, je sais à qui me confier. Je sais que si je meurs, je serai près de toi. Amen !

Samantha : Dieu, je prie pour ma grand-mère, pour qu’elle guérisse et qu’elle vive heureuse.

Aurélien : je te prie et je te demande que ma famille aille bien, qu’elle soit heureuse et qu’il n’y ait pas de malheurs !

Yann : Je te prie, s’il te plait, aide ma grand-mère qui a des problèmes de santé !

Cédric : Je te prie et je te demande que ma vie soit belle, longue et heureuse. Amen !

Jonathan : Merci, pour ma grand-mère et accorde-lui encore de longues années à vivre !

Jérôme : Seigneur, je te prie pour ma mamie qui est à l’hôpital ; je te supplie : aide-la, car j’ai peur pour elle. Amen !

Vanessa : Dieu, je te remercie pour mes arrières grand-mères : elles sont encore en vie et en bonne santé. Je te prie, que les gens en Afrique qui sont seuls, démunis avec des maladies graves soient en bonne santé comme nous. Merci !

Notre Père : en cercle autour de l’autel.

Bénédiction

Cantique : Si tu délivres les liens de servitude… ARC 548 (1+3+4).

Les gens sortent avec leur bougie.

 
Deuxième Veillée de Carême : la vue 
 
Image
 
Thème : la vue
 
Matériel :
 
  • diapositives montrant des scènes très diverses qu’on aura pu choisir au préalable avec les catéchumènes dans une diathèque. Choisir des diapos agréables à la vue (paysages, enfant épanoui) d’autres difficiles à regarder parce que d’une réalité insoutenable ou difficile (maladie, catastrophe, pauvreté) et des diapositives difficiles à interpréter (œuvre d’art moderne par exemple)
  • Bougie fine de type « cierge pascal » pour les participants
  • Grand cierge
 
Début dans l’obscurité au fond de l’église.

Dire ce qui nous pèse : Nous sommes dans un pays de ténèbres…

 
« Sauve-nous ! »
 
Mon pays de ténèbres, Seigneur, je le connais. Il est fait d’orgueil et de phrases toutes faites pour en mettre plein la vue aux autres…
 
« Sauve-nous ! »
Dans ce pays, la place est grande pour le mépris, la jalousie, la haine, le fanatisme…
« Sauve-nous ! »
La foi, la confiance, le respect, le désir de changer mon regard sur les autres et sur le monde, tout ça reste en-dehors de ce pays de ténèbres.
« Sauve-nous ! »
Mon pays est un désert fait d’obscurité et ton absence est grande Seigneur !
« Sauve-nous ! »
Viens Seigneur, prends-moi la main et je quitterai mon pays de ténèbres.
« Sauve-nous ! »

 
Répons : Toi qui es lumière : ARC 318 (Refrain).

Les gens traversent l’église dans le noir en se donnant la main. Ils allument leur bougie au cierge pascal et s’installent dans les bancs.

Accueil.
Bienvenue pour cette deuxième veillée de Carême. Ce soir, nous allons parler de la vue. Tout le monde connaît ce slogan : il faut le voir pour le croire. Nous sommes dans une Époque où le « voir » a une grande place ; tout le monde a une « télévision » ou une « vidéo » à la maison : « vidéo », ça veut dire « je vois » en latin. Et à la télé, on nous montre tout : aussi bien des dessins animés que la guerre en Irak…

Nous faisons une confiance aveugle – c’est le cas de le dire – à l’image… Hé bien nous, nous allons rencontrer deux personnages qui a un moment donné de leur vie n’ont rien vu  ou n’ont pas voulu voir, aveuglés par la souffrance ou par le fanatisme… et Dieu s’est montré à eux… Peut-on dire qu’ils ont vu Dieu? Non. Mais à partir de ce moment, ils ont senti la présence de Dieu autour d’eux, ils ont vu Dieu dans visage de l’autre… profitons de ce moment pour nous rappeler que nous voyons Dieu et que nous nous approchons de lui quand nous nous rapprochons de nos frères et de nos sœurs, comme Jésus s’est rapproché de nous en devenant comme nous…

1ère lecture : I Rois 19 (9-16)

Cantique : Tournez les yeux vers le Seigneur ARC 153 (1+2).

Les gens se lèvent, viennent planter leur bougie dans la vasque, s’assoient et regardent les diapositives.

INVITATION A REGARDER : Regardons maintenant ces images : je ne vais pas faire de commentaires, mais observez vos yeux : que font-ils ? Ont-ils envie de se fermer, parce que ce qu’ils voient est trop dur ; s’ouvrent-ils tout grand à cause de la beauté de l’image ; les sourcils se froncent-t-ils parce que les yeux ne comprennent pas ou alors vos yeux se promènent-ils dans l’image dans l’espoir d’y trouver une signification…ou alors sont-ils en pleurs, parce que l’image vous rappelle une expérience douloureuse : Observez vos yeux !

2ème lecture : Matthieu 9 (1-9)

Cantique : Tournez les yeux vers le Seigneur (3).

Méditation :
Moi, Élie, je vois qu’il n’y a plus d’issue à ma vie. La reine me pourchasse, je suis comme une bête traquée, observée, visée, ciblée.
Je vois aussi que je ne suis pas capable de beaucoup de choses. Personne ne m’écoute… Je n’ai devant les yeux que les soucis et les angoisses devant l’avenir. Oui, s’il y a quelque chose que je vois, c’est que je suis un humain bien faible. Je le vois dans mon corps, je le vois dans mon coeur. Alors je pleur sur la haine du monde, je suis incapable du moindre petit geste de bienveillance.
Que je sois le prophète Élie ou l’apôtre Paul, ou n’importe quelle personne qui cherche Dieu, j’ai de bonnes paroles dans la bouche et mon cœur reste dur, mes mains vides. J’ai Dieu à la bouche, constamment, je suis fou de Dieu mais je ne prends pas le temps de ma laisser transformer par lui dans la prière.
Pourtant, dans ce temps de Carême, ce sont mes difficultés à vivre selon ta volonté qui sont mises en pleine lumière.
Comme Élie, comme Paul, j’ai dans ces moments, les yeux brouillés sur ce qui m’attend… Alors, fais-moi sentir ta présence… Mais ne te montre pas de façon extraordinaire, je fermerais les yeux de peur, ne te montre pas comme un juge : je fermerais les yeux de honte : montre-toi telle un petit vent qui caresse ma peau, et ta confiance m’ouvrira les yeux sur le monde.

Cantique : Touche nos oreilles… ARC 229 (1-3)

Prière pour les autres :  R. / parlé : Écoute-nous !

Notre Père : en cercle autour de l’autel.

Bénédiction.

Cantique : Si tu délivres les liens de servitude… ARC 548 (1+3+4).

Les gens sortent avec leur bougie.

3 ème veillée de Carême : le goût

 
Image
 
Thème : le goût
Matériel :
 
  • bougies fines du type « cierge pascal » pour tous les participants
  • Grand cierge
  • Différents pains
Début dans l’obscurité au fond de l’église.
 
Dire ce qui nous pèse :
Nous sommes dans un pays de ténèbres…
« Sauve-nous ! »
Mon pays de ténèbres, Seigneur, je le connais. Il est fait d’amertume et de mots acides qui paralysent l’autre et le tuent !
« Sauve-nous ! »
Dans ce pays, c’est la faim qui règne, la faim de pain et la faim de justice ; mais c’est aussi le pays de la consommation, du confort où il n’y a de place que pour les modes et le gâchis !
« Sauve-nous ! »
La soif de rencontrer l’autre, la faim de te connaître, mon Dieu, l’envie d’être rassasié par ta Parole, tout ça reste en-dehors de ce pays de ténèbres.
« Sauve-nous ! »
Mon pays est un désert fait d’obscurité et ton absence est grande Seigneur !
« Sauve-nous ! »
Viens Seigneur, prends-moi la main et je quitterai mon pays de ténèbres.
« Sauve-nous ! »

Répons : Toi qui es lumière : ARC 318 (Refrain).

Les gens traversent l’église dans le noir en se donnant la main. Ils allument leur bougie au cierge de l’autel et s’installent dans les bancs.

Accueil :

Bienvenue pour cette dernière veillée de Carême. Nous nous approchons peu à peu du Vendredi Saint et de Pâques. Et peu à peu nous découvrons que Jésus est devenu un homme comme nous. Il connaîtra les coups et les insultes, il connaîtra la faim et la soif… Nous testerons ce soir, un autre de nos sens : le goût. De quoi avons nous le goût ?
Avons nous envie de goûter à tous ce que nous présentent les publicités, des drogues qu’on peut nous proposer à la sortie des collèges et des lycées ? Avons-nous le goût du risque, quitte à nous mettre en danger, avec les autres ?
Jésus, lui, a le goût de l’homme : on peut dire qu’il en a bavé ! Il a goûté la poussière en tombant sous le poids de la croix, il a goûté le vinaigre de notre cœur acide… et pourtant, il  a pris goût à l’homme, en particulier dans ce qu’il a de plus extraordinaire, il s’est enthousiasmé pour nous !
Et nous, avons nous le goût de l’autre ? L’envie de le découvrir, de le servir ? Pouvons nous arrêter de vivre pour consommer et enfin nous nourrir de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ?

1ère lecture : I Rois 17 (2-16) :

Cantique : Trouver dans ma vie ta présence… ARC 601 (1+2)

Invitation :
Les enfants peuvent s’approcher en plantant leur bougie dans la vasque, les adultes éteignent leur bougie et s’approchent également. Prenons ce morceau de pain et mangeons-le. Ce n’est pas la nourriture élaborée et artificielle de nos pays occidentaux, c’est du pain, un aliment que nous retrouvons, sous différentes formes, presque partout dans le monde. En le mangeant, nous sommes en communion avec d’autres, même les plus démunis qui habitent la terre. Nous prenons goût à leur existence. Ça nous est plus égal qu’ils meurent sous les canons ou qu’ils aient le droit de vivre : en mangeant ce pain, nous choisissons la vie pour eux et pour nous.

 
Le pain est la nourriture de base, simple, complète, symbole de la parole de Dieu, symbole de son amour, symbole de sa vie partagée avec nous. Notre bouche était comme polluée par notre boulimie, la faim obsédante de tout contrôler, de tout avoir ; elle était polluée par nos aigreurs de vie. Maintenant, c’est la saveur originelle qui remplit notre être, le goût du pardon, le goût de Dieu, le goût d’une nouvelle vie.

Les gens se lèvent, viennent planter leur bougie dans la vasque, et prennent un morceau de pain qu’ils mangent…

2ème lecture : Matthieu 4 (1-11)

Cantique : Trouver dans ma vie … (3).

Méditation :
Moi, Élie, je n’ai plus le goût de vivre, je suis en fuite : on me pourchasse de toutes part. Ma mission, ma vie, ont perdu leur saveur. Les hommes ne sont que des monstres avides de sang et de pouvoir. Leurs boissons, ce sont les larmes des victimes innocentes et le pétrole de leurs industries. Leur nourriture, c’est la poussière des décombres et la peau de ceux qui leur résistent…

Pourtant, c’est dans le désert, dans mon temps de crise, c’est dans mes jeûnes et mes manquements, au plus fort de la famine que j’ai retrouvé le goût de toi et le goût des autres. Ma vie a retrouvé force. Je me réjouis de ta présence, de l’amour de ceux qui m’entourent, qui me rendent service. Chaque jour, je trouve de quoi nourrir mon espérance. Je prends goût au pain et à l’eau que tu mets sur ma route. Tu combles ma poussière et ma faille d’un esprit de fête qui apaise ma soif de sens et de vie.
Comme Élie et comme Jésus dans le désert, tu me sers et tu me nourris de bienfaits. Au cœur du désespoir, tu me redonnes appétit !

Cantique : Quand le soir descend  ARC 609

Prière pour les autres : R. / parlé : Écoute-nous !

Notre Père : en cercle autour de l’autel.

Bénédiction

Cantique : Si tu délivres les liens de servitude… ARC 548 (1+2+5).

Les enfants sortent avec leur bougie allumée.